La Libération (59) : des turbines à eau aux soucoupes volantes nazies, il n’y a qu’un pas
Hier, nous avons vu que les chercheurs allemands avaient été rendus responsables d'un appareil dont on a strictement rien retrouvé, mais qui aurait été décrit dans plusieurs témoignages, des expériences qui correspondraient plus ou moins aux recherches nucléaires sur la fusion et non pas la fission. Chez certains, l'engin en forme de cloche, a même été confondu avec un engin spatial, voire avec une "soucoupe" volante, que les nazis auraient construit, donc. Or ces fameuses soucoupes nazies n'ont existé que dans l'imagination fertile de raconteurs d'histoires, qui ne sont apparues que bien après la fin du conflit. Mais en créant d'emblée un mythe tenace, qui vient même d'être repris récemment dans un ouvrage qui remporte de loin le titre d'ouvrage le plus idiot jamais rédigé sur la question, mélangeant les frères Horten, Mengele et même Staline. Dans le genre, c'est un sommet ! Place aujourd'hui aux inepties sur les prétendues "soucoupes nazies".
Comme pour Roswell, l'histoire des soucoupes volantes allemandes fait partie d'une suite sans fin de bobards répercutés, à la différence que ceux-là sont arrivés plus tard encore dans le monde médiatique. Comme le remarque Gildas Bourdais, dont je ne partage pourtant en rien les thèses sir Roswell (je tiens à le préciser à nouveau), en effet, la fameuse soucoupe intitulée bien entendu "V quelque chose" n'est en effet pas apparue immédiatement après la guerre, mais plus tard. "On ne trouve pas une seule trace du V7 dans les livres d’historiens de l’aéronautique : « …tout ce qui concerne les prétendues soucoupes volantes nazies, provient de la grande presse classique à partir de 1950 pour l’Allemagne, la terminologie V-7 apparaissant pour la première fois en 1952... dans un quotidien français ! » Le quotidien étant France-Soir dans ses deux éditions du 7 puis 14 juin 1952, selon lui. L'auteur de l'article citant les "recherches" d'un obscur chercheur, Rudolf Schriever, jusqu'ici jamais cité parmi les chercheurs allemands dignes d'intérêt, tels que ceux listés par Arnold et Karman. Pas plus pour Paperclip que pour Lusty, nul part le nom de Schiever n'était apparu. D'où sortait cet olibrius, voilà bien le problème. Comment les américains auraient-ils copié des engins dont pas un rapport de l'époque ne mentionne la découverte est encore plus risible : nous avons vu que les américains on raflé "scientifiquement" une bonne centaine de V1 pour les expérimenter à Las Cruces (une soixantaine ont été tirés au total), qu'une majeure partie est retombée en petits morceaux (ou de plus gros !) dans les alentours, et qu'ils ont amené à Freeman Field un Horten IX qu'ils n'ont ni testé en vol ni remonté depuis (à moins peut-être de la venue d'une pilote expérimentée comme Anna Kriesling, aperçue semble-t-il à Edwards, mais sa personnalité mystérieuse - c'est elle qui aurait été à bord du Ju-390 arrivé devant New-York- n'a laissé que des bribes d'information à son sujet). Comment auraient-ils fait pour fabriquer cet appareil dont les moyens de propulsion fantomatiques seront tout d'abord décrits comme "par génération de courants magnétiques", puis au fil du temps par l'"anti-gravité" pour finir par la raccrocher à la fameuse "MHD" de notre fêlé national, j'ai cité J-P. Petit et son esbroufe pseudo-scientifique habituelle (voir en annexe un avis assuré d'internaute sur le personnage)..
Si pour les Horten et les chasseurs à moteur-fusée ou à réaction, on connait désormais leur sort sur le sol US, là, à l'exemplaire près ou presque, aucun élément, aucun papier déclassifié n'a été découvert pour en révèler un semblant de boulon ou de rivet (vu que dans les représentations imaginaires, les artistes ufologues lui ont surtout donné le look d'une tourelle de cuirassé volant voire de tank dessiné par Leonard de Vinci, histoire de l'insérer dans le flux de l'histoire, sans doute). En lui faisant porter des noms à dormir debout (je fais l'impasse sur les modèles , ça me gonfle trop à énumérer, entre "Vril" et "Haunebu" !), et en les citant comme origine sur toutes les photos d'OVNIS des années 50,
tellecelle très connue du cavalier arrêté au bord d'une rue, où trône une lampe suspendue à un fil que la définition de l'appareil photographique de l'époque ne pouvait saisir en définition. En Chine, on avait déjà eu le même phénomène.
