L’Etat et la banque
La confiance est la clé
Alors que les Etats ne peuvent plus produire la monnaie librement pour causes inflationnistes, alors qu'ils doivent désormais emprunter aux banques ils ne parviennent pas à s'en sortir. Existe-t-il un troisième chemin ? Comment en sommes-nous arrivés là ?
I. Comment le système économique mondial a dérapé
1. Début du troc, répartition politique des terres, création des unités de compte et développement du commerce.
2. Premiers grands marchands. Remise en cause du pouvoir du prince. Création de l'impôt ; Utilisation des trésors comme réserve de richesse du pouvoir.
3. Invention de la monnaie frappée sous contrôle public à court légal. Inflation monétaire causée par des dépenses militaires.
4. La richesse mobilière se développe plus vite que celle liée à l'exploitation des terres. Début des grands échanges internationaux, sans taux de change établit. Remise en cause du pouvoir du prince : création de la banque d'émission de billet. Réquisition de trésors. Le public réagit par peur en se tournant vers l'orfèvre pour mettre les biens en lieu sûr. Il les échange contre un certificat.
5. Les certificats circulent plus vite que le stock de l’orfèvre. Il commence à acheter et à prêter de la monnaie. Tout n'est plus question pour ce nouveau banquier de contrôler les réserves, ses capacités d'émission, le taux d'intérêt, et les dépôts. La monnaie est désormais contrôlée par des privés qui développent l'industrie.
6. Les banquiers prennent le pouvoir. Ils forcent les Etats à leur emprunter de la monnaie plutôt que d'en créer. Fort rejet des politiques inflationnistes (qui diminuait la valeur des dettes).
7. Les réserves se concentrent par principe capitalistique. Les billets sont échangés contre de l’or et les devises se mélangent. Trucage des réserves et des taux de change.
8. Etablissement d’un change fixe. Création de l’impôt sur le revenu, et la TVA (qui servent d’abord à payer les dettes).
9. Les banques commencent à contrôler profondément les économies mondiales et établissent des modèles mathématiques. Création du système de banque centrale (les devises ne se mélangent plus). Etablissement de changes flottants. Création du Fonds Monétaire International (organisme privé qui doit réaliser des bénéfices en prenant possession des dettes d’Etats).
10. Explosion des échanges internationaux. Le système bancaire est supranational et les banques jouent avec les économies dans un système, qu’ils ont créé, d’une complexité que les économistes fantasment de contrôler (et ils démontrent leur impuissance en créant leur propre complexité fiscale – une farce à l’échelle mondiale).
11. Explosion des produits dérivés (dont la complexité des marchés monopolise la majorité des cerveaux) et des échanges de titres avec une recherche de rentabilité de plus en plus grande. Les pratiques les plus importantes sont les Credit Default Swap (CDS - assurances dont la valeur augmente une fois échangées avec la probabilité de faillite du sous-jacent) et les Leverage Buy Out (LBO - gros prêts destinés à faire prendre possession d'une entreprise et impliquant des coupes drastiques dans les coûts - notamment les salaires - et des augmentations de prix pour pouvoir être remboursés). Aucune politique libérale ne peut empêcher ces pratiques.
En fait la peur de la banque s'est substituée à la peur de l'Etat qui s’était substituée à la peur du privé. Aujourd'hui le peuple et les banques sont en guerre pour le pouvoir. Les banques ont clairement pris l’ascendant.
Le système économique doit être repensé. Toute autre réforme n'est que bricolage.
II. La fumisterie politique
Le revenu salarial diminue sans cesse face au revenu du capital et l’inégalité des richesses devient inacceptable. Des pays entiers sont étouffés tandis que lorsque les banques, qui concentrent les plus hauts salaires et revenus du monde, chutent, les Etats doivent les sauver. Les économistes ne parviennent pas à établir un modèle de libéralisme socialement viable et aucune politique économique n’est maîtrisée.
Et alors que tout ceci n’a rien d’une fatalité, tout ce que nous proposent les politiciens aujourd'hui sont des politiques monétaires dangereuses (non conventionnelles), des politiques d'austérité budgétaire injustes, ou encore aujourd’hui des promesses fumeuses pour nous faire croire le contraire.
Voir les "principales avancées" du G20 du 15 et 16 Février 2013 rapportées par l'expansion.com :
"
Les grandes puissances du G20 se sont engagées samedi à Moscou à ne pas sombrer dans une "guerre économique", en écartant toute stratégie monétaire aggressive et en semblant lâcher un peu de lest sur la rigueur budgétaire, de plus en plus accusée de plomber la reprise mondiale. [Voyons ça !]
MONNAIES
"Nous renouvelons nos engagements à progresser plus rapidement vers des systèmes de taux de change davantage déterminés par les marchés et vers la flexibilité des taux de change, afin que ceux-ci reflètent les fondamentaux, et à éviter les désalignements (NDLR divergences) persistants de taux de change, et dans cette optique, à travailler en plus étroite collaboration les uns avec les autres de manière à croître ensemble. (...) Nous nous abstiendrons de procéder à des dévaluations compétitives. Nous ne fixerons pas de taux de change à des fins de compétitivité."
POLITIQUE MONETAIRE
"La politique monétaire doit viser la stabilité des prix domestiques et continuer à soutenir la reprise économique, en conformité avec les mandats respectifs."
DEFICITS
"Les économies avancées élaboreront, d'ici le sommet de Saint-Pétersbourg (en septembre, NDLR), des stratégies budgétaires de moyen terme crédibles (...). Des plans crédibles de consolidation budgétaire à moyen terme seront mis en place et exécutés en tenant compte des conditions économiques à court terme et des marges de manoeuvre budgétaires là où elles existent."
SITUATION ECONOMIQUE
"Les risques les plus extrêmes qui pesaient sur l'économie mondiale se sont réduits et la situation s'est améliorée sur les marchés financiers. (...) Des risques importants persistent et la croissance mondiale est encore trop faible, avec un chômage inacceptablement élevé. (...) Il est nécessaire de poursuivre l'effort en cours pour construire une union économique et monétaire plus forte dans la zone euro et pour lever les incertitudes liées à la situation budgétaire aux Etats-Unis et au Japon, ainsi que de développer les sources internes de croissance dans les économies en excédent."
FISCALITE
"Nous sommes déterminés à définir des mesures pour répondre aux enjeux d'érosion des bases et de pratiques d'optimisation fiscale, à prendre des actions collectives nécessaires et nous attendons le plan d'action complet que l'OCDE nous présentera en juillet".
SYSTEME BANCAIRE
"Nous demandons instamment à toutes les juridictions d'adopter la réforme de Bâle III aussi promptement que possible."
FMI
"Nous nous engageons, conjointement avec l'ensemble des membres du FMI, à obtenir un accord sur la formule des quote-parts et à finaliser la 15e revue générale des quote-parts d'ici à janvier 2014. (...) Nous réaffirmons notre engagement à nous assurer que la distribution des quote-parts reflète mieux les poids relatifs des membres du FMI dans l'économie mondiale"
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Tout ce que nous proposent les politiciens est de faire en sorte que le système actuel fonctionne (du moins à court terme et surtout en libéralisant d'avantage les marchés financiers et sans autre action concrète). Mais le changement à opérer est bien plus profond...
III. Le nouveau système à mettre en place
Les banques peuvent être responsabilisées vis-à-vis des politiques monétaires et les politiques budgétaires des Etats peuvent être rationalisées grâce à la création d'une "nouvelle partie" dans la circulation de la monnaie répondant à la crise de confiance entre le peuple, l'Etat et les banques.
La "Centrale d'Emploi"
Une interface d'échange entre les Etats et, de haut en bas, les banques, les entreprises et les travailleurs
Les plus gros salaires assurent fortement un flux continu aux classes plus basses et les petits salaires, faiblement les classes plus hautes, de façon à ce qu’au final tout le monde soit assuré à même hauteur en absolu. Bien sûr l'Etat devra moduler l'accès aux aides. La taxe totale est estimée entre 40% et 50% de tout revenu (pas de TVA, ni charge patronale ou autre fumisterie).
Un taux d'intérêt social estimé entre 1% et 3% est à financer avec les prêts des banques (et obligatoirement dû à l'Etat).
Une banque n’est pas une entreprise comme les autres et si elle doit demeurer privée elle n’a cependant aucune légitimité pour pouvoir étrangler un Etat. En fait la monnaie appartient au peuple et la banque ne produit pas de monnaie, elle la fait circuler, simplement.
Avec la "Centrale d'Emploi" la politique économique connaîtra désormais quatre composantes : la taxe publique, la taxe sociale, l'intérêt privé et l'intérêt social, tout simplement. Entre faire produire directement la monnaie par l'Etat et lui faire emprunter sa monnaie, il existe un 3ème chemin. Un chemin qui règle bien des histoires.
La Centrale d'Emploi veut créer le système d'Etat assurance, en responsabilisant le peuple, et de banque sociale en responsabilisant la banque (la monnaie et l'association humaine sont avant tout une affaire de confiance et donc de redistribution de responsabilité). Le public n'a plus de dette et évolue parallèlement au privé qui peut se libéraliser complètement car socialement responsable. Ce système permet d’équilibrer tous les comptes, de rationaliser les politiques économiques des Etats et d’empêcher la prise de contrôle du monde par des organismes privés (tout en permettant une économie libérale socialement viable).
L'Europe est la seule organisation au monde capable de contraindre le système monétaire mondial à se réformer. Mais l'Europe doit se mettre en place sous forme d'une confédération (dont la constitution de base et inaliénable est la Centrale d'Emploi) laissant aux Etats membres une souveraineté totale notamment en terme d’échanges internationaux et de budgets pour l'énergie, l'information, l'éducation, la défense, la famille, la santé, l'immigration, l'agriculture, la justice, la culture, le logement et l’assistanat.
S'engager pour la Centrale d'Emploi s'est s'engager pour un programme politique juste et simple :
Pour :
La responsabilité sociale des banques
Le travail solidaire
La rationalisation des politiques budgétaires
La confédération européenne
L'identité nationale
Contre :
L'asservissement des Etats par les banques
Les politiques d'austérité budgétaire
Les politiques monétaires dangereuses
La fiscalité inégalitaire
Les directives européennes
"Si tu veux aller vite, vas-y sans eux. Mais si tu veux aller loin, vas-y avec eux."
Vieux proverbe africain.
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