• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > L’incompétence

L’incompétence

L'incompétence nous envahit, elle sape notre morale et notre économie, la santé de ceux qui l'acceptent au quotidien ; elle fabrique du gaspillage et du laid. Est-ce le symptôme d'une grave maladie ? L'effet secondaire de l'ordonnance néo-libérale ? Ou la pente délibérée induite par l'éviction des peuples ? C'est un mal sournois, diffus, qui répugne à dire son nom.

L'incompétence est curieusement tabou ; je dirais même protégée, ce qui me paraît paradoxal dans un monde sans plus de protections.

L'incompétence, c'est être à la mauvaise place. Cela est d'autant plus cruel que nous vivons dans une société où dorénavant ne subsistent plus que des emplois. Il y a des trous, il faut les boucher, on ne peut presque plus parler de fonction ! Puisque les gens sont placés, déplacés, comme des pions sur un échiquier, il y a effectivement plus de chances de se tromper que lorsque les gens se plaçaient tout seuls.

L'incompétence, c'est mal faire son travail. On voit que selon le travail en question, elle peut toucher très loin dans ce que le droit ne peut entendre. Or le droit est le seul recours tant il est rare qu'un incompétent admette son incompétence !

Nous avons tous eu affaire à l'incompétence d'un artisan ; la plupart du temps, celle-ci n'est que le fruit de la pression qui s'exerce sur lui, ou qu'il fait lui- même peser, dans le but d'une plus grande rentabilité. En tant qu'entrepreneur, il peut embaucher des ouvriers pas suffisamment qualifiés, ou préférer la sous-traitance, obligé ça et là d'accepter le plus de chantiers possibles. L'incompétence c'est aussi ne pas savoir gérer une affaire, et la couler. On en a de multiples exemples, bien au delà de quelques officines ! L'incompétence peut envoyer des centaines d'ouvriers au chômage. Le fin du fin aujourd'hui est néanmoins de parvenir au même résultat grâce à une compétence exceptionnelle ! Alors que cela devrait en être le nec plus ultra, au sens littéral.

L'incompétence, même ponctuelle, d'un médecin, d'un vétérinaire, d'un garagiste... non seulement n'est pas réprimandée, mais on la paye.

Il fut un temps où l'on parlait d'un « travail de professionnel » pour qualifier un travail bien fait ; il semble qu'aujourd'hui les choses se soient inversées et qu'on ne puisse plus dire que : « on est jamais aussi bien servi que par soi-même » ! Si votre maison s'écroule, vous avez des chances d'obtenir gain de cause en justice ; mais si votre cheminée fume, ce n'est même pas la peine d'essayer !

Un artisan qui envoie ainsi un de ses ouvriers sur un chantier, est responsable de ce chantier, or, si cet ouvrier fait mal son boulot, il ne peut en aucun cas le virer : sa responsabilité tient toute entière dans le choix de celui-ci. Choisir ses collaborateurs est un art peu partagé ; ne pas choisir ses employés, prendre « les moins chers » est beaucoup plus courant ! (les moins chers ne sont pas tous incompétents, mais mal payés, ils peuvent devenir boudeurs !)

Mais l'incompétence va bien au delà .

Dans la fonction publique, celle-ci est inenvisageable ; quelqu'un qui, par ses points et son ancienneté, se voit promu à un poste est légitimé du point de vue de l'Administration. Qu'il y soit compétent ou non n'intervient pas dans sa paye ni même dans son avancement ultérieur et pourtant, il arrive qu'un cadre A, après des années de bons et loyaux services, se voit avancé dans une administration dont il ne connaît rien ; il deviendra chef d'une équipe compétente et travailleuse et, selon son caractère fuira ses responsabilités en les déléguant – et c'est, dans ce cas ce qu'il a de mieux à faire certainement- ou bien voudra se convaincre de son pouvoir en harcelant celui, ou celle qui directement sous ses ordres lui est infiniment supérieur.Terriblement mal dans sa peau, il n'aura bien sûr pas le courage de demander à revenir à son ancien grade dans le domaine qu'il connaît ; on ne peut lui demander la patience d'attendre qu'un poste s'y libère . Combien de congés maladie, de dépressions imposées aux secrétaires, aux sous-fifres qui subissent un tel chef ? Le problème est occulté ; sa solution est bloquée. On fait avec, comme avec une fatalité.

Je suis loin de tout lire et de tout savoir, mais cette question ne semble pas être posée ou, si elle l'est, n'est pas rendue publique !

Être à la mauvaise place, c'est inconfortable ou douloureux, c'est inefficace donc ça coûte cher ! si on admet que toutes les places ont leur importance dans la bonne marche des services publics, il n'est pas honteux d'être un bon second et de s'avérer piètre premier. Quant à la paye, elle peut suivre son bonhomme de chemin tout au long d'une carrière sans pour autant déménager les gens d'un bout à l'autre de la France ou de les propulser dans une mission qu'ils ne sauront pas remplir convenablement.

Il faut bien se connaître pour s'admettre et le monde actuel n'incite pas à s'admettre second !

Il est bien entendu que le problème est complexe ; on ne peut guère imaginer sans dérives graves, une police de la compétence ou, pire, une délation ; un professeur peut être mal noté par son inspecteur, peut voir sa carrière ralentie, mais je ne sache pas que l'on puisse dire à quelqu'un qu'il n'est pas à sa place derrière un bureau. Et pourtant ! On ne va pas aborder la sélection des profs car on y passerait la nuit !

Je pense que toute question mérite d'être posée, tout problème mérite qu'on tente d'y trouver une solution et, certes, ce que j'évoque ici ne concerne pas la majorité... mais on y vient.

Le capitalisme a tenu jusqu'ici grâce au bon travail de ses exploités. Ce bon travail n'était pas fait tant pour satisfaire le patron et remplir ses poches que pour avoir, soi, petit du peuple, une dignité. Cela nous était inculqué non pas comme des leçons à réciter par cœur, mais c'était dans l'air du temps. Les choses étant ce qu'elles sont, les puissants étant les puissants, les petits étant les petits, le seul sens de la vie de ces derniers tenait tout entier dans cette honnêteté. Celui-ci était entretenu par un patronat paternaliste qui flattait ou pouvait flatter le bon ouvrier. Dans le service à la personne, on gardait les bonnes qui étaient bonnes ! Et ceux-là trouvaient dans cette inégalité, leur bonheur de gré ou de force même si leur gré était de force, sans qu'ils le décodent ou sans qu'ils puissent y changer quoique ce soit.

Quand j'étais jeune, nous étions jusqu'à quarante par classe ; personne n'avait l'idée de changer ce fait- qui était, il est vrai conjoncturel-, l'instituteur qui n'était pas professeur des écoles, faisait son boulot et, je dois dire, pas toujours dans la facilité. Le service public était alors un sacerdoce, accepté et même désiré. Je ne suis pas en train de dire que c'était bien, juste que, quelles que fussent les conditions, les gens s'efforçaient de faire bien leur boulot parce que leur boulot était une mission dont il avait la charge et pour laquelle ils s'étaient engagés. Et l'engagement voulait encore dire quelque chose. L'honneur était en jeu, l'incompétence rare.

 

Dans tout les domaines, le talent joue son rôle : tout le monde n'a pas la bosse du commerce et celle-ci n'implique pas, bien entendu, seulement la capacité de faire des calculs, des bilans et des opérations ; le contact humain y est primordial. Or, il s'est avéré que des petits malins scrutèrent les éléments flagrants de réussite, dans les ventes à domicile notamment, et en firent un programme de BTS. On a tous eu à notre porte des petits margoulins qui voulaient nous vendre une encyclopédie ou nous faire adhérer à un club de livres. Les jeunes qui se pointaient avaient visiblement appris leurs leçons et tout compris des « trucs ». Cela suffit parfois, ou suffit tout court puisque l'on persiste, mais la compétence en ce domaine n'est devenue qu'un rôle à jouer, posséder une capacité de se référer mentalement à la case apprise correspondante à la réaction du futur pigeon. Il ne s'agit plus de séduire et d'entourlouper- toute chose que l'on peut ne pas apprécier par ailleurs- mais de terroriser, de culpabiliser, de contraindre ! Si le résultat est le même, le chemin est beaucoup moins plaisant !

En tous métiers on a retiré l'aspect humain pour ne garder que l'aspect efficace ; c'est pourtant un tort puisqu'il n'y a d'efficace que l'aspect humain ; la course au chiffre est bien gentille mais la volonté de son règne ne semble pas être une carotte suffisante, bien au contraire c'est le coup de bâton qui est redouté ; mais la peur de ne pas gagner n'a jamais fait gagner.

