• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > La confiance, c’est maintenant !

La confiance, c’est maintenant !

Les urnes ont parlé. A nouveau, les Français ont exprimé leurs doutes et leur désarroi sur l’aptitude de leurs dirigeants à gouverner. Qu’il s’agisse des municipales ou des européennes, ils ont manifesté leur inquiétude et leur désir de changement pour un avenir qu’ils peinent à se dessiner. On les comprend. Devant l’absence de vrais et constructifs débats, devant le manque de propositions ambitieuses, susceptibles de soulever l’enthousiasme, et de perspectives réalistes l’abstention et le Front National sortent grands vainqueurs des scrutins. Mêmes causes, mêmes effets !

Comment en est-on arrivé là ? Comment les Français, pourtant prompt à se saisir de la politique pour faire valoir leurs revendications, se détournent-ils de leurs institutions démocratiques ? Pourquoi choisissent-ils de se taire plutôt que de s’exprimer à travers le vote ? Comment la France qui, au fil des temps, a su promouvoir ses valeurs chrétiennes et humanistes, assimiler et intégrer les étrangers dans son corps social, être un phare reconnu et admiré des autres nations pour sa capacité à anticiper et façonner les grandes évolutions du monde peut-elle, à ce point, douter d’elle-même, de ses élites, de son destin ?

La France et les Français d’aujourd’hui n’ont pas moins d’idées ou de génie ni moins de caractère ou d’ambition que la France et les Français d’hier. La France reste observée. Lorsqu’elle s’exprime, on considère ses positions et on réfléchit à ses propos. Elle n’est pas différente dans le fond de ce qu’elle a toujours été et elle aspire toujours, un peu malgré elle aujourd’hui, à son rôle de leadership. Ce qui lui manque, c’est le sens de l’action, le discours clair et cohérent qui fait se mouvoir l’ensemble des forces vives de la nation, donne le courage de surmonter les difficultés, favorise la reconnaissance mutuelle des efforts consentis, invite au dépassement.

Dire la vérité, avec tact et pédagogie, sur la nature du mal dont souffre un malade est pour le médecin un devoir et une responsabilité. Ne pas le faire, c’est lui nier l’entière dignité de sa personne et le condamner quant à ses chances de recouvrer la santé. En politique, il en va de même. Les maux dont la France est atteinte sont connus, ses symptômes sont bien visibles et nombreux sont ceux qui les dénoncent depuis longtemps. Les meilleurs spécialistes les ont diagnostiqués avec précision et discutés avec âpreté. Ils ont établi la liste des remèdes à lui administrer sans toutefois s’entendre sur les priorités du traitement ; ce qui est ennuyeux et… inquiétant.

A ce jour, la France ne se porte pas mieux qu’il y a dix ou vingt ans. Les différentes thérapies n’ont pas permis de réelle amélioration de son état. Le mépris pour le politique, l’accentuation de la fracture sociale et le rejet des différences, le manque de compétitivité des entreprises et le recul de l’innovation, l’augmentation du chômage de masse et la paupérisation des plus faibles défient, encore, la redéfinition du rôle de l’Etat et la simplification de son appareil pour réduire les déficits publics et diminuer l’impôt, la promotion d’un dialogue social respectueux entre les citoyens pour créer du « lien », l’assouplissement des règles du marché du travail pour faciliter l’embauche et la transmission des compétences.

A bien y regarder, ce ne sont pas tant les moyens humains, matériels et financiers ou les trésors d’ingéniosité mis en œuvre par les experts pour la guérir qui font défaut. Que doit-on comprendre ? Que les spécialistes ne sont pas si compétents, ce qui viendrait à remettre en question leur jugement et, par extension, l’excellence de la formation française ? Ou que la France est rétive à tout changement ? Dans les faits, le mal est plus profond qu’il n’y paraît et, paradoxalement, la solution est à portée de main sans coûter davantage que les moyens déjà investis.

Les enjeux auxquels la France est confrontée ne sont pas uniquement économiques et sociaux comme on le laisse entendre trop souvent. Ces enjeux ne sont que les corollaires de la crise de moral qui frappe le pays. En d’autres termes, le défi principal de la France est un défi de civilisation ou d’identité. Personne ne peut y répondre à sa place et aucun autre pays. C’est son privilège et son calvaire. Devant cette question, les comparaisons deviennent vaines. Quelle place veut-elle légitiment occupé dans le concert des nations ? Que peut-elle apporter à ses principaux partenaires, notamment européens et, en particulier, à l’Allemagne ? Faire l’économie de cette réflexion, c’est se condamner à ne trouver que des solutions de court terme sans garantie de résultats. C’est nourrir un sentiment d’impuissance et offrir aux extrêmes, au Front National, le champ libre à leurs réponses mortifères.

Il faut donc prendre de la hauteur et plonger au cœur de la France, redécouvrir les champs qu’elle laboure, s’ancrer dans la réalité de ce qui la constitue avec ses bons et moins bons aspects. La réalité est parfois laide, souvent brutale mais elle est belle, surtout, pour autant qu’on la reconnaisse pour ce qu’elle dit. La réalité dans sa diversité invite à la saisir à bras le corps car devant elle, les illusions disparaissent, le doute s’estompe, les perspectives se dessinent, le cap s’illumine. On devient plus lucide, plus déterminé, plus fort. Le désir renaît en même temps que la confiance. C’est le moment de se donner du crédit et du courage.

C’est au politique d’œuvrer à rendre concret, palpable, ce sentiment français d’appartenance, de le mettre en forme ; c’est aux Français d’insuffler à leurs dirigeants la volonté des réformes nécessaires pour assurer la prospérité et la fierté de tous. On ne gouverne pas sans la confiance du peuple mais bien par l’admiration que l’on suscite et la reconnaissance mutuelle de chacun des acteurs de la société. Aux Français de se prendre en charge, de travailler à être des forces de propositions, de rendre hommage au travail de leurs chefs. A la France d’instaurer ce nouveau contrat de confiance.

Chaque Français est un morceau de France, chaque étranger qui vit sur son sol une chance de mieux se comprendre et d’élargir l’horizon. Il est des lois, des règles par lesquelles le génie d’un peuple se manifeste et façonne durablement l’avenir. Les Français l’ont très bien compris et leur comportement dans les urnes revendique ce désir. Ils veulent se sentir vivants, incarnés, et bâtir un futur à la hauteur de leur histoire, de leurs attentes légitimes. A la France de jouer et de gagner !


Moyenne des avis sur cet article :  1.67/5   (6 votes)




Réagissez à l'article

6 réactions à cet article    


  • ecolittoral ecolittoral 10 juillet 2014 10:03

    Très bel article qui reflète bien la réalité.

    Très bel article qui ne concerne pas uniquement la France, les Français...et leur monnaie le Franc (français).

    Presque tous les pays sont en dépression et leurs habitants saturent, comme nous, de devoir supporter des responsables politiques...irresponsables.

    Cet article est valable pour les Algériens, les Grecs, les Allemands, les Américains etc.

    Les religions (...promouvoir ses valeurs chrétiennes) n’ont rien à voir là dedans.

    Quant à l’intelligence de chacun et de tous, elle est toujours à l’œuvre.

    Les dirigeants ne sont pas (plus) le reflet d’un peuple.

    Ce qui ne veut pas dire pour autant que le peuple dort.

    Il s’adapte en préparant des jours meilleurs avec le peu de moyens qu’il lui reste.



      • Wilemo Wilemo 10 juillet 2014 11:45

        Bonjour, et merci pour cet article.

        Toutefois je me permets d’emettre une critique, pas tant sur la forme que sur le fond.
        Sur la forme, il est « bien écrit », dans le sens où il est consensuel, gentil, et à première vue il semble difficile à critiquer. Il invite à l’union (sur une base nationale) et à la construction (être force de proposition).
        Si je devais résumer votre article, je dirais :« Nous sommes dans une situation politique tendue ce qui conduit à des réponses électorales qui paraissent irrationnelles voir dangereuses. En conséquence de quoi, il faut prendre conscience que c’est un problème de confiance, que cela se résoudra si les hommes politiques réussissent à nous la redonner, et c’est à chacun de nous, dans notre diversité, de les amener à le faire. »
        Mais c’est bien là tout le problème. Les hommes politiques, enchâssés dans leurs partis respectifs, ne prennent pas la peine de construire avec les autres. C’est la structure même des partis qui invite à la compétition et au clivage. Pour avoir essayé « d’intégrer » des partis, pour au moins participer à des débats contradictoires (PS, PG), je me suis rendu compte que le débat ne vaut que si tout le monde est d’accord. Émettre un avis non consensuel équivaut à une ostracisation et à un étiquetage immédiats, à tel point que dans le compte rendu (s’il y en a) le propos ne sera même pas notifié.
        Si donc il m’est impossible d’influer sur le débat par cet intermédiaire, qu’il m’est impossible d’intervenir dans les médias, que le pouvoir en place (issu et pétri des pratiques des partis) ne m’invite pas à construire, ne me demande mon avis citoyen sur rien... Si enfin, le pouvoir ne respecte pas ses intentions électorales sans aucune responsabilité tandis que c’est le pouvoir même qui légifère sur la responsabilité des élus... Comment je fais, du haut de mon mètre 73 modéré et démocrate ? Le Pouvoir national est censé instituer mon pouvoir (notamment politique) ; tout au contraire, et structurellement, il le concentre dans des formations politiques (les forces de propositions destinées à prendre le pouvoir) opaques et d’intérêts privés. Moi ça me parait inextricable.
        Vous invitez à être force de proposition, soit. Mais la question que je pose, c’est... que proposez vous ? Quel modèle envisagez vous ? En quoi est-il opérant structurellement immédiatement. Dit autrement, en quoi donne-t-il du pouvoir à ses adhérents, pouvoir qui les invite eux même à le redistribuer afin d’augmenter la force collective ? Quelle structure du débat proposez vous ? Quels moyens utilisez vous aujourd’hui pour faire valoir ce discours et le diffuser dans les strates du pouvoir et leurs antichambres que sont les partis ? Quelle est votre spécificité structurelle, dans votre rapport au pouvoir, au niveau de votre organisation ? Quelle est votre stratégie pour parvenir au pouvoir institutionnel légitime ?
        Parce qu’enfin, pour être honnête, les discours d’union qui ne sont finalement que des invitations à se regrouper nombreux autour d’une personnalité forte... c’est assez commun, et pour tout dire, je suis personnellement dans une phase « pré-révolutionnaire », qui consiste donc à chercher un modèle alternatif opérant, impliquant, viable, cohérent, éthique (et accessoirement pacifique) qui menace la structure fondamentale du pouvoir... Pour le dire autrement, je ne crois plus aux hommes politiques. Et aujourd’hui, au modèle de la confiance, j’oppose celui de la défiance (voir mon article sur AVox).

