Guerre Hybride Mondiale : Damas, la Syrie et la suite du Grand Jeu
« Quand tout le monde est mort, le Grand Jeu est terminé. Pas avant. Écoute-moi jusqu’à la fin… »
Kim, Rudyard Kipling, MacMillan & Co (1901)
« En Syrie, on tue comme on respire... »
Le Chemin de Damas, SAS 194, T. II Gérard de Villiers (2012)
L’expression « Grand Jeu », popularisée par Rudyard Kipling,i désignait au XIXe siècle la rivalité coloniale et diplomatique qui mettait aux prises, au Caucase et en Asie centrale, l’Angleterre victorienne et la Russie tsariste – avec, au centre de l’échiquier, l’Afghanistan, « cimetière des empires ». Cette notion est encore souvent employée de nos jours pour décrire les complexes manœuvres auxquelles se livrent, dans cette même région, les puissances actuelles – qu’il s’agisse de la Russie désormais poutinienne, de la Chine ou encore des États-Unis.
Le lecteur de Kim, le roman de Kipling, aura compris que l’histoire du Grand Jeu, commandée par une fatalité géopolitique implacable, n’a pas de fin. Tout comme la guerre froide, le Grand Jeu se nourrit d’espaces de confrontations réels, mais aussi de référents symboliques porteurs de mythes et de mythologies.
Ce n'est plus tout à fait le cas puisque désormais les pièces se meuvent très vite et que l'on peut se demander si entres parties de blitz ou de bullet du nouveau grand échiquier/grand jeu actuel - immense jeu continental à la fois Eurasie - Centrasie - Centre Orient - Eurafrique – Extrême-Orient - -certains drapeaux de l'horloge ne sont pas déjà en train de tomber.
Comme l'écrit Caroline Nourryii, directrice générale The Conversation France, dans sa recension du passionnant ouvrage de l'historienne Taline Ter Minassian, Sur l’Échiquier du Grand Jeu professeur d’histoire de la Russie et du Caucase à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), ouvrage qui retrace deux cents ans de cette partie géopolitique aux règles et aux limites sans cesse fluctuantes : « Sur le terrain, les tensions géopolitiques ont été récurrentes jusqu’à atteindre le point d’incandescence du 24 février 2022, jour du lancement de « l’opération militaire spéciale » en Ukraine. Si les frictions se manifestent sur l’échiquier classique, elles débordent de beaucoup de celui-ci, sur un arc de confrontation courant de l’Ukraine au Caucase, opposant désormais la Russie à l’« Occident collectif ».
Depuis 2008, la Russie a mené ou est intervenue dans plusieurs guerres : Géorgie (7-16 août 2008), Syrie (30 septembre 2015), conclusion d’un cessez-le-feu au Haut-Karabagh (10 novembre 2020) se soldant par l’envoi d’une force de maintien de la paix et, depuis le 24 février 2022, l’intervention militaire massive, menée simultanément sur six fronts, en Ukraine.
Le constat s’impose : depuis 2008, « l’arc des crises », notion héritée du fameux Rimland des théoriciens de la géopolitique, s’est transformé, à l’issue d’une implacable montée en tensions, en un « arc de confrontation » directe avec l’OTAN et le camp occidental. Si l’on admet l’existence d’un nouveau Grand Jeu, son champ géographique s’est considérablement élargi, de l’Asie centrale, soit des « Balkans de l’Eurasie » selon la célèbre formule de Zbigniew Brzezinski, jusqu’aux rives ukrainiennes de la mer Noire. Mais une constante s’impose : l’effondrement de l’URSS a laissé dans le voisinage de la Fédération de Russie une vacuité où se sont engouffrés les jeux d’influences politiques, économiques, de hard et soft power.
Comme au début du XIXe siècle, l’Asie centrale est devenue, au début du XXIe siècle, le « ventre mou » de la Russie. Réalité ou métaphore, le nouveau Grand Jeu se déploie sur une multitude de théâtres. Citons pêle-mêle la guerre des tubes d’un « Pipelinistan » étendu de l’Asie centrale au Caucase jusqu’à la Baltique. L’enquête sur le sabotage le 26 septembre 2022 des gazoducs Nord-Stream 1 et 2 n’a abouti à aucune conclusion probante sur la responsabilité de la Russie, selon le Washington Post. De son côté, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov ne s’est pas privé de mettre en cause les services secrets britanniques en déclarant que « nos services de renseignement disposent de preuves suggérant que l’attaque a été dirigée et coordonnée par des spécialistes militaires britanniques ».
