L’infantilisme contemporain et le devenir des universités
Un matin de novembre, sur LCI, je captais une conversation entre Jacques Julliard et Luc Ferry à propos des frondes estudiantines contre la loi sur l’autonomie des universités. Il était question d’infantilisme. C’est un mot assez déplaisant j’en conviens, mais il résume bien le propos de ces deux observateurs de la vie publique. Une révolte, bien encadrée par quelques activistes, mais plutôt déclinée comme un monôme de lycéens chahuteurs. Il paraît, selon les observateurs de l’OCDE, que les jeunes Français ont un an de retard dans les études secondaires. Autant dire qu’au niveau de la conscience politique, cela se vérifie également et que l’infantilisme a gagné une génération égarée qui ne sait plus l’avenir ni l’espérance et se complaît dans une complainte gauchisante pour le moins décalée et désuète, de plus sans poésie. Les slogans tagués sur les murs d’amphis semblant tout droit dérivés de campagnes publicitaires. Les tags sur la commune pourraient très bien faire la promotion d’une marque automobile. Bref, du chahut, du cirque, un fond de mécontentement, de doutes sur l’avenir, certes, mais rien de commun avec l’inquiète passion doublée d’un désir politique qui anima la génération de Mai-68.
Mais ne moquons pas ainsi ces jeunes. Cela ne sert à rien, alors posons quelques questions. Que peut faire le monde des actifs bien intégrés pour insérer cette jeunesse ? Et que peut faire cette jeunesse pour entrer dans une existence républicaine et citoyenne, l’un des aspects essentiels d’une vie, avec les métiers exercés et la famille ? Le constat de cette fronde étudiante va parfaitement de pair avec un récent livre de Peter Sloterdijk qui dans Colère et temps, pointe une tendance forte dans nos sociétés. L’exaspération, le ressentiment et la colère sont largement répandus, diffus, diversifiés, mais sans qu’une canalisation politique puisse la transformer en énergie politique. Autrement dit, si on comparait ces colères à des poussées de trois-quarts, il faudrait créer un môle structurant, ou plutôt un pôle où un collectif se met en place et pousse dans une direction. Un signe ne trompe pas. L’Unef s’est désolidarisée du mouvement, preuve que la conversion, la transcription de ces colères en idéologie et programme politique, était impossible.
Si on devait établir une comparaison avec Mai-68, on verrait la manifestation d’une raison historique (dialectique), d’une opposition de la jeunesse, plus ou moins consciente (ruse de la Raison) contre l’esprit d’une époque, contre les valeurs, les fonctionnements, les blocages hiérarchiques, les rapports sociaux entre générations et entre classes sociales, et l’idée d’une instrumentalisation des jeunes qu’on prédestine, dès les études, à des tâches définies, asservissantes, servant le profit. Il y avait une dimension intelligente et cognitive dans Mai-68 et les années qui ont suivi. Et si colère il y eut, c’était une docte colère. Or, à notre époque, cette colère semble émaner plus d’un fond d’affect que de raison (dialectique). L’université ne se porte pas bien. Et les frondeurs de tout faire pour que rien ne change, pratiquant une obstruction au lieu d’une opposition constructive qui, comme cela se passe avec les amendements à l’Assemblée, aurait pu surfer sur la loi d’autonomie, pousser l’expérience jusqu’au bout afin de tenter un changement. Quel est le risque ? L’université ne peut pas tomber plus bas qu’elle ne l’est actuellement.
D’après ce qui se dit, la mise en concurrence des universités ferait que certaines, mieux dotées en moyens, seraient meilleures et délivreraient des diplômes de qualité supérieure. Cette crainte répond à une idéologie socialiste et pour le dire franchement, Nietzsche dénonça en son temps cette tendance en affirmant qu’elle est la revanche des médiocres. Il n’avait pas tort. Ensuite, cette question des diplômes renvoie à une pensée magique attribuant à un bout de papier une valeur fétiche, un sésame vers l’emploi. Tout ceci n’est que fantasmagorie. Cette gent estudiantine et infantile a peur de la concurrence et craint que certaines facs soient meilleures que d’autres, comme un gosse qui est envieux de son copain qui a reçu un jouet plus beau. Ah que de tristesse à voir cette jeunesse égarée. Qui ne voit pas les possibles dans l’accès à l’autonomie, les espaces et les motivations nouvelles permettant de donner un peu plus de passion et de pouvoir aux audacieux. Y compris les présidents. Car un président d’université, ce n’est pas sale, ce n’est pas un suppôt du grand capital. C’est une personnalité qui peut jouer dans un sens ou un autre et qui peut débloquer des innovations qu’une plèbe fonctionnaire pleureuse et frileuse se refuserait à accomplir. Parce que chez ces gens-là aussi, les envies sont légion et il ne faut pas qu’une tête dépasse. Ah que la France se reconnaît dans ces moment là, cette France qui a inventé la liberté, mais la craint, lui préférant de beaucoup l’égalité, autrement dit, concrètement, la médiocrité.
Cela dit, il faut raison garder et sagesse conserver. Rester méfiant face à un possible tournant managérial dans la gestion et les finalités de l’université. Cette institution mérite une autre alternative qu’entre la révolution managériale et pragmatique et la sclérose traditionnelle et bureaucratique. Il y a un champ d’ouverture que le manichéisme ne peut concevoir. Un dépassement des oppositions moyennant des règles du jeux précises, équitables et des moyens conséquents en comptant sur l’essentiel, des acteurs motivés, passionnés, impliqués, convaincus d’œuvrer pour des résultats conséquents tout en étant libre des scléroses et autres autoritarismes. Bref, la France manque d’une chose en général, les esprits libres. Pourquoi ?
Quant à l’infantilisme, il se décline aussi, entre autres choses, sur le thème du pouvoir d’achat et transparaît à travers différentes mesures alors qu’on en perçoit les manifestations dans de multiples champs de la société. Donc, affaire peut-être à suivre dans d’autres billets.
36 réactions à cet article
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Belle mise à distance d’une France jugée détestable par un commentateur bcbg (ce n’est pas méchant, cher Bernard). Infantilisme donc, terme qui complète la panoplie en usage dans l’élite, France extrémiste, France populiste, et quelques autres termes péjoratifs.. Cette France que Bernard préférerai apathique, pardon agnostique.
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Cher Péripate, votre commentaire sybillin m’oblige à faire un déminage. Je ne déteste pas la France, ni les jeunes, je déplore simplement une situation, celle des Universités, pointant entre autre, et c’est un des fond du billet, la monté d’une colère qui ne se traduit pas par une canalisation politique (clin d’oeil à Sloterdjik) ce qui est cohérent aussi avec l’agnosticisme qui, je le précise, est une option politique raisonnable n’engageant aucunement un immobilisme et une apathie. Pour le reste, je ne suis ni BCBG ni bobo, ni de l’élite. Mais bon, déformation professionnelle de votre part, un cinéaste a besoin de clichés. Je ne saurais que trop vous conseiller le travelling, suivre une pensée et une existence...