        • Alexis_Barecq Alexis_Barecq 10 juillet 2014 12:28

          l’UMPS n’est pas la solution, c’est le problème.
          Tout autre parti idem.
          A bas les partis politiques et vive la démocratie, la vrai, le contraire absolut de la « démocratie représentative ».


          • Wilemo Wilemo 10 juillet 2014 13:40

            Malheureusement, supprimer les partis politiques revient à supprimer l’expression contradictoire, auquel cas s’opposerait, de fait, sans même ne rien avoir à faire, une sorte de parti unique (qui ne dirait évidemment pas son nom). Et pourquoi pas, après tout. C’est une hypothèse à regarder. Mais alors, il faudrait se demander comment ce parti unique mettrait en place dans ses structures les conditions d’expression de la pluralité. Aujourd’hui, le parti unique si l’on peut dire, c’est le consensus autour du modèle monopolistique républicain qui proclame (forcément !) que c’est un bon modèle, que le système institutionnel valide (par définition, puisque mis en place par lui), et promeut.

            Le parti, en tant que force de proposition ayant pour but l’accession au pouvoir (ce qui le différencie d’un think tank) ne peut se mouvoir que dans les limites de ce modèle, et n’existe que par ce modèle. Remettre en cause ce modèle de fonctionnement, c’est s’en exclure... et donc voir s’éloigner la possibilité d’atteindre le pouvoir pour en modifier les fondements !
            Il me semble que la démocratie, dans ses moyens, c’est l’obligation que se donne le pouvoir, quel qu’il soit, et à quelque niveau, à se limiter, en instituant des contre pouvoirs.

            Quand à la « vraie démocratie », elle est certes dans ses fondements de nature directe. C’est à dire qu’idéalement chacun, en tout temps et en toute matière, à son mot à dire. Sauf que ça impliquerait que chacun, pour ne pas être dépossédé, devrait voter tout le temps, sur tout. Perso, ça ne m’intéresse pas ! Je préfère déléguer ça à quelqu’un, et que ce quelqu’un soit obligé de me rendre des comptes et prend le risque d’être sanctionné (a minima la révocation).

            J’en suis personnellement arrivé à la conclusion que ce ne sont pas les partis politiques en tant que l’expression de la pluralité qui sont un problème, mais les conditions et les obligations que se donnent les partis pour redistribuer la parole à ses adhérents. Aujourd’hui, les partis ne demandent in fine à ses adhérents que d’être un effectif, un nombre, un « +1 ».
            Et il me semble que pour être cohérent et agrégateur, un « bon » parti se devrait de modifier en interne ses règles d’existence, ses modalités de fonctionnement, notamment - mais pas exclusivement - en matière de débat.
            Or, pour en avoir parlé avec des coordinateurs locaux, ce n’est pour le moment absolument pas leur priorité, puisque ça rentre en contradiction avec le modèle républicain. Le « bon » parti, expérimental et cohérent, proposerait en externe ses pratiques en interne. Il ne dirait pas « voici ce qu’il faut faire », mais « voici ce que nous faisons, et c’est parce que ce que nous faisons est désirable que l’on augmente nos adhérents et nos sympathisants. »
            Le pouvoir institutionnel est le reflet des pratiques des partis, puisqu’il met au pouvoir les « meilleurs » (quelque soit la définition du « meilleur ») de ses représentants.

            La CNDP fait des choses très intéressantes dans le domaine du débat, et tente de monter en puissance.
            Et si elle est critiquable par bien des points, cette initiative est, je crois, à vulgariser. Au moins afin de développer cette culture du débat constructif et opérant. Voici le lien vers le site, avec des conf’ vraiment passionnantes, et subtilement révolutionnaires, en ce sens que dans ses intentions, elle tente de passer outre les désirs conservateurs de la puissance institutionnalisées des partis politique qui, en matière de débats, ne l’apprécient jamais tant que lorsqu’il circonscrit par eux.

          • Pere Plexe Pere Plexe 10 juillet 2014 18:59

            Les urnes ont parlé

            Oui.
            Et le FN reste marginal au parlement.
            Et ne dirige que quelques communes sur les 36000 que compte le pays.


            Ne prenez pas en compte le résultats des élections que quand cela vous arrange !

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès