Internet et dissidence : grandeur et misère
A l’heure où l’essayiste Alain Soral, co-fondateur de l'association et du site de ré-information "Egalité et reconciliation" est la cible privilégiée des quotidiens et des hebdos d'une presse subventionnée par l'Etat et les contribuables, ainsi que des éditeurs avec la publication de « Le système Soral – enquête sur un facho business » écrit par des journalistes de secondes mains – ceux de Streetpress, un pure player sans lecteurs -, et plus récemment sur Internet - « Alain Soral, la fin d’un mythe » et encore : « Alain Soral démasqué » -, puis un ouvrage « Le mythomane : la face cachée d’ Alain Soral » de S. LAÏBI, un temps proche de l’essayiste comme tant d'autres avant lui, tentons de comprendre le comment du pourquoi d'un tel lynchage ainsi que les responsabilités.
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Avec Soral, les mots dépasseront-ils toujours sa pensée ?
Les violents conflits internes qui le traversent font de lui un homme de confrontation et de division et non de concorde. Il est sans aucun doute aussi son pire ennemi. Son enfance, pour ce qu’il a pu nous en dire publiquement, aurait dû l’alerter et l’aider à prendre très tôt conscience de sa difficulté d’être au monde qui serait malheureusement la sienne d’autant plus que Soral ne connaît pas la résilience ni le pardon que l’on s’accorde à soi-même comme une faveur et que l’on accorde aux autres comme un cadeau.
Soral est, sans doute à regret, porteur d’une illusion : sa capacité à entreprendre, à construire … alors qu’il froisse, déchire, piétine tout ce qu’il touche et puis, fatalement, tous ceux qu’il rencontre, avant de s’en séparer : il domine et subit, maître et esclave tout à la fois.
N’est pas André Breton qui veut ; de plus, les talents qui entouraient ce caractériel de Breton ne lui devaient rien, et tous formaient à la fois le tronc, les branches et les feuilles de ce mouvement qui a su un temps représenter une rupture radicale : le surréalisme.
Ne pouvant rien construire de concret et de durable, seul un refuge dans la sphère de "l’essayiste dissident", permet à Soral de trouver une place et de se stabiliser un temps. Flair, instinct, esprit de synthèse d’une rare efficacité qui a pour base, en partie, une reformulation et un recoupement de ce qui, épars, a été dit et écrit ailleurs, en d’autres temps, avec plus ou moins de pertinence et de talent… son mérite reste entier d’autant plus que son attention s’est portée sur une tradition et une approche intellectuelles délibérément ignorées - on pense à Clouscard entre autres -, car potentiellement révélatrice d’un système d’oppression qui a placé la censure et le mensonge au cœur de son dispositif tout en faisant oublier qu’hier, nombreux sont ceux qui ont su non seulement le démasquer mais aussi, le forcer à battre en retraite.
Au sujet de cet oubli, de cette perte de mémoire, de cette amnésie savamment organisée et entretenue, finalement, le véritable deuil n’a pas pour objet la perte puisque cette perte demeure dans la mémoire, et pour peu qu’il s’agisse d’une œuvre, celle-ci est indestructible - ce qui a été ne peut plus aujourd’hui ne pas avoir eu lieu ; non, de nos jours, le deuil a bien plutôt pour objet l’absence de transmission et l’ignorance certaine de ceux à qui aucune chance ne sera donnée de découvrir et de connaître tout ce qu’une génération a pu faire advenir intellectuellement et artistiquement, tout ce qui nous a quittés, même si c’est moins vrai aujourd'hui avec Internet et ses acteurs déterminés à transmettre le passé même récent.
Le deuil, c’est donc le deuil de la non-transmission, de l’incapacité à pouvoir « raconter l’autre » qui n’est plus auprès d’un public absent et privé de ses capacités à faire un pas en arrière car, aujourd’hui, il n’est donné à personne de se retourner : une dictature intellectuelle veille.