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Après avoir été un fervent adepte du plan-séquence, en ce qu’il déconstruisait le montage et faisait effet vérité, je me suis rendu compte que l’auteur, à trop chercher de se cacher derrière une prétendu objectivité, traduisait en fait à son corps défendant le point de vue des dominants.
C’est pourquoi j’ai choisi ici le gros plan sur un mot.
Probablement à votre insu, vous reformulez le point de vue d’une classe que je qualifiai de BCBG. C’est ce que je pointai, et non pas votre propre position sociale.
Mais j’apprécie généralement vos articles, soyez-en sûr.
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Attention au contre-jour qui vous fait croire que je défend le point de vue des dominants alors que c’est tout autre chose, je critique en fait le point de vue des dominés et de ce fait je les défend non pas en appuyant leur action mais en essayant de montrer que leur tactique est vaine, en porte-à-faux et donc, rendant stérile leur combat qui du reste, est dépourvue d’horizon excepté maintenir l’université dans son état médiocre.
Pour ma part, je suis un défenseurs des savoirs et je crois en fait qu’il faut tout revoir, les missions de l’université quitte à inventer une nouvelle université prenant place à côté, bref, dans le sens de l’Ecole d’Aquithènes, ce machin transversal qui traîne dans mes cartons
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J’apprécie cet humour !
Mais reconnaissez que ces éclaircissements modifient quelque peu la tonalité de l’article.
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L’âge étudiant est bien l’âge du début de l’affirmation de la conscience politique.
Dommage qu’il se réduise (l’âge bête , que voulez-vous) à son plus simple appareil, l’opposition.
En effet, la mixité universitaire n’est pas un mal. Il permettrait de diversifier les parcours, prolongement de la spéciation professionnelle.
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aujourd’hui:Liberté, médiocrité, fraternité
demain : Liberté, autonomie, individualité !
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Oui grand dilemne donc à tout prendre autant garder "Fraternité" non ?
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À propos du « Cahier des charges » établi en vu de l’élargissement des compétences des universités prévu par la loi du 10 août 2007, relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU)."Si vous croyez que la clé de la liberté se trouve derrière une loi injuste qu’il suffit d’abolir, dites-vous que cette loi a été inscrite de votre propre main sur votre propre front". (Khalil Gibran)Voici un document plus important que le texte de la loi car il permet de nous imprégner de l’esprit même de la contre-réforme et concrètement, de savoir de quoi l’avenir sera fait.On trouve le Cahier des charges à l’adresse suivante :https://www.igf.minefi.gouv.fr/sections/les_rapports_par_ann/2007/Ce texte est signé conjointement par des hauts fonctionnaires de l’inspection générale des finances et par des hauts fonctionnaires del’inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche.Ces éminences, dont le statut est, pour le moment, en béton, ont donc rédigé un document qui vise à privatiser, à financiariser l’université.Ce qui est très frappant, au premier abord, c’est que ce document ne parle jamais d’enseignement, mais de « gestion budgétaire et financière », de gestion des ressources humaines (l’expression " ressources humaines " vient de l’entreprise privée et n’avait pas cours il y a trente ans dans l’administration publique), de « gestion immobilière » (les universités vont devenir des agences immobilières stricto sensu et certains de nos collègues - contre primes sonnantes et trébuchantes - ont déjà enfilé l’habit d’agent immobilier), et enfin de « pilotage et de relation avec la tutelle ».Alors que Madame Pécresse, et les médias qui la relaient, parlent d’« autonomie » des universités, ce document prouve que d’autonomie,il n’y en aura jamais plus. Tous les établissements seront en effet surveillés, en temps réel, par le panopticon du ministère, dansun constant mouvement d’action et de rétroaction. Le Cahier des charges permettra « d’apprécier la capacité des universités à assumer les nouvellescompétences prévues par la loi et à en tirer le plus grand parti ». Chaque université devra donc s’auto-évaluer en permanence, s’évaluer parrapport aux autres, tandis qu’elle sera, comme toutes les autres, évaluée par l’administration centrale en fonction de critères qui seront, onva le voir, de moins en moins universitaire. Toute décision du conseil d’administration sera « approuvée par arrêté conjoint du ministre chargédu budget et du ministre chargé de l’enseignement supérieur ».Les personnels universitaires (enseignants, administratifs et techniques) ne seront plus rétribués par l’État, mais par les établissements eux-mêmes. Le document présente ce changement comme une « liberté » puisque le fléchage central des crédits diminuera. Le hic, c’est que la « fongibilité » des crédits sera « asymétrique » (il faut être au moins inspecteur général des finances pour inventer une expression aussi naturaliste qu’opaque). En aucun cas, en effet, l’enveloppe accordée aux personnels ne pourra être majorée. Elle pourra, en revanche, être diminuée au profit des crédits de fonctionnement et d’investissement. Vous pouvez faire toute confiance aux trois-quarts des présidents de la CPU, qui réclamaient cette loi depuis des années,et qui l’ont largement inspirée (ils ont donc toute l’objectivité nécessaire pour en parler),pour faire des économies « inévitables » (aucuneironie de ma part : elles seront inévitables) aux dépens de la rétribution des personnels. En clair, les personnels en place risqueront d’être moins payés, tandis que les personnels à recruter, dans la mesure où l’emploi sera « librement déterminé » par les établissements, se verront offrir des contrats (ce sera le cas, dès l’année prochaine, pour les personnels BIATOSS de rang B voulant passer rang A) " personnalisés ",globalement à la baisse dans la mesure où les avancements de carrière ne seront plus du toutgarantis. Si cette catégorie de personnel a tout de suite fait l’objet d’un traitement de faveur,c’est parce qu’elle sera au centre de la "gouvernance " (autre vocable de l’entreprise privée), et donc d’une nécessaire docilité. Les universités devront recruter - aux dépens du personnel enseignant, par exemple - de nombreux personnels de gestion. En effet, la « fonction financière » des établissements sera tellement importante et délicate que des cadres nombreux et de bon niveau seront nécessaires. Ce n’est pas dans le texte, mais ces personnels auront pris le pouvoir dans les universités avant dix ans. La tâche de ces experts sera ardue. Il leur faudra prendre en compte l’exécution budgétaire passée et la répartition des crédits entre unités budgétaires. Ils devront suivre pas à pas le déroulement de l’exécution budgétaire, effectuer un bilan annuel, maîtriser l’exécution budgétaire,optimiser celle-ci en réorientant les crédits encours d’année et en limitant les