Françoise Dolto : La cause des enfants, la cause des adolescents, et sur le consentement
En 1988, Françoise Dolto écrivait :
« L'enfant n'a pas tous les droits, mais il n'a que des droits. Les parents n'ont sur sa personne aucun droit : ils n'ont que des devoirs. » (La cause des enfants. Robert Laffont, 1988, p. 285)
« Et si on rayait le notion de mineur ? Elle porte avec elle une mentalité rétrograde qui ne fait pas confiance à l'être humain, ni l'adulte, ni l'enfant, dans ses rapports avec les autres. Une mentalité empreinte de peurs, préjugés, intolérance et méfiance. Ce qu'il faudrait c'est que la loi ne s'occupe plus de l'âge. Ne s'occupe seulement que de l'inceste, des relations entre parents proches, frères, soeurs, parents, oncles, tantes, mais qu'il n'y ait absolulent rien entre adultes et enfants comme interdiction. » (La cause des adolescents. Robert Laffont, 1988, p. 192)
Françoise Dolto soutenait donc que l'inceste devait être interdit au nom de la consanguinité. Pourquoi pas ! C'est une bonne raison. Mais pour interdire ce qui est un délit, encore faut-il qu'il y ait plainte (civil), ou constat (pénal).
De fait, un inceste entre adultes consentants ne donne jamais lieu en principe, ni à une plainte ni à à un constat. Pour éviter qu'un gouvernement ne vienne installer des caméras dans les chambres à coucher, il n'est pas raisonnable de faire de l'inceste entre adultes consentants un délit.
En revanche, l'inceste commis sur des enfant est autrement plus grave. En effet, aujourd'hui nous savons que les telations sexuelles entre adultes et adolescents, a fortiori entre adultes et enfants sont traumatisantes
Le devoir de la société est de préserver les enfants contre les dangers de la vie. Ce devoir est délégué aux parents. En conséquence, notre devoir d'adultes est de leur éviter autant que possible les expériences traumatisantes, notamment sexuelles, et éventuellement pour ce qui concerne la pédophilie, le devoir de se porter partie civile contre ceux qu'il convient n'en déplaise à Françoise Dolto, d'appeler prédateurs sexuels ou pédo-criminels.
La réponse contemporaine à Françoise Dlto est claire : nous n'avons pas davantage le droit d'abuser les enfants des autres que celui d'abuser les nôtres. Je ne sais pas ccomment elle aurait réagi si quelqu'un avait abusé des siens !
Le "consentement" des enfants allégué par les prédateurs et sur la question du respect de l'enfant :
Indépendamment du fait que les enfants ne sont pas suffisamment avertis de la gravité et des dangers d'une relation pédophile, il faut savoir que pour qu'il y ait consentement il faut qu'il y ait une demande, une offre. Une telle offre étant interdite par la société au nom de la préservation de la jeunesse contre les pédo-criminels, l'allégation de consentement est ipso facto nulle et non avenue. Voilà qui devrait régler la question du consentement, qui ne devrait jamais être invoqué.
Á ceux qui allèguent qu'il faut interdire la pédo-criminalité parce que le consentement de l'enfant ne serait pas un consentement éclairé, je leur dirai qu'ils ont raison sur le fond, mais pas sur la forme. En effet, au nom du respect des sentiments, désirs et émotions d'autrui et donc des enfants qui ont les mêmes droits et exigences, un consentement pas plus qu'un refus ne doit être nié. Ce n'est donc pas le consentement qu'il convient d'évaluer ou dévaluer, en la matière, mais les actions ou réactions des adultes chargés de la protection de l'enfant.
Aucun adulte responsable et respectueux de l'exigence sociétale qui lui est déléguée ne peut donner son consentement à une relation traumatisante. C'est pourquoi un pédo-crime commis sur un enfant par un adute en charge de veiller sur sa sécurité et son bonheur, constitue une circonstance particulièrement aggravante.
Les propos de Françoise Dolto datant d'une autre époque sont malheusement instrumentalisés par ceux qui ne connaissent des découvertes de Feud que ce qu'ils en ont appris dans le fameux "Livre noir de la psychanalyse".
Françoise Dolto a écrit des choses remarquables, je citerai notamment ceci qui n'est pas sans rapports avec le consentement, loin s'en faut :
« Le désir de la mère, l'enfant ne devrait jamais être invité à le satisfaire. Hélas, c'est son plus grand plaisir à l'époque fusionnelle avec elle. Mais cela ne doit pas durer. C'est pour cela aussi que des enfants refusent de manger, parce que la mère désire trop qu'ils mangent. Et ils ont raison. s'ils continuenet de satisfaire le désir de leur mère, ils deviennent pervers, car c'est l'adulte élu de la mère qui doit satisfaire son désir, ce n'est pas l'enfant. » (Tout est langage, Le livre de poche, 1989, p.63).
Des propos très lourds de sens. C'est peut-être cela que de nombreuses voix voudraient effacer.
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