La France, la politique, la religion et les musulmans (3/3)
Zemmour, matin, midi et soir. Promoteur du « choc des civilisations », plus français que les Français. Pour qui, pour quoi travaille-t-il vraiment ?
Comme je l'ai illustré dans les parties précédentes [1], la France coloniale, à la tête d'un empire largement musulman, n'a eu de cesse de flatter « l'islamisme », selon l'expression en vigueur alors. Elle entre dans la guerre froide dans le camp du « monde libre », malgré la présence d'un Parti communiste puissant, ce qui lui vaudra une « attention particulière » de la part des Américains, à savoir une propagande intense visant à extirper son « particularisme culturel ».
Si la présence musulmane en France va croissante avec l'arrivée de travailleurs immigrés, aidant à la reconstruction, elle reste marginale et n'occupe pas les esprits, contrairement à la « question communiste » qui restera encore longtemps le centre de gravité de la politique.
C'est particulièrement visible avec l'épisode de la guerre l'Algérie. Le général Salan et les militaires putschistes de l'OAS sont très clairs concernant l'origine et les protagonistes du conflit. Le premier numéro de l'éphémère « journal de l'OAS », en 1962, donne parfaitement la teneur des enjeux :
Si l'on retrouve déjà des mises en garde de guerre civile, que les militaires semblent volontiers vouloir démarrer, l'ennemi est clairement désigné : « la subversion marxiste », « l'aide des communistes [français] », « la guerre universelle que le communisme a déclaré à l'Occident libre », « la presse communiste » etc.
Après l'éviction de de Gaulle en 1969, un tournant majeur sera opéré dans la politique du pays. Pour contrer la force des masses populaires, exprimée lors des grandes grèves de 1968, le patronat, débarrassé de de Gaulle, décide et impose une politique d'immigration massive, principalement depuis les pays du Maghreb. Il y trouve une main d'œuvre abondante et docile, peu réceptive aux idées politiques. La constitution de cette « armée de réserve prolétaire » à le mérite de faire monter le chômage, donc d'augmenter la concurrence entre travailleurs, et par voie de conséquence la baisse des salaires. Tout comme la généralisation du travail des femmes. La différence culturelle, et le regroupement massif dans les cités-dortoirs permettent de fracturer le prolétariat sur une base ethnique. Parallèlement, la généralisation de la contraception et de l'avortement va initier un changement important dans la démographie et la composition ethnique du pays.
Durant cette décennie 1970, il est peu question de musulmans. On parle de « travailleurs immigrés ». Cependant, les grands groupes industriels reprennent la tactique coloniale de flatterie, et consentent à de nombreux aménagements : horaires spéciaux en période de ramadan, salles de prières dans les usines, les comités d'entreprise organisent les pèlerinages à la Mecque [2]... C'est un moindre prix à payer pour la « paix sociale ».
Il n'y est pas question non plus de musulmans à l'extérieur. Le choc pétrolier de 1973 est l'œuvre des « Arabes », vocable qui perdurera jusque dans les années 1990.
L'arrivée de Mitterrand au pouvoir marque une nouvelle rupture. Travesti en socialiste, il servira comme personne les intérêts de la grande bourgeoisie. La politique de nationalisation des grandes entreprises est une aubaine pour eux. Ayant très peu investit dans l'outil productif, en accaparant les bénéfices, ils se voient racheter à prix d'or leurs entreprises obsolètes, et peuvent réinvestir ces liquidités, principalement à l'étranger. La modernisation réalisée aux frais de l'état, ils les rachèteront pour une bouchée de pain quelques années plus tard.
Mitterrand ouvre les vannes de l'endettement public, de l'immigration, et en 1983, de la dérégulation des marchés financiers sous les auspices de Fabius. Le Parti communiste comprend qu'il s'est fait roulé, et rompt son alliance la même année. Il critique la politique d'immigration comme étant une atteinte aux travailleurs français. Le résultat de cette politique « néo libérale » déguisée un temps en « socialisme » ne se fait pas attendre. L'exportation des capitaux amorce la désindustrialisation, donc l'augmentation du chômage et la stagnation, puis la régression des conditions de vie du prolétariat. Les grèves se multiplient dans les usines. Il y aura alors un basculement de la rhétorique du pouvoir.
Progressivement, le « travailleur immigré » ne sera plus qu'un « immigré » tout court. En 1983, le ministre de l'Intérieur, Gaston Deferre, dit des grévistes des usines PSA qu'ils sont des « intégristes chiites », propos particulièrement absurdes, cherchant un parallèle avec la mouvement de la révolution islamique iranienne de 1979 [3]. Non seulement il n'y a pas de chiites chez les OS maghrébins, mais leurs revendications sont claires et partagées par l'ensemble du prolétariat. Le ministre des Affaires sociales, Jean Auroux, reprend la ritournelle quelques jours plus tard : « Il y a à l’évidence une donnée religieuse et intégriste dans les conflits que nous avons rencontrés ». Ainsi, la revendication salariale et le slogan « nous ne voulons pas être OS à vie » relèvent de l'intégrisme religieux...
Durant ces « années Mitterrand », s'installe une véritable hystérie autour de la question « raciale ». Tandis que la situation sociale du prolétariat se dégrade en ces périodes de montée régulière du chômage, que naissent tous les ingrédients qui font aujourd'hui la situation des « banlieues », le pouvoir impose une rhétorique de condescendance victimaire à l'égard des immigrés, qu'il plonge parallèlement dans le désœuvrement. Ce sont les années de gloire de SOS racisme. Simultanément, Mitterrand insiste auprès des médias pour offrir un maximum de publicité à un personnage marginal de la scène politique, Jean Marie Le Pen [4]. Cette politique à plusieurs effets. Division de la droite, effacement de la question sociale au profit de la question raciale, et surtout le siphonnage de la base populaire du Parti communiste au profit du FN.
BHL, Marek Halter, et le président de l'UEJF à la fête de SOS racisme.
Sur le plan international, la politique de Mitterrand marque aussi un virage. En particulier dans les relations franco-israéliennes. Jusqu'à lui, il y avait une certaine continuité dans « la politique arabe de la France » initiée par de Gaulle. Dès son élection, il annonce une prochaine visite d'état dans l'entité sioniste, une première depuis 1948. Il déplore que la France n’a pas toujours eu une « attitude juste » à l’égard du pays. Il lève l'embargo sur les armes décidé par de Gaulle en 1967, et impose le traitement médiatique du conflit israélo-palestinien qui dure jusqu'à présent, à savoir une représentation médiatique considérant les camps en présence comme « équivalents ». Notons également que ses plus proches « amis et conseillers », Jacques Attali, Robert Badinter, Roger Hanin, Françoise Castro-Fabius, Georges Dayan, n'ont jamais caché leurs inclinations pro-sionistes...
Mais c'est certainement sur le plan culturel que cette période sera déterminante pour l'avenir de la France. La télévision est dans chaque foyer, et les produits audio-visuels américains déferlent. Explosion dans les maternités de petits « Jonathan » et de petites « Jennifer », suivis quelques années plus tard par des « Brandon » et des « Brenda »... Mais aussi développement et promotion de la « culture racaille », sorte d'apologie de la petite frappe, du caïd, qui vient contrebalancer la pleurniche victimaire. Tandis que l'état finance des campagnes ringardes de prévention contre les stupéfiants, le service public invite sur ses plateaux des « rappeurs » à la mode qui en font l'apologie. Une prétendue « culture populaire » généralement produite par des, hum, des non-catholiques, qui montre des noirs et des Arabes, flanqués de bimbos décolorées, conduisant des voitures de sport dans des accoutrements dignes d'un clown. Une caricature simiesque des « valeurs bourgeoises ».
1989 est un tournant historique majeur. L'URSS se fissure, le mur de Berlin s'écroule. En France, lors de l'élection présidentielle de 1988, le Parti communiste a perdu 60% de suffrages par rapport à 1981. Francis Fukuyama publie son fameux article « The end of History ? » dans « The National Interest », dont les thèses seront développées dans le livre éponyme en 1992. L'occident est orphelin de son ennemi principal, qui a formaté une énorme partie de sa « culture ». On ne se souvient pas assez de l'omniprésence de la propagande anti-communiste et anti-soviétique qui sévissait durant ces années. Il est intéressant pour cela de revisionner les séries de ces années, « mission impossible » traquant des agents soviétiques sadiques à longueur d'épisodes, « MacGyver » empêchant les attentats terroristes d'un Russe caché dans une école maternelle, etc. Durant toute la guerre froide, le « monde libre » n'a vu de l'URSS à peu près qu'une seule image dans les médias : des blindés sur la place rouge...
L'URSS résumée par les médias occidentaux.
