L’astrologie : une femme...
Fleur capiteuse et subtile de l’Orient ancien ?
Courtisane cupide de l’Occident moderne ?
Il y a bien peu de temps, sur ce site, j’ai assisté à un véritable lynchage de cet art d’interprétation. J’ai vu se déchaîner les passions, proférer des stupidités, et se produire des projections négatives les plus variées.
L’ennemi héréditaire de la conscience et de la connaissance demeure le préjugé. Il occulte, dénature et détruit ce qu’il touche. Le préjugé investit dans l’objet considéré nos peurs, nos manques, nos souffrances, nos griefs, notre immaturité affective et intellectuelle.
André Breton, poète et romancier, mélangeait allègrement le marxisme avec les expériences les plus fantasques et irrationnelles. En cela, il m’intéresse, car il témoigne de la complexité de notre nature. Il disait ceci :
L’astrologie est, à mon égard, une très grande dame, fort belle et venue de si loin qu’elle ne peut manquer de me tenir sous le charme. Dans le monde purement physique, je n’en vois pas dont les atours puissent rivaliser avec les siens. Elle me paraît, en outre, détenir un des plus hauts secrets du monde. Dommage qu’aujourd’hui - au moins pour le vulgaire - trône à sa place une prostituée.
Esprit poète, fantaisiste par certains aspects, il émet un avis d’expérimentateur curieux et original, « c’est un artiste ! ». Seul, l’imaginaire à l’état brut invente un langage à des milliers d’années-lumière de celui de Descartes. Mais il faut compter avec ce dernier. C’est le grand écart intellectuel très inconfortable si l’on n’est pas sincère.
La science apporte son soutien logistique à l’imaginatif, un peu poète, qu’est le chercheur orientaliste que l’on nomme, à tort, avec mépris « l’Astrologue. »
L’Orient moderne et surtout ancien aurait-il démérité ? Lui sur lequel nous fondons notre culture et nos plus belles réussites humaines, artistiques, intellectuelles et scientifiques.
Le tort des astrologues modernes a été de répandre une astrologie dont ils n’avaient pas suffisamment fait la critique. Le tort des adversaires de l’astrologie est de juger celle-ci sur le mercantilisme et la prolifération des imposteurs qui en font abusivement commerce, ceci pour le bon sens et le mauvais sens populaire. C’est plus insultant chez les scientifiques qui accusent les astrologues d’en être demeurés à l’animisme, à la pensée infantile.
Cependant, un psychiatre C. G. Jung, utilisait l’astrologie dans ses diagnostics, il avait supposé et senti que l’unité du tout (et, donc, des êtres) ne pouvait être appréhendée en occultant "une bonne moitié" des fonctions structurant la psyché humaine, communément appelée irrationnelle. Il y voyait un rapport au temps, au présent et à la continuité, une imbrication subtile de différentes forces poussant le patient à agir d’une manière ou d’une autre. Selon lui, ces « énergies » ne pouvaient être dissociées des observations psychologiques immédiates.
L’homme ne peut pas se fragmenter en morceaux psychiques, le globalisme de la vie s’impose dans le milieu des chercheurs et des psychologues modernes. L’irrationnel règne sur notre inconscient, il alimente notre conscience. D’instinct, nos ancêtres possédaient cet état d’esprit. Nous tentons tout au plus une explication dans notre monde « scientifique », matérialiste et qui atteint paradoxalement l’intolérance.
Chez les scientifiques et adversaires de l’astrologie, nombreux appuient leurs jugements sur la caricature, on évoque, par exemple la précession des équinoxes et l’écart angulaire entre le zodiaque des signes et celui des constellations. Le premier est pure création d’esprit, fruit de l’imagination humaine, le second une réalité astronomique observable dans le ciel. Ce sont deux mondes différents, tout aussi respectables, mais dont les affrontements sont aussi infructueux que ceux de la théologie et de la philosophie.
L’astrologie perdure avec son symbolisme archaïque et, cela, malgré l’évolution des mentalités et des conceptions humaines, pourquoi ? Des religions aux proportions hallucinantes envahissent l’humanité. Pourquoi ?
L’opposé de la raison n’est pas la déraison, mais simplement le sentiment. Demandez aux femmes, elles vous parleront du sentiment. De cette fonction psychique est née l’astrologie. Ce monde existe dans sa complexité, il faut apprendre à le reconnaître et à l’apprivoiser, ce n’est pas en le ridiculisant ou en le niant que nous évoluerons.
