L’Etat au service de la Nation
Il serait malaisé de définir la Nation, qui n’est ni l’Etat (dont la définition, simple, comprend trois éléments : un territoire, une population, une souveraineté) ni le Peuple (Depuis la Révolution, la distinction est claire). L’idée de Nation est supérieure à celle d’Etat puisque la légitimité du second trouve sa source dans la souveraineté de la première. La conséquence logique à en tirer est que l’Etat doit se mettre au service de la Nation.
Partie 1 : Les objectifs :
Voyons d’abord en quoi l’Etat, dans les trois composantes qui font sa définition, pourrait mieux servir la Nation.
1 - L’Etat et la souveraineté :
- On peut dire que l’Etat n’a jamais incarné la Nation. Il a toujours été issu des urnes qui mènent à la victoire (souvent cupide ou revancharde) d’un camp politique sur l’autre. Comment s’étonner, dès lors, de l’irresponsabilité des discours de campagnes, de leur médiatisation à outrance, de la lâcheté des gouvernements (préoccupés par les échéances) devant des réformes nécessaires qui exigent courage et durée ? Les deux camps se renvoient perpétuellement la faute de ce qui va mal et s’affrontent par voie de démagogie, de populisme, de mensonge, dans l’unique but de prendre ou de conserver le pouvoir. L’Etat, dans les pires exemples qu’il donne, n’assume en rien ses obligations envers la Nation en servant une caste ou en se dépensant en rivalités de clans.
- Dans ces combats de Gaulois teintés d’idéologies, seul un homme a le devoir de se placer au-dessus des factions : le chef de l’Etat qui s’efforce de se poser en arbitre. Ce pavois dédouane les soixante millions de compatriotes qui se permettent ainsi de se livrer à leurs querelles incessantes et de s’invectiver avec les pires arguments.
L’Etat est dépositaire de la souveraineté nationale. Cela signifie aussi qu’il ne peut abdiquer cette charge en jetant les armes devant les lois de l’économie de marché ou de la technocratie européenne.
2 - L’Etat et la population :
Ce n’est pas du Peuple qu’il s’agit ici. Le Peuple se définit couramment par référence aux castes dirigeantes. Dans un autre sens, il a à voir avec la légitimité des gouvernants. C’est ainsi qu’on l’entend dans le principe du "Gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple ".
Il s’agit ici de population, dans l’acception démographique et même biologique du terme qui ne s’applique pas qu’à l’espèce humaine. Que voit-on ? La société française est trop morcelée, atomisée. Il est urgent que l’Etat reconstitue la Nation (comme on parle de familles recomposées) en la défragmentant, en la cimentant d’une identité nationale rénovée. Il y a bien sûr le cas délicat de la population migratoire. S’il faut qu’une proportion de cette population d’immigrants soit choisie et non subie, cela ne doit pas participer d’une démarche strictement utilitaire et économique, ni seulement élitiste. Et l’Etat doit respecter scrupuleusement les droits de l’homme aux frontières et sur son territoire.
3 - L’Etat et le territoire :
- Il y a eu les décentralisations, et c’était nécessaire. Mais l’Etat doit penser plus loin sa politique d’aménagement du territoire. Les banlieues, trop souvent négligées, sont devenues des "ceintures d’insécurité" autour des centres protégés, repliés et inquiets. Il faut oeuvrer pour que ces territoires se vident de leur morbidité et de leurs trafiquants et s’emplissent de vie, de citoyenneté, de sécurité et d’humanité.
Une attention particulière doit être portée par l’Etat aux DOM TOM et à certains territoires tels que la Corse.