reports de crédits. Les universités disposant, en principe,d’une masse budgétaire double de celle actuellement à leur disposition, elles devront éviter de voter des budgets en déséquilibre,négocier sur des bases objectives le volet financier de leurs contrats pluriannuels, et « apprécier si elles sont capables de supporterdans la durée le coût de leurs décisions de gestion, notamment en matière de ressources humaines ou en matière immobilières ». Ces deux ressources figurant dans la même phrase, on sent bien que, dans l’esprit de nos éminences, les cerveaux ne compteront pas plus que les briques. C’est pourquoi les universités devront réaliser chaque année des « analyses financières rétrospectives et prospectives », en évaluant « le coût à court et moyen terme » de leurs décisions importantes. La comptabilité des établissements aura été « remise à plat ». Le diagnostic des comptes devraêtre « de qualité », en particulier dans le domaine patrimonial. Pour « tirer le plus grand bénéfice de la réforme » (on ne parle toujours nid’étudiants, ni d’enseignants, ni de recherche),les établissements devront limiter au maximum la part des crédits considérés comme fléchés,c’est-à-dire (à noter que les auteurs n’utilisent jamais " c’est-à-dire ", mais " i.e. ") dont l’emploi « n’est pas fixé par l’université mais par le financeur ». Une part des crédits sera évaluée en fonction « d’une appréciation de la performance des composantes », et pas seulement en fonction « du nombre d’étudiants ». Ouf ! Nous sommes à la page 6 du Cahier. Nos hauts fonctionnaires se souviennent brutalement qu’il existe des étudiants, mais ils en parlent de manière négative. Qu’en sera-t-il, dans les faits, de la gestion des ressources humaines ? Trois articles du « nouveau Code de l’éducation » (954 1, 2 et 3)sont capitaux. Le conseil d’administration définira la répartition de service des personnels enseignants et de recherche. Le conseil d’administration pourra créer des « dispositifs d’intéressements permettant d’améliorer la rémunération des personnels ». Le Président de l’Université (lui seul) pourra recruter « pour une durée déterminée, des agents contractuels pour occuper des fonctions techniques ou administratives de catégorie A » ou « pour assurer par dérogation [Š] des fonctions d’enseignement et de recherche ». Les articles que je viens de citer ont été pensés pour faire disparaître la fonction publique de l’enseignement supérieur, comme c’est le cas dans de nombreux pays. Tout président pourra, dans le secret de sa conscience, récompenser « le mérite et l’implication des personnels ».Chaque fin de mois, les personnels seront rétribués par un établissement qui devra « sécuriser le processus de paye ». Le payement pourra faire l’objet d’une « procédure de paye à façon », « prestation payante proposée par le Trésor Public », ou d’une « paye interne », qui serait une « solution prudente ». Comme pour toute entreprise privée, le « pilotage » de la masse salariale va « devenir un enjeu essentiel pour les universités ». Les universités devront se doter d’un « logiciel de pilotage » (avec un pilote pour piloter, j’imagine). Les auteurs du Cahier sachant pertinemment que les universités risquent de n’avoir ni les compétences financières ni les compétences techniques pour accomplir ce travail, ils suggèrent qu’elles « mutualisent » cet effort, car « il serait dommage que les universités se préparent en ordre dispersé à affronter un défi (je suis déçu : j’attendais "challenge ") qui se présentera partout dans les mêmes termes. Il existe d’ailleurs un Guide pratique du pilotage de la masse salariale (voir le site performance-publique.gouv).Il faut attendre la page 10 pour que les auteurs du Cahier abordent la dimension « qualitative » de la réforme. Pour les inspecteurs, qualité signifie avant toute chose « redéploiement ». En fonction des « besoins », bien sûr, en recrutant largement, à l’extérieur, des personnels enseignants titulaires (tant qu’il en restera, il suffit d’aller voir ce qui s’est passé à France Télécom, à La Poste ou à EDF), ainsi que des personnels non enseignants non titulaires, chaque université pouvant jouer « sur les modalités et les volumes de recrutement, sur les modalités de rémunération, de promotion et de carrière, de représentation, de régime horaire et de congés ».Tiens, tiens, pourra-t-on nous expliquer ce que les congés (de maternité, par exemple) ont à voir avec la rémunération et la promotion despersonnels ? Les présidents pourront récompenser les plus méritants. Ils pourront « concentrer les primes [Š] sur un nombre raisonnable [sic] debénéficiaires ». Ce qui permettra d’« élever » le montant des primes. Les primes pourront être modulées « en fonction de la manière de servir ».Vous avez bien lu : " servir ". Oui, il conviendra d’être les fidèles serviteurs de l’Université rénovée. Concernant la gestion immobilière, lesuniversités pourront « aliéner tout ou partie de leur patrimoine ». Elles seront forcément conduites à le faire. Elles auront besoin de cache-flot (je m’initie au langage de l’Inspection Générale). Elles se retrouverontdans la situation, par exemple, de France Télécom qui vend ses bâtiments pour avoir du cache-flot et qui, l’instant d’après, les loue car il fautbien se loger. Avant de vendre, les universités pourront faire appel à des expertises privées pour évaluer leurs biens. Pour les universités, connaître en temps réel leur valeur patrimoniale impliquera un suivi de tous les instants, et l’obligation d’entrer dans une logique capitalistique et marchande afin de faire fructifier leurs biens. Mais il est clair que, dans l’esprit des rédacteurs du Cahier des charges, les établissements finiront, à terme,par vendre leur immobilier (« traduire dans les comptes la diminution progressive de la valeur des biens de l’université »). Ils vendront, simplement parce que l’université française possède un formidable patrimoine que le privé convoite depuis longtemps (mais il y a loin de lapoubelle de Toulouse le Mirail - invendable en l’état - à l’ancienne faculté de droit de Poitiers), et qu’elle ne pourra pas garder éternellement parce que les établissements devront désormais « supporter les charges budgétaires liées aux amortissements », jusqu’à présent à la charge de la collectivité nationale. Restent le pilotage et les relations avec la tutelle. On a beau être autonome, on n’en est pas moins tenu de fournir une « information régulière », après s’être doté « d’instruments d’audit interne et de pilotage financier et patrimonial selon des modalités fixées par décret ». Pour être efficace, il conviendra d’élaborer « unschéma directeur des systèmes d’information »,accompagné d’un « renforcement des fonctions techniques et politiques dédiées [sic] au système d’information ». Dans la mesure où les établissements seront surveillés en temps réel,il sera possible « d’adapter les objectifs et leprogramme de travail de l’Agence de mutualisation des universités et établissements ». Comme on sait, par ailleurs, que la recherche sera elleaussi pilotée par Paris, les conséquences de la nouvelle loi seront la disparition d’un