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Accueil du site > Tribune Libre > L’altruisme intéressé est-il un humanisme ?

L’altruisme intéressé est-il un humanisme ?

Réflexion philosophique suite à l’intervention de Jacques Attali en clôture de l’Université des Gracques, prônant un « altruisme intéressé » comme moteur naturel pouvant remédier aux maux qui rongent nos sociétés et entraînent la civilisation vers sa destruction ...

Samedi 28 novembre 2009 s’est tenue une journée de débats, organisée par les Gracques, Think-Tank progressiste de centre-gauche, sur le thème « Quel nouveau contrat social dans le monde et la France de l’après-crise ? ». Différentes personnalités, philosophes, économistes, diplomates, écrivains,… ainsi que des personnalités politiques comme Manuel Valls, Anne Hidalgo, Marielle de Sarnez ou Jean-Vincent Placé, ont participé à des tables rondes devant un public attentif, pour marquer une pause de réflexion, tirer des enseignements des causes et des symptômes des crises économiques et financières qui ont ébranlé la stabilité du monde.
 
Jacques Attali a conclu la journée. Sa vision du monde est plutôt pessimiste. Il déplore l’inefficacité du « G vain », des annonces surtout médiatiques au niveau international, comme national et européen, qui ne s’attaquent pas réellement à la racine des problèmes, aux causes des dysfonctionnements, que ce soit sur le sujet du réchauffement climatique et de la protection de la planète avec les difficultés annoncées du sommet de Copenhague, ou sur la régulation internationale des banques et des marchés (on aurait dû séparer les banques de dépôts et les banques de marché notamment), les paradis fiscaux, les rémunérations des traders, l’excès des dettes publiques qui reporte à demain et sur les générations futures les problèmes financiers d’aujourd’hui, …
 
Jacques Attali confirme que nous trouvons bien à un tournant de civilisation, à un moment où nous pressentons les risques de disparition de cette civilisation, comme d’autres avant la nôtre en d’autres temps. Seul un changement de comportement peut nous sauver : l’altruisme, un sens de l’intérêt général plus fort que notre intérêt particulier, car ce dernier est mis en cause, si le premier n’est pas respecté. Selon lui, nous serions contraints à devenir altruistes par intérêt. Il disait déjà en 2007 pour un entretien pour Le Monde des religions :
« Je ne comprends pas le sens du mot responsabilité, je préfère dire « altruisme intéressé ». Aujourd’hui, ce qu’on appelle la compassion et l’altruisme ne sont absolument pas de l’altruisme. On est intéressé à ce qu’il n’y ait pas de tsunami ou de maladies génétiques parce qu’on est soi même touriste et qu’on a des enfants, mais les problèmes au Darfour n’intéressent personne. L’altruisme intéressé est le point de passage entre la liberté et la fraternité. Je crois que notre civilisation ne survivra que si elle est capable de faire en sorte que chacun trouve son bonheur dans le bonheur des autres. »
Cette dernière phrase est très belle et très prophétique par sa gravité et la vérité qu’elle inspire. Cependant, on peut s’interroger sur ce type d’altruisme qui serait non pas « naturel », ressenti par compassion, par élan de fraternité, mais « intéressé », c’est-à-dire résultant d’un raisonnement, d’une relation donnant-donnant, procédant en fait d’un comportement individualiste et égoïste. La formule est en elle-même un oxymore, l’altruisme désignant l’amour désintéressé d’autrui (définition du Petit Larousse). C’est une disposition de caractère qui pousse à s’intéresser aux autres et se montrer généreux et désintéressé, se dévouer pour l’autre sans attendre en retour. Or, l’empathie, l’amour, la fraternité, ne se commandent pas, de peuvent être ressenties par conviction ou argumentation. Selon Blaise Pascal (cf Les Pensées), ces sentiments, de même que la foi, appartiennent au troisième ordre, distinct de l’ordre de la raison (« Le cœur a ses raisons que la raison de connaît pas »), distinct également de l’ordre du pouvoir et des corps. Pascal distingue en effet trois ordres différents dans son approche anthropologique de l’homme :
1- l’ordre des corps, du pouvoir et de la chair, où règnent la force et la concupiscence, l’amour du pouvoir et des richesses. Il procède de la représentation du réel, des plaisirs terrestres, du désir et de l’image ou de la représentation que l’on se fait de la force, de la puissance, de l’ascendant sur l’autre ;
2- l’ordre de l’esprit ou de la raison, ou encore l’ordre de la science, où règnent la curiosité, la logique et les démonstrations ;
3- l’ordre du cœur ou de la charité, qui est aussi celui de la foi, de la religion, où règne l’amour et la grâce. Il procède du mystère, de l’intuition, de la transcendance et se manifeste dans le « don de soi » pour se réaliser dans l’autre.
Ces trois ordres sont disjoints. Chaque ordre a sa logique interne, ses valeurs, son moteur, ses « concupiscences » comme le dit Pascal. L’erreur consiste à croire qu’on peut brouiller les ordres et vouloir faire reconnaître dans un ordre des valeurs ne pouvant l’être que dans un autre. Le principe de laïcité procède de cette séparation entre l’ordre de la foi, de la religion, et celui de la politique et du pouvoir, de l’Etat.
Pascal établit aussi une hiérarchie dans ces ordres : « Tous les corps, le firmament, les étoiles, la terre et ses royaumes, ne valent pas le moindre des esprits ; car il connaît tout cela, et soi ; et les corps, rien.
Tous les corps ensemble, et tous les esprits ensemble, et toutes leurs productions, ne valent pas le moindre mouvement de charité. Cela est d’un ordre infiniment plus élevé. »
Cependant, cela ne l’a paradoxalement pas empêché de faire une magistrale démonstration, appelée « le pari de Pascal », visant à convaincre les athées de l’existence de Dieu « par intérêt » :
« Vous avez deux choses à perdre : le vrai et le bien, et deux choses à engager : votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre béatitude ; et votre nature a deux choses à fuir : l’erreur et la misère. Votre raison n’est pas plus blessée, en choisissant l’un que l’autre, puisqu’il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude  ? Pesons le gain et la perte, en prenant choix que Dieu est. Estimons ces deux cas  : si vous gagnez, vous gagnez tout  ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu’il est, sans hésiter. »
Pensées, Blaise Pascal (1670)
Le raisonnement de Jacques Attali me fait donc penser au pari de Pascal. Même si l’altruisme est rarement dans les comportements « naturels » des hommes dans notre société individualiste dont les valeurs sont plutôt matérialistes (relevant du premier ordre), notre conscience et notre responsabilité, par logique déductive (procédant du deuxième ordre), doit nous convaincre d adopter une attitude altruiste, que ce soit à l’égard de la protection de l’environnement, dont la destruction nous nuit, à l’égard des générations futures (y compris pour l’endettement public abyssal) ou encore en termes de solidarité, de réduction des inégalités, qui peuvent devenir dangereuses, générer de la révolte, de la délinquance, de l’insécurité.
Rappelons d’ailleurs que Jacques Attali avait écrit une biographie de Pascal « Blaise Pascal ou le génie français », dont l’image figure en page d’accueil du site Internet de l’auteur.
 
S’il produit le même effet que l’altruisme naturel, l’altruisme intéressé n’est donc pas à rejeter. On peut même lancer la mode de l’altruisme et le souci de l’image que l’on donne de soi motivera peut-être les riches et puissants à être généreux et protecteurs des faibles (Bill Gates et Warren Buffett ...). Le peuple, par mimétisme, cherchera aussi à se montrer altruiste et qui sait, à force de mimer l’altruisme, finira par se croire et par devenir vraiment altruiste ...
Cependant, un altruisme sous contrainte, ou de raison, ou encore de mode, s’il est salutaire pour sauver la planète, inciter à faire décroître les inégalités et apporter la paix, il ne pourra pas réellement apporter le bonheur, que seul un altruisme naturel, réellement tourné vers l’autre, peut nous permettre d’atteindre. Mais pour y arriver, il faut entrer dans une autre dimension, celle du troisième ordre de Pascal !
 
L’organisation de la solidarité, de la redistribution par l’impôt et par des services publics, de la régulation, grâce à l’Etat médiateur, corrige et prévient des abus mais ne remplace pas le lien social, la relation humaine. Parfois, elle peut même distendre ce lien social et le lien entre générations : je m’acquitte de l’impôt et délègue à l’Etat le soin de le redistribuer aux plus démunis, je paye mes cotisations retraites et chômage et m’attends à recevoir en retour, de même que je peux m’affranchir de porter soin à mes aînés ou à mon voisin chômeur. Or retrouver le sens de la relation humaine, remettre l’homme au centre pour son épanouissement, son accomplissement dans la relation de moi à l’autre, de moi vers l’autre, est essentiel pour atteindre le bonheur, cet élan vital.
 
N’est-ce pas essentiellement cela, la différence entre le socialisme et l’humanisme ?
 

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23 réactions à cet article    


  • Yaka Yaka 3 décembre 2009 10:03

    Attali : "Je crois que notre civilisation ne survivra que si elle est capable de faire en sorte que chacun trouve son bonheur dans le bonheur des autres. »


    Auteur : "Cette dernière phrase est très belle et très prophétique par sa gravité et la vérité qu’elle inspire. Cependant, on peut s’interroger sur ce type d’altruisme qui serait non pas « naturel », ressenti par compassion, par élan de fraternité, mais « intéressé », c’est-à-dire résultant d’un raisonnement, d’une relation donnant-donnant, procédant en fait d’un comportement individualiste et égoïste.« 

    Moi :
    J’ai compris tout à fait l’inverse de vous, Attali dit que l’altruisme actuel est égoïste (je suis malheureux pour le tsunami en tant que touriste, pas vraiment pour les populations. La preuve : je me fiche pas mal du Darfour).
    Attali encourage alors un altruisme interessé, mais pas dans le sens habituel.

     »Je ne peux être heureux que si tout les gens qui m’entourent le sont", voilà ce que j’ai compris dans son message. C’est un point de vue tout à fait bouddhiste, qui m’étonne un peu de la part de Jacques Attali, mais auquel j’adhère.


    • Fergus Fergus 3 décembre 2009 10:25

      Il existe déjà une forme d’« altruisme intéressé » : l’action humanitaire et caritative qui, pour la plupart de ceux qui en sont les acteurs, vise à répondre à une question existentielle ou à les valoriser à leur propres yeux ou à ceux de la société. Mais il ne s’agit pas là d’objectifs économiques, ou alors de manière incidente.


      • Voris 3 décembre 2009 10:33

         L’altruisme est l’intérêt porté aux autres sans recherche de contrepartie pour soi (désintéressement). « Altruisme intéressé » est donc un oxymore qui ne veut rien dire. Cela n’a pas plus de sens que de dire « égoïsme désintéressé » ou« capitalisme moral ». Ces élites inféodées au pouvoir et au capitalisme sont prêtes à toutes les manipulations sémantiques pour embrouiller les peuples.


        • ffi ffi 3 décembre 2009 12:22

          Entièrement d’accord.
          L’altruisme se définit comme la faculté d’être généreux.
          L’égocentrisme se définit comme la tendance à tout ramener à soi-même.

          Si l’altruisme Attalien est un altruisme « intéressé », il consiste à feindre l’altruisme, avec l’idée d’en récupérer les bénéfices. L’Altruisme Attalien n’est donc qu’un avatar de l’égocentrisme.

          Avec ce genre de formulation, on ramène donc l’altruisme à l’égocentrisme, comme on a précédemment ramené l’amour à la baise, banale tentative orwellienne de redéfinition du langage.

          Je suppose qu’Attali ne veux pas savoir que le véritable altruisme existe.


        • Radix Radix 3 décembre 2009 19:28

          Bonsoir

          L’altruisme pur n’existe pas seul l’égocentrisme existe !

          Ceci dit cet égocentrisme peut prendre des formes surprenantes, tout dépend de l’image qu’un individu se fait de lui-même car il fera tout pour se conformer à cette image !

          Un saint ou un salaud dépend de l’image qu’il s’est construite.

          Pour que l’altruisme existe réellement il faudrait que nous soyons tous des fourmis conditionnés génétiquement dans ce but.

          Radix


        • Annie 3 décembre 2009 10:47

          Des gens comme Bill Gates ne sont pas désintéressés. Ils donnent un peu (pour eux ) de leur argent et en contrepartie, ils sont capables de décider des programmes à vocation humanitaire, de dicter leurs orientations et les politiques sanitaires de certains pays. Un exemple serait le Fonds mondial contre la tuberculose, le paludisme et le sida, ou bien la Global Health Initiative, administrée par la Fondation Gates, qui promeut dans le domaine sanitaire les partenariats publics/privés.

          Ou pour résumer :

          « La fondation Bill & Melinda Gates, c’est à la fois la privatisation de l’action humanitaire au profit des multinationales et le cheval de Troie de l’impérialisme américain. »


          • misso misso 3 décembre 2009 11:18

            C’est effectivement un drôle de « concept » que cet altruisme interessé ?!?
            Maintenant je me suis souvent posée la question de savoir si l’altruisme existait réellement ?
            « Je ne peux être heureux que si les gens autour de moi le sont » : n’est ce pas encore là un aveu déguisé de non-altruisme justement ? Mon bonheur dépend de celui des autres. je suis heureux s’ils le sont. Dans quelle mesure là suis-je vraiment altruiste ? Je ne sais pas. je m’interroge. Je n’ai que des doutes la dessus. Sincèrement.
            Qu’est ce que l’humanisme ?
            En tout cas sujet interessant.


            • ffi ffi 3 décembre 2009 12:56

              Oui,
              je pense que l’altruisme existe vraiment. Quelques saints en sont la preuve. L’altruisme est nécessairement désintéressé.
              Il est sûr que dans ce monde où règne « la loi du profit individuel », la chose est difficile à envisager, car il y a risque d’être abusé, mais l’altruisme existe bel et bien. Et cette existence ne dépend que de la volonté des hommes. L’altruisme représente un grand intérêt, même s’il ne peut se définir comme intéressé.

              Prenons un exemple :
              1° Groupe d’altruisme
              Soit un groupe A de N personnes. Dans ce groupe, il est interdit de penser à soi-même, l’égoïsme est interdit, l’altruisme est de rigueur.
              Soit un élément x de ce groupe A.
              Dans ce groupe, il y aura N-1 personnes qui penseront à x (tous les autres sauf lui-même)

              2° Groupe d’égoïsme
              Soit un groupe B de N personnes. Dans ce groupe, il est obligatoire de penser à soi-même, l’altruisme est interdit, l’égoïsme est de rigueur.
              Soit un élément y de ce groupe B.
              Dans ce groupe, il y aura 1 personne qui pensera à y (lui-même)

              Il est indéniable qu’il est plus intéressant d’être dans le groupe A.
              ---------------------------------------------
              Maintenant prenons l’élément égoïste y et plongeons-le dans le groupe d’altruisme A.

              Dans ce groupe d’altruisme A, l’élément égoïste y aura un avantage immédiat sur tous les autres : il y aura N personnes qui penseront à lui (les autres + lui-même), tandis que pour tout élément altruiste x, il y aura N-1 personnes qui penseront à lui (les autres que lui-même).

              Selon le vieil adage (le corbeaux et le renard) : « je jure que l’on ne m’y reprendra plus », il me semble fort probable qu’un élément égoïste toléré dans un groupe d’altruisme fait tâche d’huile. L’égoïsme se propage. Le groupe change de coutume. Il passe d’une coutume altruiste à une coutume égoïste.

              Puisque le groupe d’égoïsme est nettement moins efficace que le groupe d’altruisme (socialement, économiquement), nous avons là un exemple parfait de « triche » (au sens de la théorie mathématique des jeux) : un comportement, s’il est rare, procure un avantage immédiat à celui qui le tient, mais, s’il se généralise, fait perdre l’efficacité de tout le groupe.

              Conclusion : Le comportement égoïste est une triche par rapport à la société altruiste traditionnelle. Il a tendance à s’étendre, mais généralisé, toute le société en pâtit.

              Le libéralisme (= « les vices privés font la richesse publique ») installe cette généralisation de l’égoïsme, mais une fois généralisé, le monde s’effondre par manque d’efficacité.

              Le libéralisme est une triche de l’humanisme.

              Attali a donc raison de parler d’altruisme, mais il devrait évoquer l’intérêt social de l’altruisme, plutôt que l’altruisme intéressé (ce qui ne veut rien dire, simple faux-nez d’un égocentrisme hypocrite).


            • MICHEL GERMAIN jacques Roux 3 décembre 2009 13:50

              Que vit Pascal ? Une époque ou l’inquisition morale pèse de tout le poids des ténébres de la religion. Il a une vie dissolue selon cette morale ; il fréquente des libertins. Il a honte.
              Que dit Pascal ? L’homme se sait mauvais car il pense. Il pense et il se voit tel qu’il est. Le caillou ne sait pas qui il est mais l’homme, lui, va devoir se mentir et se présenter aux autres comme bon, sans défauts que réprouve la morale du moment. Il attend des autres qu’ils lui mentent en lui faisant croire qu’ils le voient tel qu’il se montre à eux. L’amour propre, ce besoin d’avoir du bien-être moral, prédomine par le mensonge. Le moi est haïssable. Le « soi » de Pascal est haïssable car il a honte de ce qu’il vit par rapport à la religion. Le sexe de Pascal ne peut se dresser que vers Dieu.
               
              L’altruisme d’Atali est celui du puritain Pascal (bien qu’il fut catholique). Mais il est imprégné, sans oser l’avouer, du raisonnement Sadien qui retourne Pascal comme une chaussette et annonce que son propre plaisir vaut mieux que tout et qu’il est normal de se servir des autres pour son plaisir propre. Et que les autres en fassent de même avec soi. 
              Pascal et Adam Smith raisonnent pareillement. (Dieu ou la main invisible)
              Rollex et Sade également (L’égoïsme ostentatoire, la somme des égoïsme).

              Et nous alors ? Lorsque mon compagnon de marche perd l’équilibre une impulsion (nous l’avons tous) me pousse à tendre la main, le bras, pour le retenir. Il nous vient du fond des ages ce réflexe. Il est en nous. 
              La situation instantanée de la chute déclenche le reflexe d’altruisme irréfléchi. Sans intérêt que de préserver le « Frère Humain » de François Villon qui chemine à côté de moi, mon Alter Ego.

              Ce reflexe, parmi d’autres, jette la chaussette Sade-Pascal-Smith-Atali-Parachute doré aux poubelles de l’histoire.
              Mais nos pieds, avec quoi je pense trop souvent, se trouvent au chaud dans les chausses (trappe) Pascalo Sadiennes. Ma lucidité, je l’avoue, est impulsive pour l’instant. Elle ne réagit que par trés brefs instants que je ne décide pas. Ils sont des révoltes de l’humain (au sens de Camus). J’en suis fier. mon « moi » là, au fond, est aimable.

              Ils sont rares et brefs mais quelle puissance ils ont.

              Michel.



               


            • Gabriel Gabriel 3 décembre 2009 11:22

              Sourire de notre prétention à changer le cours du monde, et peut-être aussi le coeur des hommes, selon que nous assignons tel ou tel principe arrangés à notre morale. Qu’ils nous plaisent à nous, philosophes de comptoir, d’invoquer l’égoïsme ou l’altruisme, nous n’aurons refait pour cela ni l’âme humaine ni les conditions de l’existence. Nos doctrines restent dans l’abstrait ; la vie réelle, la vie vécue ne les connaît pas.


              • Bardamu 3 décembre 2009 11:26

                Comment peut-on accorder une quelconque importance à cet Attila-là ?

                Il n’a que trop parlé, l’abruti, sorti toutes sortes de prévisions qui se sont révélées fausses, mais que personne n’a eu l’honnêteté ou le courage de dénoncer.
                Attali, le degré zéro de la pensée, le crépuscule du clerc après sa trahison !

                Bhl se prévalut un jour de toujours disposer d’un magnétophone sur le bord de sa piscine !
                Ainsi, si une idée venait à émerger de ce cerveau lent (métaphore aérienne), le génie -forcément méconnu- s’empresserait-il d’interrompre ses exploits natatoires pour venir l’inscrire dans le marbre, non de la piscine, mais bien de la bande magnétique !

                Quel bel aveu nous fit ce jour-là notre tartufe, si indigent en matière de pensées !
                Oui, quand on a peu d’intelligence, ne surtout pas la laisser fuir, se perdre dans l’oubli, la capter, de suite !

                Eh bien, Attila-Attali est bien de la même race !... le moindre mot, le plus infime poncif, la plus insignifiante idée reçue sera servi en pâture aux moutons bêlant et s’empiffrant des nourritures si peu spirituelles que leur maître Panurge déverse à grandes pelletées en leur pré, vierge de toute saine culture.

                Dès lors, en ce fatras d’inepties, il se peut qu’une d’entre elle finisse par aboutir et s’avérer moins aberrante qu’il n’y paraissait initialement !

                Ces mêmes moutons ne manqueront pas de la porter au pinacle, s’empressant alors d’oublier les autres qui ne manqueraient pourtant pas de faire hurler de rire tous les pisse-froid que la Terre puisse porter en son sein !

                L’auteurE, elle, m’inquiète !... qui trouve de l’intelligence au bonhomme, à cet aigrefin aux concepts lourds !
                Rien d’étonnant, quand on milite pour Dumbo -Bayrou !

                Deux questions, cependant, à qui connaît ce politicien orphelin de toute politique :
                -est-ce que Bayrou s’tond ?
                -et, bien entendu, est-ce que Bayrou pète ?

                (Bay-) « Rouston et roupettes », en voilà un vrai sujet d’article... plus édifiant qu’Attali ! 

                 


                • plancherDesVaches 3 décembre 2009 11:30

                  Attali vs Bayrou : 1 partout : bien à droite.

                  Pendant qu’on y est, pourquoi ne pas pousser un peu dans l’imagination.

                  - banques honnêtes et transparentes.
                  - états responsables et démocratiques
                  - télévision culturelle
                  - riches non-obsédés par l’argent...

                  Je lance le concours, je suis certain que d’autres auront des idées encore meilleures pour détourner les mots et nous vendre d’autres aberrations..


                  • plancherDesVaches 3 décembre 2009 13:00

                    - propagande constructive
                    - malbouffe saine
                    - développement durable
                    - supermarchés respectueux du client...

                    Allons-y....


                  • plancherDesVaches 3 décembre 2009 13:06

                    - bio bon marché
                    - argent facile (Madoff dixit)
                    - endettement constructif (sarko dixit)
                    - crédit gratuit (revolving dixit)

                    Continuons...


                  • Raymond SAMUEL paconform 3 décembre 2009 11:33

                    Bonjour,
                    Je vois que la situation n’est pas encore bien grave puisqu’on a du temps à consacrer aux discussions oiseuses. Ces conférenciers avaient leur repas de midi assuré.
                    Bientôt on les retrouvera un panier à la main cueillant des châtaignes ou une bêche pour planter des patates. Le monde sera alors redevenu normal et durable.


                    • clostra 3 décembre 2009 12:22

                      "Or retrouver le sens de la relation humaine, remettre l’homme au centre pour son épanouissement, son accomplissement dans la relation de moi à l’autre, de moi vers l’autre, est essentiel pour atteindre le bonheur, cet élan vital.« 

                      @l’auteure
                      re-trouver, re-mettre, voilà donc quelque chose de pas naturel, qui exige une prise de conscience et une volonté.
                      Si l’altruisme de l’enfant (à tout prix il a besoin que quelqu’un prenne soin de lui) va de soi, sa marche vers l’autonomie exige qu’il le soit un peu moins, qu’il exerce son esprit critique, qu’il rejette, qu’il s’éloigne un peu des autres pour en être moins dépendant.
                      ça me rappelle une très vieille discussion avec un de mes aînés : l’altruisme revient quand on a de nouveau besoin des autres...(en vieillissant)

                      De là à parler »d’altruisme intéressé« , c’est sans doute une autre façon de »penser globalement et agir localement« , c’est une nécessité d’agir, c’est une nécessité de réfléchir avant d’agir. C’est un peu »se mêler de ses oignons".


                      • zelectron zelectron 3 décembre 2009 12:29

                        « L’altruisme intéressé », encore un oxymore pour se rendre intéressant Attali ! : tu ne manque pas d’air, tu te sens investi du pouvoir de t’autoriser à changer le sens des mots, tu as oublié que tu n’étais plus protégé par celui qui propageait la peur et la crainte par sous-entendus circonstanciels ? Tu instaure « l’hypocrisisme financier institutionnel » maintenant ?


                        • MICHEL GERMAIN jacques Roux 3 décembre 2009 14:02

                          Ceci @ l’auteur de l’article (pardon les autres).

                          Que vit Pascal ? Une époque ou l’inquisition morale pèse de tout le poids des ténébres de la religion. Il a une vie dissolue selon cette morale ; il fréquente des libertins. Il a honte.
                          Que dit Pascal ? L’homme se sait mauvais car il pense. Il pense et il se voit tel qu’il est. Le caillou ne sait pas qui il est mais l’homme, lui, va devoir se mentir et se présenter aux autres comme bon, sans défauts que réprouve la morale du moment. Il attend des autres qu’ils lui mentent en lui faisant croire qu’ils le voient tel qu’il se montre à eux. L’amour propre, ce besoin d’avoir du bien-être moral, prédomine par le mensonge. Le moi est haïssable. Le « soi » de Pascal est haïssable car il a honte de ce qu’il vit par rapport à la religion. Le sexe de Pascal ne peut se dresser que vers Dieu.
                           
                          L’altruisme d’Atali est celui du puritain Pascal (bien qu’il fut catholique). Mais il est imprégné, sans oser l’avouer, du raisonnement Sadien qui retourne Pascal comme une chaussette et annonce que son propre plaisir vaut mieux que tout et qu’il est normal de se servir des autres pour son plaisir propre. Et que les autres en fassent de même avec soi. 
                          Pascal et Adam Smith raisonnent pareillement. (Dieu ou la main invisible)
                          Rollex et Sade également (L’égoïsme ostentatoire, la somme des égoïsmes).

                          Et nous alors ? Lorsque mon compagnon de marche perd l’équilibre une impulsion (nous l’avons tous) me pousse à tendre la main, le bras, pour le retenir. Il nous vient du fond des ages ce réflexe. Il est en nous. 
                          La situation instantanée de la chute déclenche le reflexe d’altruisme irréfléchi. Sans intérêt que de préserver le « Frère Humain » de François Villon qui chemine à côté de moi, mon Alter Ego.

                          Ce reflexe, parmi d’autres, jette la chaussette Sade-Pascal-Smith-Atali-Parachute doré aux poubelles de l’histoire.
                          Mais nos pieds, avec quoi je pense trop souvent, se trouvent au chaud dans les chausses (trappe) Pascalo Sadiennes. Ma lucidité, je l’avoue, est impulsive pour l’instant. Elle ne réagit que par trés brefs instants que je ne décide pas. Ils sont des révoltes de l’humain (au sens de Camus). J’en suis fier. mon « moi » là, au fond, est aimable.

                          Ils sont rares et brefs mais quelle puissance ils ont.

                          Michel.


                          • Moristovari Moristovari 3 décembre 2009 17:13

                            Un simple aparté en attendant la réponse que vous attendez. Au sujet de votre exemple des motivations qui peuvent nous pousser à rattraper un homme qui tombe, voici d’autres interprétations :

                            *Si ce compagnon de marche nous est antipathique, nous le laisserons choir - peut-être après fait semblant de le rattraper - puis rirons, soit en pensée soit à voix haute.
                            *Si ce compagnon de marche nous est indifférent, nous tenterons de le rattraper par égard à la morale. Ne pas faire ce geste serait mal élevé donc honteux s’il cela est remarqué.
                            *Si ce compagnon nous importe, nous tenterons de le rattraper car son bonheur fait le notre. Le voir choir nous causerait de la peine et c’est notre peine, toujours, que nous essayons d’éviter.

                            Ainsi je ne crois pas qu’en l’on puisse jeter aux oubliettes ces fruits d’une vie d’expérience et de pensée sur la vie même que sont les oeuvres des moralistes, tous d’accord pour mettre à la base de toute action humaine l’égoïsme, la vanité, la fuite du déplaisir.


                          • MICHEL GERMAIN jacques Roux 3 décembre 2009 21:59

                            Cher Moristovari...

                            Certains sujets vous font sortir du bois et c’est bien agréable de vous lire dans ces rares moments.

                            J’espère ne pas trahir ce que vous avancez en y répondant. En effet à cet instant je n’ai sous les yeux que mon texte en voulant reprendre sur le votre. pardonnez moi d’avance si je m’égare.

                            « Fuir le déplaisir » ne peut être rangé dans le même wagon que l’égoïsme. Je n’ai pas le temps de développer mais je suis certain que la seule remarque peut vous amener à percevoir ce que je soulève.

                            Quant au geste dont je parle il s’agit de celui qui vient sans qu’on puisse ni le reprimer ni le construire autour d’une pensée, morale ou pas. Je pense à ce bref mouvement de la main qui ne va souvent pas jusqu’au bout par manque de vélocité, par perte, peut-être, de ce reflexe animal qui fait retourner le chat qui tombe, sur ses pattes. Ce geste réflexe échappe au bon vouloir. Il est antérieur au choix de la pensée. Vous l’avez très certainement vécu vous demandant pourquoi votre main se porta briévement au secours de ce type qui vous indiffére ou même que vous ne supportez pas. Vous n’avez de toutes façons pas pu le secourir, ni même le retenir. trop mou, réflexe perdu. Humain trop humain en somme.

                            Peut-être, encore, y a t il dans le constat que j’expose une confirmation par l’exemple du « somnambule » de Spinoza mais surtout dans ce que la philosophie accorde trop souvent comme importance à la force de la pensée, de l’âme sur le corps. Bousculée aussi, cette pratique, il me semble car je ne l’ai pas assez lu, par Deleuze himself qui ratatine un brin Descartes et sa logique sélective.

                             Je n’ai aucun talent pour cela mais il me semble qu’en allant un brin au dela on pourrait arriver à voir une mémoire humanitaire du corps individuel...ce petit quelque chose qui est agrippé à la double hélice tapie au fond de l’atome qui a permis à ce bipède nu de survivre.

                            Ceci dit j’en suis à supposer, vous concernant, que vous disposez d’un logiciel qui saisit dans tout texte certains mots qui vous interpellent et vous font réagir. Votre logiciel interne probablement.
                            Ne voyez aucune attaque à ce dernier paragraphe et bonne soirée.


                             





                          • MICHEL GERMAIN jacques Roux 3 décembre 2009 22:05

                            Impasse Adam Smith dirait Michéa ;


                          • poubellelavie poubellelavie 3 décembre 2009 19:34

                            Raté pour le 1/4 d’heure philosophique de Mr Attali .
                            L’expression « altruisme intéressé » est un pléonasme et non pas un oxymore .

                            L’altruisme quel qu’il soit, est un acte égoïste .
                            L’altruiste trouve son compte dans l’acte généreux : reconnaissance sociale, bonne opinion de soi même , bonheur de donner du bonheur , acte de foi , plaisir du sacrifice etc .

                            Il faut ne jamais avoir été altruiste pour croire naïvement qu’il s’agit d’un acte désinteressé !

                             


                            • poubellelavie poubellelavie 3 décembre 2009 21:00

                              Merci pour la référence que ma culture en jachère ne connaissait pas :
                              « L’amour abstrait de l’humanité est presque toujours de l’égoïsme » (Dostoïevski)

                              Olivier de Kersauzon est également loin d’être « Idiot » :
                              « La générosité n’est qu’une distraction de l’égoïsme » ..

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