L’argent, les Méchants et les Sots
L’argent, l’argent…. Il faut vraiment qu’on soit bien bête ! La nature nous DONNE toutes les ressources, à charge pour nous de les transformer en ce que nous voulons. Il n’y a qu’un élément à ajouter : du travail. Pas de l’argent ; du travail … et rien d’autre. Transformer ce qui est en ce que nous voulons, c‘est ce qu’on appelle « produire ». Produire ce que nous voulons – en biens et services - c’est çà, la « richesse ». Seul le travail crée la richesse.
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Il fut un temps ou travailler signifiait surtout apporter l’énergie pour transformer. Maintenant, l’énergie vient aussi de la nature avec un apport minimal d’effort physique. Elle est donc essentiellement gratuite, elle aussi, comme toutes les ressources. Tout ce que la Terre nous offre est gratuit, tant qu’il y en aura, bien sûr… et si on s’y connaît un peu. Il n’y a donc qu’un élément significatif à ajouter aux ressources : la connaissance.
Connaître permet d’organiser, d’assembler et de transformer ce qui est et ce qu’on a en ce qu’on veut. Ainsi, ont répond à une demande et il se crée une valeur. Le travail permet de produire. L’argent ne produit rien, mais permet de faire le constat qu’une valeur est produite, d’en assigner commodément la propriété et d’en faciliter le transfert et l’échange..
Ceux qui ne comprennent pas ça sont des sots.
Il faut parler beaucoup d’argent, néanmoins, car le vrai défi n’est plus de produire, mais de se partager les biens et services produits. Au départ, chacun prend ce que sa force lui permet de prendre, puis quitte le festin. Apres les lions, les hyènes, puis les vautours Quand le monde s’est compliqué, cependant, toute force d’une quelconque importance a cessé d’être exercée par des individus pour devenir l’apanage de groupes. Des’alliances plus ou moins stables, mais qui n’étaient plus totalement précaires. C’est l’heure des babouins, des chimpanzés et autres espèces sociables. Il apparaît dès lors plus efficace de négocier entre primates plus futés. La politique naît, et on commence à parler de justice plutôt que de simple rapine.
Nous, humains, disons tous que nous sommes pour la Justice, mais nous écrivons en petits caractères que celle-ci peut être commutative, distributive, corrective et que sais-je, permettant ainsi de garder bonne conscience, tout en choisissant celle qui semble faire l’affaire de ces acceptions antinomiques, donnant à chacun selon ses besoins OU ses mérites… Cette discrétion garde les presque-sots avec soi et ouvre une avenue royale à l’entrée en scène des « Méchants »
Pour les fins du présent article, les Méchants sont ceux qui profitent des Sots. La technique la plus courante est celle qui paraît vénielle d’encourager les Sots à suivre ce qui semble leur penchant naturel… mais n’est que l’instrumentation perverse d’un caprice qui aurait pu rester en jachère si un Méchant n’avait pas rôdé par là… Tenez, rien de mal à chanter ; mais si vous êtes un corbeau et que c’est un renard qui vous y invite....
Rien de mal à se nourrir… Mais si, contraire des autres carnassiers, l’homme ne mange pas qu’à-plus-faim, mais a été amené à faire de la consommation son activité principale… Les Méchants sont passés par là. Lambda ne veut pas seulement beaucoup ; il veut PLUS. Indéfiniment. Ce qui fait de sa démarche une absurdité, puisque la SATISFACTION, au sens littéral d’avoir assez, n’est plus alors possible. En donnant pour objectif a la vie d’acquérir sans limites, de tout posséder et de consommer comme preuve de cette possession, on a créé les conditions pour en faire une éternelle bataille.
Notre civilisation occidentale, à qui on avait pourtant passé le message de « s’aimer les uns les autres » a été manipulée pour choisir la voie darwinienne de lancer tous contre tous en mode concurrence. Une toute petite minorité de psychopathes a ainsi pu transformer en un jeu a somme nulle entre humains, ce qui, essentiellement, aurait dû être leur collaboration, puisque ce n’est qu’en mode de collaboration que l’Humanité peut permettre aux individus de transcender ensemble leurs limitations et de s’émanciper ensemble des servitudes que leur imposent leur nature et la Nature.
L’acquisition, comme but de la vie, est une vision étriquée qui ne peut correspondre qu’à la phase primitive de l’humanité. C’est un pararadigme pour l’indigence, qui ne peut plus s’appliqur, maintenant que l’industrie a apporté l’abondance et la satiété
Pourquoi parler de sottise ? N’est-ce pas plutôt bien futé ? C’est que la sottise n’est pas dans cette astuce. Elle est en ceci qu’au contraire des autres carnassiers, l’homme ne manqe pas qu’à plus faim. Il ne veut pas seulement beaucoup, mais PLUS. Indéfiniment. Ce qui fait de sa démarche une absurdité, puisque la SATISFACTION, au sens littéral d’avoir assez, n’est plus possible. En donnant pour objectif a la vie d’acquérir sans limites, de tout posséder et de consommer comme preuve de cette possession, on a créé les conditions pour en faire une éternelle bataille.
Est-il bien naïf de penser qu’il en sera jamais autrement. Est-ce dire qu’on ne puisse espérer un partage plus équitable. De la richesse ? Au contraire ! Le temps travaille pour plus d’égalité et on y va tout droit., pour deux (2) raisons.
La première, c’est que la richesse collective croît avec l’efficacité d’une structure de production complexe où les tâches sont complémentaires, rendant opportune une plus grande division du travail… et augmentant le pouvoir de chacun dans une société où nous sommes tous interdépendants. A la limite, si chacun était indispensable nous serions tous égaux. Sans aller jusque-là, chaque pas dans cette direction favorise l’égalité et, au-delà de la démocratie, la valeur du CONSENSUS.
La seconde, c’est que l’abondance qu’a permise l’industrialisation rend triviale la consommation illimitée de biens matériels et, dans une économie de plus en plus tertiaire, rend l’investissement en équipements bien secondaire (en importance et en coûts) au capital immatériel que constitue la compétence . Or, celle-ci est indissociable de celui qui l’a acquise et donc INAPPROPRIABLE. On peut prétendre disposer de l’expertise d’autrui par des dispositions légales, mais cette disposition est précaire. Le pouvoir de celui qui SAIT par lui-même face a la collectivité augmente sans cesse.
La montée en puissance irrésistible de la compétence - un attribut du facteur Travail - face au Capital, est le phénomène social fondamental de notre époque. La hiérarchie du pouvoir est à basculer au profit d’un réseau dense d’intervenants. Complémentaires qui détruisent le contrôle des oligarchies du simple fait de leur indispensabilité. Ces travailleurs accèdent au pouvoir réel, parce que ce que peuvent offrir les oligarques n’est toujours que du matériel - dont l’ARGENT est le symbole - dans un monde où c’est l’expertise ad hoc, qui devient primordiale…. Celle-ci est immatérielle et ne peut être appropriée, capitalisée ni transmise,
La meilleure illustration de cette mutation est sans doute le pouvoir politique, devenu dérisoire face a un fonctionnariat qui administre à sa guise. Idem du pouvoir financier, qui n’est plus aux mains de ceux qui possèdent la richesse, mais de ceux qui en manipulent les symboles. C’est une situation explosive, car ceux qui, depuis la révolution industrielle, possèdent la richesse et le pouvoir qui s’y rattache par le contrôle des ressources et des moyens de production, ne veulent pas y renoncer….
Ceux qui possèdent tout ne veulent pas passer la main à des prestidigitateurs qui dominent par leur simple talent a faire apparaître des trillions d’une richesse virtuelle de pur consensus. Ils résistent à l’avènement des « experts » par un combat d’arrière-garde où tous les coups leur semblent permis.
Qui gagnera, du vieux pouvoir établi sur la propriété… ou des magiciens du virtuel qui leur contestent ce pouvoir en jouant sur les symboles ? Un bon indice de la fin de ordre établi basé sur la possession de richesse est l’outrance du recours à la corruption. On achète les consciences à n’importe quel prix, sachant que d’ici peu il n’y aura plus preneur pour cette verroterie que sont les instruments financiers. La guerre est en marche…
Passionnant, mais quelle qu’en soit l’issue, on sait que c’est une guerre entre « Méchants » pour y gagner le privilège de profiter des « Sots. « Tout changera pour que rien ne change…. Y a-t-il une autre voie ?
OUI… Celle de la révolte des Sots. Sans violence évidente, mais terrible. Si les Lambdas du monde décidaient d’apostasier de la religion du consumérisme, de vivre la Simplicité volontaire, de n’acquérir désormais que pour leurs vrais besoins et de ne plus thésauriser…. Ce serait la fin de la grande illusion de la croissance, la fin de l’arnaque financière, la fin de l’exploitation de tous par quelques-uns…. Mais notre société telle que nous la connaissons s’effondrerait en quelques semaines... Peut-être en quelques jours. Et nul ne sait ce qui lui succéderait…. Qui veut le tenter ? Il n’en tient qu’à vous...
Pierre JC Allard
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