Gauche désunie, Gauche inutile, Gauche coupable
Les deux menaces majeures de notre ère sont les crises écologiques et les inégalités sociales dont les causes comme les solutions sont fortement liées.
Qui en France pour les affronter ?
Les deux menaces majeures :
(Dominique Bourg dans "Le marché contre l'humanité".)
« Rappelons une première incompatibilité : celle qui existe entre les inégalités sociales et l'écologisation de la société. Comme a pu le mettre en évidence le modèle "Handy", des inégalités sociales très prononcées, même sans atteintes à l'environnement, suffisent à provoquer l'effondrement d'une société. Mais le schéma le plus courant est celui d'inégalités sociales qui débouchent sur une forte dégradation de l'environnement, laquelle tire alors l'ensemble d'une société vers l'abîme. »
Emmenés par le mathématicien Safa Motesharri, des chercheurs américains, Jorge Rivas, Eugenia Kalnay, basent leurs recherches financées par la NASA, sur un modèle appelé "HANDY", pour Human and And Natural DYnamical.
Selon ce modèle, l’accaparement des richesses par les plus riches pourra mener à la disparition des plus pauvres et à celle de la société toute entière.
Et,
(Toujours Dominique Bourg dans "Le marché contre l'humanité".)
« Autre difficulté : des écarts de richesses importants rendent quasi impossible le recours aux incitations financières écologiques. Ces dernières touchent alors lourdement le pouvoir d'achat des pauvres alors qu’elles ne font qu'effleurer celui des plus riches. Telle a été l'un des enseignements du mouvement des Gilets jaunes et de leur refus de la taxe carbone. ».
Et,
(Fred Vargas dans "L'humanité en péril".)
« N'oublions pas que les gouvernants marchent main dans la main et doigts entremêlés avec les multinationales - paralysés par elles - et les plus puissants lobbies du monde, lobbies de l'agroalimentaire, lobbies des transports, lobbies de l'agrochimie, lobbies du textile et j'en passe, vous ne les connaissez que trop. Qui s'arcboutent contre toute atteinte à leur immense pouvoir, c'est-à-dire, et c'est le mot-clef de la catastrophe, contre toute atteinte à l'Argent, au toujours plus d'Argent. Le leur, pas le nôtre. Et pour que l'argent continue à entrer à flots, à accroître encore et encore leurs milliards de milliards quasi exemptés d'impôts ou bien nichés à l'abri dans les planques fiscales, il faut de la Croissance, et c'est le deuxième terme clef. »
Et,
(Paul Jorion - Vincent Burnand-Galpin dans "Comment sauver le genre humain".)
« Dans la question écologique, tout comme dans la question sociale, l'alliance du capitalisme, de l'économie de marché et du libéralisme nous mène dans l'impasse. Il s'agit enfin de la dépasser. »
« C'est d'avoir fait de cette logique de boutiquier le principe de gestion des Etats qui nous a conduits à la catastrophe. Pour aboutir au paradoxe qui est le nôtre aujourd'hui : nous n'avons jamais été aussi riches, il n'y a jamais eu autant de milliardaires, chaque jour qui passe en amenant de nouveaux, pendant que les États glapissent : " Nous n'avons jamais été aussi pauvres ! On ne peut rien faire ! La dette est colossale ! Etc. " Et le public finit par se convaincre " qu'on n'a plus les moyens ! " , alors que les moyens sont en réalité pléthoriques, et que la seule explication de la disette est que l'État se les refuse en ayant capitulé devant les grosses fortunes, devant la concentration de plus en plus grossière de la richesse en quelques rares mains.
La justification de cette capitulation est connue : le chantage à l'emploi : ramenées à la raison, ces grosses fortunes s'exileraient, emportant avec elles "des milliers d'emplois". » Ibid.
Et,
Antonio Guterres, secrétaire général L'ONU, lors de la COP24, avait déclenché l'alerte : « Pour beaucoup de gens, c'est déjà une question de vie ou de mort, alors il est difficile de comprendre pourquoi nous, collectivement, avançons toujours si lentement, et même dans la mauvaise direction. »
Voilà le problème posé.
La question prédominante est : en France, sur qui peut-on compter pour affronter l’urgence de la situation ?
Passons rapidement sur la droite traditionnelle, les Républicains, phagocytée par le RN et LREM, inutilement au pouvoir 37 ans sous la Vème République, vérolée par d’innombrables affaires, Fillon, Sarkozy condamné à 3 ans de prison dont 2 avec sursis, Balkany condamné, Guéant condamné, etc., vidée de ses électeurs mais pas des prétendants candidats aux élections présidentielles dont certains ne sont plus adhérents au parti.