L'un des noms qui apparaîtra assez vite chez les soucoupistes s'appelle Viktor Schauberger, un autrichien d'origine, plutôt farfelu, dont on présentera les projets de turbines à eau comme étant ceux de "soucoupes nazies". C'était à son propos commettre deux graves erreurs. L'homme n'avait aucun lien direct avec l'aéronautique et encore moins avec les nazis : "En réalité Viktor Schauberger (1885-1958) était un technicien un peu lunatique qui ne construisait aucune soucoupe volante mais s'était spécialisé dans les turbines à eau, lesquelles n'étaient aucunement des moyens de propulsion de soucoupes volantes, mais par exemple des turbines pour les centrales hydroélectriques ou d'arrosage de gazon. Sa participation technique à l'aéronautique militaire allemande s'est limitée à travailler aux systèmes de refroidissement à eau des moteurs d'avions chez Messerschmitt. Loin de se réjouir de travailler pour le régime nazi, il a été repéré par la Gestapo comme opposant au nazisme et s'est retrouvé au camp de concentration de Matthausen avant la guerre, n'en sortant que pour travailler chez Messerschmitt. Il est devenu maintenant le sujet de fantasmes, prétendument inventeur d'une soucoupe volante magnétique dite "la Répulsine", certains sites Internet allant jusqu'à montrer une de ses turbines à eau comme étant une soucoupe volante ! » "(P. Gross).
Il est vrai que sa turbine à eau à effet vortex avait toute l'apparence d'une soucoupe volante, une fois séparée de sa tuyauterie... son générateur familial était aussi impressionnant... une fois son capot enlevé, mais ça restait du domaine de la plomberie pure et simple et non de l'aviation.
En réalité, les racontars et les inepties sur les prétendues soucoupes nazies sont apparus historiquement pour la première fois non pas aux USA mais... en Italie, en mars 1950. Et c'est l'œuvre, avant tout, d'un véritable fasciste : Giuseppe Belluzzo, disparu en1952, un ancien motoriste spécialiste des locomotives à vapeur, qui a été effectivement membre du parti fasciste italien, et même ministre trois ans sous Mussolini ! Les journaux Corriere della Sera", "La Nazione", la "Gazzetta del Popolo", le "Corriere d'Informazione" reprendront successivement ses affabulations comme quoi les fameuses soucoupes volantes avaient été inventées en Italie (qui avait pourtant raté avec brio l'avènement de la réaction avec le démonstrateur inutilisable Camproni-Campini), que les allemands les avaient "améliorées"' et qu'il n'y avait pas de pilote à bord car elles étaient "téléguidées". A ceux qui ne pensent pas qu'idées fascisantes et soucoupisme pouvaient être liés, à eux d'étudier le sujet sur un angle historique seulement. Ils en reviendront peut-être, qui sait, ne désespérons pas de les voir un jour cesser de tout mélanger. Si aux Etats-Unis la peur de l'invasion extraterrestre des années 50, qui marque les médias et le cinéma notamment n'est que l'image projetée de la grande crainte russe de la guerre froide, la revendication patriotique de Belluzo est celle d'un politicien aigri ayant vu son parti favori dissous, et son maître tué, puis pendu à un croc de boucher. Résolu à une explication "terrestre", Belluzo ne pouvait qu'accorder en bon patriote la paternité de son invention... qu'aux ingénieurs italiens !
Le lien avec le fascisme se perpétuant bien après lui, avec les admirateurs du grand Reich de 1000 ans qui ne peuvent aujourd'hui encore en imaginer la fin en 1945. Alors pour ça, il leur faut entretenir l'idée d'une prétendue supériorité technologique, au-delà de ce qu'est capable l'être humain (leurs soucoupes "nazies" sont chez eux pilotées, bonjour les "g" encaissés ! ), leur adoration pour Hitler tournant à la déification pure et simple : comme il faut bien cacher tout cela, ils ne regardent surtout pas du côté de Bariloche (surtout pas, on l'a bien vu ici quand un individu est venu à plusieurs reprises nier l'existence même des photos du nazi Priebke faites en 2009 au Llao Lao !). Bariloche, où, on l'a vu, les sommités nazies se sont pourtant réfugiées grâce à Péron (et à l'Eglise !) pour tenter de continuer ce qu'ils avaient entrepris, grâce aux monceaux d'or transférés dans leurs valises. Alors, pour se raccrocher à leur monde perdu, ils en ont recréé un autre de toutes pièces, aussi abracadabrantesque que leur vision des faits historiques : c'est simple, pourtant, bon sang : quant à mentir, autant mentir en grand ! Les nazis, selon eux, en 1945, se sont donc réfugiés en Antarctique car c'est là la porte d'entrée de la terre... creuse, et le pôle est sa porte d'entrée ! L'une des plus grotesques théories, remises au goût du jour dans les années soixante par le célèbre duo Pauwels et Bergier ! A pleurer de bétise (lire ici !), à faire retourner ensemble dans leurs tombes Haroun Tazieff...et Alfred Wegener ! Une thèse destinée avant tout pour éviter de parler de l'Argentine ! Et du noyau "dur" de Bariloche, qui n'avait pas que l'atome comme centre d'intérêt, mais bien une admiration sans borne perpétuée pour le Führer ! Et parmi ces admirateurs, l'un des pires, qui croit lui aussi qu'Hitler avait réussi à fuir, mais pas vraiment en Argentine :
« (Ernst) Zündel est un révisionniste qui nie l'Holocauste et a écrit plusieurs livres racontant que les nazis ont fait voler des soucoupes volantes, comme dans "UFO : Nazi Secret Weapons", "The CIA-KGB UFO Cover-up". Sur son site Internet il avait annoncé une "expédition" pour dénicher les "bases secrètes" nazies en Antarctique, en exigeant de chaque personne qu'il souhaiterait participer à l'expédition le versement de 10 000 $. Il y écrit que les OVNIS sont nazis, que la Terre est creuse, et que les ufologues sont des "charlatans qui racontent des histoires de petits hommes verts". » (P. Gross). Les négationnistes savent-ils que leur héros croient aussi à ses thèses de fêlés ? Je n'en suis pas sûr, à les voir le suivre comme moutons de Panurge. Zündel a toujours vécu de la crédulité des gens et de leur manque de connaissances historiques, c'est une évidence.