De « nouvelles routes de la soie » dans le cadre de la Belt and Road Initiative (BRI) jusqu’au projet de corridor économique entre la Chine et le Pakistan (CPEC), de Gwadar à Kachgar à travers le massif himalayen, la Chine est devenue la puissance montante sur l’échiquier du nouveau Grand Jeu, suscitant, côté russe, le fameux « pivot vers l’Est ». Le tournant russe vers l’Asie est en effet une politique de diversification économique et diplomatique en direction de la Chine. Préconisée de longue date par Moscou, cette bascule devrait permettre à la Russie de profiter du dynamisme de l’économie chinoise tout en coupant les ponts avec l’Europe, dans le contexte des sanctions consécutives à la guerre menée par la Russie en Ukraine.
Les spécialistes de la géopolitique actuelle qualifient parfois de « Nouveau Grand Jeu » la lutte pour la domination de l'Eurasie, depuis les années 1990, avec pour principaux acteurs les États-Unis, la Russie et la Chine.
Les pièces du Grand Echiquier n'en finissent plus de bouger sur des cases désormais plus que minées.iii
On propose ici au Lecteur deux analyses publiées dans le magazine Strategika51 – premier site consacré à la guerre hybride mondiale -, qui donnent un état d'une situation particulièrement mouvante.
I-La guerre en roue libre
Manipuler une opinion publique croyant à un schéma dogmatique en lui faisant croire le contraire de ce qu’elle redoute (l’objet de la peur étant lui même créé et maintenu à cette fin) pour enfin la récupérer à travers un des deux simulacres et obtenir une sorte d’union par défaut pour enfin aller de l’avant et se lancer dans l’assaut final. C’est en gros ce qui ce passe depuis 2020 sur fond d’une transition de thématiques visant à la fois la confusion, la création de nouveaux clivages et tenter un renouvellement d’une fabrique de la peur et du consentement via des approches nouvelles et dialectiques. C’est un écran de fumée qui se dissipe sur le canon d’un char paré au tir.
Le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis n’est accessoire et relève d’un effort ultime de sauver un système politique mort depuis l’assassinat, le 14 avril 1865, du Président Abraham Lincoln. Trump comme Harris ou Biden ou Obama ou d’autres à quelques rares exceptions près, vite corrigées (Kennedy, Nixon, Ford, Carter) ne sont que des figurants d’une série de téléréalité ayant expiré depuis longtemps. L’État profond ne change pas d’un iota. De même que la politique étrangère US.
En gros la politique US ne change pas trop mais se radicalise. On peut la résumer ainsi :
Pour la Russie : “On leur rentre dedans direct, ils vont s’écraser”
Pour l’Iran : “Nous allons les renvoyer à l’âge de la pierre taillée”
Pour la Chine : “On leur rentre dedans aussi quand on aura découplé les économies”
Pour la Corée du Nord : “On lui règle son compte quand viendra le tour de la Chine”
Pour le Liban et la Syrie : “Annihilation totale”
Pour les autres : “Quelques missiles de croisière Tomahawk et un double embargo et ils resteront tranquilles”.
Le reste de l’histoire dépendra de la résilience de ceux qui se trouveront par hasard sur le chemin du rouleau compresseur ou surtout de ceux, fort rares, qui ont eu le courage d’agir et de tenter d’enrayer la course folle d’une formidable machine de mort et de destruction.iv
/Vision un peu simpliste, dira-t-on, mais il est tout à fait probable que cette approche soit celle du clan USA/OTAN et des vassaux de l'UE dont certins dirigeants démontrent amplement qu'ils sont prêts à faire n'importe quoi.
II- Après la Route de Damas
Cette analyse succincte de l’évolution rapide d’une phase avancée de la guerre hybride mondiale en cours tente de dégager des éléments d’intelligibilité d'une situation en développement et ne peut prétendre d’aucune façon saisir de façon pertinente la réalité du phénomène sous-jacent ayant permis pour le moment à l’un des principaux protagonistes d’emporter une manche.v
Dans un souci de terminologie, nous avons opté pour l’usage des termes suivants pour identifier les protagonistes :
Front du Levant/Moyen-Orient/Péninsule Arabique/Plateau iranien/Océan Indien :
Nous avons ici une alliance militaire intégrée formée par les USA et Israël, cette dernière entité dépend entièrement sur les ressources militaires et économiques des USA et de leurs alliés traditionnels. Nous les désignerons plutôt de forces américano-sionistes même si d’autres forces se sont joint à eux et participent, chacune à un niveau, à l’effort de guerre visant à assurer la suprématie US sur cette région et réhabiliter le mythe de prédominance israélienne au Moyen-Orient, condition sine qua non pour la survie de cette entité. En face, il n’y a trois acteurs non-étatiques dont les efforts ne sont pas synchronisées ni en synergie. Il s’agit nommément du mouvement du Hamas palestinien dans l’enclave de Gaza, le parti du Hezbollah libanais au Liban (et plus particulièrement au Liban-Sud) ainsi que le mouvement de Ansar Allah au Yémen du Nord. Deux de ces organisations, au Liban et au Yémen, sont soutenus par un Etat de la région, l’Iran ainsi que la Syrie avant la dissolution du régime Al-Assad. Le mouvement Hamas, lequel s’était inscrit contre le régime syrien dès le début de la guerre hybride visant le changement de régime à Damas le 15 mars 2011, a quelque peu changé sa posture sous l’impulsion de chefs opérationnels comme Al-Sinwar mais est revenu à sa posture initiale dès la mort de de ce dernier.
D’un point de vue symbolique, les médias iraniens ont eu une certaine propension à parler d’un axe dit de la résistance et qui aurait englobé le continuum stratégique Iran-Syrie-Hezbollah via un Irak aux allégeances incertaines et changeantes vue la persistance de l’influence US sur ce pays. Les rebelles yéménites ont été englobés par la suite dans cet axe dont la pertinence est loin d’avoir été établie car ce n’est pas une alliance militaire de jure mais une sorte d’outil de projection d’une influence symbolique opposée à la politique US dans la région.
Front eurasien :
La situation sur ce front s’annonce plus simple à identifier au niveau des protagonistes. D’un côté les États-Unis et tous leurs alliés de l’OTAN et hors OTAN soutiennent l’Ukraine contre la Fédération de Russie. De par la relation spéciale qu’entretient la Russie avec le Bélarus, ce dernier est considéré comme allié de Moscou, même s’il ne participe pas directement au conflit. L’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN en plein conflit a eu comme corollaire asymétrique un rapprochement historique spectaculaire de la Russie avec la Corée du Nord, permettant à ce pays de briser son isolement et d’avoir accès à des ressources que Washington lui a longtemps dénié.
La phase actuelle de la guerre mondiale hybride se caractérise par l’apparition d’un avantage comparatif de type T (technologique), lequel a octroyé une avancée significative à l’empire contre l’ensemble de ses adversaires sur le terrain. Cet avantage inexistant lors du retrait précipité des forces US d’Afghanistan, explique les immenses efforts de la Russie à faire face à l’empire et à son proxy en Ukraine en dépit de ses ressources mais se traduit de façon assez remarquable au Moyen-Orient où une force fort structurée comme le Hezbollah libanais avait perdu l’ensemble de son leadership et son encadrement avant que le régime syrien ne s’effondre en quelques jours, presque sans aucun combat notable (800 morts en tout) puisque Damas est investie sans le moindre coup de feu. Il est à noter que la chute de Damas a moins été le résultat de l’offensive assez faible d’ailleurs des rebelles du Nord (Idleb) que le basculement subit des populations du Sud dont Deraa, le fief et berceau de la rébellion syrienne de 2011, aux côtés des anciens rebelles de l’Armée Syrienne Libre (ASL) ayant été intégrés dans un processus de normalisation par l’ancien régime. Ce basculement est le fait d’une dynamique des grandes tribus sudistes ayant des affinités avec les grandes tribus en Jordanie voisine et c’est quasiment les mêmes éléments ayant permis à Lawrence d’Arabie de briser le joug de l’empire Ottoman sur la Péninsule arabique et permis plus tard aux Britanniques de créer des entités artificielles comme la Jordanie, l’Irak et l’Arabie Saoudite. Ces éléments sont donc un levain opposé à toute construction étatique et le restera à chaque fois que leurs intérêts économiques ne seront pas conformes à leurs attentes.
La chute de Damas est donc intervenue 21 ans après la chute de Bagdad suite à l’invasion US de ce pays. Elle marque donc la fin de l’idéologie panarabiste de Michel Aflak prônée par le parti Baath (Renaissance) et la fin de la période un peu surannée du nationalisme arabe au profit de l’idéologie des Frères Musulmans, mouvement crée dans les années 1920 sur instigation des Britanniques suivant le concept du manteau vert ou Green Mantle. On a observé depuis les années 2010, une convergence entre certains éléments de l’État profond US et les Frères Musulmans, notamment sous Obama et Clinton mais on ne savait pas exactement quelle est la fonction exacte de cet outil dans la configuration du Moyen-Orient jusqu’au début de la guerre en Syrie. Il n’est pas fortuit que Turkiye, l’un des membres les plus importants de l’OTAN soit dirigée par un parti issu de cette mouvance et c’est l’apport décisif turc qui a permis aux rebelles syriens de rentrer à Damas avec à leur tête un chef dénommé Al-Joulani (celui qui est natif du Golan) et donc un Druze ayant presque le même âge que Zelensky en Ukraine.