Et c'est dans cette même année 1989 qu’apparaît dans les médias une nouvelle source de préoccupations. Médiatisation planétaire de Salman Rushdie. Antenne 2 s'empare de l'affaire des « tchadors de Creil », dont les protagonistes sont trois gamines exclues de leur collège... Dans la foulée Alain Finkielkraut et Élisabeth Badinter signent une lettre ouverte au ministre de l'éducation, Lionel Jospin, publiée dans « Le Nouvel Observateur », donnant à un incident mineur et isolé des proportions « civilisationnelles ». Le nouvel obs persiste, avec des une fracassantes : « Fanatisme. La menace religieuse : la grande enquête Nouvel Observateur/Antenne 2 ». tandis que la chaîne publique diffuse une émission intitulée « Faut-il avoir peur des croyants ? »...
Le « philosophe » André Glucksmann dira, sans rire :
« le voile est une opération terroriste. En France, les lycéennes zélées savent que leur foulard est tâché de sang. L’islamisme participe d’une troisième vague intégriste, après le nazisme et le communisme. Le voile enferme comme un troisième mur, après celui de l’Atlantique et celui de Berlin. » [5]
La thématique sera amplifiée et entretenue durant toute la décennie et au-delà. Encore en 2004, résurgence de l'affaire du voile, avec l'exclusion de deux lycéennes, « Alma et Lila ». Les télévisions omettent de citer leur patronyme : « Lévy ».
Progressivement, celui qui était le « travailleur immigré », devenu simplement « immigré », devient désormais « le musulman » ou « l'islamiste »...
Il y a les bons complots et les mauvais complots...
Le vieux slogan du « Choc des civilisations » de Bernard Lewis en 1957 revient en force avec la publication en 1996 de l'ouvrage du même nom, par Samuel Huntington. Parmi ses élucubrations, il invite les E-U à se tourner vers la religion protestante, pour « se sauver des menaces qui pèsent sur le pays ». Reprenant l'essentiel du discours de Lewis, en particulier son obséssion contre les musulmans, il annonce un conflit généralisé entre des « blocs civilisationnels » incompatibles, qu'il prend soin de définir. Bien que les biais idéologiques de son ouvrage aient été largement dénoncés par de nombreux universitaires, comme Lewis en son temps, la presse lui offre une formidable publicité. Après le 11 septembre, il déclarera « Les événements donnent une certaine validité à mes théories. Je préférerais qu'il en aille autrement ». Mais comme je l'écrivais dans un article précédent, à propos de son mentor, la question est de savoir si ce sont ces théoriciens qui ont eu raison avant la réalité, ou si c'est la réalité qu'on a fait rentrer dans la théorie...
Les civilisations, selon Huntington.
Bien que la « question islamique » soit déjà activement agitée, la presse occidentale sait faire la part des choses. Ainsi lorsque le terrorisme tchétchène frappe la Russie, que la guerre éclate dans la province, la rhétorique du « choc des civilisations » est mise au placard. Loin d'être présentés comme des « fanatiques islamistes », les combattants tchétchènes trouvent une grande compassion dans les médias du « monde libre ». Les attentats, les décapitations de prisonniers et autres exactions ne semblent pas les émouvoir, à l'inverse des « violations des droits de l'homme », unilatéralement commises par les Russes. On en vient même à considérer la validité de « théories du complot » : sur la page Wikipédia concernant ces événements [6], on peut lire :
« C'est dans ces circonstances qu'éclate, en août-septembre 1999, une seconde guerre de Tchétchénie, en réponse aux attentats de 1999 (auxquels le FSB ne serait pas étranger) »
Je vous laisse imaginer la réaction des « chasseurs de conspis » patentés si l'on osait suspecter la CIA, le Mossad ou la DGSI de commettre des attentats contre leurs ressortissants pour justifier une politique...
Une question de discernement...
Le tournant majeur, c'est bien sûr le « 11 septembre ». Matraquage médiatique d'une intensité jamais observée. Dès le lendemain, les coupables sont identifiés, et les télévisions du monde entier annoncent « la riposte ». G.W. Bush, entre deux métaphores bibliques typiquement évangélistes, annonce la « croisade du bien contre le mal », et la « guerre contre le terrorisme », assorti d'un avertissement très clair, « vous êtes soit avec nous, ou contre nous ». Le pentagone parle, lui, de « long war », de « guerre longue ». Le coupable est alors un vieillard malade caché dans une grotte d'Afghanistan, et son organisation, « Al-Qaïda ». Il faut noter que cette explication est aujourd'hui abandonnée. Comme le rapporte le « spécialiste » Xavier Raufer [7], le département de la justice des E-U dit aujourd'hui explicitement que l'opération a été entièrement réalisée à partir de l'ambassade d'Arabie Saoudite, par des « diplomates » du royaume. Et il ajoute, très justement, que toutes les opérations terroristes d'envergure sont pilotés par des états.
