L’euthanasie sera prochainement autorisée et légalisée
Ne prenez pas cette annonce comme un scoop journalistique ni comme une information émanant de sources autorisées. La légalisation prochaine de l’euthanasie n’est pas datée mais s’inscrit comme une évolution incontournable de notre société que seule une régression, comme on en a vu pendant les sombres périodes de l’histoire, peut enrayer. La question de l’euthanasie est à la foi d’ordre juridique et philosophique au sens moral ou éthique. Une question qui, si elle est bien posée, reçoit une réponse nette et tranchée, sans appel. Qu’est-ce l’euthanasie ? Le point de départ, c’est le droit de toute personne à mettre fin à ses jours. Ce droit, évidemment, tout individu peut l’exercer sans demander l’autorisation à quiconque et sans qu’il ne soit inquiété par la justice, cas évidemment envisageable en cas de suicide raté. Hélas, beaucoup de gens passent à l’acte lorsqu’ils n’ont plus la volonté de vivre, pour diverses raisons et le plus souvent, à cause d’un manque d’accroche à l’existence qui n’est pas causé par une maladie corporelle. Le cas de la dépression étant particulier. L’euthanasie diffère du suicide dans la mesure où cette pratique, si elle consiste à mettre fin à une vie, nécessite la mise en place d’un dispositif médical censé aider le patient à mourir avec un traitement lui permettant de souffrir le moins possible. Et le contexte physiologique est particulier. Un patient décidant d’être euthanasié le fait, dans l’esprit d’une éventuelle législation, parce que son existence est condamnée et que le peu qui lui reste à vivre, il le juge comme étant une souffrance et pour le dire avec l’essentiel, une tranche de vie qui ne mérite pas d’être accomplie et qui si elle l’est, c’est grâce à des moyens artificiels qu’il est libre de refuser, au même titre qu’on refuse de posséder un véhicule ou d’utiliser un téléphone mobile. L’homme a pour destination la plus noble d’être libre et de décider de son destin, y compris quand il faut mettre un terme à sa destinée.
Alléger les souffrances entre dans les missions du corps médical. A cette mission s’oppose une autre mission qui est celle de préserver la vie et c’est sur ce point que les opposants à l’euthanasie se basent. Cela étant, la médecine sauve des tas de vie mais c’est en supposant, en toute légitimité, que chaque individu atteint par un mal à la volonté de vivre. Ce qui parfois donne des résultats très profitables quand le rétablissement permet une existence viable, mais en de rares cas, conduit à des situations calamiteuses que l’on ne commentera pas. Dans ce contexte idéologique, la morale intervient et les opposants à l’euthanasie ne parviennent pas à concevoir que cette médecine qui sauve puisse assister la volonté d’en finir. D’où la dénomination quelque peu fallacieuse de suicide assisté. Ce qui, en brandissant quelques poncifs moraux interdit tout débat et règle l’affaire. Mais un philosophe saura déceler le sophisme bien ficelé, mettant à jour un autre aspect sur la liberté de la personne ainsi que l’esprit des opposants à l’euthanasie qui dans leur discours, dénient à une personne sa liberté de mettre fin à ses jours en ayant une aide médicale qui s’avère toute légitime puisque la vocation de la médecine est de soigner, guérir, tout en allégeant les souffrances. Il faut dire que question souffrance, le corps médical français traîne pas mal de casseroles. Est-ce un atavisme lié au dolorisme catholique ? Toujours est-il que les institutions médicales n’ont pas été très spontanées et volontaires dans le traitement de la douleur et la prise en compte des souffrances du malade. Certes, les progrès en la matière sont maintenant avérés, suite notamment au renversement salutaire de l’idéologie lié à l’hédonisme généralisé. Mais une fin de vie se décide et le débat éthique est loin d’être éteint, même si les Sénateurs ont voté avec la volonté de l’exécutif, contre l’avis des propositions émises par des représentants éclairés du peuple dont quelques-uns honorent cette institution si décriée que sont les francs-maçons, bien présents dans cette affaire.
L’euthanasie finira par être autorisée et bien évidemment et heureusement, encadrée par une loi. Les opposants à l’euthanasie sont les ennemis de la liberté. Leurs arguments sont des arguties. Comme le prétexte selon lequel une personne affaiblie ne saurait décider en toute clarté de son destin et pourrait se tromper. C’est le même argument que les opposants à l’avortement présentaient lorsqu’ils envisageaient qu’une mère puisse regretter son geste. D’autres pointent les éventuels abus mais qui a décrété qu’un droit devrait être refusé au nom des abus qui pourraient en résulter. En ce cas, il faudrait supprimer la plupart des droits, y compris celui à la santé, sous prétexte qu’une petite minorité en abuse. Le cours de l’histoire ne peut être enrayé. La destination de l’homme est la liberté. Après la responsabilité de la procréation légalisée avec les lois Neuwirth puis Veil, la responsabilité de la fin de vie sera aussi légalisée. Si ce n’est pas encore le cas, c’est parce que les forces obscures s’y opposent, mais il ne faut pas les condamner. Ils ont leurs raisons. Les opposants à l’euthanasie sont pour les uns opposés à la liberté alors que d’autres sont orientés par la peur de la mort (surtout les laïques) et qu’enfin, les scientistes sont déterminés par un acharnement techno-vitaliste que pourrait entraver la liberté humaine (allusion partielle au biopouvoir de Foucault) On devra mentionner que les plus farouches opposants à l’euthanasie sont les ligues traditionnelles catholiques, les mêmes qui actuellement, militent contre l’avortement. Comme quoi, le parallélisme en naissance et mort n’est pas si fortuit et même construit si l’on considère le chemin historique vers la liberté et la maîtrise du vivant par l’esprit humain.
La cause semble entendue. Les opposants à l’euthanasie sont les ennemis de la liberté et au bout du compte, il représentent une entrave à ce que peut devenir le genre humain. Le sens de l’histoire va vers la liberté. Hegel l’avait assez bien expliqué. Il aurait même interprété l’opposition à l’euthanasie comme émanant d’une morale d’esclave, rejoignant Nietzsche. Le droit à l’euthanasie va dans le sens du progrès. Ceux qui s’y opposent ont le droit de s’exprimer mais l’histoire leur donnera tort. Pour l’instant ils gagnent la partie parce que la société française perd ses repères en étant gagnée par la peur, l’intérêt et la médiocrité, enfin, une partie de la société, à laquelle le pouvoir répond. Le vent tournera un jour. La liberté d’en finir sera alors aussi évidente que l’avortement.
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