L’autonomie intellectuelle comme rempart contre l’esclavage
La principale malédiction de l’humanité est son absence d’autonomie intellectuelle. La majorité des gens, aussi éduquée soit elle, est incapable de discerner ce qui est bon de ce qui est mauvais, ce qui est vrai de ce qui est faux, une démonstration rigoureuse d’un sophisme… Il y a plusieurs raisons à cela ; la première est que dans le domaine du bien et du mal, les choses sont relatives et se réfèrent à une norme sociale, parfois dictée par des textes religieux ou à défaut, par le droit, y compris par la coutume, mais il n’existe aucune référence absolue. Si c’était le cas, certains pays dit civilisés ne pratiqueraient pas de châtiments corporels, y compris la peine de mort. Mais une autre partie de cette incapacité procède de l’impossibilité pour une part très importante de l’humanité de classer sans une aide extérieure les informations qu’elle reçoit. Lorsqu’ils ne sont pas directement impactés par un événement, la plupart des gens attendent de savoir ce qu’en disent les « autorités compétentes », le plus souvent via les médias, avant de se positionner par rapport à cet événement.
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En ce moment, par exemple, les Français sont soumis à un stress informationnel sur plusieurs sujets : Est-ce grave de stocker de l’eau dans des « méga-bassines » pour irriguer les cultures pendant la saison estivale ? Peut-on encore raisonnablement installer des centrales nucléaires en France après Tchernobyl et Fukushima ? Est-ce grave de travailler 2 ans de plus ? Peut-on encore rouler en voiture à essence quand on voit les conséquences du réchauffement climatique ? Peut-on faire confiance à des soignants qui ont refusé de se vacciner pour protéger leur prochain ?... Le premier constat est que les médias ont des réponses plus coordonnées qu’il n’y paraît sur chacun de ces sujets, ce qui n’est pas surprenant dès lors que l’on connaît le milieu d’appartenance des propriétaires - peu nombreux - de ces médias et que l’on sait que chacune de ces questions est porteuse d’enjeux financiers.
Le deuxième constat est que la façon dont la question est posée oriente inévitablement la réponse. Selon l’angle d’approche choisi, le langage permet de défendre tout et son contraire, il suffit de raisonner par analogie plutôt que par syllogisme, afin d’entraîner la cible, c’est-à-dire le citoyen, sur un champs émotionnel capable de court-circuiter sa raison. Ce champ émotionnel sera le plus souvent celui de la peur, même si d’autres solutions, comme l’égo, restent efficaces. Ainsi, le titre de Capital : « dette : sans réforme des retraites, la France proche “d’un scénario à la grecque” ? » met en place un mécanisme astucieux et implicite, imprimé dans l’esprit des braves gens à l’occasion de la crise grecque : les médias agitent le risque d’une dégradation de la note française par les agences de notation (incapacité à réformer), ce qui entraînera une augmentation des taux d’intérêts alors même que notre bon président vient fort judicieusement d’augmenter la dette de notre bon pays de 30% et il ne reste plus qu’à évoquer les images de barricades brûlantes sur fond d’hôpital dévasté, de fonctionnaires réduits à la mendicité, de banques fermées, de retraités affamés, bref, l’exemple grec jeté en pâture aux populations ingrates d’être aussi bien gouvernées… Personne ne veut vivre ça, notre président est un sauveur, il nous évite le naufrage grec. Alléluia… Evidemment, toute personne qui verrait dans cette mécanique infernale autre chose que la marque du destin sera inévitablement affublée du sobriquet de complotiste, coup de semonce avant la mort sociale. Les braves gens subissent leur destin, les élites construisent le leur.
L’enrayement de ce mécanisme n’exigerait qu’une seule chose, qui fait malheureusement défaut chez la majorité des personnes : l’autonomie intellectuelle, la capacité à analyser froidement, de façon dépassionnée, la situation, de prendre le temps d’éclairer les zones d’ombres jusqu’à ce qu’il n’en reste plus et d’imaginer toutes les options possibles en réponse à une situation, sans se limiter à celle qui convient le mieux à ceux qui manipulent l’information. L'élaboration de ces options devrait s’inscrire, non pas dans une analogie douteuse et manipulatrice, mais dans un raisonnement étayé par les connaissances scientifiques du moment, mais aussi tempéré par les doutes de la science. Le simple fait d’écrire ça aujourd’hui mérite le label complotiste : « comment, vous imaginez que des gens manipulent sciemment les masses ??? » ; Non seulement je ne l’imagine pas mais je le sais. Dès que je mets les pieds dans un supermarché, je sais qu’il y a un complot pour me faire dépenser davantage que ce que j’avais prévu. Les milliardaires sont les propriétaires du supermarché mondial et les médias sont leurs prospectus publicitaires.
En théorie, il devrait être possible de faire confiance aux experts relayés par les médias mais en pratique, la triste réalité est que tout s’achète, y compris les avis autorisés, surtout lorsqu’ils sont porteurs d’enjeux financiers colossaux. La crise des opioïdes qui s’est soldée par plusieurs centaines de milliers de décès par surdose aux Etats-Unis, n’a pas pour origine le marketing agressif de certains laboratoires, qui ont d’ailleurs payé des milliards pour écarter les risques de poursuites, mais la falsification d’une étude scientifique qui concluait à l’innocuité de ces produits, à l’absence de dépendance à long terme, ce qui a permis à certaines agences fédérales de délivrer les autorisations de mise sur le marché. Accessoirement, ces agences ont également autorisé le vaxin COVID19. Voyons où cela mènera l'humanité ; certains poisons tels que l'amiante ou le tabac, mettent plusieurs dizaines d'années avant de produire leurs effets. Quant aux soignants soit-disant égoistes, on sait désormais que l'injection n'empêchait pas la transmission. N'étaient-ils pas simplement prudents ? Réponse dans 30 ans ! Peut-on faire confiance à une science liée à des intérêts financiers ? A chacun de se faire une opinion mais là aussi, la façon dont la question est posée oriente la réponse.
Enfin et pour conclure, certaines questions n’en sont pas. Elles servent uniquement à consolider le statut d’une information contenue dans la question, afin d’imposer cette information comme acquise. Avant de ramener la France à l’âge de pierre, est-il possible de discuter de l’impact réel du gaz carbonique - présent à un taux de 0,04% dans l’air - sur le réchauffement, par rapport aux autres causes possibles, sans forcément imposer la science à coup de matraque ? Toute personne qui oserait dire que la principale conséquence d’une augmentation du taux de CO2 dans l’air (je le rappelle, actuellement de 0,04% !) serait le verdissement de la planète, sera évidemment vouée aux gémonies ; quelques siècles plus tôt, elle aurait certainement été brulée sur la place publique, histoire de décourager le blasphème, car c’est bien de cela dont il s’agit : forcer les gens à croire les spécialistes, même lorsqu’ils ont perdu toute crédibilité, même lorsque l’analyse méthodique des faits leur donne tort. Mais qui est capable d’analyser les faits de façon méthodique et autonome ?
On pourrait développer davantage le sujet, en particulier avec les perspectives ouvertes par une IA potentiellement baisée, mais il est temps de conclure et chacun peut utiliser son cerveau pour identifier les scénarios possibles et comprendre où va une humanité dépendante d’avis autorisés, privée du droit de comprendre par elle-même. Inutile de convoquer, « 1984 », le « meilleurs des mondes » ou « soleil vert » pour tenter de convaincre les sceptiques de développer leur autonomie intellectuelle, ce serait contraire à l’objectif ! Mais chacun aura compris que le principal enjeu de l'autonomie intellectuelle, c'est la liberté.
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