Jérusalem, temple de Salomon, d’Esdras, d’Hérode... et de Chalon-sur-Saône
Jérusalem est en feu. Non ! pas encore, mais elle risque bien de le devenir, et avec elle, tout le Proche-Orient. Que les peuples se battent entre eux pour défendre ou étendre leur territoire, soit ! Cela a été de tous temps ; mais en invoquant une histoire passée, une morale ou une religion, cela pose problème. Le temple de Salomon se dressait-il sur le mont du temple ? Pas sûr ! Voyez mon article du 4 septembre 2017 (1). Le bûcher sur lequel Abraham voulait sacrifier son fils, Ismaël, se trouvait-il sur l'esplanade des mosquées ! Pas sûr ! (2). N'ayant pas convaincu à cause d'une sculpture sur ivoire dont on m'a contesté l'explication, l'origine et la date d'exécution, je reprends l'affaire.
À chacun son choix. Celui des archéologues a été de partir de l'interprétation de leurs fouilles, ce qui les a amenés à situer la capitale du peuple éduen sur le mont Beuvray contre toute logique (3) . Le mien a été de partir des textes en les interprétant dans la logique militaire. Cela m'a amené à situer la cité éduenne sur la hauteur de Taisey, puis à y englober une ville chalonnaise des bords de Saône qui a connu un fort développement jusqu'à devenir la plus grande ville du duché de Bourgogne. En interprétant les textes de Flavius Josèphe, toujours dans la logique militaire, j'ai bien été obligé de comprendre que ce fort développement du début de notre ère coincidait avec la venue de 8 000 Juifs esséniens, suite à la répression dont ils avaient été victimes en Palestine, en 88 avant J.C. ... des Juifs très religieux qui se sont installés à Gourdon, au pied de Mont-Saint-Vincent que j'identifie à Bibracte, qui y ont témoigné de leur présence par des fresques juives caractéristiques, et qui, au III ème siècle après J.C., ont construit - en ville de Chalon - la cathédrale actuelle - nouveau temple des Juifs. La carte de Peutinger a représenté le bâtiment sous forme d'une vignette que l'on situe sur la rive gauche de la Saône. Non ! Il faut comprendre que le fleuve Arar que remontaient les navigateurs pour rejoindre la Séquanas par la région de Verdun-sur-le Doubs, se prolongeait par son affluent de la Thalie, comme l'écrit Strabon, et non par une haute Saône. En plaçant la vignette sur la rive gauche de l'Arar/Thalie, l'auteur de la carte a donc bien indiqué notre actuelle cathédrale. Au IV ème siècle après J.C, le rhéteur Eumène y voyait un temple d'Apollon et le qualifiait de plus beau temple de l'univers.
Sur l'ancienne photo ci-dessus, il faut supprimer les deux tours-clochers relativement récentes et mal venues. On retrouve alors la forme du bâtiment de la vignette, son entrée-porche surmontée de son oculus et les deux entrées latérales qui figurent sur la vignette. À l'intérieur de l'édifice, l'empereur Victorinus, mort en 271, y est honoré dans un chapiteau avec son fils, tous deux empereurs et grands prêtres. Un médaillon sculpté sur marbre de la même époque représente l'intérieur d'une des nefs latérales avec ses colonnes et sa voûte caractéristiques.
On nous dit que le temple primitif a été détruit par les Sarrazins ? Grave erreur qui s'ajoute à d'autres erreurs contre lesquelles je m'élève toujours avec force malgré mon exclusion de la Société d'Histoire et d'Archéologie de la ville ! Ce chef d'oeuvre de l'art architectural antique qu'est notre cathédrale s'inscrit dans l'histoire de notre ville, de notre région, de notre pays. Nous avons là, la vraie histoire, l'inconnue, méconnue, celle que nos élus chalonnais ne veulent toujours pas voir, celle que les archéologues, soutenus par leur Ministre, me refusent en me faisant passer pour un farfelu.
Admettons que cela ne soit qu'une thèse de ma part ! Eh bien, je la soumets au débat des lecteurs d'Agoravox, seul média qui m'ouvre ses colonnes... tout en remerciant les commentateurs qui voudront bien me soutenir, le temps et l'âge commençant à me faire défaut.
Un temple des Juifs à Chalon, au III ème siècle de notre ère, cela suppose un milieu culturel riche, des artistes, et d'autres oeuvres d'art diverses. Ce sont ces oeuvres d'art que, dans ma logique militaire, je cherche à retrouver car ils nous parlent aussi bien qu'un livre et bien mieux qu'un vestige archéologique retrouvé en terre. Malheureusement, sur ce point, le musée de la vllle est vide.
Je suis même étonné que ce musée ne cherche pas à combler ce manque évident. C'est ainsi que j'ai pu acheter, en salle des ventes de Chalon, une sainte Anne (la vieille Jérusalem) éduquant une Marie (Chalon-sur-Saône, nouvelle Jérusalem), ainsi qu'une plaque de cheminée qui, manifestement, évoque notre histoire.
À droite, tour de Taisey embellie. L'empereur Salonin enfant, fils de Gallien, trône... avant d'être destitué par Postumus (le véritable maître). Jugement à la Salomon. Femme/population deTaisey/oppidum contre femme/population de la Ville de Chalon. Palais romain de la Vigne-aux-saules au sol uni mis en évidence. Projet de construction du temple de Chalon. Grand oculus, haute porte d'entrée. Au loin, muraille et tours de Jérusalem. III ème siècle après J.C. vers 260. Étonnant fer moulé.
C'est ainsi que mon épouse a pu acheter en salle des ventes deux médaillons sculptés sur marbre évoquant l'histoire de notre cité : deux médaillons revenus peut-être d'Allemagne ou de la région de Trèves après un long séjour dans une demeure probablement princière. Date d'exécution : entre le jugement de Salomon de Salonin, an 260, et l'assassinat de Victorinus en 270. Ci-dessous.
Apocalypse polémique sur une tour de Taisey magnifiée et ses deux tours d'angle. Déesses des fleuves à leurs pieds. Feu perpétuel sur la nécropole de Chatenoy. À droite, sur les deux bosses de Mont-Saint-Vincent/Bibracte, Postumus en Hercule et Victorinus sont soufflés par le vent. Estimation salle des ventes de Drouot : travail italo-flamand XVII ème - XVIII ème siècles ? Certainement pas ! Les vendeurs ignoraient manifestement la provenance et la signification de ces chefs-d'oeuvre.
C'est ainsi que mon épouse a tenté d'acheter, en salle des ventes parisienne, deux sculptures sur ivoire qui évoquent deux événements importants de notre cité. Hélas, beaucoup trop chères pour les simples particuliers que nous sommes. Bas-reliefs en ivoire : salle des ventes Cornette de Saint-Cyr commisseur-priseur, le 8/12/1989 ; estimés travail flamand ou allemand, fin XVIIème, début XVIII ème, "La continence de Scipion" et "La détermination de Mucius Scaevola". Certainement pas ! Bien qu'ils puissent s'en inspirer, la première sculpture célèbre la libération de Chalon par l'empereur romain Aurélien après la scission de Postumus et l'invasion des Gaulois de Trèves. Siégeant dans le palais retrouvé de la Vigne-aux-saules, l'empereur reçoit l'hommage du conseil de la ville de Chalon sur fond de ville libérée. Le temple, peut-être encore en cours de construction, apparaît au-dessus de sa tête. Date : 274. Là aussi, les anciens propriétaires semblent avoir ignoré la provenance et la signification de ces chefs-d'oeuvre.
La deuxième sculpture montre l'empereur Maximien siégeant dans le même palais, avec la ville de Chalon en arrière-plan. Entre les deux tours indiquant l'entrée du port se devine, en miniature, le temple de Chalon. Nous sommes en 286. Le centurion - futur saint Maurice - a reçu l'ordre de mettre à mort les condamnés thébains. Face à l'empereur, il refuse d'exécuter l'ordre impérial. Vingt-huit ans plus tôt, Mutius Scaevola s'était volontairement brûlé la main sur les charbons ardents d'un autel pour se punir d'avoir tenté de tuer le roi.
Travail allemand ? Certainement pas ! En revanche, on en a une copie, assez maladroite, que les experts attribuent à un certain Antonio Leoni, proche du comte palatin de Bavière. J'en déduis seulement que ces deux sculptures ont été en sa possession, puisqu'elles lui ont servi de modèles. À la suite de quelles mystérieuses circonstances ces deux chefs-d'oeuvre sont-ils arrivés jusqu'à lui ?
Le mystère Attila.
Extrait du chant de Walther (je le date d'avant la bataille de champs Catalauniques de 451) ... Attila franchit la Saône et le Rhône et son armée se répand dans la région pour "butiner". Herrich, roi de Burgundie, se trouvait à Chalon où il siégeait. Et voici que le guetteur s'écrie : quelle est cette poussière qui monte en nuage épais ? C'est un ennemi qui vient, fermez les portes ! (Le guetteur se trouve aux créneaux de la tour de Taisey). On ferme les portes du castrum et on se porte aux remparts)... Herrich sort, apportant d'innombrables trésors, il conclut le traité et il laisse sa fille en otage. Son plus beau joyau prend le chemin de l'exil (4). Je fais l'hypothèse que ces trésors sont, notamment, des oeuvres d'art et qu'Hildegonde est la cour du roi, son entourage d'administrateurs, d'artisans et d'artistes. De même, c'est toute l'élite juive du pays, religieuse, politique et économique, qui avait été déportée à Babylone mais non la population rurale.
Le mystère Antonio Leoni
L'hypothèse raisonnable serait donc que les deux sculptures sur ivoire qu'Antonio Leoni a eu en sa possession - puisqu'il en a fait une copie - sont arrivées en Allemagne dans le butin remis à Attila par le roi burgonde. Elles seraient issues de l'école chalonnaise dont la construction de la cathédrale témoigne de la vitalité, au III ème siècle.
Or, il existe, au musée de Bavière, une autre sculpture sur ivoire de très grande qualité, très proche du style des deux sculptures que j'attribue à l'école chalonnaise. Cette sculpture est signée d'Antonio Léoni. (5)
Je fais l'hypothèse raisonnable que cette sculpture vient également du butin d'Attila, qu'Antonio Leoni l'a eu en sa possession comme pour les précédents, mais qu'il y a mis sa signature avant de le remettre ou de le vendre à son commanditaire. C'est la seule façon d'expliquer qu'il soit connu comme "la conversion d'un saint Paul désarçonné de son cheval" alors qu'il s'agit, de toute évidence, de la prise de Jérusalem par Titus.
Outre le génie de l'artiste, il faudrait en outre être aveugle pour ne pas voir tous les points de ressemblance dans le détail entre les trois sculptures emportées, selon moi, par Attila et les oeuvres qui ne l'ont pas été. (armement et équipement des l'égionnaires, casques, lances, hallebardes, jupes/lannières, mi-bottes, drapeaux blancs esséniens, marches sculptées au nez adouci...)
Confirmation de mon hypothèse, il est rigoureusement impossible, comme je vais le démontrer, qu'un artiste vivant au XVII ème ou XVIII ème siécle ait pu représenter avec autant d'exactitude la ville de Jérusalem d'avant sa destruction alors que son souvenir s'était perdu.
La seule explication possible est celle d'une oeuvre réalisée par un Juif émigré à Chalon-sur-Saône qui avait encore le souvenir de la ville d'avant sa destruction telle qu'elle fut et non comme on se l'imagine aujourd'hui. J'en veux pour preuves...
... les textes et la logique militaire : Contrairement à ce que pensent les exégètes, le livre de Samuel ne nous dit pas que le roi s'empara de la Jérusalem des Jébouséens qui se trouvait sur l'Ophel, colline basse ; il nous dit seulement qu'il s'empara de la forteresse de Sion, laquelle devint la cité de David (2 Sam 5, 7). Ce mont Sion, c'est bien évidemment la colline haute, là où les historiens l'ont situé jusqu'au jour où les archéologues israéliens ont décidé, sur la foi d'interprétations archéologiques discutables, de l'installer sur l'Ophel, ce qui est miltairement absurde. Trente mille hommes ? Il n'y a que la colline haute qui pouvait les acceuillir.
... La mosaïque de Mataba, à condition d'y voir, non pas toute la ville, mais seulement "Sion", la ville de David.
... Ces deux exemples montrent bien que nous avons là, dans la sculpture sur ivoire ci-dessous - agrandie dans sa partie gauche, haute -, la représentation de la Jérusalem/jébouséenne, à droite, et de la ville de David, Sion, à gauche, dans leurs enceintes respectives, avant qu'on en perde le souvenir.
Le sculpteur a représenté le temple de Salomon sur le point haut du mont Sion. Il montre sa nef de profil et son porche de face en esquissant les deux ouvertures de son fronton et les deux colonnes qui se trouvaient devant. L'image est conforme à la description qu'en donne la Bible. Un petit édicule retrouvé dans les fouilles de Titelberg va dans ce sens (6). Notre sculpteur n'a pas oublié le temple d'Esdras qui touche à la muraille. Enfin, dans une Jérusalem entourée de sa propre enceinte, le temple d'Hérode est bien mis en évidence, notamment sa haute ouverture qu'une brèche dans la muraille laisse entrevoir. Au-dessus, un oculus la surplombe comme dans la cathédrale de Chalon, et deux colonnes adossées semblent l'encadrer. Un léger changement de niveau dans le faîte du toit évoque peut-être le passage du vestibule au corps de la maison.
Et pour finir, mon interprétation du médaillon sculpté sur marbre que les élus chalonnais ne veulent pas voir.
Nous sommes bien loin des Gaulois et des Romains du mont Beuvray et d'Autun.
Emile Mourey, 23 mai 2018
Renvois
1. https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/une-fabuleuse-sculpture-sur-ivoire-196387 ou https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/une-fabuleuse-sculpture-en-ivoire-196508
2. https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/ai-je-retrouve-le-temple-de-148423
3. 1998. Revue Gallia n° 55. Vincent Guichard reconnaît que le développement d’une ville (Bibracte) à cet endroit (mont Beuvray) défie apparemment toute logique mais il y maintient le site de la capitale gauloise.
4. Sophie Albert et Francine Mora, auteures, la chanson de Walther, dépôt légal janvier 2009.
6. https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/ai-je-retrouve-le-temple-de-148423
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