Si bien qu'il semble que l'on en soit rendu à un stade ou l'employé – au sens large- n'a plus comme satisfaction que cette carotte aussi difficile à atteindre que l'horizon ! Partant comme le Capitaine Haddock dans sa quête du yéti au Tibet, en début de carrière, la petite main du capitalisme moderne, se dégoûte vite, travaille aussi mal que possible, portant son attention vers la limite à ne pas franchir ; le boulot devient un mauvais moment à passer, on s'en accommode parce que de nécessaire, il est devenu privilège. Mais le travail devenu rare n'est pas une raison suffisante pour qu'on le fasse avec goût... peut-être que le travail demandé aujourd'hui est foncièrement antinomique de toute aspiration !

Cette épidémie a si bien pris, dans un pays où de plus en plus de gens sont au chômage, ou de plus en plus en plus de jeunes sortent de l'école sans véritable savoir ou savoir-faire, qu'elle a envahi toutes les professions. Bientôt, le capitalisme ne pourra plus tourner en comptant sur la bonne volontés de ses obligés ; et, au fond, c'est peut-être une bonne chose, en attendant, on n'y trouve guère de satisfactions !

Il y a aussi une autre raison que j'avais évoquée dans mon article sur le tourisme : un pays qui base son économie sur des emplois de service ne concourt pas à élever la fierté de ses travailleurs ; le service était le fait des esclaves dans toutes les société esclavagistes, services et boulots peu qualifiés et bien sûr pas valorisés.

Dans tous les domaines, de l'agriculture à l'enseignement, des soins au commerce, les conditions sont telles que la compétence ne sera bientôt plus une perle mais une anomalie alors qu' elle fut la norme.

Mais la gangrène a pris aussi beaucoup plus haut !

En politique l'incompétence est de rigueur, soit par ignorance des dossiers, soit par manque d'idées et pour ceux qui connaissent les dossiers et qui ont des idées, si elles ne sont pas dans la ligne, c'est le silence ou les entraves qui empêchent ; les ministres, les députés préférés, sont ceux soumis aux diktats du parti, pour les autres c'est la castration, la stérilisation obligatoire ! Mais cela ne dérange personne : la farce de Nicole Bricq dont le courage a été durement sacqué et que l'on place dans un petit placard aux buts exactement contraires à son premier ministère ( quelle déception que cette femme ait accepté ce poste !) en est une parfaite illustration. La seule compétence requise est de savoir bien faire semblant !

Il fallait impérativement se défaire de ces fameux complexes : l'incompétence notoire venait de se revendiquer. Il n'est même plus besoin de détourner les yeux d'un air gêné quand on est pris en flagrant délit de mensonge, d'abus de pouvoir ou de bien sociaux, d'ignorance crasse, l'incompétence est devenue normale, évidente et la malhonnêteté un péché mignon. Les gens semblent ne plus être trop rancuniers et leur mémoire, au fil des abus, s'emmêle les crayons, se fatigue, se tait ou se dissipe ! Plus le monde se rétrécit dans la poigne des puissants, plus les problèmes surgissent, nombreux, complexes et urgents mais le travail sur ces dossiers est rendu caduque s'il n'a pas été avorté, car il semble plus judicieux de laisser en l'état, ne pas approfondir ni résoudre. « Je vais réquisitionner les logements vides » Oui ? On attend...

 

La compétence qui est sous tendue par le désir du travail bien fait, condition nécessaire à la dignité humaine est en train de disparaître, massivement. Les gens haut placés se contentent de leurs royalties et du temps court de leur gloire, ayant perdu jusqu'à la conscience d'autres satisfactions, mais les petites gens n'ont plus rien pour compenser leur pauvreté ; les classes intermédiaires sont malades, ce qui fait la joie des laboratoires pharmaceutiques et le trou de la sécu.

Le paradoxe tient dans le fait que la compétence réelle n'est pas l'application d'une recette mais bien une autonomie dans le travail, or il n'est plus question nulle part d'autoriser cette autonomie qui est trop dangereuse, trop subversive ; on fait tenir, de plus en plus mal il est vrai, une société sur des brimades, des interdits non-dits, des bâtons mis dans les roues des hommes de bonne volonté.

Et l'incompétence qui était un handicap, parfois même une honte si on avait raté quelque chose, devient la norme . On ne demande de résultats ( en fait, on ne demande plus guère que du chiffre) qu'aux individus formatés pour ce faire, aux asservis volontaires ou non ; il s'agit juste de les fabriquer en nombre suffisant pour que la machine tourne : les autres étant devenus des gêneurs, les piéger dans l'impuissance est la meilleure tactique trouvée.

Dans son livre « l'Enseignement de l'ignorance », Jean-Claude Michéa nous montre très bien la régression d'une école qui n'instruit plus ni n'enseigne plus rien.

