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Accueil du site > Tribune Libre > La Karakoram Highway, prototype du schéma colonial de la Nouvelle Route de (...)

La Karakoram Highway, prototype du schéma colonial de la Nouvelle Route de la Soie dans un Etat en perte de légitimité ?

 

La « Belt and Road Initiative » (BRI) chinoise, appelée aussi la Nouvelle Route de la Soie, est une réalisation en devenir suscitant de nombreuses interrogations. Pourtant, au Pakistan, la Karakoram Highway mise en service en 1979 pourrait fournir quelques éléments de réponse.

Parallèlement à une perte de souveraineté de ce pays, on y observait, jusqu’à ces derniers mois, un discours religio-nationaliste à géométrie variable et un coûteux état de guerre ouverte ou larvée semblant assurer, à ce jour, une forme de cohésion nationale. Ce discours et cet état de guerre ont, néanmoins, accru l’isolement international du Pakistan et renforcé sa dépendance vis a vis du parrain chinois ainsi qu’indirectement posé les racines de potentielles fractures entre le Nord et le Sud du territoire. 

Col de Kunjerab, 4 693 mètres. sur la Karakoram Highway entre le Pakistan et la Chine - Photo B. Grua 2018

Sommaire

1. La Karakoram Highway (KHH) est un lien indispensable pour les établissements pakistanais de haute altitude mais aussi une importante et prometteuse artère économique pour l'économie chinoise.

2. Le support attentif et « amical » de la Chine assure le bon fonctionnement de la Karakoram Highway en raison du faible niveau de ressources que l'Etat pakistanais souhaite ou peut y consacrer.

3. Dans le Nord, sur le tracé de la KHH, Islamabad abandonne nombre d'autres tâches de service public normalement à la charge d'un Etat. Sa légitimité s'en trouve fragilisée.

4. Islamabad conserve une certaine unité nationale grâce à un discours islamique et tourné contre Israël ainsi que grâce à un état de guerre justifié par l'entretien du conflit cachemiri.

5. Les outils, spécifiques et limités, de la cohésion nationale pakistanaise peuvent, à terme, avoir des conséquences contraires au but poursuivi.

Conclusion : vers un nouvel ordre centre-asiatique ?

Cartes du Pakistan - Source MAE | Carte de la Karakoram Highway - Source Wikipedia

1. La Karakoram Highway est un lien indispensable pour les établissements pakistanais de haute altitude mais aussi une importante et prometteuse artère économique pour l'économie chinoise.

Derniers lacets avant le col de Kunjerab (4 693 m) sur la Karakoram Highway © Bernard Grua
Lacets avant le col de Kunjerab (4 693 m)
sur la Karakoram HighwayPhoto B. Grua 2018

La Karakoram Highway (KKH) part d'Islamabad dans le Pendjab pakistanais pour rejoindre Kachgar dans le Xinjiang chinois à travers des environnements spectaculaires dont la grandeur et l'âpreté ont peu d'équivalents dans le monde. Suivant principalement une partie du cours du fleuve Indus puis celui de la rivière Hunza, dans le district du Gilgit-Baltistan, elle s'étire, dans la haute altitude de jeunes montagnes, sur des pentes particulièrement instables souvent composées de sables, de graviers et d'errantes masses rocheuses, dans une zone à forte activité sismique.

La KKH est donc en permanence victime d'éboulements et de glissements de terrain obstruant voire détruisant une voie vitale reliant les peuplements du Nord du Pakistan. Certains tronçons doivent être dégagés et remis en état régulièrement. Ils doivent, parfois, être reconstruits quand une section de la route a disparu.

Sost, camion en attente de chargement le long de la Karakoram Highway © Bernard Grua
Sost, poste douanier pakistanais en aval du Col de Kunjerab, frontière avec la Chine. Camions en attente de chargement le long de la Karakoram Highway – Photo B. Grua 2018

Cette artère n'en est pas moins importante pour la Chine. Elle relie ses territoires occidentaux (et continentaux) à la Mer d'Arabie (Océan indien). Elle lui donne, de plus, accès à un marché voisin, pour l'instant peu solvable, mais comptant environ deux cent millions de clients potentiels. 

The road portion ends there, Afghanistan © Bernard Grua 2013
M41, la Pamir Highway tadjike
longe le Panj et l’Afghanistan sur l’autre rive

L’intérêt chinois est une forme de « chance » pour le Pakistan par rapport à la situation de la M41, la Pamir Highway au Tadjikistan, en particulier pour sa partie le long du fleuve Panj, un environnement naturel très semblable à celui de la KKH. Là bas, la M41 qui fait face sur des centaines de kilomètres à la rive afghane est exposée à une déréliction sans fin n’ayant aucun sponsor étranger depuis l’effondrement de l’URSS. Elle est, de plus, traversée par des pistes de contrebande menant des champs de pavot du Badakhshan afghan au marché russe.

Si les dimensions sociales et surtout économiques de la KKH sont fréquemment mentionnées, il convient de ne pas en oublier le caractère stratégique. De fait, cette voie pourrait être un cordon permettant le déploiement rapide de l'armée pakistanaise le long d'une zone disputée avec l'Inde. Le cas échéant, elle faciliterait une intervention militaire chinoise, que ce soit en faveur ou en défaveur du gouvernement d'Islamabad. Notons, quand même, qu'en raison de ses défilés, de ses viaduc, de ses tunnels et de l'équilibre précaire des masses qui la surplombent, le trafic de la KHH peut être coupé par une intervention déterminée requérant des moyens réduits.

Karakoram Highway entre la frontière chinoise et Sost. Défilés et pentes instables © Bernard Grua
KKH, Karakoram Highway entre la frontière chinoise et Sost. Défilés et pentes instables – Photos B. Grua 2018

Dans les montagnes, sur des sédiments arides et, on l'a vu, instables ainsi que sujets à l'érosion, chaque mètre carré de la précieuse terre agricole est gagné grâce à de lourds travaux de terrassements manuels, à l'élaboration de longs canaux d'irrigation et à l'apport de matière organique. La construction de la Karakoram Highway y a été lancée sans que les populations spoliées soient indemnisées des terrains qui faisaient vivre leurs foyers. Il en subsiste des amertumes.

La Chine a très largement participé à l'édification de cet ouvrage. Elle est fortement impliquée dans son maintien en état.

Karimabad vers 09:30 du matin: vue vers l'aval de la vallée de la Hunza et sur le massif du Rakaposhi (littéralement « Mur brillant »), également connu sous le nom de Dumani (« La mère des brouillards »), 7 788 m © Bernard Grua
Vue de la vallée depuis Karimbad, Gilgit-Baltistan. Au fond d’une tranchée taillée dans les alluvions et des moraines, coule la rivière Hunza longée par la Karakoram Highway – Photo B. Grua 2018

2. Le support attentif et « amical » de la Chine assure le bon fonctionnement de la Karakoram Highway en raison du faible niveau de ressources que l'Etat pakistanais souhaite ou peut y consacrer.

La propriété (il s'agit bien du terme qui est employé) du Cachemire dans son intégralité est la plus importante revendication nationale pakistanaise. Il faut, néanmoins, se souvenir que le Pakistan, en 1963, dans le Nord Cachemire, a dû "volontairement" abandonner, à la Chine, sa souveraineté sur la Vallée de Shaksgam et reconnaître l'annexion par la Chine de l'Aksai Chin alors administré par l'Inde. S'en sont suivi un accord commercial, un accord sur le trafic aérien et, en 1970, le démarrage des travaux de la Karakoram Highway.

Le bleu turquoise du lac d'Attabad qui a imergé la KKH et des villages © Bernard Grua
Le bleu turquoise du lac d’Attabad qui a submergé
la KKH et des villages – Photo B. Grua 2018

En 2010, c'est tout un pan de montagne qui a glissé entraînant le village d'Attabad, obstruant le cours de la rivière Hunza et noyant une partie de la KKH ainsi que des villages attenants. Dès lors, avant de franchir ce nouvel obstacle, la rivière y a créé un lac.

Dans les années qui ont suivit la catastrophe et l'irruption de l'immense masse liquide enfouissant 19 km de route dans ses profondeurs, les véhicules joignaient, difficilement, les deux extrémités émergées de la chaussée en étant transportés sur des barques, assemblées sommairement.

L'Etat pakistanais a été, à plusieurs reprises, mis en cause par les populations sinistrées pour la faiblesse de son assistance. La Chine, au nom de « l'amitié » entre les deux pays, et au titre d'une « charité bien ordonnée », a entrepris de construire des tunnels dans la paroi de la rive gauche afin de restaurer la continuité de la voie et la reprise du transport de ses marchandises.

Pakistan China Friendship Tunnel N°3 - Un des tunnels de contournement du lac d'Attabad © Bernard Grua
« Pakistan China Friendship Tunnel N°3 « – Un des tunnels de contournement du lac d’Attabad– Photo B. Grua 2018

Autre exemple plus récent, au cours de l'hiver 2018-2019, la KKH a été bloquée par d'importantes chutes de neige. Face à l'inertie de l'Etat pakistanais, la Chine a « offert » un chasse-neige afin d'être certaine que son trafic soit rétabli dans de brefs délais.

L’histoire condamne à juste titre les excès des colonisations passées. On oublie pourtant comment elles se sont progressivement mises en place en suivant leur propre logique interne. Prendre le contrôle des infrastructures et créer des situations financières interdépendantes peuvent entraîner une perte de souveraineté en raison de ce que l’on appelle une debt trap diplomacy. Au Pakistan des préoccupations se font jour concernant cette possible évolution.

3. Dans le Nord, sur le long de la KHH, Islamabad abandonne nombre d'autres tâches de service public normalement à la charge d'un Etat. Sa légitimité s'en trouve fragilisée.

Les habitants du Gilgit-Baltistan ont des droits de vote plus réduits que les autres Pakistanais. Ils ne participent pas, par exemple, à l'élection présidentielle. Contrairement aux autres régions, c'est Islamabad qui est censé administrer directement le Gilgit-Baltistan.

Pourtant, le lien que les populations du Gilgit-Baltistan ont entre elles ou avec les grandes métropoles du Sud du pays est assuré par la Chine via la KKH. Néanmoins, dès que l'on sort du ruban d'asphalte objet des soins de Pékin, le réseau est principalement à la charge des maigres ressources locales. Ainsi, les itinéraires pour Jhel et pour les vallées de Shimshal ou de Chapursan comptent au nombre des routes particulièrement dangereuses dans le monde.

La scolarisation est principalement menée par la fondation de l'Aga Khan.

School bus at 7:40 AM in the village
Bus scolaire de la « Passu medium school », de l’Aga Khan Foundation. Elèves et « head teacher ». Le véhicule a été offert par la Corée – Photo B. Grua 2018

La santé est généralement procurée par des ONG étrangères dont, là encore, l'Aga Khan Foundation. Phénomène peu connu, le Japon apporte, lui aussi, une importante contribution humanitaire sans, apparemment, en attendre de compensation économique.

De son côté, en plus d'une police présente, instruite et professionnelle, l'Etat pakistanais, propose essentiellement et quasi uniquement une alimentation électrique plus qu'aléatoire en raison de fréquents délestages. Ce sont là ses deux principales contributions au quotidien des populations.

En conséquence, face à ces abandons, seuls la religion, le nationalisme et la désignation de boucs émissaires à l'intérieur ou à l'extérieur du territoire peuvent en assurer la cohésion.