L’extrême droite, le RN, n’a pas pour préoccupation première l’écologie. Son programme repose quasi entièrement sur la lutte contre l’immigration essentiellement maghrébine, la délinquance, l’insécurité essentiellement d’origine arabe ou africaine. Le volet économique n’est pas fixé : une fois, c’est sortir de l’euro ; une fois, c’est ne plus sortir de l’euro. Contre la mondialisation, il propose le localisme dès que les leaders sauront en quoi ça consiste. Florian Philippot avait élaboré une politique sociale cohérente abandonnée depuis son départ du parti. Quant aux préoccupations de son électorat elles peuvent être appréciées dans la chronique suivante publiée sur Agoravox :
Combattre le Rassemblement National : inutile parce que perdu d’avance.
LREM alors ?
Cet incertain attelage existe uniquement pour permettre à son champion, Emmanuel Macron, de régner.
En singeant son style affété, qui prétend-il être ?
Il s’est présenté comme le démiurge d’une nouvelle politique innovante alors qu’il n’est qu’un épigone de toute une lignée d’économistes apparue il y a 4 siècles. Autrement dit : il s’est glorifié d’avoir inventé une politique différente et innovante grâce à des idées présumées nouvelles décrites dans son essai publié le 24 novembre 2016 et intitulé en toute modestie Révolution.
Ces fameuses idées datent de plusieurs siècles : premier de cordée, ruissellement, régulation automatique du marché, Adam Smith et Bernard Mandeville, XVIIIe siècle ; ultralibéralisme sans intervention de l’état, Herbert Spencer, XIXe siècle, Friedrich Hayek, XXe siècle ; gouvernement par des experts, Walter Lippmann, XXe siècle, tous disparus, il y a 28 ans pour le dernier, à 93 ans !
Elles ont été appliquées sur de longues périodes, avec pour effets l’enrichissement des plus fortunés, l’explosion des inégalités et l’endettement abyssal des états provoquées par les crises de l’économie libérale : 1973, le choc pétrolier, 1997, la crise asiatique, 2007, crise mondiale déclenchée par la faillite de la banque américaine Lehman Brothers.
Contrairement à ce que nos gouvernants nous rabâchent quotidiennement pour s’exonérer de leur incurie, l’endettement n’est pas dû à des politiques sociales trop dispendieuses. Ce sont ces crises de la doctrine économique devenue ultralibérale qui en sont la cause et, pour la dernière, les sommes énormes dilapidées pour renflouer le système bancaire.
Emmanuel Macron dit tout et son contraire en fonction de ce qu’il suppose être l’attente de l’auditoire : sur les violences policières, la convention citoyenne pour le climat, la relocalisation, la fonction de l’état. "Moi, je suis socialiste et je l'assume !" (2014). "L'honnêteté m'oblige à vous dire que je ne suis pas socialiste !" (2016)…
Il n’y a que sur l’ISF, la flat tax, etc., qu’il s’obstine.
Emmanuel Macron qui gouverne au doigt mouillé.
(Dominique Bourg dans "Le marché contre l'humanité".)
« Ce gouvernement ressemble à une équipe de commerciaux formés à l'aune d'une prétendue science économique, amorale, sans le moindre sens de la chose publique, considérant les citoyens comme des concurrents à éloigner de la manne publique à capter, ou ce qu'il en reste. »
Et,
(François Sureau, dans "Sans la liberté" ; un des rares conseillers que le président écouterait, dit-on.)
« Ce qui peut être dit du ministre de l’Intérieur vaut pour les autres. Le plus souvent les ministres n’existent pas, les ministres d’aujourd’hui moins que ceux du régime parlementaire. Sitôt nommés, ils vivent dans la crainte d’un mot du président, dans l’angoisse d’une note technique défavorable produite par un de ses conseillers, d’une révélation de presse, obligés d’être partout, au parlement ou à la radio, de twitter, d’exister enfin. Les ministres ne sont que notre miroir, certes taché par la buée de leurs ambitions, où notre image collective par instants se voile, mais pas davantage. »
Expliqué par quelqu’un du sérail qui les connait bien ! Confirmé en d’autre temps par des déclarations d’Alexandre Benalla.
Les américains ont eu Trump. Nous avons dans un registre différent, Emmanuel Macron. Pour le vérifier sur Agoravox :
De Reagan et Margaret Thatcher à Emmanuel Macron, la même politique qui détruit l’humanité
Macron 2017 : la révolution, la modernité, la probité, la moralisation ! Début 2020, confirmation ?