Il y a un point important à noter dans les conséquences « psychologiques » du « 11 septembre ». Si les opinions occidentales ont largement embrassé la théorie du « choc des civilisations », l'effet sur les musulmans a été symétrique. En France notamment, de nombreux « musulmans » par atavisme ont été soudainement confrontés à une question identitaire, et ont cherché à approfondir leurs connaissances sur la religion. Et beaucoup ont trouvé des réponses chez des prêcheurs grassement financés par les Saoudiens, disposant d'un large arsenal de brochures, vidéos et autres matériels de propagande, distillant une version « hétérodoxe » de la religion, n'appartenant pas au courant traditionnel des 5 grandes écoles historiques. Ainsi, parallèlement à la crispation de l'opinion occidentale, le « 11 septembre » a largement contribué à la diffusion du wahhabisme chez les musulmans, en totale rupture par rapport aux traditions séculaires.
Et ce phénomène a été largement accompagné par les médias occidentaux. Un exemple : un article de presse anodin sur des combats en Irak, du temps de DAECH. Des troupes britanniques font le siège d'un village. Afin d'agacer les assiégés, ils diffusent de la musique. Le « journaliste » écrit : « car la musique est interdite dans l'islam ». Des propos éminemment délirants, quand on connaît l'énorme patrimoine musical du monde islamique, en particulier des courants soufis, qui ont une chair de musicologie à l'université al-Azhar du Caire, ou les nombreuses formations de « qawwali » indo-pakistanais qui reprennent l'instrumentation traditionnelle indienne. Ainsi ce journaliste donne raison à un courant ultra-minoritaire et parfaitement artificiel, en érigeant ses pratiques comme celles de « l'islam » tout entier. On peut multiplier ces exemples à l'infini.
La musique est interdite en islam...
Il y a eu, et il y a toujours, une vaste opération de subversion culturelle des musulmans, largement soutenue par les pétrodollars des monarchies du golfe. In fine, ceci tend toujours au même résultat : modifier la réalité pour « donner raison » à la théorie américaine. Les « islamophobes » (je hais ces expressions en « phobe ») leur servent bien la soupe d'ailleurs. Comme je l'ai déjà évoqué plus haut, ils tendent à valider que l'explication wahhabite de la religion est la seule véritable et légitime. Main dans la main...
Les islamologues-amateurs-improvisés sont légion, et tiennent tous le même discours. En toute modestie, ceux-ci vous révèlent ce qu'est le « vrai islam », envers et contre les siècles de débats et controverses théologiques dans les pays musulmans. On comprend rapidement leurs accointances avec nos amis wahhabites : la lecture littérale et isolée de verset ou hadiths, sans tenir compte des règles dûment établies de l’exégèse des textes. Encore récemment, j'ai obtenu une fin de non-recevoir de la part de l'un d'entre eux, après lui avoir fait remarqué que ses conclusions étaient diamétralement opposées à un Grand Ayatollah des plus respecté. Mais Ducon-Lajoie, dans sa croisade télématique, se considère comme plus qualifié pour parler de religion que le Grand Ayatollah... Et pour cause, il a toute une presse derrière lui. Le principal problème de leurs châteaux de cartes théologiques, c'est qu'ils ignorent une règle fondamentale de la discipline : la lecture littérale des versets est prohibée. L'effort intellectuel est obligatoire. De plus, la polysémie de l'arabe condamne toute tentative de « travailler » sur des traductions.
Apologie de l'ignorance.
La théorie américano-sioniste du « choc des civilisations » est désormais admise, répétée, matraquée en boucle dans les médias. Plus grave encore, elle a obtenu littéralement un statut « officiel » en France. Barbouzes, flics et militaires répètent sans sourciller la vulgate du bon Bernard Lewis.
Voyez cet article de RT France [8], à propos des attentats du 13 novembre 2015 :
Décryptage d'un ancien agent de la DGSE.
Cet expert en sûreté appelle cependant à développer le combat politique contre l'idéologie à l'origine du terrorisme islamiste. « Tant qu'on ne pénalisera pas l'idéologie, on ne pourra pas aller beaucoup plus loin, [et] dans la lutte contre l'idéologie, il y a aussi le fait d'offrir une alternative culturelle et spirituelle », a estimé Gilles Sacaze pour RT France.