(Au moment de boucler cet article, je tombe sur un autre qui se demande si l' E N A n'est pas une fabrique d'incompétents !)


Moyenne des avis sur cet article :  4.48/5   (23 votes)




Réagissez à l'article

32 réactions à cet article    


  • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 1er mars 2013 11:33

    Je pense que vous mettez le doigt sur un sacré problème.
    Et il semble que vous tiriez sur une ficelle qui m’intéresse bien.
    C’est celle des sanctions.

    Le n’importe quoi dans l’acte professionnel connaît de moins en moins la sanction sauf peut-être encore dans le domaine chirurgical (je ne dis pas médical) car la vie on y tient et on se sent de la défendre en justice.

    Mais dans l’éducation que je connais bien, comme dans d’autres milieux professionnels il est clair que la perte de l’autorité à pour conséquence une généralisation de l’à peu-près irresponsable.

    C’est en somme la généralisation du principe de Peter. Après qu’ils se soient élevés à leur plus haut niveau d’incompétence, les (pseudo) chefs aident (involontairement, par leur seule incompétence, leur pusillanimité) leurs adjoints à faire de même et c’est le grand n’importe quoi à tous les étages.

    Un poisson pourrit par la tête.
    C’est en train de redescendre...


    • gaijin gaijin 1er mars 2013 12:43

      oui
      ajoutez a ça que le faire savoir a remplacé le savoir faire et vous aurez le tableau complet


    • Spip Spip 1er mars 2013 19:28

      « Le faire savoir a remplacé le savoir faire ». Oh que cet aphorisme résume bien le problème ! D’où la prolifération des « communicants » à tous les étages, pour habiller des réalités bien maigres, en se faisant payer bien cher....



    • La râleuse La râleuse 1er mars 2013 11:33

      Bonjour Alinéa,

      D’entrée de jeu, vous mettez le doigt sur la principale cause de l’incompétence, à savoir la finance.
      Je dis bien la finance et non pas forcément le profit parce que ce n’est pas toujours pour acquérir plus de richesse qu’une entreprise est appelée à faire travailler du personnel incompétent mais parfois simplement pour lui donner une chance de survie.
      Et quand je dis entreprise, je parle dans le sens le plus général du mot.

      Mauvaise solution, certes mais la preuve est faite que ça marche depuis que la communication n’existe plus entre les êtres. Autrefois le bouche à oreille permettait l’élimination des entreprises plus ou moins véreuses. Ce garde-fou n’existe plus désormais laissant le champ libre à tous les abus.

      Et quand à l’incompétence se mêle le laxisme, les résultats peuvent parfois créer des situations kafkaïennes.

      PS - Est-il normal que lorsque je clique sur votre site, je n’obtienne que l’erreur 404 ?

      Cordialement,


      • alinea Alinea 1er mars 2013 11:53

        La râleuse : en ce qui concerne mon site, c’est normal puisque je n’en ai point : il faut cliquer sur mon nom !
        Quant à l’incompétence, elle ressemble à un cancer plein de métastases ! J’entends souvent dire, par ceux qui font bien leur boulot, qu’ils sont vraiment des cons !
        En fait ce n’est qu’un point soulevé dans tout ce qui est dérégulé, sans dessein ni structure, sans morale ni dignité dans notre joli monde qui ose prendre le nom de " libéral ! En tout cas c’est un sacré problème qui gâche bien des choses, ne serait-ce qu’au quotidien, et dans l’impuissance de ses victimes à se défendre, on tombe dans de miasmes putrides qui ne servent personne !
        @Luc-Laurent : si on en est arrivé là c’est je pense à cause de la grande difficulté de trouver sanction ; l’incompétence n’est pas forcément une malversation - quoiqu’elle puisse l’être- mais un mal-être, une méconnaissance de soi induite par les valeurs nauséeuses de notre société. L’exemple en prime ! Au fond elle n’est que l’effet de ces valeurs complétement débiles ( au sens propre)...


      • jef88 jef88 1er mars 2013 12:32

        L’incompétence a toujours existé !
        Longtemps elle a été l’apanage des « fils de » qui reprenaient l’affaire ou les traces de papa (vive les relations)

        Mais elle est maintenant institutionnalisée !
        tous les postes sont distribués en fonction de la taille de la valise de diplômes.
        le savoir faire ne compte plus ........ on le remplace par la norme et la procédure
        et depuis 25 ans l’incompétence progresse ! ! !
        à qui profite le crime ?
        aux richards qui mettent leurs rejetons dans la bonnnnne graaaande école.
        à l’économie mondialisée qui a bouffé l’industrie française et continue de se nourrir de nos achats à l’importation ........