grand nombre d’établissements ou, à tout le moins, departies d’entre eux, le regroupement autoritaire d’universités qui auront réussi à préserver provisoirement leur intégrité, et la constitution d’énormes pôles, non pas d’excellence, mais de rentabilité. Cette masse considérable d’informations à fournir (nos hauts fonctionnaires, nourris de culture française, utilisent le terme reporting, trouvé, j’imagine,dans leur lecture du Financial Times) au ministère impliquera, je l’ai dit, le recrutement d’une armée de clercs, des contractuels. Les universités joueront leur existence dans une sorte de Bourse (aussi rationnelle que les "Stock Exchanges " que nous connaissons déjà).Elles ne s’en sortiront que si elles offrent une « sécurisation juridique et financière » de leurfonctionnement. Il aurait suffi, il y a quelques mois, qu’une poignée de conseils d’administration se sabordent et boycottent la Loi Pécresse (un seul vient de le faire tout récemment). L’histoire aurait basculé en faveur des défenseurs du service public, de la vraie mission de l’Université quin’est pas de faire des affaires, de coller au train du patronat en fournissant, loin de tout projet humaniste, des compétences sans aucuneréflexion critique, de marchandiser le savoir et de précariser tous ses personnels. Nos présidents ne pouvaient prendre cette initiative. Ils veulent être réélus. Un coup de pied dans la fourmilière, et ils auraient dû faire une croix sur des lendemains qu’ils croient enchanteurs et qui ne le seront pas. Maîtres en leur demeure, recevant des émoluments assurémentplus élevés qu’aujourd’hui, ils devront cependant filer doux devant les vrais détenteurs du pouvoir. Il y a beaucoup plus préoccupant que les calculs tactiques des présidents d’université. Les universités européennes sont entrées dans un processus d’« économie de la connaissance », pourreprendre une expression officielle de Bruxelles. Qui dit économie dit compétition, raréfaction, renchérissement de ces connaissances. Le premierchapitre du Cahier des charges, celui qui commande le reste, s’intitule, je le rappelle, « la gestion budgétaire et financière ». Ce qui sous-entend clairement que les universités vont devenir des entreprises, mais non des entreprises industrielles vendant (ou achetant) des brevets ou des diplômes, ce qui serait déjà un pur scandale : elles seront des entreprisesfinancières, ce qui est une horreur. À très court terme, les droits d’inscription des étudiants vont exploser. Lorsque la loi était encore en discussion, les responsables des syndicats étudiants s’étaient polarisés sur ces droits, sans regarder plus loin que le bout de leur nez. Madame Pécresse leur avait donné momentanément satisfaction pour obtenir leurneutralité bienveillante. Que ces responsables aillent observer ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis : comme leurs parents victimes destaux de crédit immobiliers, des milliers d’étudiants ne peuvent plus rembourser les sommes considérables empruntées pour financer leursétudes. Concluons : l’objectif de cette loi et de son Cahier des charges est de détruire l’université française en tant qu’outil de formation etd’émancipation afin de la soumettre - classement de Shanghai oblige - aux desiderata du CAC 40.Pour faire entrer en application un projet, uneloi aussi réactionnaires, il fallait interdire tout espace de contestation en réduisant le poids du conseil d’administration, en introduisant deschefs d’entreprise en tant que tels dans les instances dirigeantes, en réduisant l’influence des personnels et des étudiants. Ce déni dedémocratie coupera à jamais l’Université de la citoyenneté, du politique au sens noble du terme. Les marchés apprécient déjà. ----------Voici les occurrences de quelques termes (pris au hasard...) dans le cahier des charges (18 pages) :enseignement : 12 occurrencesétudiant(s) : 2professeur : 1cours : 0faculté : 0ressources humaines : 11gestion : 67-
Luc Ferry "observateur de la vie publique"...on a vu mieux.
Il fut probablement le plus mauvais ministre de l’Education Nationale de la cinquième République et passe sa vie à débiter des âneries sur les médias qui voient en lui un bon client.
Faussement brillant, vraiment incompétent,sa pensée est faite de citations de salon et de truismes consternants.
L’argument de l’infantilisme me paraît trop facile. Il révèle surtout l’incapacité à comprendre les motivations d’une génération qui n’est pas celle de l’observateur. Son emploi est si récurrent depuis au moins deux siècles qu’on peut être certain de son inutilité.
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@Bernard Dugué
J’apprécie beaucoup votre article ainsi que la qualité de vos échanges avec le Péripate. L’infantilisme a toujours existé, mais je crois qu’il s’est aggravé depuis mai 68, notamment à cause de l’invasion de la publicité dans la vie privée. Il est évidemment plus répandu chez les jeunes qui fréquentent l’université que chez ceux qui se frottent aux difficultés de la vie professionnelle. Bruno Julliard a tort de penser que ces derniers sont esclaves d’une société mercantile. Dans cet article (j’espère qu’il sera beaucoup lu, et que d’autres vont suivre), vous tentez de convaincre les premiers d’abandonner leur "complainte gauchisante". Quelle belle comparaison vous faites avec la "docte colère" de mai 68 !
L’erreur de ces jeunes repose sur des idées a priori, des procès d’intention, des caricatures. D’un côté le grand capital qui veut tout bouffer, de l’autre l’université éclairant le monde. Quelle tristesse ! Quand on fait appel à la raison, on est automatiquement rangé dans le camp du grand capital. J’espère tout de même que la raison fera son chemin dans les esprits de ces étudiants.
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Je ne discuterai pas de la définition de l’infantilisme. Les réactions des étudiants sont excessives et caricaturales, certes, mais que dire de l’infantilisme (ou de la fourberie) très cour de récré qui consiste à imposer une réforme à la va-vite, quand la quasi-totalité des intéressés sont en vacances, en ne tenant compte que de l’avis de ceux qui ont tout à gagner du nouveau système.
Etre adulte serait donc d’accepter la nouvelle donne qui ignore totalement deux des principales causes d’échec : la démagogie des ministères successifs qui ont saboté l’évaluation dans l’université à coup de compensations et de rattrapage, et la frivolité d’un patronat qui ne recrute volontiers que dans les mêmes écoles endogames.
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Je suis plutôt d’accord avec l’auteur de l’article,
J’ai la vingtaine mais je ne supporte plus ces étudiants qui s’oppose à tout ce qui est nouveaux, la plupart n’ont aucune idée du monde du travail et pense réellement que plus il feront de longues études plus ils seront sûre de dénicher un contrat à la sortie...
Mai 68 leurs a mis des pailletes plein les yeux, c’est pourquoi ils sont toujours prêts à partir manifester, connaissant la raison ou pas... J’ai eu le plaisir d’entendre "à mort le CPE !" en pleine manif, il voulait parler du Conseiller Principal d’Education manifestement...