4. Islamabad conserve une certaine unité nationale grâce à un discours islamique et tourné contre Israël ainsi que grâce à un état de guerre justifié par l'entretien du conflit cachemiri.

En ce moment, la contrepartie à « l'amitié » chinoise est le mutisme à l'égard du million de musulmans du Xinjiang (où, en plus des Ouïgours, on trouve des Pakistanais, des Kirghiz, des Wakhis, des Tadjiks, des Kazakhs...) internés dans les camps du goulag chinois, juste au bout de la KKH. La contrepartie fut aussi le silence sur le nettoyage ethnique des Rohingyas en Birmanie, pays satellite de la Chine. On mentionnera, par ailleurs, la bienveillance de certains services d'Islamabad vis a vis des Talibans, voire leur armement, lesquels s'en prennent d'abord aux disciples du Prophète que cela soit au Pakistan ou en Afghanistan.

A contrario, le drame des Palestiniens, du fait d'Israël, est largement et légitiment dénoncé, alors qu'on pourrait se demander si cette dénonciation ne relève pas d'un anti-sémitisme assumé et fédérateur plutôt que d'une empathie, qui serait musulmane à défaut d'être philanthropique. En effet, du nombre supérieur de victimes palestiniennes en Syrie, il n'est jamais question. Quant à l'Inde, paradoxalement bien utile, elle imprègne le discours politique pakistanais. Les mots ne sont pas assez durs pour condamner ses actions contre les co-religionnaires du Jammu-Cachemire tout en légitimant une mobilisation spirituelle nationale dans un état de guerre larvée ou ouverte depuis 1947. Le prix en a été le contrôle du pays par les militaires, une coûteuse course aux armements et la ruineuse acquisition de la puissance nucléaire. Dans le même temps, 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le taux d'alphabétisation est de 69,5% pour les hommes et de 45,8% pour les femmes. De nombreuses tâches normalement dévolue à l'Etat, ne sont pas assurées, comme cela a été évoqué précédemment.

Malgré tout, le message national passe encore, bien qu'il soit possible de déceler des fractures au sein de cette apparente unanimité.

5. Les outils, spécifiques et limités, de la cohésion nationale pakistanaise peuvent, à terme, avoir des conséquences contraires au but poursuivi.

Jeunes femmes de la haute vallée de la Hunza agitant des drapeaux pakistanais lors du festival FACE © Bernard Grua
Jeunes femmes de la haute vallée de la Hunza agitant des drapeaux pakistanais lors du festival FACE – Photo B. Grua 2018 

Le patriotisme des citoyens du Gilgit-Baltistan, territoires du nord Pakistan, est incontestable. Le drapeau pakistanais est largement distribué et brandit lors des événements sociaux ou, au quotidien, par des particuliers. Tous les matins les élèves des écoles chantent l'hymne national.

Pourtant, on ne sait pas y partager certains emballements extrémistes et obscurantistes fédérateurs que l'on peut trouver dans des régions situées plus au Sud.

Nulle part dans la Hunza on a pu entendre des appels à la pendaison d'Asia Bibi, dont la mort programmée était un quasi projet de société pour de nombreux Pendjabis et dont la perspective a indigné l'opinion mondiale.

Les Talibans et leurs apparentés sont exécrés et interdits de séjour entre Gilgit et le col de Kunjerab. Là, ils ne trouvent aucune des complicités locales qui leur ont généralement été indispensables pour réaliser leurs entreprises mortifères, y compris au Pakistan : comme pour les Chiites abattus à Chilas et au col de Babusar ou comme le massacre des alpinistes étrangers au camp de base du Nanga Parbat.

Outre l'immense tort que ces exactions ont causé à la fréquentation de la région, dont dépend le sort de nombreuses familles, la vision alternative du Gilgit-Baltistan peut, en partie, s'expliquer par des religions différentes. Les Talibans sont sunnites. Les habitants des hautes vallées et des montagnes du Nord sont majoritairement ismaéliens, une branche particulièrement pacifique du chiisme. Leur leader spirituel est l'Aga Khan, résidant en France.

Dans la région, l'alphabétisation est supérieure à celle de certains pays occidentaux en ce qui concerne la jeunesse et, évidemment, à celle du reste du Pakistan. Les femmes sont, certes, moins visibles qu'en Europe mais elles ont une place importante dans la société. Leur scolarisation, dans des classes mixtes, est une réalité et une priorité largement partagée. En cela, on constate une évolution radicalement différente de ce que l'on peut observer dans le Baloutchistan ou dans le Swat, où, sous la pression des fondamentalistes, les filles sont exclues des écoles.

En dépit des conditions de vie difficiles, prétexte souvent invoqué pour justifier de nombreuses dérives, le radicalisme islamiste n'a pas droit de cité dans les territoires du Nord. On se trouve bien dans un Pakistan, qui ne ressemble pas à celui qui fait la une des médias, et dont la vision tant politique que religieuse prend un chemin divergent.

Conclusion : vers un nouvel ordre centre-asiatique ?

Les efforts méritoires d'un Imran Khan (Premier ministre depuis août 2018), si les militaires, les fondamentalistes et les services secrets lui en laissent le temps, auront bien du mal à restaurer, pour sa nation, un statut apaisé et indépendant. Pour se développer et pour créer plus de liens avec le reste du monde les habitants du Nord du Pakistan pourront être tenté de se faire connaître sous un autre nom que celui d'un pays à la réputation compromise.

Ce que l'on observe au Pakistan pourra concerner, demain, d'autres parties prenantes du programme chinois de la Belt and Road Initiative. Le Kazakhstan et l'Ouzbékistan mais plus encore les fragiles Kirghizstan et Tadjikistan y trouveront une manne bienvenue, bien que restrictive en terme de souveraineté.

Route entre Sarry Tash et Osh Kirghizstan  © Bernard Grua
Route construite par la Chine dans les montagnes entre Sarry-Tash (Kirghizstan) et Osh (frontière avec l’Ouzbekistan). Photo B. Grua 2011

L'Afghanistan n'en serait pas écartée. Pékin se raccorde à Faizabad (capitale du Badakhshan) via la fibre optique, à travers le corridor du Wakhan. Il est crédible d'envisager qu'il y promouvra sa stabilité contre des actions qu'il jugerait contraires, y compris de la part de son "ami" pakistanais.

Ingénieurs chinois et leurs accompagnants locaux, octobre 2018 – Etudes technique pour cablage par fibre optique du corridor du Wakhan afghan.

 

Wakhi fields are maintained like gardens, Afghanistan © Bernard Grua
Afghanistan, le corridor du Wakhan – Photo B. Grua 2013

Face aux dynamiques entreprises paracoloniales chinoises, l'Union Economique Eurasienne que tente de promouvoir Vladimir Poutine, à l'attraction plus faible et aux moyen plus limités, risque d'être classée au rang des « projets morts nés » comme l'écrivait, en octobre 2017, Mathieu Boulègue sur le Diploweb : La « lune de miel » sino-russe face à l’(incompatible) interaction entre l’Union Economique Eurasienne et la « Belt & Road Initiative ». Le Grand Jeu continue avec, toutefois, des acteurs différents. Les cartes sont en cours de redistribution. Voilà plus de 50 ans que la Grande Bretagne n'en fait plus partie. La Russie en sort progressivement.

Article initialement paru sur le blog "Regards sur le Monde" : La Karakoram Highway, prototype du schéma colonial de la Nouvelle Route de la Soie dans un Etat à la légitimité et à la souveraineté fragilisées ?

Annexes

Pakistan:  Moyenne vallée de la Hunza, autour du Rakaposhi

Moyenne vallée de la Hunza – Photographies de sites se trouvant le long de la KKH

Pakistan: Haute vallée de la Hunza

Haute vallée de la Hunza – Photographies de sites se trouvant le long de la KKH

 


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19 réactions à cet article    


  • Bernard Grua Bernard Grua 27 mars 2019 14:08

    Merci aux modérateurs pour cette rapide validation.


    • JC_Lavau JC_Lavau 27 mars 2019 14:41

      « chaque mètre carré de la précieuse terre agricole est gagné grâce à de lourds travaux de terrassements manuels, à l’élaboration de longs canaux d’irrigation et à l’apport de matière organique. La construction de la Karakoram Highway y a été lancée sans que les populations spoliées soient indemnisées des terrains qui faisaient vivre leurs foyers. »


      Tant de peines perdues et ensevelies...

      Ce pays est un cauchemar d’instabilités géologiques.


      • Bernard Grua Bernard Grua 27 mars 2019 15:21

        @JC_Lavau
        Merci pour votre commentaire. Oui, tout ce coin est particulièrement instable. L’explication serait qu’il s’agit de reliefs jeunes qui n’ont pas encore eu le temps d’être érodés. Dans nos pays, nous sommes plutôt habitués à voir des montagnes plus ou moins rocheuses. Là, dans certains cas, on dirait de gigantesques tas de matière première pour des travaux de génie civil. Et tout cela ne demande qu’à glisser au fond de la vallée. C’est pourquoi les espaces potentiellement exploitables sont limités et c’est pourquoi les routes demandent un très lourd entretien.
        J’ai mis dans le texte un lien avec le glissement de terrain d’Atabad. Je le reposte ici. https://youtu.be/zevBVop-sCk


      • baldis30 27 mars 2019 16:08

        @Bernard Grua

        merci pour cette adresse ! et pour l’Europe on repense immédiatement à ce qui s’est passé en Suisse (Randa) en Italie ( Val Pola) ou plus loin dans le temps en France entre Allemont et Livet-Gavet, ( crues torrentielles de l’Infernet et de la Vaudaine obstruant la Romanche au droit du monument aux morts des martyrs de l’Oisans).
        En complément psychologique on peut relire l’excellent texte de Velosolex sur le tourisme catastrophe en ce moment même sur Avx .
        Quant à la formulation géologique elle ne change pas, et trouve un nouvel exemple 
        Mouvement de terrain = lithologie X pente X eau outre les paramètres sismiques locaux ....

        Plus tristement on fait des conférences sur la résilience après catastrophe, il y en avait une hier à Montpellier... j’ai préféré ne pas y mettre les pieds .... Qu’on me parle de résilience avec ce type d’événements !

         


      • baldis30 29 mars 2019 10:20

        @baldis30

        bonjour à tous
         en complément pour ceux qui ont regardé les excellentes vidéos associées à l’article ... nous aussi en France on a de beaux écroulements :
        je pense à la Savoie ... les abymes de Myans ( écroulement du Granier) et à un autre protohistorique en Haute-Maurienne dit « la plaine de Bessans » ..
        Les grandes menaces nationales de même type sont : Séchilienne (38), et La Clapière ( Saint-Etienne de-Tinée ) ... ce qui n’empêchent pas les accidents « locaux » comme sur la route du Glandon il y a 25 ans ...


      • Bernard Grua Bernard Grua 2 avril 2019 18:10

        @baldis30
        Pardonnez-moi, si j’ai donné l’impression de faire un article catastrophe. Ce n’était pas l’intention. Le but était de montrer comment la difficulté causée par l’environnement créait un lien de dépendance vis a vis de la Chine, surtout si les ressources du Pakistan sont absorbées par un « projet national » essentiellement militaire, avec, mais peu seulement, un ruineux programme nucléaire. 
        Je ne connais pas les écroulements que vous mentionnez. En revanche je vois très bien le problème de Séchilienne, pour avoir habité Grenoble. La France est capable d’y faire face seule. C’est une différence significative par rapport au sujet de ce papier.


      • popov 28 mars 2019 05:52

        @Bernard Grua

        Excellent article. Les paysages que vous montrez me rappellent ceux des Andes où les routes en hautes altitudes (4000+) sont aussi extrêmement dangereuses.

        Un petit bémol, peut-être concernant l’existence de goulags dans le Turkestan chinois. Voici un article qui remet en cause les informations à ce sujet que nous servent les médias aux ordres et dont voici un des résultats. En quelques sorte, un moyen de faire encore entrer plus d’islamiques en Europe ?


        • Bernard Grua Bernard Grua 2 avril 2019 17:39

          @popov
          Bien sûr, tout cela est à mettre au conditionnel et on peut discuter du chiffre d’un million. En revanche on peut, quand même, dire qu’il y a un problème et mettre en avant le fait que ce sujet est totalement inexistant au Pakistan. Pourtant le Pakistan se fait officiellement le porte parole de la cause musulmane dans le monde. Il est possible, peut-être, de trouver d’autre raison à son silence que sa dépendance économique à l’égard de la Chine. Pour ma part, je pense que c’est un élément important de l’équation.


        • gaijin gaijin 28 mars 2019 09:20

          article intéressant

          mais sur la question du rôle des chinois j’ai l’impression que vous êtes « étonné » que la chine poursuive ses propres intérêts en « aidant » les pakistanais .....

          bien sur qu’elle le fait ! contrairement a qui ?

          si je souligne cela c’est que j’ai l’impression que les médias sont en train de découvrir que la chine existe et qu’elle ambitionne de devenir la première puissance mondiale .....bien sur que c’est le cas et ça devrait une évidence depuis bien longtemps ....a minima depuis que nous lui avons volontairement transféré notre puissance industrielle non ?


          • Bernard Grua Bernard Grua 2 avril 2019 17:49

            @gaijin
            Merci pour votre commentaire.
            La Chine ambitionne de devenir la première puissance mondiale ? Elle l’est déjà. Son PIB est le premier en PPA.
            Pour le reste, comme disait CDG, « les Etats n’ont pas d’amis ; il n’ont que des intérêts ». La Chine a, comme toute puissance importante, une stratégie impérialiste d’autant qu’elle n’a pas nos inhibitions ni nos sentiments de culpabilité issus de la décolonisation. Je trouvais intéressant d’examiner l’exemple de la KKH pour donner un cas concret de la méthode appliquée. 


          • JC_Lavau JC_Lavau 28 mars 2019 14:04

            Aussi bien cette région du haut Pakistan que les montagnes d’Afghanistan ont tout à gagner à la fin éventuelle de la pénurie en dioxyde de carbone atmosphérique. Cela donnerait plus de chance aux débuts des couvertures végétales de prospérer et de développer une pédogenèse, au lieu d’être constamment plus lentes que l’érosion.


            • Bernard Grua Bernard Grua 2 avril 2019 18:33

              @JC_Lavau
              J’aime vos commentaires qui obligent un peu à sortir des sentiers battus. Je me permettrais deux remarques. La première est une lapalissade. La KKH existe, elle est construite et c’est ainsi. 
              Ensuite, je comprends, corrigez moi si je me trompe, que vous êtes un adepte de la décroissance ou au moins pour la croissance zéro. Il est certain que cela serait salutaire pour notre planète. Mais alors que nous avons tout, y compris le superflu, je suis un peu mal à l’aise quant au fait que l’effort devrait porter sur ceux à qui il manque, souvent, l’essentiel. A ce titre, les remarques de @sls0, qui suivent la vôtre, sont particulièrement pertinentes. 



            • Bernard Grua Bernard Grua 2 avril 2019 20:25

              @JC_Lavau
              Je vous prie de m’excuser je ne vous avais effectivement pas compris. Merci pour ces précisions.


            • sls0 sls0 28 mars 2019 16:09

              En 2000 le réseau routier roumain c’était l’horreur.