        • Pierre-Yves Martin 1er mars 2013 12:36

          D’accord sur les conséquences des rapports économiques actuels.

          Ceci dit, l’incompétence n’est pas nouvelle. Certains points de ce que vous écrivez étaient déjà bien évoqués dans « Le principe de Peter », il y a plus de 50 ans.

          Et que dire de nos états-majors, qui ont toujours si merveilleusement préparé la guerre précédente (et cela continue d’ailleurs, puisque les USA ont de dizaines de milliers de personnes qui préparent la guerre informatique/Internet alors que la France n’a qu’un malheureux bataillon, perdu dans la forêt près de chez moi).


          • alinea Alinea 1er mars 2013 12:50

            Oui je pense bien que cela a toujours existé, mais, au cours de ma vie, j’ai l’impression qu’elle m’ envahit, comme une norme ! Quant à la guerre je ne saurais que souhaiter l’incompétence assumée, généralisée !!


          • Pierre-Yves Martin 1er mars 2013 14:39

            En 1939, si l’armée française avait eu plus d’avions de chasse et des chars plus modernes, certains déboires auraient peut-être (je dis bien peut-être) pu être évités.

            Et cela ne m’amuse pas de penser que les amerloques peuvent probablement paralyser en partie la France, rien qu’en appuyant sur des boutons et sans bouger de chez eux, et sans que nous ayons les moyens de nous défendre et/ou de riposter.


          • alinea Alinea 1er mars 2013 12:46

            J’ai manqué à insister sur le problème du temps ; en ce qui concerne tout du moins l’artisanat, et même l’industrie : j’ai toujours aimé regarder faire un artisan, qui connaît et aime son boulot : le monde n’existe plus pour lui, le temps non plus ; il est calme, serein, entièrement dans sa tâche. Le monde actuel interdit - quasiment- cette plénitude, en tout cas si l’on veut vivre correctement malgré toutes les charges ! À moins de travailler pour les riches, très riches, exclusivement ! Le travail bien fait est un privilège, pour celui qui le fait, pour celui qui l’achète ( de là vient la laideur...)
            D’autres types d’incompétences, comme le dit Jef88 : à une place convoitée on place les héritiers ! Des résultats on se fout !
            Dans les héritages de petites boîtes ou d’exploitations agricoles, il y a un problème évident, psychologique, du fils au père et, c’est flagrant, il n’est pas rare que le fils dilapide en rien de temps le travail d’une vie d’un père ! Mais ça, d’un certain côté, même si c’est dommage, on s’en fout un peu ; l’envergure que prend l’incompétence - quasi programmée- aujourd’hui est carrément destructrice d’une société !


            • julius 1ER 2 mars 2013 10:27

              En 1939, si l’armée française avait eu plus d’avions de chasse et des chars plus modernes, certains déboires auraient peut-être (je dis bien peut-être) pu être évités


              @pierreyvesmartin

              mauvais exemple donné, ce qui a provoqué la faillite et le collapse de l’armée française en 1939/40, ce n’est pas la qualité ni la quantité des armes utilisées, mais la tactique et la stratégie !!!
              l’utilisation des chars en temps que groupes organisés et autonomes a été expérimenté par le Colonel Charles de Gaulle à la bataille de Montcornet en Mai 1940, alors que les allemands avec des généraux tels Von Manstein et Gudérian avaient déjà paufiné cette tactique et stratégie lors de l’invasion de la Pologne, les Français avaient déjà une bataille de retard, mais en plus les chars ne peuvent pas tout, aussi c’est l’utilisation conjointe des chars et de l’aviation qui ont donné naissance au Blietzkrieg, c’est cette tactique qui rendait les armées allemandes invincibles pour quelques années, à ce niveau là on peut parler de « compétence » des généraux allemands et d’incompétence des généraux français, mais aussi anglais.........
              à la limite on peut-être tenté de dire que l’on est le compétent ou l’incompétent de quelqu’un, finalement dans ce cas-là c’est l’evènement avec son corollaire le résultat historique qui sanctionne la compétence ou l’incompétence des uns et des autres !!!!!!!!!

            • alberto alberto 1er mars 2013 13:29

              Bonjour Alinéa,

              Il arrive même de plus en plus fréquemment que l’incompétence soit récompensée : tu te souviens pas de ces pédégés qui ont reçu des primes de départ exprimées en millions d’€ après avoir entraîné leurs boîte vers la ruine ?

              Les pires sont ceux qui dissimulent leur incompétence sous un costume « d’expert » !