Les girouettes politiques ont pris le pouvoir. Pauvre France !
Emmanuel Macron imbu de sa personne.
Alors que.
Comme ces chroniques sur Agoravox le révèlent, il n’est que la marionnette de ses amis ultras riches, puissants ploutocrates et de leurs médias. Sa félonie dans la vente du journal Le Monde et son comportement envers son mentor, Pierre Jouyet et d’autres soutiens, dévoilent sa disposition au mensonge, à la traitrise, la lâcheté et l’ingratitude infâmes pour assouvir sa soif de pouvoir et de surtout de paraitre.
Reste la gauche ?
L’engagement des partis de gauche pour lutter contre la crise écologique et les inégalités sociales est indéniable. En revanche, les socialistes et les verts s’accommodent plus ou moins de l’Europe telle qu’elle est, du marché débridé, de l’ultralibéralisme ambiant et de la mondialisation effrénée.
Mais la gauche désunie.
À la France insoumise, Jean Luc Mélanchon s’est déjà déclaré candidat apparemment avec l’approbation de quelques sympathisants. Chez EELV, Yannick Jadot a fait de même, apparemment sans l’assentiment des autres leaders de son mouvement. Le lundi 14 septembre 2020, dans l’émission "le 7-9" de France inter, il a déclaré, « on ne peut pas laisser le pouvoir à Emmanuel Macron encore 5 ans et Marine Le Pen ce sera terrible » et il a annoncé, « il y aura une candidature écologiste et je m’y prépare. » Récemment il a apparemment changé d’avis en appelant tous les leaders de gauche à se rencontrer pour discuter y compris Jean Luc Mélenchon.
Quant aux socialistes, à l’instar des républicains, ils cumulent les candidats auto désignés à la candidature.
Alors la gauche inutile.
Si deux ou trois candidats de gauche se maintiennent en lice, ils recueilleront au mieux l’un 9 à 12%, l’autre 6 à 8% et le dernier 3 à 5%. De même si deux font alliance et le troisième persiste. La seule chose certaine est qu’ils seront tous éliminés au premier tour.
Alors la gauche coupable.
En refusant d’aplanir leurs différences et éventuellement leur égo pour se rassembler sur un programme efficace car vraiment de gauche, ils auront abandonné les 10 millions de français pauvres qui végètent. Les quelques millions des classes moyennes basses, révélés par les gilets jaunes, qui survivent tout juste. Et toutes les futures victimes de l’anthropocène en cours sur la planète. Ils auront préservé les ultras fortunés et leur prédation des richesses au détriment du reste de l’humanité.
Si c’est cette occurrence qui se produit lors les prochaines élections présidentielles, ce doit être la dernière !
Aussi faut-il leur envoyer un message clair et impératif : un vote blanc au premier tour, pour exprimer qu’on ne soutiendra plus des partis qui se satisfont de la division pour, chacun exister un peu !
Pour comprendre la leçon, aucun de ces partis ne devrait recueillir plus de 5% des voix, à condition qu’il soit clair que les voix manquantes se sont reportées sur les bulletins blancs. Ainsi le message sera bien identifié.
Bien entendu, pour les élections législatives suivantes toutes ces voix devront aller au candidat de "gauche" le mieux placé au premier tour, quel qu’il soit ! La division ne doit pas s’infiltrer chez les électeurs. Ce serait comme "se tirer une balle dans le pied".
« C'est la grande sagesse du peuple, voyez-vous. Les gens ne se dérangent que pour les élections qui ont un sens. » Jean-Christophe Rufin.
Si la gauche se présente divisée, Emmanuel Macron l’emportera et pourra à nouveau se dire légitime pour mener la politique que lui réclament les grandes fortunes qui l’ont placé là dans ce but. Et contrairement aux pauvres, chômeurs, salariés âgés en attente de pouvoir prendre leur retraite, jeunes générations sacrifiées aujourd’hui comme demain, etc., et contrairement à tous ceux-là, il pourra dire merci à cette gauche ignominieuse, non, à ces leaders de gauche ignominieux.
Article en complément des chroniques :
Présidentielle 2022 : Yannick Jadot parle aux Français
Municipales. Les écologistes gagnants mais, l’Écologie peut-être pas
Président cambrioleur, Corinne Lhaïk : « Emmanuel Macron est un diamant »
D’autres chroniques, des réflexions et une sélection de livres éclairants sur :
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