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les étudiants qui ne connaissent pas le monde du travail, leissez moi rire. 70% travaillent pour payer leurs études.
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Article interessant mais hors sujet. J’ai l’impression que vous ne connaissez pas votre sujet(j’exagere un peu, mais pas trop). On peut remarquer également que vous reproduisez les mêmes méthodes que dans tous les journaux, ie vous jugez les méthodes en ne parlant pas du fond (1 ou 2 points de la réforme tout au plus). ps : L’unef ne s’est pas désolidarisé du mouvement, car elle n’en a jamais fait partit.
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68 en meme temps que des changements démographiques et sociaux professionnel important a vu l’accés à la societé de consommation au sens de baudrillart,non pas une société édenique mais une société ou le controle et l’organisation serait désormais assurer par la consommation. Les mouvements universitaires se sont toujours inscrits dans cette perpective autonomiste libertaire et consummériste avec la certitute qu’on ne reviendrait pas en arriere et il est symptomatique que le mouvement actuel concerne presqu’essentiellement les sciences humaines qui ne sont plus ce qu’elles étaient. Les baby boomers négocient leur retraite, le mouvement qu’ils ont initié à porté ses fruits.
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Votre article est très certainement l’un des plus mauvais que vous ayez écrit ces derniers temps.
Je crois profondément que vous n’avez pas saisis les enjeux réels de cette réforme.
Vous saluez avec honneur la génération de mai 68, mais vous oubliez complétement qu’il s’agit aujourd’hui de leurs enfants.
Laissez-moi éclairer un peu votre lanterne :
Le droit à l’égalité est inscrit dans la constitution, désolé qu’elle vous déplaise, elle n’est pas synonyme de médiocrité !! Elle est la garantie que tout le monde avance ensemble sans discrimination.
Associer l’égalité à la médiocrité, c’est avoir un sérieux penchant pour l’Eugénisme, l’histoire nous montre à quel point cette philosophie peut être dangereuse.
Revoyez donc votre modèle de pensée, il y a là une certaine dérive qui ne vous fait pas honneur.
Je vous crois plus objectif à discuter de sciences humaines et empiriques.
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Vous voulez éclairer ma lanterne, envoyez-moi carrément à la lanterne, avec les aristos des Lumières !
Le droit à l’égalité ? Relisez la constitution et aussi la déclaration des droits de l’hommes
Vous verrez qu’il ne faut pas confondre droit à l’égalité et égalité des droit.... les hommes naissent....l e e e d
Bref, no comment
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Bon d’accord, les jeunes se démerdent comme des manches, sans maître à penser ni leader charismatique, mais sont-ils vraiment les défenseurs de la médiocrité, "pratiquant une obstruction au lieu d’une opposition constructive" ? Les jeunes de Mai 68 étaient-ils constructifs quand ils brûlaient des voitures et jetaient des pavés sur les CRS ? Vous dites "une complainte gauchisante pour le moins décalée et désuète, de plus sans poésie." Ah ! sans poésie, là je dis que c’est dommage : . Je ne peux pas dire autre chose. Mais ne tombons pas dans la nostalgie de la poésie sociale de Mai 68.
Je plusse quand même l’article car c’est un point de vue teinté de provocation et je trouve les lecteurs de plus en plus exigeants envers les rédacteurs, j’en sais quelque chose : ils ne seraient donc pas si partisans de la défense de la médiocrité mais plutôt de l’exigence.
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Bonjour dugué.
Intéressant point de vue qui se recoupe avec ton article sur la tendance à « l’agnostisme ».
La jeunesse doit pouvoir exprimer sa capacité transgressive sans cela nos enfants ne seraient que des légumes. Ceci dit ils ne le font pas en dehors d’un monde délimité par ce qu’en ont fait les adultes.
Donc si les adultes tombent dans « agnosie » politique, il y a de forte chance qu’ils l’aient répercuté pour partie sur leur descendance. Il me semble bien que c’est cela que tu as soulevé en notant le caractère colérique et affectif de cette envolé estudiantine et lycéenne qui n’a pu se trouver des bases idéologiques ou structurante comme en mai 68.
En 1994 j’avais poussé un coup de colère quand les jeunes lycéens s’opposaient au SMIC jeune de Balladur, en trouvant inadmissible que la peur de l’emploi est asservi les adultes jusqu’au point, qu’ils ne soient plus capable de défendre les intérêt de leurs enfants qui doivent le faire par eu même.
Mais au moins ils ne s’y opposaient pas, ce qui n’est pas le cas du mouvement de ces derniers jours, une évolution significative.
Alors la bonne question pourquoi des jeunes de 68 avec moins de possibilité éducative qu’aujourd’hui ont pu nourrir une réflexion politique constructive d’un type de société (que l’on peut critiquer là n’est pas le sujet). Et que ceux d’aujourd’hui ne peuvent expliquer clairement leur mécontentement pour laisser croire que ce n’est que de la colère d’une révolte gauchiste.
Je pense comme dans ton article sur ségo et sarko qu’une bonne parie est atteinte « d’agnosie » également.
Au surplus y faut y rajouter, ce qui à mon sens constitue un paradoxe fabuleux, c’est qu’au moment ou l’on dispose des plus grands moyens d’expressions et de connaissances cela se traduit par le développement d’un infantilisme croissant qui n’épargne aucune tranche d’âge conduisant au refus du complexe par incompréhension, ou parce qu’il est trop loin des sens pour être compris ce qui donc laisse supposer soit une distorsion de l’information pleine de bruits ou une régression du développement de l’intelligence réflexive, de la dialectique.
Je voulais en faire un article mais si cela t’inspire ne t’en prive pas.
Dans le moyen âge les peintures et autres dessins retracent la plus par du temps les évangiles, leur but était d’instruire une population analphabète. Ainsi l’image avait une vocation éducative. Puis vint l’imprimerie qui bouleversa l’apprentissage et la diffusion des idées.
Mais cela imposait de s’instruire et d’avoir une capacité de réflexion importante pour coucher par des écrits restrictifs une pensée ou une cogitation bouillonnante, pour la rendre supérieure à la rhétorique.
Chacun se rappelle de la pauvreté en image de nos livres scolaires d’après guerre. Ainsi donc la lecture donnaient naissance à un imaginaire qui en construisait ses représentations, nous avions ainsi cette aptitude à la construction intellectuelle qui débouche sur celle de la compréhension (les jeux de rôles), l’image ne nous était pas vendu il fallait là construire, et parfois de sa distorsion en naissait une innovation.
Je ne pense pas que cette fonction est disparu, je pense qu’elle sait fortement amenuisée par une information appauvri et unique qui distribue les mêmes images paralysants la cogitation pour la contenir dans le message visuel et donc atrophiant l’imaginaire par des bruits identiques.
Egalement la dimension émotionnelle des informations qui est privilégié tronque la capacité conceptuelle de projection dans le long terme, qui ne repose que sur la capacité cognitive de se projeter au-delà de ses sensations immédiates. Cela se fait par le développement de la réflexion et le cumul de connaissances, car ce n’est pas une réponse émotionnelle de sont champs de perception environnemental direct.
Or, la plus grand partie de l’information tant à développer celle du champ direct, et celle-ci ne permet pas de saisir le complexe.
Un autre élément est la rapidité des transformations et la quantité de réglementations exponentielles qui se fabrique justifiants la spécialisation et devenant de plus en plus inaccessible au commun des mortels, dont la plus part arrêtent leur éducation à la fin de leur scolarité.
Ainsi donc une même aptitude suivant la nourriture intellectuelle dont on l’abreuve ne donnera pas les mêmes résultats. Nous tendons vers un univers exclusif de spécialistes dans le droit fil des développements technologiques qui exigent des spécificités productives, délaissant ou rendant la pensée imaginaire non productive, nous retirant ce qui nous donne les capacités de nous projeter dans l’utopique, si elle n’a pas une fin mercatique.
Après les contrôles de big brotheur qui découlent des innovations technologique nous allons y soumettre notre intellect, par les mêmes raisons qui découlent des moyens technologiques.
Les cadets sont l’avenir d’une société et heureusement que nous ne pouvons leur passer la totalité des messages que nous véhiculons sinon nous serions dans le déterminisme, il est donc important de ne pas en faire seulement des outils de production dans des universités hyper spécialisées par la compétition, car ensuite il ne fabriqueront que des armes pour maintenir dans la pauvreté tous ceux qui auront été exclus de cette compétition et qui se révolteront pour ne pas la subir même si l’on peut soutenir sans conscience humaine qu’elle n’est que le fruit de leur mérite, car ils n’auront plus de références philosophiques
Ce n’est pas la compétition pour sélectionner le meilleur qui pose un problème, c’est quel est le meilleur que l’on veut, si nous confions l’enseignement à l’appétit des marchands comme les accords le prévoient (AGCS), il est fort à parier que nous auront des androïdes parfaitement huilés.
Si les jeunes l’ont comprit, même sans clairement l’expliqué ils ont bien fait de l’exprimer et de ne pas vouloir ressembler à ce que sont devenus leurs parents de 68 après un bon lavage médiatique, ce qui laisse supposer que ceux qui avaient compris quelque chose en mai 68 étaient moins nombreux que ceux qui ont suivit, car je ne pense pas qu’ils soient tous mort.
Pour conclure mon commentaire je dirais que le manque de moyens technologiques d’expression et plus porteur de dialectique qu’une société bourré de technologie qui ne peut remplacer ni représenter la diversité et la complexité humaine, si bien que si l’on ne fait que si référer l’on en vient à régresser intellectuellement, là ou l’on croit que l’on progresse parce que l’on a de belles images de l’autre bout du monde.
Tout irait mieux dans ce monde disait May, si l’on donnait à chaque étudiant débutant une calculatrice de poche, et si on l’encourageait à jouer avec l’équation logistique. Ce calcul qui l’expose dans l’article de Nature (qui est considéré comme son article messianique paru dans Nature en 1976) aiderait à se défaire des préjugés acquis, lors d’études scientifiques standard, sur les possibilités de la nature. Cela transformerait les conceptions des gens sur bien des sujets, depuis la théorie des cycles économiques jusqu’à la propagation des rumeurs. Il faut enseigner le Chaos, affirmait-il. « Il était temps de reconnaître que la formation scientifique standard faussait les jugements. Quelle que soit la perfection atteinte par la mathématique linéaire, avec ses transformées de Fourier, ses fonctions orthogonales, ses techniques de régression, elle abusait inévitablement les scientifiques sur leur monde terriblement non linéaire. » « L’intuition mathématique que l’on développe prépare mal l’étudiant à affronter le comportement étrange présenté par le plus simple des systèmes discrets non linéaires. » « Tout irait pour le mieux, non seulement en recherche mais aussi dans le monde quotidien de la politique et de l’économie, si d’avantages de gens prenaient conscience du fait que les systèmes non linéaires élémentaires ne possèdent pas des propriétés dynamiques simples. » Gleick. La Théorie du Chaos. Editeur Flammarion. 1991. P 110.
Cordialement.
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désolé je n’ai pas relu il y a des fautes.
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Bonsoir dédé
Vous avez un billet en germe, travaillez-le et écrivez
une remarque sur les jeunes de mai 68. Je ne crois pas qu’ils aient eu moins de possibilités éducative, ils étaient même mieux instruits alors que nos jeunes sont plus surinformés qu’instruit. Là est la différence.
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Excellent article, mais il faut comprendre que l’infantilisation est aussi un effet d’une société bloquée, capturée par une élite aristocratique formée dans les grandes écoles dont elle défend mordicus la prééminence corporatiste et que la compétition est d’avance pipée entre l’université et les grandes écoles.
On ne peut exiger un niveau de réflexion auto-critique chez des jeunes formés dès le berceau ou presque à la culture publicitaire et télévisuelle, à qui la précarité illimitée (et non pas seulement le chômage) est promise.Comment devenir responsable de soi dans un monde qui vous méprise en vous couvrant des fleurs démagogiques de la consommation, laquelle ne peut fonctionner que comme un miroir aux alouettes ?
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Sylvain, l’élite devient plus oligarchique qu’aristocratique
on prend le chemin des USA, celui qu’a décrit Lasch dans « la révolte des élites »
quant au système des grandes écoles, c’est ce qui marche encore et il vaut mieux le sauver que de le dissoudre dans le magma difforme d’une université qui perd sa substance d’année en année par la faute de toutes les parties prenantes, étudiants, profs, administrations, présidents, politiques, syndicats
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On dépense deux fois plus pour un élève de grandes écoles que pour un étudiant d’université. A égalité de traitement les universités obtiendraient probablement de bons résultats et la paupérisation croissante des étudiants cesserait.
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Exactement et j’ajoute l’effet pervers du système dual qui est le nôtre : l’arrogance des élites qui y sont recrutées par concours sur des bases sociologiques de plus en plus étroites. Cela nourrit un corporatisme des élites ouvertement affirmé.
Non, les grandes écoles ne marchent pas bien : elles forment plus des gestionnaires à la petite semaine sans esprit d’entreprise que des chercheurs ou développeurs scientifiques. Le bilan de Shanghai est de ce point de vue sans appel. Les meilleurs scientifiques, en France, vont dans les grandes écoles pour ne plus faire de sciences ou ce qui revient au même de recherche.
Elles sont pour l’essentiel des entreprises de formatage en vue d’un certain type de pouvoir bureaucratique confisqué par une noblesse d’état. C’est un système napoléonien franco-français d’excellence par excellence. Dans le monde ouvert et innovant d’aujourd’hui, c’est mortel.
Décidément Bernard est en train de virer .
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Bonjour sylvain.
Aucune société ne peut se passer d’élites qu’elle fabrique de fait. la produire pour venir en aide aux décideurs politiques et économiques ne signifie pas leur laisser le pouvoir pour croire que parce que ils détiennent un savoir nous sommes tenu par celui-ci, surtout s’il n’est pas pluraliste.
Mais l’histoire nous montre que cela exige que la population ne laisse pas se creuser l’écart entre eux et cette élites pour être le mieux à même d’exiger de leur compétence la réalisation des objectifs que le peuple souverain se donne. Or la ligne de démarcation n’est pas aussi nette et le pouvoir de la règle de trois dont ils sont détenteur à fini par convaincre la population que un euro plus un euro font deux euros et qu’en conséquence un homme plus un homme font deux hommes. De puis le temps où cette confusion existe je me garderais de fustiger les uns ou les autres.
De la même manière que certains croient que le libéralisme est un blanc seing pour exploiter les autres parce que la règle de trois y conduit.
Comme d’autres croient qu’ils sont riches de par leur seul mérite parce que la règle de trois leur accorde la propriété du travail d’autrui sans lequel il s’appauvrirait s’il décidait de l’abandonner.
À l’aube du 21e siècle nous sommes toujours sous cette relation duale du primate qui sait cultivé mais qui croit encore que son existence est une suite de chiffre linéaire.
Nous le voyons avec les cracks boursiers ou les hommes disposent des mêmes choses des mêmes capacités et il suffit de leur dire qu’il n’y a plus d’argent pour qu’ils en meurent. L’argent la seule chose qui se fabrique à la pelle car il suffit d’écrire son montant sur un bout de papier.
Mais notre nature de primate ferait que certains croiraient qu’il suffirait de faire une reconnaissance de dette comme on fait un mot d’excuse pour se dispenser de participer à la création de la richesse. C’est donc bien notre instinct qui représente un frein. C’est donc lui qu’il faut civiliser et non le transformer en mathématique.
Je ne crois pas que l’on apprenne cela aux élites il n’y a pas d’école du vécu. C’est pour cela que dans mon commentaire à dugai je rappelais le point de vu de R.MAY auquel je souscris pleinement qui m’a valu ce commentaire suivant à ZEN que je te joins.
« La nature par nos sens conditionne nos comportements. Les éléments émotionnels que nous enregistrons, notre cerveau les traites (notre corps aussi, mais c’est un peu plus complexe, on ne retiendra que le cerveau).
Donc qu’en nous avons traduit par le langage nos émotions pour les préciser et ainsi en faire un élément de l’environnement qui sollicite les sens, nous nous sommes engagés dans ce que nous appelons l’évolution culturelle qui bien sur est le produit inné de la faculté d’adaptation par l’apprentissage.
Cet accède au langage, malgré qu’il soit castrateur, puisque un mots ne recouvre pas toutes les déclivités des sens de chacun sur un champ de zéro à l’infini. Sur ce champ il occupe une place différent pour chacun, mais nous nous tendons à ce que chacun adopte le sens d’un, cela pour ceux qui sont proche de la place du mot dans son champs pose moins de problème que pour ceux qui en sont éloigné ou aux extrêmes. C’est donc de là que naissent toutes les opinions personnelles, pour exprimer tous les sens qui en ont été exclus.
Plus tard la nécessité de l’échange générant un sentiment de frustration de satisfaction ou d’équité a fait jaillir de notre cerveau le langage des chiffres pour traduire ces émotions relationnelles. Ainsi en traduisant dans le champ des échanges les comportements relationnels nous en sommes arrivés à définir l’économie, et étendre cela à l’observation de notre environnement pour en donner une explication mathématique ou géométrique, suscité l’on va dire par la curiosité. Pourtant ces mathématiques sont toutes aussi castratrices que les mots, alors que nous nous croyons qu’elles sont justes, et donc par leur restriction façonnent notre organisation dans une organisation limitée exclusif des autres. Ainsi le langage des mots et des chiffres n’est que la résultante de nos sens restreignant la réalisation de leur perception à la codification que notre cerveau a produite.
C’est bien ce que dit Foucault.
Alors la mécanique quantique n’y échappe pas, (sauf si c’est dieu qui la souffle à l’oreille des chercheurs) c’est juste, mais il leur parle par la terre, par l’environnement.
Ainsi quand nous essayons de comprendre des forces ou des informations de flux que nous présentions et que nous n’avons jamais vu, mais dont nous mesurons les effets, nous sommes en pleine cogitation cérébrale pour essayer de traduire des systèmes complexe aux donné partielle que nous réceptionnons et qui nous les rendent aléatoires.
Or l’humain et un système complexe qui génère des comportements déterministes à partir de donnés aléatoires qu’il reçoit, et il s’étonne donc de les voir toujours remis en question, ce qui le conduit à développer des comportements agressif et guerrier, pour maintenir un ordre castrateur par ce que exclusif des autres.
Aujourd’hui la « science » qui modélise le mieux la complexité de notre existence aléatoire est la mécanique quantique. Elle n’est qu’un langage du complexe qui pourrait parfaitement être modélisé à nos relations économiques, car elle serait plus à même de marier tous les paradoxes et les antinomies (le chat de Schrödinger) que nous développons par un système linéaire déterministe. Et donc en ressortirait une nouvelle existence, de la même manière que le langage des mots et des chiffres a façonné celui que nous vivons.
Voila. Il y a deux ouvrages qui conduisent à cette pensée personnelle. C’est, Gell-Mann Murray. Le Quark et le Jaguar, ou du simple au complexe. (Il y a un auteur récent qui a publié un ouvrage sur le simple et le complexe mais je n’ai pas pu me le procurer). Éditeur Flammarion. 1997, et L’arbre de la Connaissance. Par Humberto Matura et Francesco Valera. Edition Addiso-Wesley France 1994 traduit du même ouvrage en langue anglaise édité en 1992. »
Cordialement.
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C’est sûre que regarder avec satisfaction la commission que l’on vient de faire, c’est beaucoup mieux.
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Je trouve cet article très pertinent, mais limitatif car l’infantilisation est un processus global ; le réduire à un phénomène typique de la population estudiantine me paraît optimiste... Les « responsables mais pas coupables », « consommez RAPIDEMENT ET SANS BOUGER DE CHEZ VOUS ( ’manquerait plus qu’on soit obligé de quitter son cocon tiens !) » et autres slogans-idées simplissimes et matriciels du type « manger entre les repas fait grossir-maman télé prend soin de vous », qui infestent nos vies à tous les niveaux, n’y sont pas pour rien.
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N’oubliez pas de manger cinq fruits et légumes par jour, et de prendre l’escalier, aller chercher ses gosses à pied etc....
Cet article n’est pas limitatif, il parle d’un sujet et à la fin, j’ai justement voulu ne pas en rester là en affirmant ceci
Quant à l’infantilisme, il se décline aussi, entre autres choses, sur le thème du pouvoir d’achat et transparaît à travers différentes mesures alors qu’on en perçoit les manifestations dans de multiples champs de la société. Donc, affaire peut-être à suivre dans d’autres billets.
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Bernard Dugué voit de l’infantilisme partout !
La vraie question, c’est de savoir ce qui pousse quelques individus à faire ce cirque, dans la rue, dans les gares, dans les universités. Un point commun : ils ne sont pas trop inquiets du lendemain. Les uns sont protégés par leur statut de service public, les autres coulent des jours paisibles à la fac aux frais de papa et maman... Certes il ne faut pas généraliser, mais c’est une piste de réflexion pour les sociologues amateurs : le confort moral est-il une cause d’immaturité ?
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« Il paraît, selon les observateurs de l’OCDE, que les jeunes Français ont un an de retard dans les études secondaires. »
Selon certains experts, l’écolier francophone a besoin d’1 an à 1 an et demi de plus que les autres écoliers pour acquérir la maîtrise du français.
A part cela dommage qu’on ne puisse pas appliquer la loi Pecresse sur une moitié de la France et voir ce qui se passe... C’est iréalisable et les biais sont inévitables...
Enfin, s’agit il d’« infantilisme » ou d’une maturation, plus lente qu’autrefois ?
Cordialement,
Marc P
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Je demande à voir les méthodes d’analyse de ces ’observateurs’.Mais il est vrai qu’en sabotant l’apprentissage dans les petites classes on plombe toute la suite de la scolarité. A moins de préférer un système à l’anglo-américaine, avec des collégiens nuls et des privilégiés allant dans les meilleures facs (et souvent obligés de rattraper à la va-vite, dans les 2 premières années, tout ce qu’ils auraient dû apprendre plus tôt).
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J’ai plussé l’article car j’apprécie les points de vue divergents. Mais je dois dire que je suis très étonné de l’interprétation des mouvements actuels comme du pur infantilisme. Pour moi ça relève d’avantage de l’expression d’un désespoir. Ces petits jeunes sympathiques mais un peu gamins ne sont pas du tout des gosses privilégiés à qui on paye des études sabbatiques avant qu’ils découvrent le monde réel.
Les étudiants sont d’abord des pauvres.
La plupart d’entre eux travaillent dans des jobs pourris de manière à être - mal - logés, et à - mal - manger. Le repas du CROUS est le seul repas de la journée pour une fraction pas négligeable d’entre eux. Ils savent qu’en plus, le monde du travail ne les attend pas vraiment les bras ouverts, pour enchainer les jobs alimentaires précaires et les stages où ils sont exploités sans être payés. Ils savent qu’ils sont dans les filières de second rang, que l’effort de la collectivité ne porte pas sur eux.
Alors parfois ça pète. Sans mot d’ordre précis, sans un plan de société. Ah oui, pas de plan de société idéale. Mais où le trouveraient-ils ? En 68, il y’avait quelques ailleurs intellectuels ouverts, des maitres à penser qu’on pouvait biberonner. De quoi la génération actuelle dispose-t-elle pour le même exercice ?
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Cette remarque est tout à fait pertinente : Les étudiants dont la famille est riche sont dans leur majorité dans les grandes écoles.
Bernard ne devrait pas oublier qu’à l’infantilisme arrogant de ceux d’en haut répond nécessairement un infantilisme de la révolte, en l’absence de tout projet politique progressiste, de ceux d’en-bas.
Nietzsche ne nous dit jamais comment ceux d’en bas pourraient s’en sortir sinon en contestant ceux qui se prétendent dominants mais qui ne font que jouir et profiter de leur position sociale plutôt confortable (les héritiers). Sauf à considérer les inégalités comme permanentes car naturelles ; ce que Bernard pour le moment n’a pas encore osé nous affirmer. Mais il est déjà engagé sur cette pente...Comme quoi sont agnotiticisme politique est en train, comme souvent, sinon toujours, de tourner au conservatisme le plus plat, plus ou moins tenté pas le sarkozisme.
Or la sage maturité de NS reste à démonter.
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« Cette gent estudiantine et infantile a peur de la concurrence et craint que certaines facs soient meilleures que d’autres, comme un gosse qui est envieux de son copain qui a reçu un jouet plus beau. Ah que de tristesse à voir cette jeunesse égarée. »
Et que de tristesse devant le mépris qui ressort de cette phrase...car le risque est bien réel et c’est le modèle dominant dans les pays anglo-saxons, peut être pas encore l’idéal de l’ultra libéral, mais on s’en rapproche peu à peu. Et d’ailleurs, le gosse qui a le plus beau jouet dans la cour de récré n’est-il pas souvent celui dont les parents ont les moyens de le lui payer ? Car c’est bien de ça qu’il s’agit : des universités prestigieuses aux droits d’inscriptions prohibitifs qui garantiraient un diplôme prestigieux et des universités pour le rebut, pour les « médiocres » dont vous parliez... finalement ceux qui n’auront pas assez d’argent pour s’y inscrire. Et ne me parlez pas des bourses offertes aux meilleurs étudiants leur permettant un accès à la fac de luxe : minorité que cela, la grande majorité viendra des rangs d’une oligarchie soucieuse de garantir à ses enfants la reproduction d’une société qui leur est favorable. C’est déjà le cas me direz-vous, mais la reproduction sociale de Bourdieu n’en était pas arrivé à ce point là ! Et oui, dans ce cas les médiocres sont souvent les plus pauvres : alors ne me parlez pas d’égalité en droits car si elle n’existait déjà que peu dans le système universitaire français, elle disparaitra peu à peu dans celui proposé et mis en place cet été. Si la méthode peut déplaire, le fond du mouvement est donc à mon sens parfaitement justifié.
De plus, ne comparez pas ce mouvement à celui de 68 dans le seul but de le dévaloriser : si les enfants de 68 font pâle figure par rapport à leurs parents, pensez à ce que ces derniers sont devenus...« ils sont allés grossir les rangs des banquiers et des marchands...entraînant dans leurs cartables, la connerie de leurs aînés. » En fait de changement de société, on a vu mieux...non ?
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