La confiance, c’est maintenant !
Les urnes ont parlé. A nouveau, les Français ont exprimé leurs doutes et leur désarroi sur l’aptitude de leurs dirigeants à gouverner. Qu’il s’agisse des municipales ou des européennes, ils ont manifesté leur inquiétude et leur désir de changement pour un avenir qu’ils peinent à se dessiner. On les comprend. Devant l’absence de vrais et constructifs débats, devant le manque de propositions ambitieuses, susceptibles de soulever l’enthousiasme, et de perspectives réalistes l’abstention et le Front National sortent grands vainqueurs des scrutins. Mêmes causes, mêmes effets !

Comment en est-on arrivé là ? Comment les Français, pourtant prompt à se saisir de la politique pour faire valoir leurs revendications, se détournent-ils de leurs institutions démocratiques ? Pourquoi choisissent-ils de se taire plutôt que de s’exprimer à travers le vote ? Comment la France qui, au fil des temps, a su promouvoir ses valeurs chrétiennes et humanistes, assimiler et intégrer les étrangers dans son corps social, être un phare reconnu et admiré des autres nations pour sa capacité à anticiper et façonner les grandes évolutions du monde peut-elle, à ce point, douter d’elle-même, de ses élites, de son destin ?
La France et les Français d’aujourd’hui n’ont pas moins d’idées ou de génie ni moins de caractère ou d’ambition que la France et les Français d’hier. La France reste observée. Lorsqu’elle s’exprime, on considère ses positions et on réfléchit à ses propos. Elle n’est pas différente dans le fond de ce qu’elle a toujours été et elle aspire toujours, un peu malgré elle aujourd’hui, à son rôle de leadership. Ce qui lui manque, c’est le sens de l’action, le discours clair et cohérent qui fait se mouvoir l’ensemble des forces vives de la nation, donne le courage de surmonter les difficultés, favorise la reconnaissance mutuelle des efforts consentis, invite au dépassement.
Dire la vérité, avec tact et pédagogie, sur la nature du mal dont souffre un malade est pour le médecin un devoir et une responsabilité. Ne pas le faire, c’est lui nier l’entière dignité de sa personne et le condamner quant à ses chances de recouvrer la santé. En politique, il en va de même. Les maux dont la France est atteinte sont connus, ses symptômes sont bien visibles et nombreux sont ceux qui les dénoncent depuis longtemps. Les meilleurs spécialistes les ont diagnostiqués avec précision et discutés avec âpreté. Ils ont établi la liste des remèdes à lui administrer sans toutefois s’entendre sur les priorités du traitement ; ce qui est ennuyeux et… inquiétant.
A ce jour, la France ne se porte pas mieux qu’il y a dix ou vingt ans. Les différentes thérapies n’ont pas permis de réelle amélioration de son état. Le mépris pour le politique, l’accentuation de la fracture sociale et le rejet des différences, le manque de compétitivité des entreprises et le recul de l’innovation, l’augmentation du chômage de masse et la paupérisation des plus faibles défient, encore, la redéfinition du rôle de l’Etat et la simplification de son appareil pour réduire les déficits publics et diminuer l’impôt, la promotion d’un dialogue social respectueux entre les citoyens pour créer du « lien », l’assouplissement des règles du marché du travail pour faciliter l’embauche et la transmission des compétences.
A bien y regarder, ce ne sont pas tant les moyens humains, matériels et financiers ou les trésors d’ingéniosité mis en œuvre par les experts pour la guérir qui font défaut. Que doit-on comprendre ? Que les spécialistes ne sont pas si compétents, ce qui viendrait à remettre en question leur jugement et, par extension, l’excellence de la formation française ? Ou que la France est rétive à tout changement ? Dans les faits, le mal est plus profond qu’il n’y paraît et, paradoxalement, la solution est à portée de main sans coûter davantage que les moyens déjà investis.
Les enjeux auxquels la France est confrontée ne sont pas uniquement économiques et sociaux comme on le laisse entendre trop souvent. Ces enjeux ne sont que les corollaires de la crise de moral qui frappe le pays. En d’autres termes, le défi principal de la France est un défi de civilisation ou d’identité. Personne ne peut y répondre à sa place et aucun autre pays. C’est son privilège et son calvaire. Devant cette question, les comparaisons deviennent vaines. Quelle place veut-elle légitiment occupé dans le concert des nations ? Que peut-elle apporter à ses principaux partenaires, notamment européens et, en particulier, à l’Allemagne ? Faire l’économie de cette réflexion, c’est se condamner à ne trouver que des solutions de court terme sans garantie de résultats. C’est nourrir un sentiment d’impuissance et offrir aux extrêmes, au Front National, le champ libre à leurs réponses mortifères.
Il faut donc prendre de la hauteur et plonger au cœur de la France, redécouvrir les champs qu’elle laboure, s’ancrer dans la réalité de ce qui la constitue avec ses bons et moins bons aspects. La réalité est parfois laide, souvent brutale mais elle est belle, surtout, pour autant qu’on la reconnaisse pour ce qu’elle dit. La réalité dans sa diversité invite à la saisir à bras le corps car devant elle, les illusions disparaissent, le doute s’estompe, les perspectives se dessinent, le cap s’illumine. On devient plus lucide, plus déterminé, plus fort. Le désir renaît en même temps que la confiance. C’est le moment de se donner du crédit et du courage.
C’est au politique d’œuvrer à rendre concret, palpable, ce sentiment français d’appartenance, de le mettre en forme ; c’est aux Français d’insuffler à leurs dirigeants la volonté des réformes nécessaires pour assurer la prospérité et la fierté de tous. On ne gouverne pas sans la confiance du peuple mais bien par l’admiration que l’on suscite et la reconnaissance mutuelle de chacun des acteurs de la société. Aux Français de se prendre en charge, de travailler à être des forces de propositions, de rendre hommage au travail de leurs chefs. A la France d’instaurer ce nouveau contrat de confiance.
Chaque Français est un morceau de France, chaque étranger qui vit sur son sol une chance de mieux se comprendre et d’élargir l’horizon. Il est des lois, des règles par lesquelles le génie d’un peuple se manifeste et façonne durablement l’avenir. Les Français l’ont très bien compris et leur comportement dans les urnes revendique ce désir. Ils veulent se sentir vivants, incarnés, et bâtir un futur à la hauteur de leur histoire, de leurs attentes légitimes. A la France de jouer et de gagner !
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