Face aux violences urbaines, faut-il créer des centres de redressement fermés ?
Depuis quelques mois, et contrairement aux déclarations gouvernementales, la violence urbaine augmente et progresse fortement dans les zones sensibles en France, et notamment dans les banlieues autour de Paris. On ne peut pas parler de simples groupes de jeunes isolés qui défient les forces de l’ordre, la réalité est bien différente et les choses prennent une nouvelle tournure qui ne rassure personne.
On assiste désormais à de véritables guet-apens organisés qui plongent les forces de l’ordre dans une réelle inquiétude. Les syndicats de police alarment les institutions publiques, et demandent plus de moyens matériels et surtout plus d’hommes sur le terrain. Ils insistent surtout sur l’urgence et supplient la Justice de répondre concrètement aux interpellations et de travailler main dans la main avec la Police. Seront-ils entendus assez tôt, avant que de nouveaux drames sérieux ne surviennent ?
Des groupes d’individus ultraviolents et très mobiles prennent la police pour cible lors d’opérations sournoises qui sont forcément un minimum planifiées et organisées sur les plans tactique et stratégique.
Que penser d’une action qui consiste à appeler Police Secours pour déclarer un faux vol à la roulotte, puis une fois que le véhicule de la Brigade anticriminalité arrive sur les lieux, le bloquer par une voiture sans conducteur devant, puis par une deuxième derrière pour l’empêcher d’évoluer, pour enfin affronter directement les trois policiers armés qui sont à l’intérieur à plus de trente individus violents et armés de pierres de ballast et de battes de base-ball ?
Il a fallu que les policiers utilisent leur arme de service pour pouvoir se dépêtrer au fond d’une impasse, en même temps que des renforts arrivaient, sans quoi un lynchage était inévitable. L’un des policiers a été sérieusement blessé au visage.
Peut-on imaginer une seconde ce que sont des agents de police de la Bac qui interviennent dans les zones sensibles ? Ces agents sont connus pour être parmi les meilleurs éléments, ce sont des professionnels aguerris qui sont habitués à la violence directe, qui savent se battre et qui savent répondre à toutes sortes d’agressions. Les jeunes qui s’attaquent à ces professionnels savent qu’ils s’en prennent aux meilleurs, pourtant ils n’hésitent pas à chercher l’affrontement ni à chercher à les piéger par surprise.
Élaborer une opération criminelle contre des éléments de la Bac qui représente le dernier rempart républicain nécessite une bonne préparation et une idée précise de ce qu’on cherche à faire, et surtout un certain esprit « va-t-en-guerre ».
C’est précisément ce que j’appelle du terrorisme urbain.
Des individus, jeunes, souvent mineurs, qui raisonnent et agissent comme leurs homologues jeunes adultes qui les inspirent, instaurent et alimentent un climat de terreur sur leur territoire, dans leur milieu urbain (dans leur quartier, mais aussi là où ils se rendent en groupes sur d’autres territoires, y compris dans les moyens de transport) et plus généralement partout où la sécurité est fragile.
En 2005, la France a connu les plus importantes violences urbaines de toute son histoire contemporaine. Des dizaines de milliers de véhicules ont été brûlés faisant un nombre encore plus important de victimes dépitées qui souffrent en silence. Rares sont les pays civilisés qui ont eu à connaître de pareilles violences généralisées.
En octobre 2006, moins d’un an plus tard, on assiste à de nouveaux événements inédits et à mon avis encore plus inquiétants. Des groupes de jeunes encagoulés, armes au poing, prennent d’assaut des bus de transport public bondés en plein jour, évacuent les clients à l’arrache, et y mettent le feu après avoir aspergé le véhicule d’essence. En quelques jours, ce sont plusieurs bus qui ont été la cible de telles actions violentes un peu partout en région parisienne. Je suis presque certain que le phénomène va aller en augmentant.
Brûler des voitures la nuit est une chose, s’en prendre aux transports en commun en plein jour avec une telle violence est une tout autre chose. La stratégie de terreur est la même, mais les conséquences sont bien plus importantes socialement, et surtout économiquement.
Ces individus, si on les laisse faire, s’empareront de tous les territoires fragiles, et finiront par pourrir de l’intérieur tout ce qui a pu être fait pour améliorer l’aspect social dans les banlieues.
Il est urgent d’agir globalement et sérieusement.
Ce que j’affirme, c’est que si on élimine la problématique d’insécurité dans les banlieues, et plus largement dans toutes les zones où se développent des phénomènes d’insécurité liés aux aspects sociaux économiques, il se pourrait bien qu’on puisse même finir par y vivre bien. N’y subsisteraient alors que des gens, certes qui ne disposent pas des situations individuelles les plus avantageuses, mais qui pourraient au moins vivre libres, dans le calme et la sérénité, et surtout dans des endroits propres et dépouillés de toute violence ou de toute agressivité. On aurait alors ensuite un contexte plus favorable à l’insertion sociale et économique des plus défavorisés.
Le problème de la banlieue, ce n’est pas l’infrastructure qui est souvent critiquée, ou la qualité des gens qui y vivent, mais c’est la violence latente, visible et invisible, toujours inacceptable qu’on laisse gangrener depuis trente ans dans tout le pays. On n’a jamais su répondre concrètement à cette montée de la violence.
C’est une évidence pour tout le monde désormais que la grande majorité des immigrés arrivés en France il y a trente ans n’ont pas su, et ne sauront jamais éduquer leurs enfants, ces fils d’immigrés qui aujourd’hui, même s’ils ne sont pas responsables de ce qu’ils sont, restent néanmoins massivement à l’origine des troubles dans les banlieues. C’est ainsi. Je le regrette et le déplore comme n’importe lequel d’entre nous, mais c’est un fait, il faut le considérer tel quel et avoir le courage de dire les choses telles qu’elles sont, et d’appréhender le problème bien en face.
Bien entendu tous les fils d’immigrés maghrébins et tous les fils d’immigrés africains ne sont pas de la « racaille » et n’ont pas le destin qu’on pourrait hélas leur prêter. J’en connais qui sont des merveilles d’intégration et qui paient très cher leur origine à cause de leurs congénères dans les banlieues, qui anéantissent souvent beaucoup du travail d’intégration que tentent de faire les acteurs sociaux mobilisés depuis des dizaines d’années sur ce thème.
On ne pourra pas résorber le problème des violences urbaines sans que des mesures très précises et très concrètes soient prises à l’encontre de ces jeunes violents. Il est devenu absolument nécessaire d’enrayer ce type de phénomène, en pratiquant la règle de la tolérance zéro, et pourquoi pas, « à l’américaine » puisque c’est le seul langage que ces jeunes comprennent de toute manière. Les Américains ont une excellente expérience dans ce domaine, une collaboration avec eux pour ce qui concerne l’encadrement et le redressement des jeunes violents serait à mon avis quelque chose de réalisable et de souhaitable. Le transfert de connaissance serait profitable, et le retard que nous avons pris sur ce sujet pourrait ainsi être résorbé plus rapidement.
On devrait pouvoir extraire des banlieues tout individu, surtout très jeune, qui présenterait des risques pour la société, notamment ceux qui fréquentent les communautés violentes, et l’isoler pour de bon, et pour un bon moment, en le contraignant à une sorte de « mise à niveau » sur le plan individuel.
