S'il voulait faire en sorte que le débat tourne à nouveau autour de ses idées, et bien c'est réussi. Lundi soir dans l'émission de TF1 "Paroles de français" François hollande a non seulement créé la surprise mais il a déclenché un séÏsme dans la campagne électorale, en proposant d'imposer lourdement les revenus au-delà d'un million d'euros par an.
On peut penser que Nicolas Sarkozy et François Hollande partagent en l'occurence la même motivation : sanctionner les dirigeants des grandes entreprises qui sont incapable de modérer leurs rémunérations, eux dont les revenus ont eugmenté de 34% en 2011.
Et bien non, le président et candidat à la présidentielle Nicolas Sarkozy a immédiatement critiqué la proposition du candidat du PS. Lors de son déplacement à Montpellier il a déclaré : "Tout ça donne une impression d'improvisation, de précipitation, pour tout dire d'amateurisme qui est assez consternante.", en ajoutant : "Où est l'Europe où est la convergence, quel est le sens d'une proposition comme ça ?". Tous les politiques de la droite y sont allés de leur petit couplet.
François Bayrou, candidat MoDem à l'Elysée, lui aussi s'est joint au choeur des critiques : "Je crois que c'est (le scénariste Michel) Audiard, qui avait une phrase un peu rude : le déconnomètre fonctionne à plein tube », Par contre quand le journaliste lui a demandé s'il fallait comprendre qu'à ses yeux François Hollande "déconnait", Bayrou a répondu : "Ça, c'est vous qui le dites."
Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, a pour sa part déclaré sur RTL : « C'est la fuite en avant fiscale, la confiscation fiscale."
Jean-Pierre Raffarin (UMP) , l'ex-Premier ministre :, a déclaré sur RadioClassique-Public Sénat : "C'est encore une démarche très classique du Parti socialiste : toujours plus d'impôt".
Marine Le Pen, candidate du Front national,a jugé ce mardi a l'émission de France 2 "des 4 vérités" que la proposition de François Hollande est "complètement absurde et idéologique" en ajoutant : "Ce n'est pas de la politique ça, c'est un coup médiatique en réalité".
Mais qu'a déclaré exactement François Hollande lundi soir sur TF1 : "au dessus d'un million d'euros par an, le taux d'imposition devrait être de 75%", .
Toute personne peu familière du fonctionnement, par ailleurs fort complexe, de l'impôt sur le revenu, peut comprendre que les contribuables les plus fortunés se verraient prélever les trois quarts de leur revenu. Il n'en est rien : seule la somme au-delà du million serait imposée à 75%. En-dessous de ce seuil du million, les taux appliqués sont inférieurs, et suivent le barême en vigueur (voir dans Libération un exemple de calcul de l'impôt).
En résumé les millionnaires ne paieront pas 75% sur la totalité de leur revenu. Cette proposition de François Hollande, crée seulement une tranche supplémentaire au-delà d'un million d'euros, avec un taux de 75%.dans l'impôt sur le revenu. Précédemment le candidat socialiste avait déjà promis un palier à 45% au-delà de 150 000 euros, ce qui fait deux nouveau étage dans le barême.
Ce matin,
sur le plateau de RTL,
François Hollande a expliqué le pourquoi de cette mesure : "
ce n'est pas une question de rendement, puisque ce taux de 75% sur les revenus au dessus de 1 million d'euros annuels devrait rapporter à l'État de 200 à 300 millions d'euros, c'est une question de moralisation". Il a également précisé que cela concernait les foyers fiscaux et non pas les parts fiscales.
A la question sur la prérennité de cette mesure, le candidat du PS a déclaré : "elle est exceptionnelle parce que les revenus sont exceptionnels, parce que le moment est exceptionnel, mais elle sera durable parce que je veux qu'un signe soit envoyé très clairement aux assemblées générales d'actionnaires et aux dirigeants d'entreprise".
François Hollande a également précisé que c'était l'unique façon pour limiter les grosses rémunérations dans le privé soumises à la "libre décision des actionnaires", : "il n'y a que l'arme fiscale, car toutes les recommandations de modération salariale des dirigeants sont restées lettre morte", alors que dans le secteur public il lui sera possible de limiter l'écart des rémunérations de 1 à 20.
Je trouve amusant de voir comment le chef de l'État ainsi que ses amis ont plongé à pieds joints dans le piège hollandais en criant à tue-tête au retour de Karl Marx. Il faut rappeler qu’une telle taxe a existé aux Etats-Unis jusque dans les années 80, sans transformer pour autant le pays du capitalisme roi en paradis communiste !
Nicolas Sarkozy s'était présenté au lancement de sa campagne comme le "candidat du peuple" alors que sa majorité, sur sa proposition, a fait voter dernièrement un texte sur la "TVA anti-délocalisation" qui consiste à prélever de l'argent à l'ensemble des français, à commencer par les plus défavorisés, pour qui cette augmentation des prix à la consommation sera par définition plus douloureuse.
Ce président-candidat qui en appelle aux couches populaires commence par se faire l'avocat des plus riches, notamment par cette dernière attaque contre la proposition du candidat PS : la contradiction est éclatante. Qu'il le veuille ou non, la mesure hollandaise l'obligera à modifier sa posture.
On va voir maintenant qui est le candidat des riches et qui est le candidat du peuple !