A l’époque de la rupture entre l’astronomie et l’astrologie, Kepler et tycho-Brahé n’étaient pas tendres pour les charlatans, sans dénier par ailleurs l’influence astrale.
Ils rejetaient le déterminisme astrologique propre à la superstition.
« L’homme subit des influences, mais ne s’y abandonne pas nécessairement. »
L’astrologie peut faire l’objet d’une étude expérimentale, en dehors de tout préjugé doctrinal. Les bases astronomiques et géométriques de l’astrologie ne sont pas périmées, mais elles évoluent depuis toujours dans un autre ferment que celui proposé par la science officielle, la fonction pensée n’est pas l’unique outil de travail, elle s’adjoint celui de l’intuition et du sentiment et mêle l’affect à la rigueur scientifique.
Techniquement, l’ascendant et les secteurs zodiacaux sont le résultat d’une projection géométrique établie pour le lieu et l’heure de naissance, ils donnent la structure et la personnalisation du thème de naissance.
Les corps célestes de référence, du Soleil à Pluton, effectuent des révolutions qui se modifient sans cesse les unes par rapport aux autres. Seule, la régularité du cycle solaire relativement à notre calendrier annuel a donné naissance à l’astrologie populaire et demeure tristement sommaire. De ce fait, tout chercheur consciencieux en mesure les lacunes, les imperfections et les dangers d’utilisation fragmentaire.
Les aspects ou angularités planétaires nous parlent d’un ballet incessant dont le plus remarquable est celui de la Terre, de la Lune et du Soleil entre eux. Tout le monde en constate les effets électromagnétiques sur les plages de l’océan. Les fluctuations spectaculaires des marées en témoignent.
Les cellules humaines dans leur similitude avec l’environnement captent, enregistrent et interagissent avec le milieu ambiant. Chacun de nous entre en réaction selon sa nature.
L’éloignement des planètes n’est pas le critère retenu en astrologie, c’est celui de l’angularité qui s’impose, l’exemple est donné dans le mouvement du Soleil qui, par exemple, au début de l’année, malgré sa proximité de la Terre ne la réchauffe pas. Inversement, c’est vers le milieu de l’année, alors que la chaleur est à son apogée que notre globe se trouve le plus éloigné du Soleil. C’est à la verticale de la Terre que le Soleil est le plus chaud.
« Les signes zodiacaux représentent un mode d’être, un aspect de la psychologie du comportement, relativement aux mouvements de translation de la Terre autour du Soleil en une année. »
Les secteurs, les objectifs, le lieu d’élection, d’action et de réalisation, relativement aux mouvements de rotation de la Terre sur elle-même en 24 heures.
Lucien Malavard, prof. de sciences à la Sorbonne : « Je pense que les anciens ont fait en quelque sorte des sciences humaines avant la lettre par l’intermédiaire de l’astrologie. Ils ont ainsi bâti une classification des êtres, une manière d’y voir plus clair dans les comportements humains. Pour ma part, je serais tenté de situer l’astrologie à côté des sciences humaines, un peu plus loin... »
Lors d’une émission de Michel Polak, dans les années 80, étaient conviés sur le plateau du célèbre polémiste, des scientifiques, astronomes et astrologues pour débattre du bien-fondé de l’astrologie. Les deux invités « surprise » qui ne se connaissaient pas avaient le même thème astrologique. Nés à Chamonix, dates et heures identiques, le premier, un comptable discret, vivait maintenant dans une région de plaine, l’autre, René Demaison, l’alpiniste et aventurier solitaire vivait en affinité avec les cimes. Ces deux hommes n’avaient rien en commun, sauf l’essentiel. Le premier pratiquait le vol à voile, l’attirance pour l’immensité du ciel, le silence, la solitude ; le second invité, l’alpinisme, la conquête des sommets, la solitude, le silence, la quête du ciel et des espaces de liberté.
Il régnait une grande confusion sur le plateau. Dans ce climat d’affrontement verbal, aucun des débatteurs n’a vraiment remarqué le lien profond entre les deux invités. Dans un espace médiatique perturbé, comme sur le site d’Agoravox, par exemple, la communication fait quelquefois illusion... et l’on parle dans le désert.
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