              Et que dire de ces banquiers incompétents qui se sont aveuglément gavés de produits financiers toxiques sur le regard bovin et tout aussi incompétent des agences dites de régulation, pour finir faire appel au petit peuple pour renflouer ces pauvres banques...

              Appels lancés par des gouvernements qui dans une incompétence complice ont permis de renflouer cette engeance sans contrepartie !

              La liste serait longue...

              Bien à toi.


              • alinea Alinea 1er mars 2013 15:46

                Ces gens-là alberto, avaient-ils ruiné leurs actionnaires ? Ils oeuvrent en toute impunité et savent qu’ils ne risquent pas grand chose ! À quoi bon la compétence alors ? Puisque faire n’importe quoi va aussi bien... après c’est un rapport avec soi-même, le ricanement de l’usurpateur vainqueur !!


              • Celti 1er mars 2013 15:11

                Il y aurait des livres à écrire sur la prolifération de l’incompétence ....

                Il faudrait, par exemple , réactualiser le jadis fameux principe de Peter : « Tout homme cherche à se hisser à son niveau d’incompétence »

                et , peut-être, le compléter par quelques incidentes ou extrapolations. Par exemple :

                -« Tout incompétent est promu » : (Par exemple un pseudo-rénovateur pédagogique , thuriféraire de la fumeuse remédiation , qu’aucun dictionnaire n’est parvenu à définir ; peut se retrouver dans un service régional de rénovation pédagogique)

                - « Tout incompétent connaît un puissant » (et peut ainsi, malgré ses insuffisances dans sa première fonction) devenir directeur , puis inspecteur de quelque chose, voire politicien).

                Excusez-moi de ne pas être plus précis, mais je puis vous assurer que je pourrais étayer mon observation par des exemples qui m’ont fait exploser de rire (un peu jaune toutefois)..

                Je pourrais citer l’exemple de ce spécialiste autoproclamé d’une certaine musique qui, promu selon ses dires même , par les femmes, et après le fiasco de ses émissions où il ne parvenait qu’à étaler son inculture et sa maîtrise approximative de la langue française, est aussi devenu directeur (c’est une manie).

                Ne parlons pas de ces économistes et géopoliticiens qui parviennent à prévoir le passé, mais se trompent toujours sur l’avenir.

                And so on ….


                • alinea Alinea 1er mars 2013 15:43

                  La liste en serait fastidieuse d’être sans fin ! J’aimerais pouvoir trouver le processus mis en oeuvre et le moment où la vapeur s’est renversée ; je crois pouvoir dire sans me tromper vraiment que c’est à partir des années quatre-vingt, à partir de la financiarisation de l’économie, à partir de Tatcher Reagan et de l’ultra libéralisme débridé ! J’ai peur que les jeunes générations, grandies dans cette ambiance ne sachent plus retrouver des valeurs plus sereines, des actions plus satisfaisantes dans leur travail !! ...


                • foufouille foufouille 1er mars 2013 15:46

                  ex : fils de chanteur, mais avec un ordinateur pour ne pas chanter faux


                  • Plumdanslcu* 1er mars 2013 16:10

                    Article très bien écris et très réaliste.
                    J’ajouterais qu’aujourd’hui"hui faire semblant de faire est devenue la norme. Et bien souvent cela est plus apprécié par la hiérarchie car comme vous le dites les statistiques primes, or on leur fait dire n’importe quoi.

                    Dans mon boulot d’informaticiens par exemple, la boite de prestation qui m’emploie qui est une SSII, me loue à une autre boite et bien souvent mon manager direct de cette SSII m’incite à cacher des anomalie survenue sur le reseau plutôt qu’à réelement creuser pour résoudre le probléme afin de gonfler ou au contraire d’amoindrir les statistiques qui régentent mon activitée et qui conditionnent le renouvellement ou non du contrat qui li les deux entreprises.


                    • alinea Alinea 1er mars 2013 16:45

                      Plume : le « faire semblant » est ce qui me navre le plus, c’est ce que j’ai vu de plus nuisible, en tout cas dans le travail avec les animaux !


                    • tf1Goupie 1er mars 2013 16:17

                      L’incompétence c’est les autres


                      • alinea Alinea 1er mars 2013 16:44

                        Pas forcément goupie ! J’ai été prof dans ma jeunesse, pour m’y sentir à la hauteur, cela me coûtait beaucoup de travail et beaucoup de stress ! J’ai quitté l’enseignement « parce que ce n’était pas mon truc » ! On peut tenter des trucs dans sa vie, l’important c’est de faire la part des choses... tout cela rejoint le sens de la responsabilité ( très diluée de nos jours !). Je voulais pointer aussi que dans une société aussi insécure, on n’a moins la liberté de faire ce que j’ai fait il y a plusieurs décennies ! l’incompétence est bel et bien induite...
                        L’incompétence c’est les autres, parfois c’est vrai, parfois c’est que l’on n’a pas de recul vis à vis de soi-même !!