Notre barbouze se fout du monde. Pour une raison très simple : c'est un beau discours, mais qui ne prend tout simplement pas en compte la réalité des faits. Ce qui caractérise les terroristes qui ont commis les attentats de 2015, c'est qu'ils sont tous des fumeurs de joint, des buveurs de bière, des bouffeurs de McDo, des joueurs de poker en ligne, et des cas qui relèvent de la psychiatrie. Nulle trace d'islamisme chez eux. Pas de ramadan, pas de prière, pas de pèlerinage, rien. Ce sont des individus finalement parfaitement « intégrés » aux mœurs occidentales promues par la société de consommation. Quelle est leur « idéologie » ? Sont-ils même capables d'en avoir une ? Les pitreries d'un Salah Abdeslam, ex-prostitué homosexuel [9], lors de son procès, seul survivant de l'affaire, aurait une valeur si on savait comment il a été traité durant ses années de réclusion. Vous pourrez revisionner le film "L'aveu" de Costa-Gavras, ou vous pencher sur les techniques de torture psychologique subies par les membres de « fraction armée rouge » en RFA pour constater à quel point on peut faire dire ce qu'on veut à un individu, en particulier si celui-ci était déjà fragile psychologiquement.
Mais quand ils ressortent, ils le sont vraiment...
Sale habitude contractée par la police française, dans la grande tradition américaine, on tire désormais sans sommation. A force d'exterminer les suspects, les procès ne mèneront pas bien loin. Et ce, sous les applaudissement de la foule des populos, ravis de communier dans leurs « deux minutes de la haine », progressivement accoutumés à une « justice » expéditive, foulant au pied 2000 ans d'édification du droit au profit de la méthode « Far-West »... Merci aux gardiens de la civilisation.
J'évoquais à l'instant Orwell, il a très bien caractérisé ce phénomène qui est à l'œuvre sur le sujet qui nous intéresse : la double-pensée. La capacité à « penser » (répéter ?) des choses contradictoires ou grossièrement fausses.
Le pauvre occident lâchement attaqué par les hordes musulmanes ? Faites le bilan des morts depuis deux siècles. L'orient est littéralement torturé par l'occident, surtout depuis que le pétrole est devenu stratégique, au début du XXème siècle. Bilan de « l'intervention » américaine en Irak ? Des millions de morts, d’estropiés, d'enfants traumatisés. Mais peu importe, nous sommes les pauvres victimes innocentes de « l'islam conquérant », nonobstant que l'occident à dévoré le monde lors de son expansion coloniale. Et continue de le dévorer là où il peut. Le christianisme est-il conquérant pour autant ? Sommes-nous d'ailleurs vraiment des nations chrétiennes ? Dans les actes ? Vous pourrez vous reporter aux parties précédentes de l'article pour apprécier toute l'étendue de l'escroquerie.
Evolution de l'empire Byzantin. Ceci n'est pas de la conquête. Encore moins du « christianisme conquérant ».
« Ils nous envahissent ! » Peut-être, mais avec la bénédiction de l'état, et sous les applaudissements du patronat. L'immense majorité des immigrés est arrivée légalement sur le territoire, et le reste, les clandestins, avec la complaisance de l'état. Si le corona-circus nous a enseigner quelque chose, c'est que quand l'état veut fermer les frontières, contrôler les circulations etc, il en est très capable...
Plus drôle encore, l'islam en expansion aujourd'hui... Qui selon toutes les études chiffrées régresse partout, massivement en France, et même au moyen-orient. Et qui en France, menace de « prendre le pouvoir », tandis que toutes les insurrections du peuple, bien français, n'ont jamais réussi à arracher le pouvoir à la classe dominante. Le sous-prolétariat immigré va, lui, y parvenir par la force du nombre (minoritaire). Mouais. Toujours dans ce schéma « la paille et la poutre », la question culturelle. Nos pourfendeurs de sarrasins voient une invasion culturelle islamique, mais ne semblent pas très mobilisés contre le déferlement de la « culture » américaine. Et pour cause, ils sont le pure produit d'une campagne de guerre psychologique « made in USA ».