Avec cette association "Egalité et reconciliation" censée rassembler les Français de souche et les Français issus de la colonisation et/ou de l'immigration de travail, autour d'un projet à forte connotation patriotique, Alain Soral semble avoir oublié ceci : pour être un homme de réconciliation, il faut être malgré tout un peu en paix avec soi-même. Il faut aussi avoir une connaissance de soi plutôt bonne. Or, avoir placé au centre de son action « la réconciliation »… vous pensez bien ! C’était vraiment se fourvoyer ou s’illusionner car c’était aussi faire l’aveu d’une totale méconnaissance de soi ou bien pire encore : c’était faire naître auprès d’une population désireuse de sortir d’une existence qui se déployait dans le ressentiment et le désir de vengeance au sein d’une victimisation qui finalement vous rabaisse - à ne pas confondre avec la revanche sociale à la fois fertile et on ne peut plus respectable -, un espoir qui ne pouvait qu’être déçu.
Alain Soral est incapable d’aucune réconciliation. Il fallait le savoir. Nous l’avons toujours su, nous qui savons voir, entendre, écouter, lire et faire la part de ce qu'il faut prendre et puis laisser : les esprits un peu échauffés exigent cette précaution. De plus, l’empathie ne se décrète pas ; d’aucuns pensent même qu’elle est un don, un cadeau des fées qui se sont penchées sur le berceau de l’heureux élu, dès les premières heures ; de même pour la compassion. Quant à l’amour pour le genre humain, amour a-priori… là, on touche à la sainteté.
Sociologue de tous les interdits, Soral n’est jamais aussi lucide que lorsqu’il passe au crible les manquements et les motivations souvent cachées de ses ennemis idéologiques qui sont aussi les nôtres pour partie. Il connaît et comprend d’autant mieux la réalité cachée de nos sociétés qu’il ignore ou néglige la sienne… de réalité : réalité tout court.
Compensation… décidément, tout n’est que compensation !
Banni des médias depuis plus de dix ans - ces mêmes médias qui ne supportaient plus son talent et son courage dans l'analyse et la dénonciation du mensonge, du Grand mensonge généralisé -, avec ce projet de "réconciliation", bien des années plus tard, il semblerait que Soral ait voulu « s’élever » plus haut que sa morale, plus haut que son éthique, plus haut que sa capacité à souffrir pour et avec l’autre ; plus haut donc que son humanisme tout relatif ; et plus haut encore que ses capacités réelles de conduire un projet qui implique les autres, moins encore, la multitude. Soral s’est fixé une tâche impossible un peu comme un objectif irréalisable, au-dessus de ses aptitudes ; un objectif pour lequel il n’avait aucune disposition ; alors, pourquoi cet objectif de réconciliation ? Alors que rien ne l’y prédisposait ? Car, Soral n’est pas un animal politique ! C’est un solitaire qui a refusé la solitude ; c’est un loup qui a voulu fréquenter une bergerie, croyant pouvoir faire copain-copain avec les moutons et des brebis inoffensives et avenantes avant de réaliser qu’il les dévorerait tous à terme, sans joie certes ! Mais à plein crocs… quand même ! Car il est un loup finalement ; et aucun loup ne résiste bien longtemps à la tentation d’être un loup. Et pour gâter son affaire, Soral est aussi chasseur ; et fatalement, chaque balle tirée, lui revienne et le touche de plein fouet par ricochet ; c’est l’effet boomerang.
"Soral un loup, vous dites ? Mais alors, le ver était donc dans le fruit, - Assurément !"
Si Soral finit toujours par manger tout cru les moutons et les brebis, et ce sans sourciller, ceci mérite toutefois d’être souligné : Soral semble plus patient, plus tolérant ou tout simplement moins sûr de lui, moins entrain dirons-nous, l'estomac noué, face aux « bergers » qu’il a su réunir sous sa bannière, déférent avec Pierre Hillard, français de souche diplômé, contre Farida Belghoul, franco-algérienne que Soral a fini par "dévorer". Le loup a aussi ses préférences, il est vrai : le plus faible car le plus isolé ; celui qui court moins vite aussi. Quant aux traîne-la-patte (Ahmed Moualek ?)… alors là, pas de pitié !
