L’aviation (11) : la photocopieuse chinoise tourne à plein régime
Il y a cinquante ans, c'était le Japon qui copiait tout ce que l'Europe ou l'Amérique fabriquait, notamment dans le secteur de l'optique et de la photographie : Minolta ou Nikon avaient accédé au devant de la scène à la place de Zeiss Ikon ou de Rollei. Aujourd'hui le Japon a perdu de sa superbe technoloqique : l'Ipod a supplanté le Walkman et la dette du pays est elle aussi abyssale (mais on en parle étrangement beaucoup moins. Les Chinois, si attentionnés à venir au chevet de l'Europe malade, font la même chose que le Japon au sortir de la seconde guerre mondiale : il copie à tout va : en astronautique, où ses vaisseaux ressemblent comme deux gouttes d'eau à des Soyouz, en aviation surtout, où les nouveaux modèles qui se suivent ressemblent à une sorte de patchwork de solutions expérimentées ces derniers années par les Etats-Unis ou l'Europe. Que cherchent à faire les chinois, je n'en sais rien : tout ce que je constate c'est que ses efforts en armement, depuis quelques temps, redoublent. Et cette accumulation de matériel ne peut être qu'inquiétant, aujourd'hui où des craintes profondes apparaissent sur la viabilité de certains projets US.
En janvier dernier, je vous parlais déjà du "F-22 Chinois", le Shengdu J-20. L'engin poursuit ses essais, semblant ne pas être un appareil destiné à la production mais plutôt une sorte de banc d'essais de solutions nouvelles. En attendant, il continue à faire la joie des "spotters" chinois, une nouvelle espèce, tant avant la moindre photo signalait la prison. Dans le jeu actuel des avions à prendre en compte, il pourrait néanmoins trouver sa place.
Je vous avais également déjà parlé du Shengdu J-10 (Vigorous Dragon), cet appareil datant de 1996 déjà, nettement inspiré par le Lavi israëlien, au point que l'on pense en effet que ce sont bien les plans du Lavi qui ont présidé à la gestation de l'appareil qui se répand désormais dans les unités : 150 volent déjà, pour 300 de commandés. Un appareil qu'a sélectionné le Pakistan, qui a vu sa version sortir de hangar voici deux ans déjà : avant remanié autour d'un radar de moindre dimension, aile à dièdre plus souple à l'emplanture et surtout modification radicale de l'entrée d'air avec un bossage emprunté à ceux du Lightning II américain au lieu d'une entrée d'air rappelant le Typhoon anglais : les appareils chinois non seulement paraissent bien conçus au départ, mais en plus ils vieillissent bien, preuve que les ingénieurs chinois sont à l'affût des innovations. L'engin, nommé J-10B, a de la ressource, au propre comme au figuré ; comme le prouve cette vidéo. On pense aussitôt à celui-là comme comparaison. Avecc un avantage que lui procure son "canard" avant : un décollage beaucoup plus court que l'enclume américaine.
L'engin commandé par le Pakistan semble avoir eu des difficultés ces trois dernières années, marquées par des crashs soigneusement évités dans les médias. Les pakistanais sont donc en train semblt-il de renégocier leur contrat qui prévoyait 26 appareils, en faisant ressortir les clichés des crashs, notamment celui de Guilin en 2007. L'appareil avait fini dans une rizière.
Les ingénieurs chinois semblent vouloir mettre les bouchées doubles, et vouloir passer leur production ancienne à la moulinette du renouveau. Ainsi le lourd chasseur-bombardier Xian JH-7 (Flying Leopard) d'attaque au sol, dont une version totalement remaniée semble avoir été aperçue récemment. L'appareil n'avait jamais montré pleinement satisfaction, et il y a peu, en octobre dernier, en plein meeting aérien, un exemplaire s'était crashé, le pilote, seul à bord ce jour-là, réussissant à s'éjecter au tout dernier moment. Après deux crashs similaires, on avait pu déterminer que l'appareil était victime de "stall", à savoir d'un perte de portance subite, qui rarement pardonne à faible altitude. Trop ancien, il était inutile de vouloir le modifier : d'où un tout nouvel avion qui pointerait le bout de ses ailes. Le nouvel appareil reprendrait les canons actuels de la furtivité, notamment un fuselage à coupe en losange, avec arrêtes vives médianes courant sur tout le fuselage, façon Lightning II. Là encore, un réel effort dans le dessin semble avoir été fait par rapport à la version précédent qui datait de...1992.