                      • Plumdanslcu* 1er mars 2013 17:18

                        Alinea , plus je vous lis et plus vous me plaisez.
                        Je ne possède pas votre verve , mes pensées s’embrouille dés que j’essaye de les coucher sur papier ou plutôt sur le clavier, mais qu’en je vous lis j’ai l’impression de m’y retrouver.
                        merci


                        • alinea Alinea 1er mars 2013 17:28

                          C’est que vous avez trop d’idées ! Il suffit d’en sortir une et, avec un peu de discipline, s’y tenir ! C’est pas inintéressant comme travail !
                          Au plaisir de vous lire Plume ! et merci !


                        • citoyenrené citoyenrené 1er mars 2013 18:13

                          Alinea, juste pour vous remercier avec retard pour le lien vers l’intéressante émission de france culture sur le cumul des mandats, ne manquait à cette émission que des représentants de la vox populi..sur l’ incompétence, c’est intéressant ..particulièrement sur la compétence/incompétence en entreprise et en politique..ça aura aussi été l’occasion d’aller chercher l’étymologie de « compétence »...bas latin competentia « proportion, juste rapport » j’savais pas...étonné que l’on ne utilise pas plus acompétence qu’incompétence, ou alors pour signifier une inadéquation par rapport aux besoins...merci pour le lien idée france culture, ça complètera les conférences du Collège de France pour les soirs de télé creuse et pour le nom de Michéa


                          • alinea Alinea 1er mars 2013 18:42

                            Oh ! citoyenrené ; j’aurais dû donner la définition et l’étymologie... mais je commence à avoir des complexes de faire des articles trop longs ! Enfin c’est le reproche que certains me font.
                            « competere » : tendre vers un même point, « competens » est son participe présent. Mais qui veut dire aussi : appartenir en vertu d’un droit. Cela ne me plaît pas parce que, selon le droit ! les incompétents placés par les haut-placés, au fond, y sont de droit !! ( le droit pris par les susdits !) Je lui préfère le sens général de : convenable, approprié. Être convenable, convenir à sa place ou à sa position ! On l’est par son savoir et par son expérience et, à ce sujet, je voulais rajouter que l’incompétence est une attitude, voire une lâcheté qui finalement n’a rien à voir avec l’inexpérience ; l’inexpérimenté apprend, il ne la « ramène » pas ; il est sensé progresser...l’incompétence, c’est vraiment : n’être pas à la bonne place !!


                          • MARMOR 1er mars 2013 18:53

                            ENA, la mecque de l’incompétence avec tout ce qui en découle. Pour s’en convaincre, et sans faire de liste trop longue : quelques majors de leur promotion :

                            HABERER : a ruiné le crédit lyonnais par sa gestion catastrophique et ses méthodes mafieuses cf ; adidas, executive life, metro golwing mayer etc...coût à la collectivité + de 30 milliards d’€ avec l’aide de son copain de promo J Peyrelevade
                            MESSIER : a atomisé Vivendi le coût du passage de cette sommité d’incompétence et d’arrogance : 25 milliards d’€
                            BON a ruiné tous les petits porteurs d’actions France telecom en faisant par sa gestion, chuté l’action de 72 € à 3 € !!
                            On pourrait en citer des dizaines d’autres, sans oublier que cette fabrique d’incompétents nous fournit 80% des gens qui nous gouvernent !! C’est là que l’incompétence est bien la plus flagrante, la plus destructrice, car ceux là n’ont pas d’assurance RC pour dédommager les dégâts causés par leur inaptitude. Voir le livre de l’énarque qui est titré Promotion ubu roi ( j’ai oublié le nom de l’auteur !! 

                            • alinea Alinea 1er mars 2013 19:03

                              Oui, c’est curieux : cela plairait comme convergence à Luc-Laurent Salvador ; aujourd’hui c’est Cabanel qui fait un article sur l’E N A !
                              Elle est flagrante mais qui plus est beaucoup plus délétère ! à la mesure du pouvoir de ces incompétents !


