Faut-il nous mobiliser contre le racisme anti-blanc ?
Parce que la haine n’a pas de couleur, la question du racisme anti-blanc ne se pose même pas, contrairement à l’impression qu’on a en écoutant les réactions de nos politiques aux propos de Jean-François Copé. Le Secrétaire général de l’UMP aurait donc jeté un pavé dans la mare en parlant de racisme anti-blanc dans son dernier ouvrage intitulé « Manifeste pour une droite décomplexée ». Rien de nouveau sous le soleil puisqu’avant lui, les responsables du Front National utilisaient l’expression, et même le Président Chirac durant les troubles en Côte d’Ivoire. La question qui se pose fondamentalement est de savoir si la France doit se mobiliser contre ce phénomène bien réel.

Les quelques manifestations du racisme anti-blanc auxquelles se réfère le numéro 1 de l’UMP sont le fait, essentiellement, de certains jeunes issus des minorités visibles, dans certains quartiers. Rien que dans les milieux scolaires, des mots aussi laids que « sale blanc », « blondasse », et d’autres encore, qu’un minimum de décence recommande de ne point reproduire dans un article destiné à être lu, fusent pour un oui ou pour un non. Ils sont parfois d’une telle banalité qu’on se demande bien s’ils traduisent l’état d’effondrement généralisé de nos valeurs morales, comme le respect, ou s’il s’agit de la manifestation d’un profond racisme qu’on aurait tort de sous-estimer.
En tout cas, dans un cas comme dans l’autre, le jeune homme « blanc » ou la jeune femme « blanche » qui subit une agression verbale de cette nature mérite, naturellement, que son auteur écope d’une sanction, comme cela est le cas des propos racistes à l’égard des « Noirs », des « Arabes », des « Juifs » ou de n’importe quel autre sujet issu des minorités visibles, « protégées » par les associations antiracistes.
Il y a pourtant lieu de déplorer la discrétion, voire carrément l’absence des suites judiciaires que ces actes méritent amplement. D’où des interrogations légitimes des victimes présumées. On n’a même pas besoin d’être électeur d’extrême droite pour partager l’indignation et la perplexité des « Blancs » insultés ou agressés, dans certains milieux, en raison manifestement de leur apparence physique. Il est toutefois heureux de constater que ces actes restent isolés surement du fait du nombre réduit des agresseurs potentiels comparé à l’ensemble de la population française et de sa composante majoritaire. Ce qui se produit plutôt trop souvent, ce sont les attaques quotidiennes contre les jeunes femmes.
Sur RMC, mercredi 26 septembre, une femme témoigne. Sa fille se fait systématiquement accabler et insulter par des jeunes « arabes » et « africains » qui la traitent de « blondasse », y compris en présence de sa mère. Son témoignage n’est vraiment pas un scoop. En France, les filles se font systématiquement interpeller ou insulter par des bandes de harceleurs qui grouillent dans nos rues et contre lesquelles on ne sait vraiment quoi faire. Un peu comme dans la vidéo diffusée par la télévision belge où on voit des badauds, parfois âgés, accabler d’insultes une pauvre demoiselle dont le seul tort est de « passer par là ».
Toutefois, et c’est tout le paradoxe, c’est cette affaire de « calvaire » de nos filles dans les rues qui conduit à modérer le phénomène de racisme anti-blanc, du moins dans le cas des filles. Car les jeunes femmes de toutes origines en sont victimes et se font insulter, chacune en fonction de la couleur de sa peau.
Comme l’a si bien reconnu la mère qui a témoigné sur RMC, sa fille se fait d’abord « draguer ». Publiquement. C’est évidemment assez désagréable pour une femme de se faire aborder dans des conditions aussi humiliantes. Mais à supposer qu’elle réponde « oui » à ces lourdingues, pour des raisons qui lui sont propres, chacun faisant de sa vie ce qu’il veut. Difficile d’imaginer que la suite des « évènements » soit le torrent d’insultes racistes qui accompagnent systématiquement un « non » ou une « indifférence ». Mais, entendons-nous bien : il ne s’agit pas ici de tolérer ces comportements de rue. Dans une société normale, une femme doit être sollicitée avec manière et en veillant au respect de sa dignité.
Ceci étant, on peut tout à fait attribuer le calvaire de nos jeunes dames dans les rues plus à la « voyoucratie » et au machisme qu’au racisme fondamentalement. Les insultes racistes fusent parce que dans le monde des voyous, il n’y a pas de gradation dans les vocabulaires. Une insulte raciste vaut n’importe quelle autre, ce qui ne la rend pas non-punissable aux yeux du droit, bien évidemment. En revanche, les dégradations de certains lieux, dont des lieux de culte (synagogues, cimetières,…) sont des actes prémédités de haine visant une communauté, et qui sont d’ailleurs le fait des personnes issues de toutes origines.
Mais tous ces actes, graves et à réprimer dans la rigueur du droit, ne doivent pas servir d’excuse ni de cache-sexe au plus grand racisme, en termes de dégâts, qui fracture la société française. C’est le racisme contre les minorités, et non seulement ethniques. Les personnes handicapées et les « gros » font partie du « lot des exclus systématiques ».
Les secteurs de nos villes et de nos cités qui se peuplent outrageusement des personnes issues des mêmes origines sociales et géographiques, et où de nombreux « Français » ne se sentiraient plus en « France », ont bien une explication. Quelqu’un en France - et ce n’est sûrement pas une personne mandatée par ces populations - a dû décider que ces populations doivent être « parquées » là-bas et surtout pas à un autre endroit. Pour des raisons avouables ou inavouables, peu importe. Mais en tout cas on en est là au bout des années de discriminations au logement et de politique inavouable de ghettoïsation qui promet de nous exploser un jour sur la figure.
En matière d’embauche, le mal est encore plus profond. Certaines personnes en France, en raison de leur apparence physique, ont deux fois moins de chance d’accéder à un emploi équivalent, à compétence égale, que d’autres.
Naturellement, on imagine que c’est ce racisme-là, qui fait plus de tort à la cohésion nationale, et qui devrait préoccuper un grand parti du gouvernement comme l’UMP. Mais, on comprend. Monsieur Copé est en compétition contre Monsieur Fillon pour la présidence de l’UMP. S’il ne s’agit que d’une affaire de campagne interne à l’UMP, alors il y a peu de chance que la France soit amenée à se mobiliser contre le racisme anti-blanc.
Déjà qu’on n’y arrive pas contre les autres racismes.
Boniface MUSAVULI
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