La Grèce risque-t-elle de sortir de l’Euro ?
De manière claire, les négociations entre la Grèce et les européens sont au point mort. Alors que ce pays qui vient d’élire un nouveau gouvernement et souhaite mener une nouvelle politique pour sortir de la récession se heurte à l’intransigeance de l’Union Européenne, de la BCE et des autres états membres de l’Euro, quelles sont les options qui s’offrent à la Grèce.
Tout d’abord un premier constat : la Grèce a déjà payé le prix du sang, les Cassandres prévoyaient une baisse du PIB de 20 % en 2010 en cas de sortie de l’Euro (7-8 % auraient été plus probable), le fait de rester dans l’Euro aura entrainé une récession de 25 % du PIB entre 2008 et 2015 ! De surcroît, la balance commerciale qui accusait un déficit de 14 % du PIB est désormais à l’équilibre ! Donc, la consommation publique et privée est passée en Grèce de 114 à 75 en 7 ans, soit une baisse de quasiment 35 %.
Dans le même temps, le nombre de chômeur est passé à 25 %, mais le remède de cheval commence à montrer ses effets, la balance commerciale n’étant plus en déficit, la Grèce n’a plus besoin de devises pour assurer ses importations, et son budget ayant un excédent budgétaire primaire, elle n’a pas besoin d’emprunter plus pour assurer ses fins de mois. Son problème reste donc le remboursement de la dette.
Or, il est curieux que les négociations de vendredi et de ce lundi 16 février n’aient pu aboutir (au moins à une vraie négociation), car Tsipras demande surtout un réaménagement de la dette et le non-prolongement du plan actuel (qui arrive à échéance à fin février). Il semblerait qu’un premier texte de compromis ait été proposé initialement mais selon les déclarations de Varoufakis, ministre grec des finances, ce n’est pas ce plan qui s’est retrouvé lundi sur la table (sur la pression de l’Allemagne), d’où le refus grec pur et simple.
En cas de non-accord, la situation pourrait se tendre rapidement : la Grèce s’est déjà vue restreindre les facilités élargie de refinancement de ses banques par la BCE. Et la Grèce aura du mal à se refinancer sur les marchés alors que le montant de la dette représente 175 % du PIB, le taux auquel elle emprunte étant de 10%. Il est donc probable que le pays serait amené à prendre rapidement des décisions dures et unilatérales.
D’un côté, il est clair que l’Allemagne qui se veut la championne de l’austérité ne veut rien céder, mais de l’autre Syriza qui a déjà fait des concessions sur son programme initial ne peut guère aller plus loin d’où le blocage actuel : les allemands pensent (à tort probablement) que les grecs céderont, et que même si la Grèce sortait de la zone Euro, ce serait un moindre mal car la sortie de la Grèce ne serait pas suivie d’autres pays. Ce qui là-encore est faux : il est probable que d’autres pays suivront et que l’effet domino sera réel !
Les conséquences ne seront pas négligeables : le FMI détient 24 milliard d’Euros, la BCE 25 milliards, le Fonds Européen 142 milliards et les prêts bilatéraux représentent 52 milliards sur une dette de plus de 321 milliards. La France est exposée entre le Fonds Européens et les prêts bilatéraux pour 42 milliards d’euros et l’Allemagne pour 56 milliards.
Un défaut grec risquerait de nécessiter une recapitalisation de la BCE, et les Etats membres y perdraient beaucoup. Mais la vraie question est : la Grèce peut-elle au long terme se mettre à fabriquer des Mercedes et des machines-outils ? De toute évidence non. Donc (pas plus que nous), elle n’a rien à faire dans ce qui a été jusqu’à présent une zone mark !
Et pour elle, une sortie de l’Euro signifierait un vrai bol d’air permettant enfin de dévaluer pour de bon et de retrouver une compétitivité depuis longtemps perdu. La dévaluation ne serait même probablement pas aussi douloureuse que d’habitude car la baisse des importations est là pour prouver que les grecs ont déjà largement commencé à se serrer la ceinture !
Quelle que soit la solution choisie : renégociation réussie avec l’Europe ou sortie de l’Euro, le gouvernement grec ne peut que difficilement reculer. Si Tsipras qui a été élu pour changer de politique et qui bénéficie du soutien 70-75 % de la population venait à céder et à accepter les propositions européennes, le gouvernement grec risque fort d’avoir à faire face à une vraie révolution dans la rue !
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