Préalablement, il faut déjà pouvoir mettre en place un système de surveillance au coeur des banlieues et des zones urbaines sensibles. Un système qui permettrait d’identifier rapidement les auteurs de troubles ; on permettrait à des citoyens d’indiquer anonymement à la police l’identité d’éléments perturbateurs susceptibles d’appartenir à des bandes ou à des groupes criminels et/ou violents, de sorte que la police puisse cibler ses actions de surveillance, et éventuellement appréhender des auteurs de faits avérés recoupés sur le terrain. Un site Internet national pourrait être utilisé pour recueillir les témoignages de civils et ainsi aider au ciblage. Bien entendu, il n’est pas question d’appréhender sur simple dénonciation par l’Internet pour un fait non prouvé, il s’agit simplement d’obtenir des renseignements qui pourraient éventuellement conduire ensuite à cibler la surveillance sur tel ou tel groupe de jeunes qui agiraient. Informations qui seraient discrètes et à usage uniquement de la police, plus particulièrement des renseignements généraux ou de la DST dans le cadre d’affaires légalement menées. De mon point de vue, on parlerait là plus d’un devoir citoyen et de patriotisme que de délation (je vois déjà les critiques fuser).
Pour les jeunes incriminés dans des actions violentes et appréhendés ou ayant un comportement violent qu’il faut pouvoir déterminer dans le cadre d’un profilage comportemental (incluant l’évaluation de l’intégration sociale, les résultats scolaires, l’environnement familial, les fréquentations, les habitudes), il faut une réponse judiciaire.
Cette réponse judiciaire doit être un message très clair. En aucun cas il ne doit s’agir d’une simple garde à vue, puis d’une simple peine de prison avec sursis de quinze jours ou de travaux d’intérêt général qui ne seront jamais réalisés. La police n’en peut plus de retrouver dans la rue le jeune qu’elle vient d’interpeller trois semaines plus tôt et qui récidive. Non, au contraire, il faut une mise à l’écart de la société, il faut aller jusqu’à un internement dans des centres de redressement fermés, surtout pour les jeunes et les très jeunes d’entre eux, ainsi que pour les jeunes adultes.
Ces centres devront être nombreux, déployés dans toutes les régions, organisés et administrés par un service spécialisé de l’institution pénitentiaire ou pourquoi pas avec une participation de l’armée. Les jeunes qui seront internés dans ces centres ne pourront pas en sortir ni le soir ni le week-end, les visites seront au maximum limitées à leurs parents immédiats, dans certains cas, et un traitement très strict leur sera imposé.
Des éducateurs spécialisés nombreux et permanents seront au coeur du dispositif. En priorité des adultes de plus de quarante-cinq ans psychologiquement robustes que des jeunes ne pourront pas impressionner. Ces éducateurs pourraient être recrutés auprès des cadres de l’armée, de la police, de la gendarmerie, de l’éducation nationale, d’intervenants sociaux, de sapeurs-pompiers, toujours sur la base du volontariat. Ils seront chargés d’accompagner les jeunes durant leur séjour dans le centre de redressement et de les évaluer en permanence au fur et à mesure des progrès individuels. Des psychologues seront également indispensables à toutes les étapes de la réhabilitation.
Les jeunes y seront recadrés par tout moyen jugé utile, civilisés, éduqués, formés, instruits, intéressés à différentes disciplines, responsabilisés, on leur apprendra à écrire, à lire, à compter, à s’exprimer, la société leur offrira une opportunité unique de réintégration, avec des moyens adaptés et conséquents. Le processus de redressement ira jusqu’à permettre à chacun d’atteindre sa maturité intellectuelle pour lui rendre sa liberté, l’étape suivante en cas de récidive étant la prison ferme.
Le coût de mise en application de telles mesures n’est pas nécessairement gigantesque, comme certains le prédisent, et de toute manière ce coût est déjà intégré. Dans tous les cas, il sera largement amorti par le gain immédiatement appréciable en sécurité, en tranquillité et en sérénité à tous les niveaux de la société civile et pour le pays en général, socialement mais également économiquement. On estime à environ 40 000 le nombre de jeunes concernés. Pour n’évoquer qu’un seul avantage d’un tel système où les jeunes violents seraient identifiés et isolés, imaginez une seconde la qualité de l’enseignement en France à partir du moment où on aurait exclu du système traditionnel tous les éléments perturbateurs dans les établissements scolaires.
Comme toujours en France, les choses changeront probablement dès qu’il y aura des morts...
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