Dure dure la réconciliation, soit dit en passant !
Et puis, il semblerait que les palmes académiques fassent encore leur effet auprès des autodidactes ; et Soral en est un.
Si seulement ces autodidactes savaient la médiocrité qui entoure tous ces diplômés (99% d’entre eux !) un peu comme ces millions de chauffards munis de leur permis de conduire que les recalés ne peuvent s’empêcher de leur envier ! Dans un cas comme dans l’autre, le talent d’un Soral aurait été très certainement étouffé, voire tué dans l’œuf, par un diplôme et un statut de fonctionnaire qui font de vous, à de rares exceptions près, un frileux, un paresseux et un lâche patenté face à tout ce qui appellerait le courage à la rescousse : "Entre la vérité ou la justice et ma mère, je choisis ma carrière. Sorry folks !"
Doit-on alors rappeler aussi ceci : « Connais-toi toi-même ! » n’est pas simplement une recommandation de psychologie de comptoir le coude bien haut ; c’est surtout la seule manière de rester en contact avec sa propre réalité, cette réalité-ci en particulier : qu’est-ce que je peux me permettre comme ambition ?
Soral est donc d’autant plus perspicace avec les autres qu’il est non pas aveugle mais impuissant à se corriger.
Re-compensation !
L’analyse d’autrui lui évite l’auto-analyse. Mais… pourquoi pas après tout ! D’autres peuvent s’en charger. Dans les milieux de la dissidence, ils ne s’en privent pas avec plus ou moins de bonheur et d’honnêteté. Ailleurs, la question ne se pose pas. Ailleurs, tous n’ont les moyens de rien, sinon obéir pour continuer de toucher en fin de mois, leur chèque aussi modeste soit-il.
Comme chacun sait : le salariat rabaisse, abrutit et condamne toutes les intelligences et tous les talents aux minima sociaux et à tous les minima.
Si l’amertume et le ressentiment peuvent être un puissant moteur, le statut somme toute précaire de Soral n’a rien arrangé ; l’insécurité matérielle conduisant soit à l’agressivité soit à l’opportunisme, Soral a choisi l’agressivité et le « rentre-dedans » tous azimuts, faisant feu de tout bois.
Internet, réseaux sociaux ; exposition accrue dépassant finalement largement le cadre de ce à quoi on s’était destiné, tout ce que l’on souhaité afficher, tout ce que l’on souhaiter cacher… et c’est alors que le spectacle se déplace dans les coulisses… personne n’en sort grandi. Le contraire eut étonné la plupart d’entre nous.
On peut soupçonner Dieudonné, ce gladiateur du rire, de partager nombre des défauts de Soral. Sans doute est-ce là la raison pour laquelle tous deux s’entendent si bien, semble-t-il, jusqu’au jour où…
Outre son flair, son esprit d’analyse et de synthèse, son courage quand il s’agit de nommer et les choses et les gens, tout comme pour Dieudonné, la force de Soral ce sont ses ennemis qui sont, là encore, aussi les nôtres, en partie. Car, tous sont du côté de la domination et de l’humiliation : donneurs d’ordres, exécutants, larbins et d’autres encore qui se sont égarés puis perdus… sans talent le plus souvent, sans morale, sans éthique, d’un cynisme ravageur, de Valls à Taubira aux médias dominants et leurs propriétaires et salariés obscènes de lâcheté, du CRIF à la Licra… jusqu’à une extrême gauche que tout a déserté.
