Il faut dire Non au Tour de France !
Comme si de rien n’était, ce 17 janvier, les organisateurs du Tour de France nous parlaient de la première étape « so british » de l’édition 2014. Bouchons-nous les oreilles. Armstrong ? Du passé ? Non, ça ne passera pas une nouvelle fois. Ras-le-bol de tout ce fichu cinéma... Nous ne décroiserons pas les bras juste pour applaudir...
Avant tout, une petite pensée pour les coureurs honnêtes. Merci à eux, merci d’avoir voulu faire perdurer le rêve.
Comme si de rien n’était, ce 17 janvier, les organisateurs du Tour de France nous parlait de la première étape « so british » de l’édition 2014. Bouchons-nous les oreilles. Armstrong ? Du passé !
Il n'avait plus le choix, alors autant le faire avec classe, comme une vedette. Aujourd'hui, l'américain est numéro 1 mondial des JT. Bravo à lui. Armstrong a avoué. Il s’est dopé, c’était le système, il n’aurait jamais gagné sans tricher. Tout le blabla de polichinelle. Si c’est un scoop, ce n’est que pour les journalistes… La société organisatrice du Tour de France est dans la mouise… quel plan com’ adopté ? En tout cas, ça ne passera pas : Non, Armstrong, ce n’est pas du passé. Et oui, son ancien directeur sportif était encore dans le milieu en juin 2012.
De fait, rien de plus facile que de décrédibiliser le Tour de France. 1996 : Riis était dopé, il l’a avoué 10 ans plus tard ! 1997 : Ullrich (coéquipier de Riis) vainqueur, il sera, par la suite, impliqué dans des affaires de dopage. 1998 : Pantani vainqueur : il sera, par la suite, impliqué dans des affaires de dopage. 1999, 2000, 2001, 2002, 2003, 2004, 2005 : Armstrong était dopé, il l’a avoué. 2006 : après le grand ménage de l’affaire Puerto, Landis gagne le Tour, et est contrôlé positif dans la semaine qui suit. 2008 : Sastre vainqueur, son directeur sportif est Bjarne Riis (vainqueur du Tour 1996 grâce au dopage). 2007 (Rasmussen en jaune quitte le Tour à cause des suspicions), 2009, 2010 : Contador vainqueur : il sera, par la suite, impliqué dans une affaire de dopage. L’espagnol passe entre les mains de l’ancien directeur sportif de Lance Armstrong.
Ne parlons même pas de Vinokourov, Basso, Ricco, Valverde, Simoni et compagnie… Les affaires sont si nombreuses qu’on pourrait en écrire une encyclopédie.
2011 et 2012 : pour le moment, les vainqueurs sont cleans ; mais ça veut dire quoi ? Il y a 10 ans : en 2002, le vainqueur du Tour 2000 et 2001 l’était aussi.
Les petites combines des coureurs dopés
En 2010, Ettore Tori, procureur anti-dopage du Comité olympique national italien, faisait part de son désarroi :
« Au plus je m’investis dans ces dossiers, au plus je me rends compte que le dopage s’étend. Et je ne pense pas que cela soit prêt de s’arrêter. »
A ma connaissance, les autotransfusions sanguines restent indétectables, et les coureurs peuvent aisément gonfler leur hématocrite sans être pris. Et il y a aussi tout un tas de petites combines, comme l’explique l’ancien coureur Jesús Manzano :
« Pour les contrôles, on a des produits, fabriqués par des labos clandestins exprès pour nous, qui détruisent les échantillons d’urine. Ça se présente sous la forme d’un grain de riz que l’on introduit dans l’urètre avant d’aller uriner. »
Par ailleurs, les organisateurs du Tour ont un comportement plus que douteux. En 2009, ils ont accueilli Lance Armstrong qui faisait son come-back. Pourtant, le journal l’Equipe avait déjà révélé le mensonge d’Armstrong. Pensant à la pub que l’américain leur apporterait, ils ont fermé les yeux ! Par ailleurs, en 2010, les organisateurs du Tour ont relégué au second plan l’AFLD, l’Agence française de lutte contre le dopage, pour laisser à l’Union cycliste internationale (UCI) le soin de gérer la lutte anti-dopage. Une manœuvre alors dénoncée Marie-George Buffet, ancienne ministre des Sports, comme le signe de « la volonté de l’UCI d’écarter l’AFLD sous la pression de certaines équipes et lobbies financiers » hostiles à l’agence française.
Le Tour, une rentable machine à fric
Si le Tour de France existe encore, c’est sans doute parce que c’est une machine à fric rentable. Diffuser devant des millions de personnes plusieurs heures par jour les images de coureurs habillés en panneaux publicitaires doit rapporter pas mal d’argent.