Les ingénieurs chinois semblent avoir fait beaucoup de progrès ces dernières années, surout depuis 2000. La raison : leurs scientifiques, certes, mais aussi leurs espions, aidés parfois par des coups du sort. Au Kosovo, le 28 mars 1999, un Nighthawk venu AF 82-806 Ho, venu de la base d'Holloman AB New Mexico s'écrase, victime d'un coup direct de missile tiré dus sol, ce qu'on pensait irréalisable. Les américains minimisent aussitôt, car cela signifie aussi que leur furtivité est du vent, ou ne repose que sur des valeurs de capacités de radar dépassées. Les premiers à arriver sur place pour voir l'épave sont les chinois. L'engin s'est écrasé à plat, sur le dos, et est complet ; le pilote, Ken "Wiz" Dwelle, a éjecté sa verrière à des kilomètres de là. "Des responsables des Balkans et d'autres experts militaires affirment que la Chine peut avoir glané des connaissances à partir d'un F-117 américain Nighthawk qui a été abattu au dessus de la Serbie en 1999. « À l'époque, nos rapports de renseignement ont dit que des agents chinois sillonnai ent la région où le F-117 s'était désintégré, en achetant des pièces de l'avion aux agriculteurs locaux », a déclaré l'amiral Davor Domazet-Loso, chef militaire de la Croatie pendant la guerre du Kosovo.
"Nous pensons que les Chinois ont utilisé ces matériaux pour avoir un aperçu des secrets ...des technologies furtives, en les désossant." Le Nighthawk a été abattu par un missile anti-aérien serbe lors d'un raid de bombardement, le 27 Mars 1999.C'était la première fois que l'un des combattants avait été touché, et le Pentagone a accusé une tactique intelligente et de la chance pure. Le pilote s'est éjecté et a été secouru. Un important militaire officiel serbe a confirmé que des morceaux de l'épave ont bien été enlevés par des collectionneurs de souvenirs, et que certains ont fini par « dans les mains des attachés militaires étrangers ».
Des parties de l'épave F-117, y compris son aile gauche, la verrière du cockpit, siège éjectable, un casque de pilote et sa radio, sont exposés au Musée de l'aviation de Belgrade. Zoran Milicevic, le directeur adjoint du musée, a déclaré : « Je ne sais pas ce qui s'est passé pour le reste de l'avion. Un grand nombre de délégations nous ont rendu visite dans le passé, y compris les Chinois, les Russes et les Américains ... maispersonne n'a montréd' intérêt à prendre une partie du jet. " Manque pourtant au musée l'aile droite, une bonne partie du fuselage et les réacteurs...
Les chinois ont-il à partir de là reconstituer un F-117 complet ? C'est possible, car un bien étrange cliché semblerait le confirmer : sur une base chinoise d'essais de radar, un fureteur de Google Earth a trouvé un clone complet, ou ce qui pourrait être un "plastron", une maquette destinée à tester les capacités des nouveaux radars. Le F-117, promis à un si bel avenir, avion certes difficile à piloter et à capacités d'emport de bombes faible (deux seulement !) a été retiré brusquement du service le le 21 avril 2008, en réalisant la plus courte carrière des avions récents de l'Air Force, pour les 59 appareils construits seulement (il a été mis en service en 1982, et n'a été révélé que 6 ans plus tard).
Son retrait qui ne devait avoir lieu qu'en 2018 avait intrigué : soit les américains avaient mieux, mais on ne l'a toujours pas vu, soit ils avaient jugé qu'il était désormais inutile car repérable par les radars adverses : avec la divulgation de la photo, on penche désormais pour la seconde solution (s'y mêlent les problèmes budgétaires du F-22 dont le développement dévore les budgets). Les avions ont été broyés à la pelleteuse ! A partir de l'aile empruntée et des divers morceaux subtilisés au musée de Belgrade, le chinois ayant vite compris de quel nid d'abeilles métallique cette aile été constituée. La texture mise au point pour le XB-70, la constuction des ailes ayant beaucoup empruntée à celle... des frères Horten. Le F-117 avait été construit bien traditionnellement, seul son facettage et sa peinture externe le protégeait : elle fait il est vrai plusieurs millimètres d'épaisseur, comme on peut le voir sur l'appareil capturé.
Le F-22 actuel doit encore plus de 50% de sa furtivité à sa peinture spéciale : une fois un morceau obtenu, on peut donc faire rapidement son analyse : on comprend mieux, en dehors de ses déboires actuels d'alimentation en oxygène, pourquoi le bazar ne sort jamais en opérations extérieures depuis sa création : peur de se voir piquer sa recette de peinture, la plus chère du monde au kilo.
Sur les vestiges de Belgrade, le remplissage de mousse des ailerons est aussi clairement visible.
Se faire piquer par une horde de monstres, des appareils chinois qui sont des copies véritables de Sukkhoi Su-27 Flanker, la plus formidable plateforme volante sortie aux temps où les budgets de kérosène ne plombaient pas les états majors. L'avion original a volé avant les années 80. Un avion au radar régulièrement modifié et aux capacités de vol étonnantes connues depuis les figures en show aérien de ses pilotes d'usines, inventeurs d'une nouvelle figure pour l'un des plus talentueux : le célèbre Cobra de Pougachev. Les chinois ont d'abord acheté à partir de 1996 des Su-30MKK Flanker-G, des Su-30MK2 et des SU-30MK3 à la russie... puis, ayant trouvé que c'était l'appareil dont ils avaient besoin, ont arrêté les achats... le temps de copier les exemplaires et de faire le leur, appelé J11. En 2008, la russie intenterra bien un procès à la Chine pour la copie de son Sukhoi Su-27SK, car elle leur privait d'un marché, la Chine proposant son avion au Pakistan. A cette date, il n'y a toujours pas eu de réponse de la part de la Chine.
L'avion, copié au boulon près, est devenu un formidable produit à l'export, les chinois le produisant à plus bas coût : ils n'ont en rien investi dans son développement à l'origine : c'est le syndrome Minolta qui recommence. "Selon l'accord de 1996, la Chine avait le droit d'assembler 200 chasseurs Su-27SK sous la marque locale J11. Cependant, après avoir reçu 95 kits et 180 de moteurs AL31F, Pékin en Novembre 2004 a notifié à Moscou qu'il n'y a plus besoin des kits russes pour l'assemblage de chasseurs Su-27, en disant que les capacités de combat du chasseur étaient très limitées et que d'autres mesures seraient prises après l'analyse de l'expérience de production par des experts chinois, a indiqué le journal". En fait, le refus d'achat supplémentaire cachait une belle entourloupe. "Il semble que l'analyse a été réussie, car au début de 2007, la Chine a dévoilé son propre développement du chasseur J11B, rappelant étrangement le Su-27", le quotidien signale. Maintenant, Moscou semble avoir complètement arrêté les livraisons de moteurs. Le radar embarqué Zhuk est l'un des modules problèmatique pour la Chine depuis le début car il a été fourni avec des capacités de combat limitées, indique le rapport " (c'est classique en fait : les avions sont toujours bridés à l'export).
« Ce qui irrite Moscou, le plus est que l'accord de 1996 ne permettait la ré-exportation du J11 à des pays tiers, et maintenant, Pékin est tout occupé à la recherche de marchés pour ce chasseur. En premier dans la file d'attente est le Pakistan, "qui dit aujourd'hui que la Chine construirait près de 5 000 chasseurs J11B". Compte tenu de leur bas prix, les chasseurs J11B peut effacer non seulement battre le Su-27, mais aussi les MiG-29 et F-16 américains sur les marchés du Tiers-Monde. " Les pilotes pakistanais s'essaient déjà au pilotage de l'appareil, comme le révéle la photo ci-contre. La propagande de vente aux airs martiaux peut se mettre en marche. Des rangées de casquettes inquiétantes peuvent l'applaudir. Le 28 juin dernier, c'était deux engins comme ceux-là qui partaient à la poursuite d'un U-2 ayant décollé de Formose (dans l'article le relatant, la photo n'est pas la bonne !).