Partie 2 : Les moyens :
1 - Un Etat plus démocratique :
La démocratie est le moins mauvais des systèmes. Cette célèbre citation est l’aveu qu’il faut l’améliorer. Elle doit s’appuyer sur des citoyens et non pas manipuler des électeurs, encore moins dériver vers une démocratie d’opinions (sondages et médias). Par ailleurs, la démocratie ne se convoque pas ; elle doit vivre une vie permanente en dehors de toute échéance électorale. (cf : la proposition ci-dessous d’une troisième chambre parlementaire)
2 - Un Etat non confisqué :
Le jour où l’Etat ne sera plus confisqué par les énarques, et que l’on aura admis une certaine déprofessionnalisation de la politique et la participation active des citoyens au sein d’une troisième chambre, ce jour-là l’Etat sera l’affaire de tous et fera corps avec la Nation. Et l’Etat sera plus juste.
3 - Un Etat plus responsable :
- L’Etat c’est qui ? Ce sont les dirigeants politiques, les fonctionnaires et les militaires. Or, le statut précaire du mandat des premiers et le statut surprotecteur des autres, ne favorisent pas assez l’esprit de responsabilité. L’Etat doit être modernisé.
- Sur le plan de la dette publique, l’Etat se montre irresponsable depuis 25 ans. Les autres pays européens ont mis en œuvre une politique de réduction de leur dette saisissant l’opportunité de l’écart de croissance positif entre 1996 et 2000 et des faibles taux d’intérêt. Pas la France. Résultat, elle est passée de la 3ème place des pays européens à la 9ème entre 1996 et 2000. A Chaque problème en France, le gouvernement répond par l’annonce d’une dépense nouvelle. Il est temps que soit instituée l’obligation pour l’Etat (et pour l’Opposition lorsqu’elle présente son programme) de prévoir pour toute dépense nouvelle engagée une réduction ou une suppression d’autres dépenses par principe de compensation, afin de mettre un terme à cette pratique dangereuse. La baisse de la dette publique peut être obtenue par des efforts soutenus (au-delà des alternances politiques) mais sans brutalité, avec modération par comparaisons régulières avec les niveaux de nos voisins européens.
- Une réforme institutionnelle de l’Exécutif s’impose, peut-être une VIème République, qui rendra le premier représentant de l’Etat responsable politiquement et pénalement.
4 - Un Etat plus efficace :
- Ni plus ni moins d’Etat mais un Etat plus efficace. Cela passe par la modernisation de la gestion. Cela passe aussi par une politique dépassionnée idéologiquement : la Gauche doit admettre l’économie de marché, et la Droite la nécessité de la justice sociale. Gouverner autour du Centre serait la voie la plus sensée. Le centre n’étant cependant pas une ligne immuable, il peut inclure des réformes d’influence libérale ou d’influence socialiste lorsque l’intérêt de la Nation l’exige.
- La réforme du Parlement ne peut être évitée. Cela peut passer par la levée des blocages que constitue la pratique trop fréquente du vote bloqué (qui devrait être limité par la constitution) et du recours aux ordonnances, et l’abus des amendements par l’Opposition (leur nombre devrait être limité également). Toute impasse constatée des débats devrait entraîner ipso facto une levée de la séance jusqu’à retour au calme des députés. Les lois nouvelles promulguées devraient prévoir automatiquement l’abrogation des textes antérieurs pour cesser la superposition inextricable des règles en vigueur. Les dispositions de la loi non suivies de décrets (quand la loi renvoie à des décrets d’application) doivent être caduques au-delà de délais spécifiés ; une procédure d’avertissement contraignante à l’adresse du gouvernement doit pouvoir être enclenchée avant le terme prévu.
En
conclusion,
Le pragmatisme aujourd’hui est d’exclure l’idée selon laquelle l’Etat devrait se retirer complètement et laisser faire l’économie de marché. Cela serait inopportun et même criminel envers les plus faibles, en une période de crise profonde, de crainte de l’avenir, de précarité, d’insécurité où justement l’Etat doit jouer son rôle et servir la Nation. Mais la dette publique est telle aujourd’hui que les investissements majeurs (enseignement supérieur, recherche, investissements publics) ont stagné ou baissé. Ce serait donc se leurrer que de rêver à l’Etat-providence. Un grand débat national doit s’ouvrir au-delà de toutes les divisions en vue de réfléchir ensemble aux solutions, pour que vive la Nation !
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