Comme je l'avais déjà indiqué dans les parties précédentes, réfléchir autour d'un concept « d'islam » est déjà une erreur. Il n'y a pas d'Église dans cette religion, même pas de clergé chez les sunnites. Il n'y a aucune interprétation unique ou unifiée, il y a littéralement autant de charia qu'il y a de docteur en droit islamique. Il y a des différences prodigieuses entre les pratiques locales, qui sont toutes teintées de culture locale. C'est pourquoi, comme je l'écrivais plus haut, il n'y a que deux catégories de personnes qui insistent pour dire qu'il existe un « vrai islam », bien déterminé, bien défini : les intégristes wahhabites et les islamophobes. Les premiers sont une création de la CIA, initialement pour lutter contre les Soviétiques, les seconds sont les propagateurs d'une idéologie d'origine américaine, dont j'ai exploré les racines dans un article précédent.
Bref, la liste est encore longue, et caractérisée par un phénomène : la rhétorique ambiante ne se préoccupe pas des faits, c'est une chimère de l'univers parallèle, virtuel, créé par les médias.
Les morts du terrorisme en Europe. On ne peut pas dire que l'époque soit exceptionnellement dangereuse.
Les bibles distribuées par l'armée américaine avant ses « interventions ». « En quelque lieu que soit le cadavre, là s'assembleront les aigles. » Matthieu 24:28.
Pourquoi un tel succès de ces théories pourtant extrêmement bancales ?
Il est clair qu'en France, elles se cristallisent facilement autour d'une rancœur, bien légitime, envers l'immigration, essentiellement maghrébine, et sa cohorte de racailles, biberonés à la « culture » télévisuelle, au rap, et toutes les merdes fabriquées par notre beau système médiatique.
Par une assimilation méthodologiquement scabreuse, les racailles deviennent ambassadeurs de « l'islam », quand bien même rien, ni de près ni de loin, ne montre un quelconque rapport entre leur comportement et une pratique religieuse. La technique est largement employée par le sieur Zemmour, qui ne manque jamais une occasion pour accoler le qualificatif « islamisé » derrière « les trafiquants », « les racailles », « les délinquants », « les banlieues ». Je n'élaborerai pas davantage sur le personnage, mais vous recommande chaudement la vidéo « Un musulman français répond à Eric Zemmour » de Vincent Souleymane, qui illustre très bien la superficialité de ses propos.
Chose intéressante que j'ai moult fois constatée, les Maghrébins nés au pays ne se mélange pour ainsi dire pas aux « beurs », c'est-à-dire aux Français d'origine étrangère, né et élevés en France. Un « blédard » m'avait un jour dit : « Mais qu'est-ce que vous leur avez fait ? ». Allez au Maroc ou en Algérie, jouez à « la racaille », vous remporterez vos dents dans vos poches en sortant du commissariat... Si les passants ne vous ont pas déjà lynché...
Il y aurait encore beaucoup à rajouter sur ce sujet, mais il est clair que le succès de la thématique du « choc des civilisations » en France tient en trois mots : immigration, immigration et immigration.
Quant au but recherché en imposant cette rhétorique, il est assez clair. Comme nous l'avons vu précédemment, la fin de « l'empire du mal », l'URSS, a laissé l'Europe sans ennemi extérieur justifiant la présence américaine sur le continent. Et sans ennemi intérieur, pour terroriser les populations, et détourner la colère populaire, des dirigeants vers le sous-prolétariat. La carte de Huntington nous boulonne aux E-U et à « Israël », créant une fausse impression de solidarité, d'intérêts et de culture communs, tandis que la France est livrée au pillage de nos chers « alliés ». Et que sa culture, sa philosophie propre, son regard sur le monde particulier sont systématiquement remplacés par ceux des USA. C'est un « grand remplacement » psychologique et intellectuel qui est à l'œuvre.
Pour paraphraser un propos attribué à Gandhi :
« Que pensez-vous de la civilisation américaine ?
— ça serait une bonne idée.
»
[1] Voir la partie précédente : La France, la politique, la religion et les musulmans (2/3)
[2] https://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=GEN_098_0110&contenu=article
[3] https://www.cairn.info/revue-plein-droit-2008-1-page-48.htm
[4] http://www.reveilcommuniste.fr/2015/03/1982-lancement-du-fn-par-francois-mitterrand.html
[5] Thomas Deltombe, L’islam imaginaire. La construction médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2005, La Découverte
[6] https://fr.wikipedia.org/wiki/Premiè ;re_guerre_de_Tché ;tché ;nie#Les_consé ;quences (version du 3 avril 2021)
[7] Xavier Raufer, « À qui profite le djihad ? », éditions du Cerf
[9] https://www.parismatch.com/Actu/Societe/Quand-Salah-Abdeslam-frequentait-des-bars-gays-869969
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