Conséquences directes de la chute de Damas :
Sur la Syrie :
C’est la fin de la Syrie telle qu’elle a été façonnée depuis 1971, année de l’accession par un coup d’État de Hafez Al-Assad, père de Bashar, au pouvoir. Comme tous les pays arabes, la Syrie est un pays extrêmement difficile à gouverner et il n’est pas exclu de voir apparaître des irrédentismes anciens ou des revendications ethniques et confessionnelles. Seul pays arabe à avoir été techniquement en guerre avec Israël d’octobre 1973 à décembre 2024, la disparition de son régime a donné prétexte immédiat à son ennemi d’annexer le 1/3 du plateau du Golan qui était demeuré sous contrôle syrien et à en plus reconnaître l’Accord de désengagement de 1974. L’entrée de forces israéliennes et de forces spéciales US en Syrie n’est pas une surprise.
Les forces russes présentes en Syrie se retrouvent dans une situation étrange. Elles ne sont pas ciblées par les forces rebelles sur injonction d’Ankara dont l’influence est totale sur la nouvelle Syrie. Moscou adopte un attentisme de façade pour fixer le sort des deux bases russes de Tartous et de Hmeimim et cet attentisme est risqué car tout peut basculer à tout moment et Washington pourrait être tenté par un piège d’où les forces russes ne sortiront pas indemnes de Syrie. Pour le moment, les forces russes disséminées partout en Syrie se regroupent vers le littoral dans l’attente d’une décision de relocalisation ou de retrait.
Liban :
Paradoxalement, le Hezbollah libanais a mieux absorbé l’énorme choc des forces américano-sionistes et à permis d’éviter une invasion du Liban au prix de lourdes pertes. La direction du Hezbollah a toujours redouté un affrontement direct avec les USA et c’est pourtant cela qui s’est produit à la fin avec pour conséquence la destruction de la direction et de l’état-major du parti. Cependant contre toutes attentes ce parti a survécu à un choc qui aurait pu annihiler le leadership de n’importe quel pays au monde et la disparition de ce pays. L’une des options restantes aux forces américano-sionistes est de contourner le Sud Liban par l’Anti-Liban en occupant les confins entre la Syrie et le Liban. La position du Hezbollah libanais est loin d’être aisée : faisant face à de nombreux adversaires au Liban même, il se retrouve maintenant entre trois fronts face aux HTS syriens et les forces américano-sionistes.
La chute du pouvoir syrien a mis fin au couloir des approvisionnements en armes et en munitions depuis l’Iran via la Syrie et il est très peu probable, voire exclu que les nouveaux maîtres de Damas puissent envisager une seconde de fournir le moindre type d’assistance à ce qu’ils perçoivent comme un ennemi confessionnel. Sur le plan territorial, il y a risque avéré d’un éclatement et de création de sortes de Bantoustans.
Iran :
La chute de la Syrie a considérablement affaibli l’Iran. En anéantissant le continuum stratégique reliant l’Iran à la Méditerranée orientale, l’empire a réussi à détruire ce qui était appelé l’axe de la résistance (Le Hezbollah affaibli, la Syrie out et l’Iran sans moyens de projection). A cela s’ajoute la perte d’influence de l’Iran en Irak où le pouvoir peut s’effondrer à tout moment. L’empire sera donc tenté de continuer à pousser son avantage et chercher soit une implosion du régime iranien, soit une nouvelle révolution de couleur ou encore une révolte armée.
Jordanie et Autorité Palestinienne :
Les évènements en cours en Syrie mettent à mal les régimes d’Amman et la mainmise très précaire de l’Autorité palestinienne sur la Ci-Jordanie. Les revendications démocratiques de l’opposition syrienne hors cadre de la rébellion pourraient amener les oppositions écrasées en Jordanie et en Ci-Jordanie à un esprit de contestation à l’égard de régimes archaïques, despotiques et très dysfonctionnels. Cette situation est la pire crainte de Washington et de Tel-Aviv car la perte de leurs sous-traitants les amènera à gérer une situation inconnue et contraires à leurs intérêts communs.
Pays de la Ligue Arabe :
La chute de la Syrie pose avec acuité la pertinence du concept de l’État Nation dans le monde dit arabe. Ce dernier s’est avéré non seulement inopérant vu qu’il ne s’est jamais vraiment imposé sur des structures alternatives de pouvoir beaucoup plus anciennes et tenaces mais a abouti à un échec complet. Cela amène au débat sur le caractère artificiel des Etats Arabes et de la pertinence de leur continuité en tant que tels. Ces territoires ont toujours été des parties ou fragments d’empire.
Turquie :
Ankara est pour le moment le grand bénéficiaire de ce qui c’est passé en Syrie : le pays passe sous sa coupe directe et il ne reste plus aux Turcs qu’à réduire les velléités Kurdes et à s’assurer du contrôle absolu de Damas. Techniquement la chute du régime syrien met la Turquie et Israël en contact direct en Syrie car les deux y poursuivent l’extension de leurs zones d’influence et pour Israël, l’annexion pure et simple des territoires suivant l’un des fondements de la politique israélienne érigeant l’expansionnisme territorial en religion d’État. Néanmoins, c’est plus de la nature des relations de la Turquie avec la Russie dont dépendra la configuration de la nouvelle Syrie.
Israël :
L’entité est pour le moment sous la protection totale des États-Unis, lesquels ont mené une guerre totale comme en 1917 et surtout 1941-1945 afin de sauver cet avant-poste militaire artificiel où prédomine une idéologie issue d’un syncrétisme entre le fascisme et le bolchévisme portés à leur paroxysme. Cette entité a besoin d’un mythe d’invincibilité pour continuer et ce travail a été confié à Washington. L’action militaire, diplomatique, médiatique et économique US au Moyen-Orient ne vise qu’à assurer cela. Développant un concept du Leading from behind de façon plus élaborée, les États-Unis combattent à la place des Israéliens tout en leur attribuant ce crédit. Cette posture est susceptible de changer en cas d’isométrie en termes de technologies militaires avec les puissances remettant en cause l’hégémonie US. Israël ne survivra pas à la perte du parapluie militaire US.
USA :
Poursuivant un militarisme forcené à toutes épreuves bien plus extrémiste que celui du Japon avant 1941 et ayant adopté tous les outils conceptuels de l’Allemagne entre 1933 et 1945, sous couvert de libéralisme servant à peine de camouflage, Washington adopte la politique de l’URSS pour pallier à la mort clinique de son système politique impossible à réformer et se retrouve avec le plus formidable outil militaire et de renseignement de l’histoire. L’apport technologique par le biais d’Elon Musk lui a conféré un avantage décisif pour le moment lui ayant permis de réduire à néant le concept de l’Axe dit de la Résistance, l’évaporation du régime syrien et la réduction de l’Iran à ses derniers retranchements. En Eurasie, l’avantage T a permis une guerre d’usure contre la Russie mais pas sa réduction vu les immenses potentialités militaires de ce pays et par dessus tout sa résilience en plus de l’apport des capacités de production de munitions de la Corée du Nord. Beaucoup d’analystes s’attardent sur les défauts intrinsèques de la Russie mais oublient qu’en face, c’est le même géant qui a terrassé l’Allemagne, l’Italie et le Japon (ce dernier avec deux bombes atomiques) avant de vassaliser d’abord l’Europe occidentale puis orientale tout en gardant l’Amérique du Sud et une grande partie de l’Asie sous une sorte de protectorat. Cette hégémonie continuera tant que persistera l’avantage technologique militaire non divulgué et que le système économique mondial demeure sous contrôle d’une seule coterie.
La route de Damas ouverte, la prochaine phase risque d’être plus dure et beaucoup plus confuse que la précédente. Les adversaires actuels risquent de ne pas être ceux d’hier et les alliés d’hier seront les ennemis de demain. La prochaine phase est intermediaire est annonce la phase suivante qui aboutira au paroxysme d’un conflit sans fin avec ou sans remodelage à la sauce américaine ou autre.
Sources :
iL’expression Great Game, attribuée à l'officier britannique Arthur Conolly (qui l'utilise dans une correspondance en 1840), apparaît notamment dans le roman Kim, publié en 1901 par Rudyard Kipling.
iiCaroline Nourry, https://theconversation.com/deux-siecles-de-grand-jeu-geopolitique-pour-les-grandes-puissances-210223
iii Zbigniew Brzezinski, Le Grand Échiquier, Hachette, Paris, 2000
Strategika 51 Premier site sur la Guerre hybride Mondiale
ivLa guerre en roue libre.https://strategika510.com/2024/11/13/la-guerre-en-roue-libre/
v Après la route de damas.https://strategika510.com/2024/12/15/apres-la-route-de-damas/
17 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON