L’hallucinante lâcheté de Sarkozy
Voilà en moins de quinze jours que trois événements séparés et qui n’ont pas le même caractère de gravité, quoique chacun dans son domaine est assez lourd de conséquences, nous démontrent que Sarkozy est d’une lâcheté insondable, et qu’il nous entraîne avec lui dans ce gouffre. Et les conséquences tant intérieures qu’extérieures n’ont pas fini de nous blesser. Ces trois événements concernent, par ordre chronologique, si l’on veut :
le Dalaï-Lama et les jeux Olympiques, et ses suites,
la Géorgie,
la récession économique annoncée.

Commençons par le Tibet et le Dalaï-Lama, que Sarkozy ne rencontrera pas (il est présent sur notre sol jusqu’à fin août), que Kouchner qui pourtant avait annoncé à grands coups de menton, qu’il le verrait car il le connaissait bien, puis ne le verrait pas non plus car son agenda était bouleversé, mais devrait à nouveau le rencontrer avec Carla, car c’est un ami (donc non officiel) et son agenda s’est déchargé, lors d’une inauguration d’un temple (en tant que bouddhiste ?). Carla lui glissera, comme si de rien n’était, devant photographes et presse, son dernier CD pour relancer sa toute petite campagne de promotion. Deux arguments divers ont été avancés généralement pour soit éviter cette rencontre, soit être présent à la cérémonie d’ouverture truquée (la chanteuse n’était ni la chanteuse ni ne chantait en direct, les diverses ethnies devaient représenter toute la Chine, n’étaient que des Hans malgré le discours officiel, seuls les costumes étaient régionaux, et le feu d’artifice montré aux télévisions était un montage) : 1- le Tibet était une tyrannie, médiévale et rétrograde avant l’arrivée des Russes ; 2- on ne boycotte pas un quart de l’humanité.
En ce qui concerne le Dalaï-Lama, nous pouvons faire deux remarques : la première est qu’il est prix Nobel de la paix, de ce fait il est un citoyen du monde et il a été reconnu comme tel par une assemblée qui a aussi élu Nelson Mandela, par exemple. Alors soit on accepte que tous les prix Nobel de la paix se valent, soit non. A ceci s’ajoute une notion que nous reverrons qui est celle du principe cohérent. Ou le Dalaï-Lama est recevable ou non. Ou nous considérons que le Tibet est une cause à soutenir ou non. Cela est très simple. On ne peut dire un jour que ce n’est pas la Chine qui gouverne l’agenda de Massimo et le lendemain être à boire une coupe de champagne avec le leader du pays totalitaire le plus peuplé de la planète. On ne peut dire que l’on conditionne sa venue aux cérémonies d’ouverture des Jeux à des rencontres fructueuses entre les représentants du Dalaï-Lama et la Chine et y aller même si ces conditions ne sont pas remplies. Cela a pour double conséquence d’irriter les Chinois de forte façon et de perdre en même temps tout honneur.
En ce qui concerne le boycott d’un quart de l’humanité, c’est évidemment un slogan, mais cela n’est pas la vérité. En effet, la charte olympique indique que les Jeux ne sont qu’une manifestation sportive et en aucun cas politique. Si l’on s’en tient à cette affirmation, la France y est représentée non par son chef de l’Etat, mais par les sportifs qui vont y participer et si l’on veut par le Comité olympique français. On respecte ainsi et la lettre et l’esprit. En revanche, la présence du chef de l’Etat dans un contexte politique est un acte politique d’allégeance. Les sportifs français présents étaient la preuve que la France sportive ne boycottait pas la Chine sportive organisatrice des Jeux. En revanche, la France politique pouvait ne pas être présente à cette mascarade truquée comme on l’a vu. Ensuite, Sarkozy s’est servi de l’Europe comme camouflage. Sa présence avait l’accord des vingt-six autres Etats membre (selon lui). Il faudra qu’il nous explique alors pourquoi, des six nations les plus peuplées de l’Europe comportant plus de 70 % de la population européenne, et plus de 80 % du PIB, c’est-à-dire : la France, l’Italie, l’Espagne, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la Pologne, il est le seul des six chefs d’Etat à y être allé. Les autres pays ont-ils boycotté un quart de l’humanité ? Ont-ils pour autant été rejetés par la Chine ? Et même plus important, le président de l’Assemblée européenne, qui statutairement a plus de légitimité que Sarkozy car ce président de l’Assemblée est élu par les représentants de tous les peuples de l’Europe, alors que Sarkozy n’est là qu’en tant que représentant de la France dont c’est le tour statutaire et non électif de présider le Conseil européen, c’est-à-dire en dessous de la Commission et de l’Assemblée en matière de pouvoir, M. Göttering a lui officiellement boycotté cette cérémonie. En conclusion, ces arguments ni en regard de la charte olympique ni en regard de l’honneur et du courage ni en regard des plus importants pays européens ni en regard de l’Assemblée européenne, elle, élue démocratiquement, ne sont valides ni recevables. Ne reste que la lâcheté.
Passons à la Géorgie. Nos propagandistes français veulent nous faire croire à une réussite de Sarkozy dans cette histoire, et à une Europe redevenue forte grâce à lui. S’il y a une chose à laquelle il faut être très attentif c’est la chronologie des événements et, dans ce cas précis, et la chronologie et la séquence des faits sont accablantes pour notre guide en vacances au Cap Nègre.
La Géorgie attaque l’Ossétie le 7 août, la Russie envahit la Géorgie le 7 ou le 8 août.
Le 8 août, Bush parle à Poutine à Pékin et à Medvedev pour leur dire son inquiétude. Sarkozy fait embrasser son fils par Poutine et se tait.
Le 9 août, Merkel et le président polonais font des déclarations assez dures. Sarkozy se baigne dans la Méditerranée et fait du jogging. Bush s’époumone. Saakachvili demande le cessez-le-feu.
Le 10 août, Kouchner est inquiet à France 2, la guerre c’est pas beau. Bush crie toujours, enfin après son jogging Sarkozy qui n’avait pas eu le temps en Chine de parler à Poutine, qui le samedi n’avait pas de téléphone s’est entretenu pour la première fois avec Medvedev (cette information confirmée par l’Elysée, donc ne pas mettre en doute soit plus de 75 heures (!) après le début du conflit). Et ce que la presse oublie, et les supporters de Sarkozy aussi, c’est qu’il propose un plan de paix, non en six points, mais en quatre points (site de l’Elysée donc incontestable) :
- cessation immédiate des hostilités ;
- retrait des forces armées russes et géorgiennes sur leurs positions antérieures au déclenchement des hostilités ;
- plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Géorgie ;
- formules d’accompagnement international.








De tout cela, il ressort que Sarkozy s’est couché devant les Russes le 12 août et a ravalé son plan de paix en quatre points. Qu’il ne s’est pas déplacé de Cap Nègre sauf une fois, que, pendant ce temps-là, les Polonais, Angela Merkel, dix fois plus présente, et Rice n’ont cessé d’agir sur place. L’Europe en ressort amoindrie, désunie et bafouée. Ensuite, Sarkozy, quand il voit que les Américains s’échauffent vraiment, décide plus de 24 heures après tout le monde à demander à Medvedev de respecter sa parole et sa signature, mais ce n’est pas lui qui obtient quoi que ce soit, puisque, camouflet suprême, il demande le retrait immédiat et le prince russe lui répond : demain dans la journée. Cela faisait quatre jours que les Russes disaient qu’ils se retiraient. On verra si ce sera demain (aujourd’hui donc), si ce n’est pas demain on rase gratis. Alors que Sarkozy, dans sa communication compassionnelle est le premier à se précipiter, à recevoir les victimes, à faire de grands discours, quand dans la vraie vie de président, il faut agir avec recul et courage, il n’y a plus personne. Il reste les pieds dans l’eau. Ne reste de cette histoire que la lâcheté.
Terminons en quelques phrases par le risque fort de récession. Lors de l’annonce du supposé 0,6 % de croissance au premier trimestre (1,5 pour l’Allemagne qui nous tirait pour partie), notre phare économique, après que Lagarde a jubilé (ce sera de courte durée ma belle), s’est encensé de façon magistrale, a bombé le torse (moi j’avais raison) et avait violemment pris à partie tous les "sachants". Il était le roi du pétrole, le p’tit gars sorti du ruisseau qui en remontrait aux savants universitaires, aux statisticiens, aux économistes. Lorsque ces fameux 0,6 % sont devenus une première fois 0,5 %. Il n’a pas moufeté. Quand ils sont devenu 0,4 %. Il n’a pas moufeté. Quand on annonce -0,3 % pour le second trimestre, il est au soleil et regarde ses doigts de pied en éventail. Lui qui est toujours sur le devant de la scène ordonnant à l’ingénieur lumière de ne diriger les feux de la rampe que sur lui quand il y a une petite gloire à récupérer, lui qui s’attribue tous les succès, plus rien. Pas une déclaration. Il envoie au charbon Lagarde, Fillon, tous les fantassins à qui il vole la vedette quand il y a une bonne nouvelle ou quand il faut annoncer sans avertir personne une réforme sortie de l’un de ses six cerveaux, là, plus personne. Pas un mot. Ah ce saligaud de Fillon ne s’était jusqu’alors pas découvert, il avait laissé l’économiste en chef tout seul sous les balles, c’est à lui le tour. Mais Fillon, lundi, dit qu’il n’y aura ni plan de relance ni de rigueur, que tout va bien. Ils sont six ministres pour le dire, mais sans Sarko qui fume son cigare après le dîner avec Bono, plus l’UMP qui applaudit. Les fruits et légumes qui, eux, ne connaissent pas la crise, ont pris entre 10 et 15 % entre été 2007 et été 2008. Sarkozy se repose sous les oliviers avec un Perrier tranche et un Davidov. Sa Patek est-elle étanche (waterproof) ? Ne reste que la lâcheté.
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