Jeu vidéo, ou l’infantilisation d’un loisir de masse
Manhunt 2, c’était un peu la petite histoire d’une polémique
annoncée. Un jeu ultra violent, gore, ammoral et developpé par la fine
équipe de Rockstar (c’est à eux que l’on doit la célèbre série de jeux
GTA). Bref tout les ingrédients étaient là et polémique il y a eu. Le
jeu s’est vu interdit à la vente pour le moment outre-Manche et a été
classé AO (Adult Only) chez les Américains. Cela signifie tout
simplement que le titre n’aura pas son ticket d’entrée au sein de
quelques géants de la grande distribution outre-Atlantique, tel
Walmart.
Mais pourquoi cette affaire a-t-elle fait grand bruit dans notre petite
communauté de dizaines de milions de joueurs ? Tout simplement
parce qu’elle est symptomatique de la manière fort déplorable dont est
considérée cette industrie de loisirs. D’ailleurs, j’en vois déjà
certains glousser derrière leurs écrans "Parler de jeux vidéo sur
AgoraVox, tout fout le camp...".
Depuis quelques années, ce secteur brasse plus d’argent que l’industrie
cinématographique. Cela prouve, s’il en était besoin, que ce n’est pas
un phénomène de mode marginal, que ce n’est pas dédié uniquement aux
gosses, mais qu’au contraire tout le monde s’adonne aux jeux vidéo.
Bref, le public est loin d’être homogène et une bonne partie de ce public a grandi avec cette industrie et réclame par conséquent des
expériences plus matures, plus adultes. Cela ne l’intéresse plus
forcément d’aller sauver une princesse emprisonnée dans son château. Le
joueur est lassé de se balader dans des plaines chatoyantes et veut de
grandes aventures. Le jeu vidéo est avant tout un divertissement. On
joue pour vivre une aventure, s’évader, se prendre pour autre chose que
l’individu normal que l’on est tous les jours. Et s’évader cela signifie quitter la réalité pour rejoindre un mondre imaginaire.
Jouer à GTA ne rend pas plus violent que de regarder Le Parrain. Le
problème est qu’il existe toujours une association pour venir défendre
nos cheres têtes blondes dès qu’un jeu ose proposer une expérience
différente de ce qui se fait habituellement.
Et cela ne choque personne, au contraire les parents, les masses,
s’indignent d’apprendre que l’on peut se glisser dans la peau d’un
délinquant et faire des courses poursuites avec la police.
Mais soyons sérieux deux minutes ! L’exemple de Manhunt démontre bien
qu’il existe des organismes chargés de contrôler les jeux en vue de les
classifier pour éviter que des titres comme GTA finissent entre les
mains de mioches de 10 piges. Comment peut-on objectivement cautionner
que des associations de ce type brocardent ce médium alors que le
maximum est fait pour que les jeux au contenu mature n’atterrissent pas
entre les mains d’enfants. Rien n’oblige les mères de famille à offrir
un jeu faisant l’apologie du crime et de la drogue à leur Kevin adoré !
L’autre problème mis en avant concernant la violence des jeux vidéo est
lié au fait que l’on interagit, que l’on décide d’écraser les
piétons ou de tuer un policier. Mais, là aussi, il faut songer à prendre
un tant soit peu de recul face à la chose. C’est un jeu, on simule un
comportement que l’on ne pourrait adopter dans le monde réel. Qui
serait assez stupide pour aller se procurer une arme de poing et aller
descendre les piétons dans la rue ? Uniquement un individu souffrant de
problèmes psychologiques et qui serait passé à l’acte suite à une scène
vue a la télé, lue dans un roman ou bien fantasmée dans son coin.
Je crois qu’il est temps que les choses changent, temps qu’on arrête de considérer les joueurs comme des enfants. Cette industrie se rapproche de
l’âge adulte et son public a vieilli avec elle. Il demande des expériences plus
sérieuse et, par conséquent, il est inévitable que dans les années à venir on continue de voir se développer le nombre de titres proposant des
expériences destinés aux "18 ans et +". Et avec les nouvelles technologies,
il devient possible de proposer des
expériences hors du commun. L’histoire, le scénario deviennent petit à
petit des composantes essentielles dans bon nombre de jeux et il est
sûr qu’un jour ou
l’autre on assistera à l’éclosion de titres qui marqueront leurs
époques comme ont pu le faire certains films, aujourd’hui devenus
cultes, en leur temps.
A noter que je n’ai pas choisi l’exemple de GTA par hasard. Cette série
est aujourd’hui devenue culte. Non pas parce qu’elle a défrayée la
chronique, mais tout simplement pour ce qu’elle a apporté au jeu vidéo.
Avant d’être un jeu "ultra violent" GTA plonge surtout le joueur dans
une histoire de banditisme et de délinquance. L’histoire est vécue de
bout en bout, la libertée est totale et on y vit réellement une
histoire. GTA est aujourd’hui le GodFather du jeux vidéo, ni plus ni
moins et il est dommage que le grand public considère ce jeu comme
une simple excuse pour accomplir des actes délictuels et tuer des
agents de police.
Au final cet exemple de censure montre bien à quel point le jeu vidéo reste mal-aimé des masses et pointé du doigt à la première occasion. On refuse de laisser les créateurs s’exprimer et aller jusqu’au bout de leurs envies. On continue de considérer l’ensemble des joueurs comme des enfants en leur interdisant de toucher à des jeux jugés trop violents par quelques sages. Sages qui n’ont pourtant que pour but de classifier lesdits jeux. Saw n’a pas été interdit au cinéma ni en DVD. Alors pourquoi Manhunt, qui se rapproche de cette série de film, se verrait interdit à la vente dans un pays ?
Reste qu’en attendant nos chères têtes blondes ont le droit de jouer aux cow-boys et aux Indiens (Quel mal il y a-t-il ? Ce n’est que le génocide des Indiens d’Amérique) pendant que leurs pères eux sont interdits de chasse à l’homme.
Allez comprendre.
20 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON