La baby-sitter de ma voisine porte le voile et ça me gêne
J'entends déjà les commentaires offusqués : Le voile est un simple accessoire vestimentaire et on a donc le droit de le porter, parce que chacun s'habille comme il veut. C'est ça la liberté...
Remarquez, à ce compte-là, la croix gammée elle non plus ne fait de mal à personne. Il s'agit juste du vieux symbole solaire indo-européen, non ?
Ah bon ? Elle représente aussi autre chose ? Des idées incompatibles avec notre démocratie ? Ah oui, tiens donc...
1. Et au fait, le voile, il représente quoi ?
Le voile a été imposé aux femmes par le coran (33v59) dès la période médinoise pour séparer les Médinois non musulmans (impurs) des musulmanes (pures et réservées aux hommes musulmans).
Sa fonction est donc de participer au cloisonnement la société.
De mettre une barrière entre les gens dans une société fondamentalement inégalitaire, où les gens sont classés selon différents statuts, de valeurs inégales, en fonction de leur sexe et de leur religion.
De séparer les « purs » des « impurs » (s9,v28)...et accessoirement d'empêcher ainsi toute velléité d'intégration dans la société française.
Il matérialise aussi l'infériorité du statut juridique de la femme, qui n'est pas libre de disposer de son corps. Un "corps obscène" qu'il faut cacher (cf. Leïla BABES).
En fait, il représente exactement l'antithèse des principes de base de notre démocratie : liberté, égalité, fraternité.
Ce verset sur le voile est de la même veine que tous ces versets qui font qu'une femme appartient à un homme (père puis mari) et représente un bien qu'il convient de soustraire à la tentation pour ne pas se le faire voler.
Cette femme reconnue juridiquement comme inférieure à l'homme qui la commande (4v34).
Cette femme dont le mari dispose quand bon lui semble. Elle n'a pas le droit de se refuser à lui (2v223). Il a le droit de la frapper s'il la trouve désobéissante (4v38). C'est normal, légal, halal...
Cette femme qui vaut exactement la moitié d'un homme, pour le témoignage (2v282) comme pour l'héritage (4v12).
Cette femme qui doit se voiler et baisser les yeux devant les hommes (24v31).
Cette femme à qui il est interdit de faire l'amour hors mariage, d'épouser un non-musulman, et tant d'autres choses si on prend aussi en compte la sunna (en fait la liste est quasi infinie. Tout dépend du degré d'intégrisme qu'on souhaite, des hadiths qu'on choisit).
Cette femme qui ne peut espérer égaler l'homme justement que dans la pratique assidue de la religion (33v34)...
Si on accepte ce verset (33v59), comment refuser les autres qui vont dans le même sens ?
Est-il si beau qu'on doivent lui sacrifier notre devise nationale ?
Sachez qu'il n'existe pas de différence de nature ni de structure entre le voile (hijab) et la burqa. Juste une différence de degré et d'intensité (Abdelwahab Meddeb, « le cercle des idiots »). Comment alors interdire l'un et pas l'autre ?
Nous sommes là dans une lecture littérale du Coran, et c'est là tout le problème : cette lecture littérale, menée jusqu'au bout, abouti inévitablement au voile, à la lapidation, au meurtre ("tuez les infidèles partout où vous les trouverez.." 9v5) ; elle conduit tout droit à l'islamisme, à l'antisémitisme. Au fascisme de la pire espèce. Car l'intégrisme n'est pour l'islam que l'application pleine et entière des textes.
2. Non, le voile n'est pas obligatoire pour être musulmane.
Les musulmans réformistes (ceux qui souhaitent adapter le Coran à la République et non le contraire) nous proposent une autre lecture du Coran.
Une lecture critique et non littérale.
Ils nous apprennent que le port du voile est une pratique antérieure à l'islam : une tradition païenne pré-islamique, que l'islam a maintenu par défaut, mais qui n'a aucune importance religieuse.
Pour eux, l'islam recommande seulement la décence dans la manière de porter ce voile (c'est à dire le vêtement d'usage habituel dans la société bédouine du VIIème siècle) et dans la manière de se comporter en société, aux hommes comme aux femmes. (cf. Leïla BABES).
Le voile (sous toutes ses formes) n'est qu'un marqueur de l'islam politique. Le cheval de Troie des intégristes.
Lisez Nasr Hamid ABU ZAYD (l'un des meilleurs linguistes égyptien) ou Muhamad Sa'id AL ASHMAWI (éminent juriste). Ils risquent leur vie pour vous ouvrir les yeux.
Pendant qu'ici l'esprit munichois prospère.
Avant la montée de l'islamisme, le voile était très minoritaire au Maghreb.
Réservé à quelques bigotes puritaines et traditionalistes, tandis que les musulmanes étaient libres de s'habiller comme elles le voulaient, de se promener en bikini sur les plages. C'était avant le voile...
Les maghrébines des années 50, 60, 70 et 80 étaient-elles pour autant moins bonnes musulmanes ?
Les islamistes feraient bien de réaliser que c'est leurs propres mères ou grands-mères qu'ils méprisent, alors qu'elles leur montraient qu'on peut très bien être musulmane sans ce voile...
3. Un foulard peut aussi servir à étouffer la liberté.
C'est à ça qu'il a servi dans tous les pays musulmans.
Partout, il a accompagné la progression des barbus, du Pakistan au Maroc.
Partout, le voile est la première chose qu'ils imposent à la société.
Son nombre est inversement proportionnel au degré liberté de conscience dans le pays considéré.
Plus il y a de voiles en circulation, plus la charia imprègne le droit des Etats.
Il est l'allié fidèle du barbu, "son étendard" (cf. Caroline FOUREST). La marque visible de son emprise. N'est-ce pas en soi une raison suffisante pour l'interdire ?
Partout les journalistes qui lui résistent se condamnent à la clandestinité, comme Talisma NASRIN. Comme en Allemagne en 1933. N'est-ce pas une raison suffisante pour l'interdire ?
Dans quel camps se place la France !?
On peut actuellement voir ce fameux foulard à l'oeuvre en Egypte et en Tunisie : la démocratie y perd (la liberté de) conscience. Elle perd ses forces et meurt peu à peu, étouffée, alors que lui se généralise, triomphant.
4. Il ne tue pas seulement la démocratie : il tue aussi les gens.
Le voile islamique, insidieusement d'abord, puis de manière plus affirmée, revendique ses droits jusqu'au moment où, assez fort, il impose sa loi et punit ceux qui tentent de se dérober à sa tyrannie (cf Hamid ZANAZ).
Se sont des dizaines de milliers de femmes musulmanes, Pakistanaises ou Algériennes qui témoignent du fond de leurs tombeaux qu'un simple foulard, c'est mortifère.
Etaient-elles islamophobes ? Ou alors simplement un petit peu trop libres, trop fières de leurs jolis corps ?
Seules à sortir un peu de l'anonymat, celles de Tebessa (Algérie 2001), égorgées et violées parce qu'elles vivaient sans mari et sans voile (cf.Courrier international, été 2001).
Il tue des femmes, mais accessoirement aussi les hommes qui osent douter de sa pertinence (comme l'Egyptien Farag Foda, et tant d'autres intellectuels, dans l'indifférence générale).
Et nous, on l'accueille sur notre sol comme si de rien était ! Comme s'il n'y avait pas de liens entre l'islam politique et ce voile ! Quelle honte !
Clémenceau, relève-toi, ils sont devenus fous !
5. l'enjeu, c'est la perte de nos valeurs
De compromis en compromissions, nos politiciens, indignes de leurs glorieux ancêtres, semblent prêts à brader nos principes républicains pour une poignée de voix. Ils n'ont pas compris que la liste des "accommodements nécessaires" est quasi-infinie, que dans l'islam on peut toujours trouver de nouveaux commandements plus contraignants.
Non, Madame AUBRY, vous n'auriez pas heurté la sensibilité des musulmans qui sont dignes de ce pays, en refusant la ségrégation dans la piscine de Lille Sud jusqu'en 2008 (lien).
Qu'on ne se raconte pas d'histoire : un barbu et sa voilée ne seront jamais des démocrates. C'est comme un nazi philanthrope ou un pétrolier écolo : ça n'existe pas.
Ces gens là, toujours prompts, au nom de Voltaire, à défendre les libertés quand elles vont dans le sens de l'islamisation de la société, sont bien taiseux quand il s'agit de défendre la diffusion du film Persépolis ou d'exiger la libération de caricaturistes en Tunisie, ou d'une femme condamnée à mort pour adultère (Intisar Sharif Abdallah).
Entre la loi des hommes et la loi de Dieu, il faut choisir. Dans quel pays, où les femmes sont voilées, trouve-t-on encore les libertés d'expression et de conscience ?
Plus qu'une question d'islamophilie ou -phobie, il s'agit de savoir dans quel sens on veut orienter notre société. Celui de VOLTAIRE et de BENCHEIKH ou celui de Tariq RAMADAN (le VRP du voile en France). Car la démocratie n'est pas éternellement acquise.
Aujourd'hui on en arrive à une situation ubuesque où, en France, des associations antiracistes en viennent à joindre leurs cris de haine à ceux des djihadistes avérés...pour défendre une pratique bédouine du VIIème siècle !! et qui plus est, totalement incompatible avec les principes de 1789 !
Mais on marche vraiment sur la tête !
Le problème n'est pas de savoir jusqu'à quel point les femmes qui le portent ont vraiment choisi de le porter (quoique !).
Le problème, c'est surtout l'idéologie criminelle et liberticide qui se cache sous ce bout de tissu.
Alors oui, ça me gène quand je vois la baby-sitter de ma voisine porter le voile. Même si je me doute qu'elle n'a pas tout compris de l'idéologie qu'elle véhicule.
REFERENCES :
Leïla BABES, "Le voile démystifié"
Une musulmane engagée dans tous les combats pour l'égalité et la liberté. Son blog vaut un détour.
Docteur en sociologie des religions. Lisez au moins les conclusions de son livre : en 3 pages, tout est dit sur le voile.
Soheib BENCHEIKH, "Marianne et le prophète"
Une des voix de l'islam des réformistes libéraux en France.
Cet imam, pas assez médiatisé, nous explique pourtant que le voile n'était un moyen valable pour protéger la femme que dans la société bédouine du VIIème siècle. En France, autre temps autres moeurs, ce qui protège les femmes, ce n'est pas le voile, mais bien l'école laïque, gratuite et obligatoire.
Il prône une réforme de l'islam passant par « un travail de désacralisation des interprétations classiques, par une relecture des textes à la lumière d'une intelligence neuve » (wikipedia).
Anne-Marie DELCAMBRE, « L'islam », « L'islam des interdits »
Docteur de l'Université Paris-IV en études islamiques, docteur en droit, islamologue. Sa maîtrise de l'arabe classique lui permet une exégèse critique et très documentée des textes de l'islam. Mais elle considère les efforts des réformistes musulmans comme voués à l'échec, et que les barbus sont les plus forts. Une opinion différente, mais tout aussi intéressante car solidement argumentée.
Caroline FOUREST, "frère Tariq"
Chroniqueuse au Monde, elle décortique avec beaucoup de perspicacité la stratégie de séduction des médias d'un barbu au sourire avenant. Ce qui lui a valu beaucoup d'insultes. Et bien sûr aussi des menaces. Un livre pas simple sur une enquête difficile. Un livre que tout citoyen devrait lire, ne serait-ce que pour les menaces qu'il a suscité.
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