              L’Europe a payé pour remettre en état le réseau principale, est-ce de la colonisation ?

              Au Népal, un village au bout de nul part.

              Comme il y a de l’eau, de l’hydro-électricité est possible.

              La fin du voyage c’est deux jours à pieds, avec une turbine dans les bagages c’est épique, sans compter le courant.

              Chez moi dans la sierra il y a un pueblo que j’adore, Los Cacaos, des gens sympas et solidaires et un paysage superbe.

              Il y a 20 ans ils vivotaient, pas de route.

              Depuis la route une coopérative de production de café bio qui a permis de construire écoles et collèges. Il y a même un petit hôpital. Est-ce de la colonisation ?

              Chez moi aussi c’est du relief jeune, c’est pentu.

              La stabilité d’un terrain c’est son angle de tallus. Il varie en fonction de l’humidité de la terre, avec de l’argile humide il peut descendre à 5°.

              Il y a des glissements de terrain qui parfois se transforment en lahars qui ont déjà emmené deux pont sur 25km. C’est en période de cyclones souvent.

              Un cyclone d’annoncé et le village stocke pour 15 jours de bouffe.

              Nous la colonisation c’était pour l’exploitation.

              Les chinois nous succèdent en Afrique, c’est un peut plus gagnant/gagnant. Bien sûr que les chinois visent leurs intérêts mais sont moins pourri que nous.

              Les Alpes qui sont aussi des montagnes jeunes donnent des glissements de terrain et des lahars. Sauf que c’est suivi et instrumenté.

              Impressionnant les lahars, chez moi ça bouge des rochers de 2-3m de diamètre.

              Comique, nous on bétonne tout les 10 ans l’équivalent d’un département pour faire des aéroports sans avenir, des parkings de supermarché, pas de problèmes. Les chinois construisent une route au milieu de nullepart, quand ils sont obligé de passer sur une culture c’est le scandale.


              • foufouille foufouille 28 mars 2019 16:23

                @sls0
                avec les chinois, 50% leur appartient et 50% est payé par un crédit de la banque de chine. je doute que la chine fasse une sur la dette qu’ils ne pourront plus payer comme l’on fait les méchants blancs.
                pour le boulot, c’est pire que les méchants chrétiens car pas de jour de repos.


              • sls0 sls0 28 mars 2019 16:52

                @foufouille
                Chouette, les chinois sont propriétaires à 50% des routes. Comme il n’y a pas de péages ça leur fait une belle jambe.
                La banque de Chine permet à la Chine de faire des cadeaux.

                Nous on a payé pour des autoroutes qui ont été privatisées et où il y a des péages et on va plaindre les pakistanais ?

                Vivement que les chinois fassent des routes chez nous, on l’aura moins dans l’os.

                Ça ne vous est pas venu à l’esprit que ces routes permettent à la Chine de commercer plus facilement et d’être à l’abri des turpitudes US ?


              • foufouille foufouille 28 mars 2019 17:25

                @sls0
                il reste 50% qui leur appartiendra quand l’afrique ne pourra plus payer et sans remise de dettes du méchant blanc. des fois, c’est aussi bâclé pour gagner plus de fric.
                donc c’est mieux en quoi ?


              • Bernard Grua Bernard Grua 2 avril 2019 18:04

                @foufouille @sls0

                La colonisation est un terme très connoté en Occident. Pourtant, il faut appeler un « chat un chat ». Pour ce qui est de relation Chine-Pakistan, je n’en suis pas l’inventeur, loin de là. Ce sont des remarques que j’ai entendues le long de la KKH. Au début, j’étais septique. C’est pourquoi j’ai commencé à m’intéresser au sujet en cherchant les sources de dépendance et leurs conséquences.
                Comme par ailleurs, je pense que la RBI est un projet extrêmement important, je m’y intéresse aussi. J’y ai trouvé des convergences et une sorte de laboratoire. 

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