Halte à l’émigration sauvage !
Au moment où le président de la République présente ses projets fiscaux, Bernard Arnault, quatrième fortune de France, fait savoir, innocemment, qu'il a demandé à bénéficier de la nationalité belge alors qu'il est installé dans le "ghetto" français de Bruxelles depuis le mois de novembre.
Un seul être nous manque...
Que tout soit bien clair, Bernard Arnault ne fait pas cela pour fuir la fiscalité nouvelle, bien que François Fillon en ait profité pour fustiger les "décisions stupides" qui auraient, selon lui, motivé cet exil. Comme ni l'un, ni 'autre ne sont des imbéciles, il faut bien en conclure qu'ils ont quelque raison tous les deux.
L'opération politique a bien réussi. Bernard Arnault continuera à avoir sa résidence fiscale en France. Il a fait cette déclaration (de guerre) pour prendre la tête du "soulèvement" fiscal des richissimes et François Fillon lui donne le sens politique au cas où les Français n'auraient pas compris. Contrairement à l'opération précédente, trop grossière et trop facile à démonter.
Que Bernard Arnault obtienne la nationalité belge, qu'il paye l'impôt à 75% ou non, ce n'est pas important. Et même qu'il ne paye pas d'impôt du tout.
Les malheureux riches, qui ne sont pas cons, n'ont pas attendu l'arrivée de François Hollande pour se mettre à l'abri. Le montant global de l'évasion fiscale est estimé à 50 milliards d'euros par an par une commission d'enquête sénatoriale. La totalité des avoirs fiscaux français dans les paradis fiscaux est estimée à 600 milliards d'euros !
Fillon et Sarkozy n'ont pas manqué d'attirer l'attention durant le quinquennat sur une fraude sociale, inadmissible, qui s'élèverait à 2 milliards d'euros ! Il ne fait pas de doute que c'est là LE gisement de ressources à ne pas négliger !!
Quoi qu'il en soit, les raisons avancées par les uns ou les autres ne trahissent aucun amour inconsidéré pour la Belgique ou Sa majesté le roi des Belges. Plusieurs ont été avancées : investir en Belgique avec son ami Albert Frère comme il le fait déjà ; s'installer à Monaco avec un passeport belge et échapper ainsi à la convention fiscale franco-monégasque (raison démentie par le maire de la commune où est installé Bernard Arnault) ; préparer sa succession (les droits de succession et les donations sont moins imposés en Belgique) ; échapper à l'impôt exceptionnel de 75%, ce qu'il a nettement démenti ; se prémunir contre une évolution défavorable de la future fiscalité (Slate.fr 10/09/12). Toutes raisons bien plus louables que celles qui poussent un travailleur à venir en France avec l'espoir de pouvoir gagner le smic et nourrir sa famille.
Le récidiviste
En fait, Bernard Arnault est un récidiviste. Ne supportant pas l'idée de voir les chars russes défiler sur les Champs élysées, Bernard Arnault n'a pas hésité en 1981 à l'arrivée de la gauche au pouvoir à s'exiler pendant 3 ans aux États-Unis Avant de de rentrer "quand les choses ont repris un cours normal" pour saluer l'arrivée de Laurent Fabius (Le Monde 09/09/12) et acheter Boussac pour un franc symbolique. Début d'une grande aventure qui perdure... Il ne semble pas que la reconnaissance soit une vertu fondamentale de Bernard Arnault.
Cette fois il va moins loin et demande la nationalité belge. Pense-t-il que l'exil va être plus long ? Ou veut-il rester à un TGV de Paris au cas où une autre affaire juteuse et urgente se présenterait ?
Bernard Arnault devrait être l'arbre qui démasque la forêt ;.. car forêt il y a. D'autres ont pris une autre nationalité, comme Edouard de Rotschild, il y a deux ans, mais avec le simple espoir, non réalisé, de défendre les couleurs israéliennes d'équitation aux Jeux olympiques de Londres et "un certain nombre de stimulants avantages fiscaux" (http://www.bakchich.info/france/2012/09/10/casse-toi-pov-liberation-61666)
Il n'est pas possible d'établir le Bottin mondain des pauvres exilés même si des listes sont faciles à trouver, y compris sur le Figaro qui n'hésite pas à dénoncer en images les petits camarades (http://www.lefigaro.fr/argent/2012/09/09/05010-20120909DIMFIG00063-ils-ont-choisi-l-exil-fiscal.php)
Ces listes ne sont qu'indicatives. Elles comprennent des artistes (le plus célèbre est un fidèle soutien de Sarkozy, Johny Halliday), de sportifs, des patrons, des écrivains... qui se répartissent essentiellement entre la Suisse et la Belgique mais qu'on retrouve aussi à Monaco, au Luxembourg ou au Royaume-uni et même aux États-unis, au Canada, en Irlande, en Espagne ou en Argentine.... (http://plumecitoyenne.over-blog.com/article-liste-des-exiles-fiscaux-fran-ais-107489034.html)
Les Français de l'étranger ne sont pas tous des émigrés fiscaux. Ils ne seraient que 1500 à 2000 sur les 200 000 Français de Belgique. L'exil fiscal n'est pas le fait des seuls gouvernements de gauche, ce n'est pas non plus une spécificité française. En Suisse, sur les 5 à 6 000 immigrés fiscaux, en 2010, selon l'administration helvétique, entre 1500 et 2000 seraient Français Certains ne sont que résidents, d'autre ont pris la nationalité du pays, pour une fois bien nommé, d'accueil.
Mais la situation de ces émigrés, comme celle de tous les émigrés, reste bien précaire. Il est question de renégocier les conventions fiscales, datant de la fin des années cinquante qui permettent cette inégalité profitable des législatoions fiscales. Dans certains cantons de suisse, des votations sont en cours pour revoir la législation.
La Commission européenne devrait se préoccuper des ces sdf (sans difficultés financières) comme certains les nomment.
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