Tout le monde sait que le Tour de France est une gigantesque imposture, mais ça reste une distraction, un truc à regarder quand, en vacances, étouffé par la chaleur estivale de l’après-midi, un peu au frais derrière les volets, on cherche à s’occuper. Les champions sont dopés : on sait bien que tout ça, c’est du cinéma, mais, fictif ou réel, le cinéma aide à lutter contre l’ennui, alors on accepte l’imposture.
Toutefois, il serait dangereux de croire que le Tour de France soit un gentil petit mensonge qui ne fait de mal à personne. Le dopage tue.
De nombreux cyclistes accros à la coke
Outre la mort de Marco Pantani, José María Jiménez, trois fois meilleur grimpeur du Tour d’Espagne, vainqueur de quatre étapes sur la Vuelta 1998, est mort à 32 ans d’une crise cardiaque après une grave dépression, comme le rappelait en 2006 Jesús Manzano à l’Equipe :
« Le dopage conduit à d’autres addictions. (...) Regardez Pantani,Vandenbroek et tous les autres (...). Ils sont nombreux les cyclistes ou anciens cyclistes accros à la coke, à l’héro ou aux autres médicaments. »
En 2009, trois ans après ce témoignage, Frank Vandenbroucke mourrait d’une double embolie pulmonaire à 34 ans. En février 2010, sortant tout juste d’une suspension, Riccardo Riccò, grande vedette du peloton, était hospitalisé en urgence, suite à une transfusion sanguine qu’il venait de pratiquer.
Les petits coureurs victimes des mensonges des grands
Derrière tous ces grands champions que le dopage a tué, il y a des dizaines de milliers de petits coureurs qui ont passé leur enfance à rêver devant les exploits mensongers de leurs champions, et qui, aujourd’hui, sont victimes du système, qui doivent se charger pour rester dans la course ou pour se faire un nom (les inhalateurs de salbutamol, les comprimés de cortisone circulent même chez les amateurs). Et parmi eux, dans l’anonymat le plus total, certains succombent à une thrombose consécutive à une transfusion ou à une injection d’EPO, ou bien à un arrêt cardiaque consécutif à une prise de cocaïne ou d’amphétamine.
Et tout cela parce qu’on leur avait fait croire que les champions étaient réels, que le sport professionnel était un milieu dans lequel seule la volonté était récompensée. Puis au moment d’entrer dans la cour des grands, on leur explique que le mérite ne fait pas tout, et que s’ils veulent suivre, il faut se charger... Ainsi, Bernhard Kohl, troisième du général et meilleur grimpeur du Tour de France 2008, a avoué se doper depuis l’âge de 19 ans.
Inacceptable que l’argent public soutienne le Tour
Le Tour de France est un dangereux mensonge, une gigantesque machine publicitaire qui fait passer le business avant l’humain. Est-il tolérable que de l’argent public soit investi dans cette épreuve ? Je ne crois pas, et je suis gêné par le fait que mes impôts servent à financer le Tour. Je crois qu’il n’est pas acceptable que la télévision publique le diffuse (sur ce point, l’attitude allemande a été exemplaire), que notre gendarmerie lui offre ses services, que ma ville l’accueille à bras ouverts, que nos routes soient provisoirement privatisées et réservées à des wagons de véhicules publicitaires.
Ne croyez pas que je n’aime pas le sport cycliste. Au contraire, j’en suis amoureux, et je le défends. Il n’y a pas un jour sans que j’enfourche mon vélo. Pour moi, le vélo, c’est un moyen d’évasion, de vivre en harmonie avec la nature, de partager des moments d’amitié.
Je trouve vraiment triste que la société, par le biais des médias, ait tendance à réduire le cyclisme à cette tambouille sans saveur alliant compétition, chrono, pots d’échappements, individualisme, business, sponsors, dopage, robotisation de l’humain, transfusions et mensonges...
Que faire ? Rester les bras croisés ? Allons voir nos élus, lançons des pétitions !
Ce qui fait que le Tour continue, c’est sa rentabilité. Et tant pis, si on nous raconte des bobards depuis 15 ans. L’argent est roi. Alors que faire ? Décroiser les bras juste pour applaudir ? Ce qui fait que le Tour continue, c’est notre silence, et moi, je pense qu’il faut mettre fin à tout son cinéma. Allons voir nos maires, nos élus ; allons leur dire que nous en avons marre d’être pris pour des nigauds. Après la Planche des Belles Filles en 2012, à côté de chez moi, pour une journée de télévision, pour une étape de ce piteux Tour de France, pour tout ce fichu cinéma, une montagne sauvage va être aménagée, esquintée, souillée ; et ça, franchement, ça passe très mal. Je contacte des élus, je lance une pétition pour dire Non à ce gâchis, j’ai besoin de votre signature pour me faire entendre, et sachez que je serai prêt à vous donner la mienne pour vous faire entendre.
Protestons :
http://www.avaaz.org/fr/petition/Non_au_passage_du_Tour_de_France_2013_au_Col_de_Sarenne
MS (Texte et photo)
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