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Accueil du site > Tribune Libre > La démocratie représentative, une dictature de plus ?

La démocratie représentative, une dictature de plus ?

La démocratie est un système politique censé donner le pouvoir aux citoyens par consultation électorale. Cette définition minimaliste est pourtant très loin de correspondre à la réalité. Si la pluralité des systèmes démocratiques nous questionne directement sur la monosémie du mot, le paradoxe tient surtout à la nature du vote : exercice, ou abandon du pouvoir ? L’ambiguïté de la relation qu’entretient le vote avec le pouvoir nous conduit à énoncer un autre paradoxe, plus important : la démocratie ne serait-elle pas une dictature de plus ? Si nous pouvons aisément convenir que la démocratie est le moins mauvais des systèmes politiques, n’en voyons-nous pas les limites ? Une modernisation ne s’impose-t-elle pas, qui prenne en compte les aspirations du peuple tout en limitant ses excès ?

Certes, les démocraties offrent au citoyen un certain nombre de garanties, et leur pluralité ne cède rien à une communauté de valeurs fondamentales.

D’abord, le peuple est régulièrement consulté par voie électorale, selon différentes modalités. La régularité de cette consultation garantit la représentation des aspirations des citoyens à un moment clef de la vie politique - l’élection- et permet l’alternance, théoriquement la capacité du peuple à défaire ce qu’il a construit la veille.

Ensuite, la conduite des affaires publiques est assurée par des représentants de la majorité du corps électoral votant, dans le respect d’institutions dont l’objet premier est d’assurer la gouvernance, c’est-à-dire la bonne marche des affaires, même en l’absence de réelle majorité, la représentation de la moitié des citoyens plus un.

En outre, le fonctionnement des institutions et la séparation des pouvoirs trouvent stabilité et équité dans une constitution dont la réforme est rendue difficile.

Tout régime démocratique offre enfin au peuple un certain nombre de libertés publiques, et suppose garantir un traitement équitable aux minorités.

Ces différentes garanties ne doivent pourtant pas cacher l’illusion démocratique. En effet, nos systèmes démocratiques sont représentatifs, c’est- à-dire qu’au moment du vote, le citoyen abandonne son pouvoir à des représentants. Ceux-ci sont élus sur la base d’un choix négatif, non pas positif. Inconstitutionnalité de la vacance du pouvoir et obligation d’une recherche de majorité conduisent généralement l’électeur à porter son vote sur un autre candidat que le sien, lorsque ce dernier n’a pas été retenu dans le dernier carré. Il y aura donc toujours quelqu’un pour lequel voter. L’importance de l’abstention aux différentes élections, associée aux bulletins blancs ou nuls (qui ne sont pas pris en compte), trahit la désaffection de l’électorat non pas pour la politique, mais pour l’élection. L’urne n’est en effet qu’une chambre d’enregistrement du plus grand dénominateur commun, rien de plus. D’ailleurs, 70% au moins des décisions qui affectent notre devenir sont prises à Bruxelles, sans aucun respect pour les particularismes locaux ni pour la démocratie de proximité. Le citoyen européen est donc unique, standardisé. Il est vrai que l’uniformité est un moyen de contrôle efficace.

Si les textes garantissent à la plupart des citoyens le droit de se présenter à une élection, la réalité est bien différente. D’une part, il faut être soutenu par un parti politique aux finances suffisantes pour communiquer avec le citoyen, tout en étant appuyé par des médias complaisants et des groupes de pression, et, naturellement, trahir les amis de la veille. L’électeur qui croit choisir son candidat valide ainsi un système qui non seulement le méprise, mais le maintient à la merci de ces fameux lobbies, les seuls à être véritablement écoutés (voir l’influence de la Trilatérale dans les décisions actuelles). L’abstentionnisme grandissant et les politiques impopulaires (CPE, DADVSI...) ne font que confirmer cela. D’autre part, il faut être capable de « communiquer », c’est-à-dire de travestir habilement la vérité. L’homme honnête ne peut donc, à quelques exceptions près, représenter les siens. Il ne faudrait pas non plus tomber dans les pièges médiatiques qui fabriquent régulièrement des hommes providentiels (le couple Sarkozy-Royal aujourd’hui) afin de donner de faux espoirs aux électeurs.

Si tout homme politique est élu sur la base d’un bilan et/ou de promesses, il n’est malheureusement pas tenu d’appliquer ces dernières. Pourtant, ne peut-on pas penser l’existence d’un contrat entre l’électeur et son élu ? Que ce soit dans le domaine du travail, de la consommation ou des relations sociales (le mariage par exemple), il y a toujours un moyen de revenir sur sa décision lorsqu’on a commis une erreur, lorsqu’on s’est trompé ou lorsqu’on a été mystifié. Au contraire, l’homme politique peut « communiquer » en toute impunité pour conquérir le pouvoir, conforté par la légitimité électorale.

La démocratie représentative s’essouffle, et ne représente plus le peuple, juste un quarteron de nantis qui concentre l’essentiel des pouvoirs et gère les affaires de la planète au mépris des règles élémentaires de bon sens. Le citoyen est majoritairement contre les OGM, pourtant ceux-ci sont présents. Le citoyen est pour un accès libre à une culture diversifiée, pourtant celle-ci est mise sous tutelle. Le citoyen est enfin pour le droit à être informé objectivement, pourtant l’information est contrôlée, scénarisée (la fonction référentielle du langage est délaissée au profit des fonctions poétique, conative et expressive). Le citoyen n’est donc plus qu’une unité de production-consommation, une statistique perdue parmi tant d’autres, infantilisé par des programmes télévisés, observé par des agences de marketing et manipulé par des groupes de communication. L’Education nationale elle-même, dernier rempart contre la dictature, est en passe d’être démantelée et n’enseigne plus à penser. Il est urgent de moderniser la démocratie, afin de replacer le citoyen et ses aspirations au centre du système démocratique, dont il a été progressivement dépossédé. Ceci, les hommes politiques et les élites qu’ils servent n’en veulent pas, prétextant que les réactions populaires sont dangereuses pour la démocratie. Il est par conséquent utile de rappeler que la démocratie représentative n’a pas empêché des dictateurs d’accéder au pouvoir. Hitler en est un triste exemple.

La démocratie participative comporte certes des risques, qu’il convient de limiter pour ne pas tomber dans les excès populaires et démagogiques, et nous pouvons faire confiance aux brillants constitutionnalistes dont ne manque pas notre pays pour les pallier. La Suisse, avec sa démocratie semi-directe, est un exemple dont on peut déjà s’inspirer, sans toutefois fidèlement l’imiter. Arguons cependant que la rénovation de la démocratie, très loin d’aboutir, nécessitera un certain nombre de crises. Peut-être en voyons-nous les prémices ?

Conserver un système démocratique représentatif ne serait pas une mauvaise idée non plus, à condition de le mettre sous tutelle citoyenne. Cela devrait se traduire par un certain nombre de réformes profondes.

L’extension de la procédure d’empêchement d’abord. Le Conseil constitutionnel devrait pouvoir être saisi par les citoyens pour retirer son mandat à un élu dans un certain nombre de cas : promesse électorale non tenue (en donnant une valeur contractuelle aux promesses électorales car elles sont un moyen de gagner une élection), et décisions auxquelles n’adhèrent pas la majorité des citoyens. Ensuite, il faudrait intégrer le référendum d’initiative citoyenne sur un certain nombre de thèmes majeurs, référendum qui aurait une valeur juridique supérieure aux décisions de Bruxelles. De plus, non seulement les hommes politiques devraient être préservés des lobbies afin de prendre leurs décisions en toute objectivité, mais ils ne devraient pas pouvoir se représenter à une élection gagnée.

Ce n’est pas tout. Les partis politiques devraient adopter un fonctionnement réellement démocratique sous peine de ne pas pouvoir présenter de candidats aux élections. Ces mêmes partis devraient avoir une audience égale sur La Chaîne Parlementaire, c’est-à-dire indépendamment du nombre de leurs voix. Les médias télévisés ont en effet une influence prépondérante dans le débat démocratique, alors que leur fonctionnement ne l’est pas. Le choix des sujets et leur mise en scène les conduit naturellement à manipuler l’opinion, même si ce n’est pas forcément leur intention. Une analyse du contenu rédactionnel comme de leur forme mettrait en évidence les différents usages de l’implicite, les modalisations de l’énoncé et l’abondance des fonctions non informatives du langage. Seuls les communiqués des agences de presse utilisent exclusivement la fonction référentielle et métalinguistique du langage. L’information télévisée n’est qu’une suite de clips vidéo. Enfin, la représentativité des élus devrait être plus conforme à l’image de la société. Certaines professions sont en effet beaucoup trop représentées : médecins, avocats, fonctionnaires. Le fonds culturel dans lequel baigne tout représentant d’une corporation conditionne en effet son système de pensée et conduit inévitablement au divorce entre les élus et le peuple qu’ils sont censés représenter.

Ces propositions ne sont ni nouvelles, ni révolutionnaires. Elles correspondent à une volonté du citoyen de reprendre le débat démocratique à son compte afin de moderniser la vie publique. Il y a urgence, car la dictature est là qui frappe à nos portes. La concentration d’entreprises en entreprises de taille mondiale, la constitution de groupes de pression financés par ces mêmes entreprises, la désaffection du citoyen pour l’élection, tout cela concourt à valider notre analyse. Tout organe social (Etat, institutions, associations ou entreprises) dont le pouvoir est trop important est une menace pour la démocratie comme pour les individus, car l’équilibre des pouvoirs est rompu.


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35 réactions à cet article    


  • boupy (---.---.166.242) 12 avril 2006 12:35

    Cette analyse rejoint ce que disait Platon dans la République :

    « Selon toute vraisemblance, aucun autre régime ne peut donner naissance à la tyrannie que la démocratie ; de la liberté extrême naît la servitude la plus complète et la plus terrible. »


    • Aymeric (---.---.100.82) 12 avril 2006 13:45

      Le constat est là : notre « Démocratie » n’est pas vraiment Démocratique.

      Je pense que de plus en plus de citoyens partagent cette analyse.

      La solution semble simple : S’orienter vers une Démocratie participative et non pas représentative.

      Mais comment ? Comment un homme politique pourrait-il saborder le fonctionnement d’une institution dont il est le premier bénéficiaire ?

      Pour qui allons-nous voter en 2007 pour faire cette réforme institutionnelle dont vous esquissez les contours ?

      Vous en voyez des candidats qui correspondent à celà ?


      • Tristan Valentin (---.---.192.70) 13 avril 2006 09:28

        Je ne pense pas que ce soit un problème de candidat, car ils sont, eux-aussi prisonniers d’un système. J’ajoute que je ne serai pas meilleur qu’eux car dans ce système, je n’en aurai ni la volonté, ni la possibilité. Tout candidat, avant de parvenir à la lumière, doit mettre en place des réseaux, qui vont le soutenir et qu’il soutiendra une fois le pouvoir conquis. La personnalité de ces candidats diffère certes, mais au fond, ils représentent chacun une partie dudit système. Et celui qui ne respecte pas les règles du jeu est mis à l’écart (décridibilisé, « suicidé », « accidenté »). Vous n’avez enfin que trop raison en affirmant qu’il serait difficile pour un candidat de « saborder le fonctionnement d’une institution dont il est le premier bénéficiaire ».


      • Leon Bronstein (---.---.154.106) 12 avril 2006 13:53

        Je suis « en phase » avec ces propos qui sonnent plutot juste. Ici sur la côte du Morbihan nous avons un député élu sans cesse depuis plus de trente ans. J’ai voté pour lui, par défaut....

        Maintenant, j’ai beaucoup de temps libre. Alors je m’intéresse à ce député à qui j’ai confié mes intérêts pendant tout le temps où je servais ce pays. Je lui avais fait confiance...

        Je me demande maintenantà quoi il a bien pu servir. J’ai recherché ses interventions, ses déclarations : Rien....

        On ne le voit jamais, on ne sait pas ce qu’il pense, s’il a l’esprit « de critique »... On ne sait pas non plus son mode de pensée ou d’action... On ne sait pas comment il « fonctionne » intellectuellement (ou même s’il fonctionne !...). Quant à lui parler, c’est plus difficile : quand il vient à l’occasion des élections législatives) il tient un discours vide (il ne parle pas de Platon, il a même cru que c’était le nom du chien du maire.... Si on lui pose une question en réunion publique, il ne répond qu’à côté et a assez d’humour pour demander après si on est satisfait de la réponse !). Quand il circule, cela arrive lors d’inauguration, certains attentionnés disent "fais attention ! Tu vas lui marcher dessus !...

        En fin de comptes, c’est un désastre !

        Une démocratie qui comprend de tels représentants du peuple est mûre pour se transformer en une dictature. Surtout, que dans ce pays il y a des oligarchies qui attendent leur heure... Léon Bronstein


        • Tristan Valentin (---.---.192.70) 13 avril 2006 09:39

          Monsieur,

          J’ai préconisé qu’un homme politique ne puisse pas se représenter à une élection gagnée, aussi bon soit-il. Cela pour quatre raisons au moins : éviter l’usure du pouvoir, éviter qu’il ne se focalise sur sa réélection, éviter qu’il ne soit trop prisonnier des groupes de pression, éviter enfin la personnalisation du pouvoir. De nombreux constitutionnalistes et historiens s’accordent en effet à dire que la France est une « monarchie républicaine ».


        • Ludovic Charpentier (---.---.68.72) 12 avril 2006 16:32

          Le principe de consultation référendaire cher à De Gaulle devait être un exemple de ’démocratie participative’. Problème : à chaque fois, il s’en servait à des fins plébicitaires. Chirac aussi, il a fait un referendum sur le quinquennat dont tout le monde s’est foutu (30% de participation...) et un sur le TCE transformé en contre-plébicite... et qui était un referendum casse-croûte vu qu’il ne posait qu’une question de validation sans aucune contre-proposition en cas de victoire du ’non’.

          L’exemple Suisse est à creuser. Son défaut est un abus de la pratique référendaire qui fait que à la fin, peu de personne le pratique et on peut se demander si une décision prise avec 20% de votants est plus légitime que la décision prise par les parlementaires. Par contre, un excellent exemple était un referendum fiscal : les habitants d’un canton devait choisir entre une augmentation d’impôts et une amélioration des services publics, ou pas d’augmentation et pas de service public. A la surprise général des Jean-Pierre Pernaut de France, ils ont choisi la hausse des impôts...


          • Tristan Valentin (---.---.192.70) 13 avril 2006 09:40

            Tout à fait d’accord avec vous. Voilà pourquoi j’ai écrit qu’on pouvait s’inspirer de l’exemple Suisse, sans toutefois fidèlement l’imiter.


          • faxtronic (---.---.127.73) 13 avril 2006 10:09

            T’as raison, sans l’imiter, car la suisse c’est pas la france, a tous point de vue


          • Marsupilami (---.---.37.145) 12 avril 2006 17:22

            Tout cela me semble bien abstrait.

            Prenons donc un exemple concret : si des élections véritablement libres et démocratiques avaient lieu aujourd’hui dans tous les pays musulmans, les islamistes arriveraient au pouvoir dans tous ces pays et tireraient immédiatement l’échelle de la démocratie derrière eux en accédant au sommet du pouvoir.

            C’est ce qui vient de se produire avec le groupe terroriste Hamas en Palestine.

            Autre exemple : Hitler est arrivé démocratiquement au pouvoir.

            La démocratie n’est donc pas une panacée universelle soignant les maux de l’humanité mais, comme disait Churchill, « La démocratie est le pire des systèmes... à l’exception de tous les autres ».

            Quant à la démocratie participative chère à la camarade Ségolène, c’est du pipo démagogique. Pour qu’elle puisse réellement exister efficacement, il faudrait qu’une nette majorité de « citoyens » aient le sens du bien collectif, ce qui est loin d’être le cas.

            Houba houba snifff...


            • Yaarg (---.---.109.184) 12 avril 2006 19:50

              Bon, j’admets volontiers que les citoyens méprisent majoritairement le bien collectif, il n’y a qu’à voir justement le vandalisme des objets mis à la disposition du public...

              En revanche, pour ce qui est des pays islamiques, je doute que de vraies élection démocratiques donnent le pouvoir aux intégristes, car dans la plupart de ces pays, les femmes peuvent faire entendre leur voix. Si on leur garantit l’absolu anonymat de leur vote, il y a peu de chance qu’elles votent comme leur mari... La vote à bulletin secret est le seul moyen, je dirais plutôt le seul espoir pour libérer les femmes dans ces pays où les Droit de l’Homme et de la femme sont badfoués depuis des siècles.


            • Marsupilami (---.---.54.142) 12 avril 2006 20:21

              Le réel démentira tes rêves partout où il pourra se manifester.


            • Marsupilami (---.---.54.142) 12 avril 2006 20:25

              Ouaf !

              Personnellement, je ne vote ni pour une personnalité ni pour un programme, mais pour un pipole qui s’la pète.

              Donc je voterai peut-être pour toi si tu te présentes mal.

              Houba houba !!!


            • faxtronic (---.---.127.73) 13 avril 2006 10:19

              Non c’est bien au contraire. Il y aura toujours des gens qui ne sont pas interessés, et alors, c’est leur choix. Il y aura toujours des vandales. Personnellemnt j’ai deux systemes possibles dans la tête :

              - D’abord un etat « a la carte ». C’est à dire chacun vit selon un systeme de lois. Mais a la difference de nos jours, la loi n’est pas la même pour tout le monde. il y a un tronc commun obligatoire (constitution, droit régalien), puis deux trois options (impot/service public ; etc..).

              - Ou alors une decentralisation complete et simplifiée, a la suisse, avec des regions historiques (bretagne, berry, provence, aquitaine, savoie, alsace, guyenne, artois, etc...)

              Par contre je suis d’accord pour faire évoluer le systeme centralisé


            • tuquoquefili (---.---.228.134) 12 avril 2006 18:35

              C’est exactement ce que je pense, formulé bien mieux que je n’aurais pu le faire.

              C’est dommage que ce type d’article soit lu, approuvé et ... oublié.

              Il y a là le fondement d’un véritable mouvement politique. En outre l’informatique permet aujourd’hui une consultation directe et instantanée des citoyens qui pourrait donner à la démocratie participative une toute autre dimension.

              Pour ma part, je vais envoyer un lien vers cette page à un maximum de personnes et leur demander de faire de même, qui sait...


              • Novoptipolis (---.---.231.251) 12 avril 2006 18:36

                et si nous n’étions pas comme nous le pensons sous une démocratie représentative mais sous une démocratie « libérale » où seul notre pouvoir d’achat était pris en compte ?

                vu sur le blog de john paul lepers. http://johnpaullepers.blogs.com/john_paul_lepers_leblog/2006/04/le_monde_de _phi.html


                • Tristan Valentin (---.---.192.70) 13 avril 2006 09:46

                  Effectivement, la démocratie et libéralisme se complètent.


                • Cassandre (---.---.5.3) 12 avril 2006 19:22

                  Les démocraties actuelles en sont restées à l’équilibre des 3 pouvoirs : exécutif, législatif, judiciaire. Cet héritage de la triade indo-européenne (cf Georges Dumézil) est dépassé. De nouvelles constitutions sont à inventer qui prennent en compte les nouveaux pouvoirs des sociétés modernes : pouvoir médiatique (information), pouvoir d’enquête, vérification et expertise (qui pointe son nez par des organismes comme le CDA, la CNIL, la future autorité indépendante de sûreté nucléaire etc...), pouvoir économico-financier, a minima.

                  P. ex. omment un système de démocratie participative pourrait-il bien fonctionner si l’information et l’expertise ne sont pas sufisamment indépendantes des pouvoirs exécutif et économique ? Comment les médias peuvent-ils informer correctement s’ils ne sont pas indépendants de l’économique (pub...) et reproduisent les infos non vérifiées de lobbies qui font écran entre eux et les vrais experts, et si, d’autre part, il n’y a aucune structure pour les recadrer en cas de dérapage ?

                  Aucun des projets de « 6ème république » qui traînent ici ou là ne procède d’une réflexion de fond.


                  • Cassandre (---.---.5.3) 12 avril 2006 19:34

                    Dans certaines peuplades fort anciennes, mais pas si primitives, il était de coutume d’exécuter le roi à la fin de son règne, avec tous les honneurs.

                    Un remède à réinstaurer pour sélectionner des candidats ayant vraiment le sens du caractère sacré et sacrificiel de leur mission ?

                    Personnellement, je vote pour une personnalité, pas pour un programme. Je trouve qu’on devrait interdire les promesses électorales : c’est de la fraude, puisque ça revient en général à acheter les voix des électeurs avec l’argent de ce con de tribuable. De plus, on vous vend un « package » avec des choses qui vous plaisent et d’autres non, mélangées : la vente groupée, c’est interdit dans le commerce (en principe...). Cas type : l’arrêt de Superphénix par Jospin pour acheter les voix des écolos (dont in fine il n’avait même pas besoin à l’Assemblée). On n’a pas fini de payer cette ânerie, alors que c’est d’abord pour réduire le chômage que les socialistes ont été élu en 1997.


                  • Tristan Valentin (---.---.192.70) 13 avril 2006 09:47

                    Absolument d’accord.


                  • faxtronic (---.---.127.73) 13 avril 2006 10:21

                    La stricte separation des pouvoirs :
                    - Pouvoir executif
                    - Pouvoir Judiciaire
                    - Pouvoir legislatif
                    - Pouvoir economique
                    - Pouvoir mediatique


                  • jcm (---.---.0.12) 12 avril 2006 19:22

                    « Le Conseil constitutionnel devrait pouvoir être saisi par les citoyens pour retirer son mandat à un élu dans un certain nombre de cas : promesse électorale non tenue (en donnant une valeur contractuelle aux promesses électorales car elles sont un moyen de gagner une élection)... »

                    Ce n’est pas suffisant : un candidat pourrait se présenter sans énoncer la moindre promesse, et la menace de sanction sur la promesse non tenue conduirait à ce que bientôt < b>aucun candidat ne fasse la moindre promesse !

                    Il conviendrait donc que tout candidat à une élection soit contraint, pour être déclaré éligible, de s’engager sur plusieurs projets (j’en proposais 3 au premier jour de ce mois dans "Nouvelle constitution : un mandat à durée variable selon les résultats) avec des sanctions pouvant mener à une inéligibilité totale.

                    Certes il ne serait pas aisé de mettre en place un tel système qui, pourtant, offrirait des garanties assez fortes aux citoyens, beaucoup plus fortes et convaincantes que ne peuvent l’être les campagnes actuelles.

                    Cela vaudrait donc pour toute campagne électorale, d’une municipale à la présidentielle, mais cela laisserait encore aux politiques une grande latitude pour n’en faire qu’à leur tête, quoi qu’il arrive (et nous avons récemment mesuré combien certains ânes pouvaient être butés...), ce qui n’est en fait pas admissible du point de vue du plus grand intérêt général.

                    Il devrait donc devenir obligatoire que tout projet au delà d’une certaine envergure (à déterminer) doive systématiquement passer par une phase d’analyse de la part d’un groupe d’étude incluant experts confirmés du sujet et de nombreux représentants de la société civile (syndicats, associations...), cette analyse étant complétée par quelques propositions considérées comme les plus réalistes face au problème posé, et les mieux à même de les régler dans le souci du plus grand intérêt général.

                    Les politiques au pouvoir auraient alors à choisir l’une des solutions proposées (un exposé plus détaillé sur ce point est disponible sur Pour une politique de grands travaux, commentaire en bas de page).

                    Cette procédure répondrait parfaitement à votre souci « ... décisions auxquelles n’adhèrent pas la majorité des citoyens. » puisque les seules décisions qui pourraient être prises auraient été négociées avec des instances suffisamment variées et nombreuses pour représenter correctement le peuple et donc a priori prévalidées de façon assez sérieuse pour être correctement acceptées par l’ensemble des citoyens.

                    Cela rendrait superflues les vocalises de certains coquelets matignonesques ou des propos « racailleux » qui écorchent nous oreilles...

                    Moins de décibels, plus d’efficacité !


                    • tuquoquefili (---.---.228.134) 12 avril 2006 19:43

                      Je suis toujours un peu inquiet lorsque je vois les mots « experts » et « représentants »...

                      La démocratie c’est comme la liberté, elle comporte des risques. Ca veut dire que si la majorité décide d’aller contre un mur on doit y aller et ne pas, sous le prétexte d’une compétence prétendument supérieure, décider que ce n’est pas dans l’intérêt collectif.

                      De plus, si les gens sont bien informés (c’est là qu’est tout le problème) ils ne choisirons pas forcément d’aller contre le mur.


                    • Tristan Valentin (---.---.192.70) 13 avril 2006 10:05

                      Tout cela me paraît fort intéressant. Néanmoins, le gouvernement par expertise - et c’est ce qui est actuellement pratiqué - conduit à écarter l’ignorant du champ décisionnel alors qu’il est, lui aussi, concerné. L’infaillibilité de l’expert ou d’un groupe d’experts est une utopie quand on mesure la fragilité de l’homme. La division du travail, comme la division du savoir ne doivent pas conduire à exclure les uns ou les autres des règles qui régissent l’organisation des corps sociaux dont ils dépendent.


                    • Cassandre (---.---.5.3) 12 avril 2006 19:39

                      Dans certaines peuplades fort anciennes, mais pas si primitives, il était de coutume d’exécuter le roi à la fin de son règne, avec tous les honneurs.

                      Un remède à réinstaurer pour sélectionner des candidats ayant vraiment le sens du caractère sacré et sacrificiel de leur mission ?

                      Personnellement, je vote pour une personnalité, pas pour un programme. Les décisions à prendre pendant un mandat doivent être sans cesse adaptées aux évènements : il faut des gens ayant cette capacité, et qui s’appuient sur une vision à long terme du monde, et une philosophie clairement exprimée.

                      Je trouve qu’on devrait interdire les promesses électorales : c’est de la fraude, puisque ça revient en général à acheter les voix des électeurs avec l’argent de ce con de tribuable. De plus, on vous vend un « package » avec des choses qui vous plaisent et d’autres non, mélangées : la vente groupée, c’est interdit dans le commerce (en principe...).

                      Cas type : l’arrêt de Superphénix par Jospin pour acheter les voix des écolos (dont in fine il n’a même pas eu besoin à l’Assemblée, celles des cocos lui suffisaient). On n’a pas fini de payer cette ânerie, alors que c’est d’abord et avant tout pour réduire le chômage que les socialistes ont été élu en 1997.


                      • Marsupilami (---.---.54.142) 12 avril 2006 20:29

                        Ouaf !

                        « Interdire les promesses électorales » !

                        Et pourquoi pas demander la Lune en plus ?

                        Tant que la démocratie est pas trop craignos, faut juste voter pour le moins pire, c’est déjà pas mal...

                        Houba houba !


                      • Cassandre (---.---.42.227) 12 avril 2006 22:59

                        Hop !

                        Même pas la peine de demander la lune, elle arrive toute seule ! Ce pays lui ressemblera dans moins d’un siècle. Aucun effort à faire : il suffit de continuer à brûler pétrole, gaz, charbon et forêts jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus. Fastoche !

                        Comment un politicien ayant été élu sur la promesse « demain on roule gratis » pourrait-il décider des supertaxes qui s’imposent et siffler la fin de la récréation sans y laisser sa peau ?


                      • Scipion (---.---.216.255) 12 avril 2006 21:32

                        En fait, la diversité des solutions proposées montre que le système est au bout du rouleau.

                        C’est peut-être difficile à admettre, mais si on se met à y réfléchir sérieusement, on constate que la situation est inextricable.

                        Nos communautés sont devenues beaucoup trop complexes et numériquement trop importantes pour que leur destin puisse être scellé par le suffrage universel.

                        Croire qu’un élu a beaucoup plus de pouvoir que le citoyen lambda serait une erreur, car ses décisions lui sont dictées, par l’intérêt (qui n’est pas forcément celui de ses électeurs), par des experts, par la discipline de vote qu’induit son appartenance à un groupe politique, par d’autres facteurs encore..

                        Sa marge de manoeuvre est donc extrêmement faible et s’il bénéficie d’une pleine liberté, c’est que la décision à prendre n’engage pas sérieusement l’avenir du pays.

                        Alors, on dira : « Si c’est comme ça, il faut s’en remettre au peuple ! », c’est-à-dire au souverain le plus irresponsable qui soit.

                        Qui pense sérieusement qu’une question aussi difficile que celle de l’énergie nucléaire peut être soumise à un corps électoral ne connaissant de l’objet que ce qu’il aurait retenu - à bon ou à mauvais escient - du baratin des partisans et des salades des adversaires ?

                        Le citoyen peut certainement trancher entre les arguments qu’on lui soumet, mais il n’a pas les connaissances scientifiques et techniques, permettant de mesurer leur pertinence et leur fiabilité.

                        Donc, comme son élu, il s’en remet à un expert, sans pouvoir dire pour quelles raisons concrètes l’expert X est plus crédible que l’expert Y... Ou inversément...

                        Oh, je sais, c’est pas simple... Ca fait bien quinze ou vingt piges que je me demande comment on pourrait s’en sortir avec un minimum de casse... Et je ne vois toujours pas...

                        Il y a des moments où on est content de voir le mur se rapprocher à la vitesse grand V, parce qu’on se dit que ça va forcément décanter un peu les choses... smiley)


                        • Antoine (---.---.211.2) 13 avril 2006 00:01

                          oui, ya des moments ou un mur se rapprochant on se dit :« Putaing de sort, ya un mur qui se rapproche et cela va faire boum dans le mur, et le mur est en pierre et la pierre cela fait mal, c’est dur de la pierre, qui est le crétin qui a construit ce mur, faut être idiot d’avoir construit un mur à cet endroit en plus c’est un mur qui avance droit sur nous, c’est pas possible cela un mur droit, qui paf comme cela va faire boum, un peu comme si droit le mur aurait le droit de faire boum sur nous, mme que alors le mur il est aware le mur tu vois quoi, le mur il est le mur et le mur c’est dur qwoi mme que cela va faire mal »

                          Ok je suis d’accord...on a presqu’envie que cela pète histoire de voir ce qu’il ya derrière le mur !


                        • jcm (---.---.0.86) 13 avril 2006 07:35

                          "Le citoyen peut certainement trancher entre les arguments qu’on lui soumet, mais il n’a pas les connaissances scientifiques et techniques, permettant de mesurer leur pertinence et leur fiabilité.

                          Donc, comme son élu, il s’en remet à un expert, sans pouvoir dire pour quelles raisons concrètes l’expert X est plus crédible que l’expert Y... Ou inversément..."

                          C’est bien pourquoi, dans ma proposition, le groupe « d’experts » doit être vaste et composite : "Comment définir une raison, une intelligence, qui seraient dépouillées des attitudes partisanes, des idéologies (que je considère comme des théories plus ou moins élaborées mais jamais démontrées) ?

                          Il existe une méthode pour y parvenir : l’évaluation indépendante, sujet par sujet.

                          Elle consiste à confier à un groupe réunissant toutes les disciplines nécessaires, à de hauts niveaux de compétences, des tendances politiques variées et tous les partenaires (entreprises, partenaires sociaux, associations...) impliqués une étude d’un sujet particulier, avec un projet clair et un calendrier à respecter."

                          Il n’y aurait donc pas « un expert X » contre « un expert Y » mais l’élaboration d’un savoir aussi élaboré que possible et aux approches très variées donnant lieu à des approches prospectives (tenir compte des scénarios d’avenir les plus probables) qui seraient peut-être les meilleures garanties que les propositions finales du groupe puissent à la fois être valides sur une certaine durée et conformes au plus grand intérêt général.

                          Cela nous éviterait par exemple les rodomontades de Sarkozy sur l’immigration et ses solutions « miracle » : il apparaît que la plupart des bons connaisseurs de la question considèrent que son système « d’immigration choisie » ne peut en rien donner les résultats promis.

                          Si tel est le cas on doit se demander si l’évaluation ministérielle est correcte et si les mesures qu’il en déduit sont véritablement destinées à résoudre une question d’immigration ou bien si l’objectif n’est pas seulement « d’occuper ce terrain » avec une intention essentiellement électoraliste.

                          Il me semble qu’un groupe d’étude tel que je le propose nous fournirait sur le sujet un matériel un peu plus sérieux que celui qu’on nous sert, et qui devrait être la base de certaines décisions.

                          Alors les décisions prises sur les propositions de ce groupe seraient plus pertinentes, plus respectueuses de tous les protagonistes et plus conformes à la notion d’intérêt général.


                        • Antoine (---.---.211.2) 12 avril 2006 23:05

                          Le plus grand danger qui nous menace est qu’au nom de la Démocratie on nous impose une tyrannie cachée et larvée sous l’oripeau de la liberté démocratique, celle qui tient des romans anglais des Meilleurs des Monde....que l’utopie rejoigne la mollesse des démagogues ou du consumérisme controlant ou encore des partisans du tout sécuritaire


                          • joseph (---.---.57.68) 13 avril 2006 01:33

                            la « tutelle citoyenne » sur les institutions ?

                            Et quid de la responsabilité civique ? Vous ne pensez pas que c’est votre système la dictature, en tout cas ça m’en a tout l’air.


                            • (---.---.147.18) 13 avril 2006 13:44

                              Monsieur,

                              Je pense avoir précisé la notion de « tutelle citoyenne », et elle ne m’apparaît pas conduire à la dictature. Il se peut que je me trompe, et une argumentation de votre part pourrait m’éclairer. Cette notion de « tutelle citoyenne » est partiellement appliquée dans certains pays scandinaves, ce qui a entraîné un changement dans la perception de l’homme politique ainsi que dans la méthode de ses décisions. Par exemple, l’homme politique scandinave est, dans l’ensemble, infiniment plus humble que son compère français. Cette humilité de l’homme comme de l’idée faite de sa fonction le conduit à représenter plus fidèlement ses concitoyens. Mon article enfin, une synthèse, ne détaille pas les tenants et les aboutissants de chaque réflexion.


                            • Étienne Chouard Étienne 15 avril 2006 20:20

                              Bonjour Tristan et merci pour cet excellent article smiley

                              Juste un mot pour mettre votre réflexion en résonance avec la nôtre : ces sujets cardinaux pour notre société sont précisément en débat, point par point, sur le forum http://etienne.chouard.free.fr/forum/index.php.

                              Ma thèse, à partir d’un constat comparable en tous points au vôtre, est que l’explication de tous ces disfonctionnements, la cause fondamentale de notre incroyable impuisance citoyenne, est dans le choix des auteurs de la Constitution.

                              QUI écrit la Constitution ?

                               J’en ai déjà parlé sur Agoravox, dans un article intitulé "Ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir" (http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=7607)

                              Pour comprendre le rôle des pouvoirs de surveillance dans la démocratie, pour découvrir comme ces contre-pouvoirs ont déjà été parfaitement analysés et voulus pendant la Révolution française, et pour observer comment nous nous sommes, malgré cela, fait constamment berner par les différents pouvoirs constitués, je vous conseille l’écoute de deux cours absolument lumineux de Pierre Rosanvallon au Collège de France :

                              http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/utls/fiche.php?diffusion_id=40475
                              puis http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/utls/fiche.php?diffusion_id=40476.

                              Et je vous invite tous chaleureusement à venir débattre point par point de ce que nous allons écrire dans une Constitution d’origine citoyenne enfin libérée de la partialité prévisible d’auteurs à la fois "juges et parties".

                              Au plaisir de vous lire bientôt smiley

                              Étienne.


                              • jakes (---.---.113.64) 16 avril 2006 09:57

                                très bon article... à méditer


                                • zoï (---.---.58.60) 19 avril 2006 18:30

                                  Article plus que sympa ! Je vais être obligé d’envoyer des fleurs à l’auteur ou de lui faire la bise.

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Tristan Valmour


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