L’affaire des vignerons Japonais de Banyuls : Quand l’administration a un goût de bouchon !
« Une obligation de quitter le territoire français a été notifiée à un couple de vignerons japonais installé depuis 2016 à Banyuls-sur-mer (Pyréées-Orientales), faute de ressources suffisantes pour obtenir un titre de séjour ! » D’abord on lit l’article en diagonale, puis on le relie, persuadé de n’avoir pas tout compris. J’en ai parlé à ma femme. « C’est une blague, un fake, ton histoire ; un truc de journaliste, un hameçon pour les gogos ! …. »
On aurait dit c’est vrai la présentation d’un mauvais polar. Un de ceux qu’on referme en haussant les épaules. ... Fallait revoir le scénario. Crédible peut être très loin d'ici, en Amérique du sud. Mais sûrement pas dans notre pays des droits de l’homme ! Pourtant, d'autres liens glanés sur le net confirmait la nouvelle.
« Non, non, je t’assure. Ca paraît vraiment sérieux ! » Libé, le Parisien, le Dauphiné, Ouest-France, tout le monde en parle.
- 20 minutes : Il font un vin d’exception mais sont menacés : https://bit.ly/2IReRag
-La Dépèche : Un couple de japonais, qui produit un vin d’exception….https://bit.ly/2Nun8oq
- Le Parisien : https://bit.ly/2IKNy1j
Pourquoi voudrait-on expulser ce jeune couple qui réussit si bien ?... Pensez : Avec Patience, détermination et talent, ils ont réussi à mettre en valeur un petit domaine dans le vignoble du Banyuls.. Aucune subvention, un apport personnel de 100 00 euros, un crédit de 50 000, et puis le produit de leur énergie, de leur apprentissage. Car ils viennent de loin comme on dit ! Pas seulement au niveau géographique. Ils sont passés par toutes les étapes de la vinification culturelle « made in France ».
L’affaire ne faisait tout de même pas la une, comme les matchs de la coupe du monde de foot. Hasard et circonstances, même en Russie, l’équipe du Japon venait de surprendre ! Après une partie homérique, contre nos amis Belges, le 11 nippon avait rendu les armes à la dernière seconde. J’avais assisté au match et j’en étais resté abasourdi !.
Une équipe au jeu collectif, propre, technique, respectueux de l’arbitre et des règles, avait failli ridiculiser la troisième équipe du monde..... Il y avait le fond et la manière. Peut-être était-ce le produit d’une culture, faite de la recherche de l’excellence et du respect, où le sens du devoir et de l’abnégation sont omniprésents, ainsi que de l’importance de l’image que l’on donne aux autres. Un peu les mêmes qualités présentés par ce jeune couple, qui semblait avoir trouvé dans la réalisation de ce vin du sud ouest, une quintessence de perfection et d’équilibre.
Un modèle d’intégration pourrait-on dire. Le gouvernement les aurait crée pour donner une image parfaite de l’immigration qu’on aurait dit qu’ils en faisaient trop ! A l’interview, tous deux maîtrisent un français parfait. Mais c’est vrai qu’ils commencent à connaître le pays. France 3 régions : Japonais à Banyuls, ils font un vin d’exception. https://bit.ly/2MIYy1R
Rie Shoji, 42 ans et Hirofumi Shoji, 38 ans, se sont en fait connus en France, où tous deux sont arrivés, attirés par un amour commun, celui de nos vignobles, du vin, de la connaissance et du travail qui allaient avec. Ils n’ont donc pas acheté immédiatement leur 3 hectares et quelques de vignes. Ils ont travaillé comme ouvriers agricoles, et cavistes, forts de leurs diplôme d’exploitant agricole ou de technicienne en œnologie, décrochés dans l’hexagone. En 2016 ils se sont enfin lancés, après avoir mûri longuement ce projet. Une recherche éperdue de la qualité, et du sens.
Ils ont accroché leur ambition écologique aux vignes. Un vin naturel, sans sulfites, sans pesticides. Demandant beaucoup de technicité. Le résultat ne s’est pas fait attendre, La cuvée 2017 a été une réussite. Le prix de la bouteille s’est envolé. Le bouche à bouche a fonctionné à plein ! Les meilleurs cavistes l’ont recommandé, épuisant la réserve. Ce vin est arrivé sur la carte d’un des meilleurs restaurants du monde : Le Can Roca, à Gérone. « Le verre volé » à Paris a été conquis ! « Qualité de raisin, choix pertinent de la date des vendanges, précision et perfectionnisme typiquement japonais dans la vinification. Ce serait vraiment une grande perte pour nous, collectivement, de les voir partir », a commenté dans le quotidien L'Indépendant Jean L'Héritier, organisateur du Salon des vins naturels à Perpignan. »
Leur deuxième cuvée est tout aussi prometteuse : « 75 % est déjà réservée », assure leur avocat, soulignant qu'en raison de sa nationalité, le couple ne « bénéficie d'aucune aide » Ils sont à jour de leur cotisation et de leurs impots.....« Ils ne gagnent pas 2 000 euros, tout à leur investissement. Mais le revenu moyen dans ce secteur y compris les aides, est inférieur à 1 000 euros », affirme-t-il. Le couple a déposé une demande de titre de séjour en France début 2017.
Que leur reproche l’administration ? De ne pas gagner encore assez d’argent..... De ne pas posséder encore une rentabilité excessive, celle que les grands groupes industriels parfois réalisent, en truquant leurs comptes, en pompant l’argent public, en pillant le savoir faire. En on tombe sur les fesses !.... Qui est le tueur qui se cache derrière les lignes administratives ?
« Les éléments transmis à l'appui de leur demande ne permettent pas de justifier du revenu minimal fixé par la loi », indique benoîtement la préfecture. Un recours contre l'obligation de quitter le territoire français qui leur a été signifiée doit être étudié par le tribunal administratif le 6 septembre.
Nous sommes là loin, très loin de l’affaire Leonarda, cette gamine originaire du Kosavo, et qui ridiculisa la France et le président Hollande, il y a quelques années, en s’accrochant bec et ongles, avec sa famille, à un statut de demandeuse d’asile, quelque peu bancale, et opportuniste. On accepte cahin-caha des bateaux de réfugiés. On se déchire sur l’arrivée de certains migrants, qui choisiraient leur pays « à la carte » dissertant sur les avantages réels ou fantasmés que leur offrirait l’un plutôt que l’autre.
Le sujet de l’immigration, sur fond des milliers d’immigrants économique, traversant la mer en compagnie de réfugiés politiques autoproclamés, réels ou opportunistes, est un sujet qui clive, source souvent de rétropédalage et d’embarras, au pays « des droits de l’homme » ! La France est mal à l’aise devant cet afflux de misère, tenant des discours contradictoires. Des lignes de fracture dans la population apparaissent, mais tout autant au niveau politique, ou colères surjouées, démagogie, et récupération, alternent. Reste l’engagement de vrais indignés, retroussant leurs manches, affrétant des navires pour répondre à l’urgence de vies à sauver !.
Une réalité, ce n’est pas en deux jours qu’on transforme en migrant en « Français » ! La nationalité n'est qu'un leurre, si l'on a pas intégré son concept et ses valeurs, les devoirs que cela impose. Il faudra du temps, souvent des années, à l’immigrant pour apprendre non seulement la langue du pays qui l’accueille, son histoire, mais pour accepter les règles et les usages qui vont avec.
La laïcité n’est pas aussi évidente qu’une étiquette de vin déclarant le millésime, le cépage, et l’origine d’une bouteille... Quoique que les meilleurs vins se fassent sur de multiples croisements, et mélanges savament dosés. Il faudra utiliser son expérience, éviter les erreurs du passé, celles qui ont amené une partie des immigrés à se marginaliser et à se recroqueviller sur leur groupe ethnique ! Ce phénomène s’est accentué avec l’aggravation du chômage sans fin, le travail étant le meilleur intégrateur social, un ferment qui donne du sens, de l’espoir, qui familiarise avec les règles du vivre ensemble.
On se demande en fait quelle case notre couple de japonais ne coche pas, à ce jeu de l’immigré parfait ? Si on les intégrait à un réalité show, genre : « Le bonheur est dans les vignes », il semble qu’ils pourraient briguer le premier prix.
Cultivés, courageux, autonomes, ils ont su en moins de temps qu’il ne faut parvenir à l’excellence, et parvenir à la consécration dans un domaine où le savoir faire est envié, et valorisé à l’international, comme une marque de notre culture. A l’heure des quartiers sensibles, des voitures incendiées à la moindre étincelle, l’image lumineuse de ces deux jeunes gens venus du pays du soleil levant, donnerait au notre celle d’un soleil couchant, ou d’un vin salement bouchonné, bourré de pesticides, si leur aventure devait prendre fin !
Retour au mondial : Après le coup de sifflet final, qui les avait vu rendre les armes face à la troisième équipe du monde dans les dernières secondes, après avoir tout risqué, les japonais étaient restés un moment sonnés, assis sur la pelouse. Il y a cependant des défaites honorables. On n’oubliera pas ce match homérique. En partant, le onze japonais avaient nettoyé le vestiaire à fond, et laissé un petit mot de remerciement. La grande classe !
L’affaire des vestiaires a aussi à longuement été traité dans les journaux. Ce n’est pas la première fois, mais d’habitude c’est pour déplorer la casse. Dans ce milieu, les perdants ont eu parfois le réflexe de faire un carnage, vandalisant les lieux. Les exemples à ce titre sont malheureusement légions. ASSE : insultes, vestiaire saccagé, Lemoine ... - But Football Club
Les « péteurs de plomb » milliardaires, leur ballon d'or comme une plaque diplomatique leur donnant tous les droits, n’ont souvent pas un regard pour les petites gens qui doivent ramasser leurs déjections, refaire les peintures. Ils sont à l’image de cette oligarchie, méprisante, hautaine, qui oublie totalement ses origines, consentant juste à signer les autographes que les gamins leur demandent pour des raisons d’images, quand les télés sont là. Tous ne sont pas ainsi, évidemment, mais que la leçon donnée par les japonais, est été reprise par tant de journalistes étonnés est signifiante en soi de quelque chose d’unique.
L’exemplarité et le civisme, ainsi que toutes les valeurs morales, quand elles aboutissent au succès doivent être médiatisés. https://bit.ly/2KIfTdX Nous sommes des êtres grégaires, d’imitation, et les jeunes sont particulièrement sensibles à de tels déroulements, dans un sport qui crée modèle et fascination.
Le shintoïsme et le bouddhisme sont les religions les plus courantes au japon, et un certain syncrétisme s’établit entre eux. Le culte de la nature, et de ses forces vives, le respect des ancêtres, issu du confucianisme, fait que la société japonaise donne une place importante à la morale, à l’excellence même. Cet absolu n’est pas sans faire de dégâts, et de marginaux, dans la même course à la mondialisation que nous suivons nous mêmes, corrompoins nos idéaux, et notre culture, pour un produit insipide vendu au rabais, sans saveur< ;
Le Japon est une société écartelée entre modernité et tradition, l’art le plus brillant, et l’appréhension des risques majeurs ; industriels, naturels, et environnementaux, comme installé au centre de toutes les plaques techtoniques du monde. Notre dette envers les habitants de cette île lointaine sont grandes. De l'art de la calligraphie, au arts martiaux, et à la cérémonie du thé, à la philosophie du zen, c'est toute une richesse de signifiants qui se déplioie en poupées gigognes.
Ne parlons pas du cinéma et de la littérature. Les références culturelles sont si nombreuses, nous ont tant influencé, ont tant changé notre regard sur le monde, qu’il est impossible de les compter, sans même aborder les nouvelles technologies. Tout cela n'est pas le produit du hasard !
Il y a plus d’un siècle, Vincent Van Gogh, pétri de l’influence des estampes japonaises, comme tant d’autres peintres de cette époque, s’installa lui aussi, en Arles, dans le midi de la France. Un Hollandais voyant des cerisiers japonais en fleurs en bordure du Rhône, croyant peut être reconnaître dans les neiges du mont Ventoux, l’écho lointain du mont Fuji Yama.
Il faut parfois être étranger au pays, pour voir et sentir avec une acuité nouvelle, toute la grâce et la beauté d’un pays, en faire ressortir au mieux ses essences. Si les toiles de Vincent parle au monde entier, c’est qu’il a su capter en sa peinture l’énergie du monde, faire œuvre de chaman, de passeur. Une savante alchimie qui convertit les soleils levant en or pur et en vermillon.
On dit que celui des bouteilles de vin que produisent notre couple est éclatant, et que le goût est somptueux. Je veux bien le croire. Mes papilles sont déjà aiguisées. J’espère bien le goûter un jour. J’y sens déjà toutes les substances de ce Languedoc parfumé, si authentique, se cognant à la corne de l’Espagne.
Et puis au delà des senteurs de thym, et de garrigue, les odeurs de la mer, immense, qui nous envoie au bout du monde. D’autres ferments « tout en nez, ou en bouche » comme on dit, nous plongeant ravis dans des réminiscences harmonieuses et veloutées, nous faisant dériver tout en haut du pic du Canigou, ou du mont Fuji !
….. Bien loin, si loin de relents acides de l’administration !
Une dive bouteille, une sorte de syncrétisme heureux entre ce que le Japon et la France produisent de mieux, quand ils jouent ensemble. Le meilleur d’une rencontre ! Il ne faudrait pas que notre couple, après une décision administrative défavorable, nous laisse comme leurs footballeurs en Russie, un mot d’adieu, nous remerciant de notre accueil, et de notre gentillesse.
Enfin, peut être pas quand même... « Si la France ne veut pas de nous, alors nous partirons ! » Ont-ils déclaré….. Ca serait dommage.
Voilà l’affaire. Tout le monde s’est ému, tant l’absurde semble côtoyer l’injustice la plus totale. https://bit.ly/2z4lZ3v Pétition : Non à l'expulsion des vignerons japonais de Banyuls !
Cette pétition en ligne a recueilli déjà plus de 30 000 signatures. Les raisins de la colère et de l’indignation secoue le pays.
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