                            • alinea Alinea 1er mars 2013 23:27

                              C’est votre truc ça, la démographie galopante ! Autant sur d’autres sujets je me sens proche de ce que vous dîtes autant là j’ai un doute ! J’ai un doute parce que justement dans nos sociétés complétement régressives, où l’humain dans ce qu’il a de beau, n’a plus aucune place, la démographie est en berne ; je ne vais pas m’en plaindre notez-bien. Ce qui m’empêche je crois d’avoir ce cheval de bataille dans mon écurie, c’est qu’alors, je me sentirais dans l’obligation de me suicider la première ! Et !! Non ! j’aime la vie ; alors je suppose que tous les êtres vivants devraient, puisque tous n’en ont probablement pas le « loisir », aimer la vie comme je l’aime !
                              De plus, je vois tellement de travaux non effectués parce que non rentables, que je pense bien que la rentabilité, puis la financiarisation de l’économie, ont rendue débiles nos sociétés ! Plus rien n’a de sens, et peut être, pourquoi pas, n’a plus de sens non plus d’y faire des enfants !!


                            • Loup Rebel Loup Rebel 1er mars 2013 23:26

                              Bonsoir Alinea,

                              Qui parlait ce jour de synchronisation ?

                              Le sujet de la compétence est à l’ordre du jour...

                              Vous en parlez de façon plus qu’exhaustivement.

                              Vous avez soulevé la question de la « conscience professionnelle ». Forme particulière d’incompétence.

                              Vous parlez aussi de l’imposture, qui correspond à la situation de la compétence « qui n’est pas à sa bonne place ».

                              J’ai eu récemment une conversation avec le préposé qui dépose mon courrier dans ma boite aux lettres, un jeune bac + 5 en communication qui a passé le concours de la poste pour calmer ses angoisses de se retrouver sans boulot. Je lui ai dit en plaisantant : vous êtes un imposteur. On en a beaucoup ri : la poste et la com smiley Bon, il ne finira probablement pas sa carrière à arpenter les rues de la ville avec son gros vélo jaune, mais en attendant...

                              Pour les métiers manuels (les artisans) le manque de candidats aux cursus professionnels conduit à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, alors que chez les surdiplômés c’est la pénurie d’emplois.

                              Je vois encore une fois l’individualisme à l’œuvre dans l’origine (hors contexte économique évidemment) de cette situation. Priorité à « je fais ce que j’ai envie, quand je veux, et où je veux ».

                              Il serait temps que les individus se reconnectent les uns aux autres – autrement que sur le mode virtuel d’internet – pour retrouver la synchronisation dont parle Luc-Laurent Salvador dans son article « Théorie de la mimésis ».


                              • alinea Alinea 1er mars 2013 23:37

                                Oui et non pour le « quand je veux où je veux » ! certes,mais je pense que cet individualisme n’est plus émanant d’une base sociale, quelque que soit la classe d’où l’on vienne, mais plus le fruit d’un formatage : on valorise certaines choses, mais cette valorisation est devenue très hypocrite ! Il vaut mieux être ingénieur que facteur ; bon, oui, pour la paye c’est sûr ; le problème c’est qu’on a fait le plein d’ingénieurs ; il y en a plein qui foutent le camp aux USA... et tout à l’avenant ; donc celui qui engage des études pour « arriver » sans plus habiter un projet, risque fort de se retrouver marron !
                                ... Vous avez lu mon commentaire plus haut - ou non, c’est chez Luc-Laurent Salvador que je l’ai fait, sur cette convergence ! C’est toujours marrant même si c’est assez courant !
                                Merci de votre commentaire loup ; un loup rebelle en plus !


                              • hema hema 2 mars 2013 15:02

                                @Alinea


                                Si l’incompétence est la chose de monde maintenant la plus repandue, le dire ou l’ecrire est plus qu’un tabou, c’est un pas vers l’abyme,
                                Merci pour votre article, vous m’avez fait remonter une marche.

                                • alinea Alinea 2 mars 2013 17:20

                                  hema : Sampiero, plus haut, dans ses commentaires semblent ne pas supporter ce constat ; la compétence et le merveilleux savoir-faire de certain(e)s ouvriers : jusqu’à quand ?
                                  J’avais bien l’impression qu’on n’en parlait pas beaucoup !
                                  Merci de votre message


                                • Loup Rebel Loup Rebel 2 mars 2013 19:37

                                  Bienvenue à vous, Hema.

                                  Votre premier commentaire, s’il témoigne de la première marche que vous fait remonter Alinea, je vous le souhaite, ne sera pas la dernière.

                                  Au plaisir de vous lire prochainement smiley

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON







Palmarès