Et l’on peut dormir tranquille ou continuer de cauchemarder car le jour où tout ce beau monde se rangera du côté des opprimés, du droit et de la justice pour tous… n’est pas encore venu ; et d'aucuns n'hésitent pas à prophétiser qu'il nous faudra attendre encore longtemps, très longtemps. Carriéristes, tous savent qu’il n’y a pas d’avenir en politique même en tant qu’animateur de télé ou clown, car tout est politique, pour ceux qui veulent briser le joug de l’oppression, ce qui consiste aussi à prendre l’argent là où il se trouve pour le remettre entre les mains de la collectivité.
Si on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments, de même, l’incapacité à s’en tenir à une conduite vertueuse - Soral est loin semble-t-il de remplir toutes les conditions nécessaires à un tel comportement -, n’a jamais empêché qui que ce soit de contribuer à une meilleure compréhension des mécanismes de manipulation, de domination et d’exploitation de l’être humain aux seules fins de le saigner à blanc, tout en partageant avec le plus grand nombre les fruits de ses recherches.
Et en ce qui concerne Soral, il se pourrait bien que ses « manquements » ou « dérapages » comme autant de lapsus révélateurs – chassez non pas le naturel mais ce qui fait ce que l’on est, revient tel un fantôme vous rappeler au bon souvenir de ce que l’on ne sera jamais -, soient consubstantiels à son travail d'essayiste. Car, toute proportion gardée, et même si comparaison n’est pas raison… n’empêche ! Pas de Céline, figure majeure de la littérature mondiale, sans ses pamphlets ; pas de Jean-Paul Sartre sans un aveuglement au stalinisme et ses millions de morts ; pas de le Corbusier sans son goût plus que prononcé pour le pas de l'oie ; pas de Sacha Guitry ou de George Simenon sans une indifférence regrettable au malheur de la France en 1940 ; pas de Picasso sans une misanthropie ( et une misogynie) féroce ; pas de Dali sans un irrésistible penchant pour le spectacle d’une société d’une trivialité et d’une complaisance inouïes ; et puis, les salauds quand ils pensent juste, et si possible, quand ils pensent contre leurs propres intérêts, se mettant physiquement en danger, pour ne rien dire de leur devenir social et le malheur qui peut être le leur, car les salauds sont souvent bien plus malheureux que leurs victimes, ne méritent-ils pas notre absolution en tant qu'individu, et seulement en tant qu'individu ?
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Qu’il soit permis ici d’affirmer que rien n’a été perdu avec cette nouvelle fragmentation (ou explosion) de ce qu’on appelle « La dissidence » ; dissidence qui n’a jamais représentée, même en creux, même potentiellement, une quelconque force politique. Car, malgré les tumultes, son projet demeure intact pour peu qu’elle garde la tête froide et qu’elle ne perde jamais de vue que sa mission, sa tâche principale, consiste en une entreprise de ré-information que nous sommes nombreux à soutenir. Dans cette entreprise, tout le monde doit pouvoir y garder ou y tenir sa place tout comme hier.
Ce que les uns peuvent penser des autres importe peu, excepté lorsque ce qui est explicité renforce la dissidence et affaiblit ceux qui souhaitent la détruire car l'urgence est ailleurs : aujourd'hui, ce qui importe n'est pas ce que l'on pense mais bien plutôt ce qu'il faut penser dans le contexte d'une société rongée par le mensonge comme jamais, par la corruption et une liberté d'expression réduite à néant par une mafia sans frontières pour laquelle la démocratie c'est une consultation électorale avec 50% d'abstention et les félicitations des médias au candidat victorieux aussi bien élu que mal assis dans le fauteuil d'une légitimité partie à vau-l'eau qu'un enfant de cinq ans pourrait sans difficulté remettre en cause.
Aussi, que tous continuent donc ce travail de ré-information pourvu que la vérité y trouve son compte et que le mensonge recule ! Qu’ils soient de plus en plus nombreux non seulement à le faire reculer mais aussi à partager ce qui est aujourd’hui un impératif absolu et sans doute, la seule ambition à notre portée.
Un peu de réalisme n’a jamais nui au talent ni à la motivation.
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Pour prolonger, cliquez : Alain Soral
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