La collaboration Chine-Pakistan battant son plein avec un appareil particulier, une sorte de F-16 à bas coût construit en coopération, le JF-17 appelé Chengdu FC-1Xiaolong chez les chinois. L'appareil ne semblant pas donner toute satisfaction est l'objet de remaniements et de modifications diverses, la dernière en date étant l'adjonction d"une deuxième dérive de queue. L'engin a volé la première fois le 3 septembre 2003, cinq ans après la signature du contrat avec la Chine, ce qui montre des retards évidents, notamment pour l'avionique et le radar (les français seraient sur les rangs pour le premier). Au final, l'avion resterait très économique, car vendu 15 millions de dollars pièce, ce qui, à ce jour est imbattable, même avec de vieux F-16 reconfigurés. La variante avec double queue serait en voie de développement avancée, l'appareil ayant été vu en cours de tests, comme montré ici en tête de chapitre.
Mais aussi avec une autre copie encore, celle d'un Awacs maison, construit à partir d'une cellule d'Antonov 12 amélioré. Encore un clone, réalisé à partir de l'étude de l'Orion capturé en 2004 par les chinois, désossés et rendu remonté... tous les moyens sont bons pour copier, mais là les chinois avaient mis le paquet ne perdant un de leurs avions, littéralement parti à l'abordage de l'aile de l'avion américain qui avait dû se poser accidenté. Un épisode qui avait considérablement envenimé les relations Chine-USA.
Lassés d'être régulièrement "inspectés" par les Awacs et les U2 américains partis de Taïwan, les chinois avaient résolu de frapper fort.
Il reste deux autres avions encore, dont on ne possède que fort peu d'éléments, et sur lesquels je reviendrai très certainement un jour où l'autre : les chinois disposeraient déjà de leur clone de B-2, et disposeraient aussi d'un bombardier plus petit, du genre de l'A-12, l'Avenger abandonné par l'US Navy dans les années 80, un des avions parmi les plus surprenants et des plus élégants jamais dessinés.
On avait pu admirer sa maquette de bois, dont d'aucuns disent qu'elle n'aurait été divulguée que pour faire taire les rumeurs d'OVNIS en forme de triangle observés dans la région où il aurait dû être testé. De fortes spéculations demeurent sur l'existence d'un avion équivalent mais non encore dévoilé dans l'arsenal US. Et comme les chinois copient décidément tout, nous n'avons pas beaucoup été étonnés non plus de décourir qu'ils s'affairaient autour d'un drone ressemblant fort au Predator : là encore, c'est sans surprises : avec le taux élevé de drones US tombés en panne et crashés un peu partout dans le monde, ils disposent de suffisamment de pièces de puzzle pour en reconstituer un complet ! Et comme les américains en mettent essentiellement deux en circulation, chez eux, c'est exactement pareil : il existe un double de Predator et un double de Global Hawk comme le montrent les deux clichés mis côte à côte.
Bref, on le voit ; l'armement dans le secteur aérien de la Chine est en passe de devenir assez phénoménal pour qu'on puisse s'en inquiéter. Les programmes de développement militaires tournent à plein régime, alors face la situation économique risque dans les semaines qui viennet de faire abandonner la mise en place du F-35, la énième danseuse de l'Air Force qui montrera ainsi son chant du cygne : son F-22 est un échec patent, il n'a pas les capacités énoncées et sa fragilité de conception l'obligent à ne pas être utlisé intensivement : des criques sont déjà apparues sur la structure centrale ! A ce rythme là, l'aviation américaine ne sera plus que l'ombre d'elle-même dans fort peu d'années maintenant : en face, l'armada chinoise sera impressionnante. Que nous préparent donc les chinois ? Espérons que ce ne sera pas un conflit militaire : ils ne peuvent à ce ryhme que le gagner, quel que soit l'adversaire. Un cosmonaute chinois foulera bientôt la surface lunaire : ce jour-là, on saura qui est désormais le nouveau maître de la planète. Visiblement, ce n'est déjà plus ni les USA, ni la Russie.
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