Comme la plupart des soucoupiens, et leur religion révélée du martien ou du vénusien les ayant "visités", comme l'Archange Gabriel dans un autre cas de figure de croyance manifeste. Zündel, tant admiré oar les belges néo-nazis, comme ceux de Blood and Honour, qui tiendront meeting de soutien en sa faveur le 19 mars 2005 près d’Anvers, meeting auquel participeront Siegfried Verbeke et Christian Worch mais aussi Vincent Reynouard. Le grand ami de Blanrue, l'homme qui sort tout juste de la prison de Valenciennes pour négationnisme à répétition. Et va sans doute y retourner très bientôt... continuant à tenir les mêmes propos outrageants.
Le mélange plus tardif des genres Adamski et théorie de soucoupe purement nazie est l'œuvre du français Charles Garreau, Journaliste à France-Soir auto-bombardé ufologue pour avoir écrit "Alerte dans le ciel !" (1954), premier récit sensationnaliste d'apparitions d'OVNIS et "d'enlèvements" , qui décrira en 1956 un appareil... Bien conventionnel (de propulsion), hormis sa forme : "Equipé. de douze turboréacteurs BMW 028, munis de compresseurs autonomes à six étages, il développerait 5500 chevaux (5400 CV en vol) et 2600 kg de pression additionnelle (2900 kg en vol). La propulsion s'effectuerait par douze turbines à l'intérieur d'un anneau métallique tournant autour de la masse centrale. Ni flammes, ni fumées ne seraient visibles, les gaz de combustion étant récupérés par un système spécial mis au point en 1938 par un ingénieur britannique. » Ouah, quel engin : avouez que de réussir à faire décoller verticalement pareil bazar aurait effectivement constitué un exploit, au vu du manque de poussés chronique des BMW de l'époque ! Et je ne vous parle pas de la consommation de kérosène !
A noter que l'auteur, qui visiblement ne comprend rien à l'aviation parle à demi-mot de post combustion, inconnue en 45 et même 46 (le premier avion a en être muni est le Starfire US sorti en 1951 seulement), et tente de faire dans la furtivité en masquant comme il peut le problème des fumées de réacteurs par une invention non référencée. Si les allemands avaient effectivement des projets d'avions à six réacteurs ou davantage, on en connait aujourd'hui les formes, oscillant entre l'aile volante delta, façon Avron Vulcan, au premier modèle anglais de bombardier à réaction entré en service pour délivrer la première bombe atomique anglaise, le Valiant. Chez les allemands, c'était le Junkers Ju EF 132 testé en l'état de maquette dans la soufflerie de Dessau en 1945.
En fait, les légendes sur les soucoupes nazies sont comme par hasard apparues dans le grand public après les déclarations d'un des premiers et pires escrocs de l'ufologie : George Adamski, prétendu "emporté" par des extraterrestres "venus de Vénus"... pas si "extras" que ça en fait : l'homme tiendra en effet à tout prix à les décrire comme des blonds aux yeux bleus, ses "visiteurs de l'espace" et pour mieux nous en convaincre montrera un jour une "empreinte de pas" (en plâtre) de ses fameux visiteurs : comme par hasard, ils possédaient des bottes dont la semelle comportait, vous n'allez pas le croire... une croix gammée (imprimée dans le bon sens, ils pensent à tout ces vénusiens) ! "Contacté" au milieu du Désert de Calfifornie pour aller faire un tour sur la face cachée de la Lune, bien sûr, puisqu'à l'époque Borman et Lovell n'y étaient pas encore allés. Au cas où le terrien moyen, doté on le sait du QI d'une huître, n'aurait pas d'où il était venu, ou plutôt par où il était passé auparavant, le "Vénusien". Adamski n'expliquant pas en tout cas le service de location de type Hertz géré par les ingénieurs nazis à ces vénusiens tombés en rade dans la banlieue terrestre, à coup sûr. Si c'est au détail qu'on évalue la supercherie, celui- là est gros, très gros !
Dans un numéros de LDLN, (n° 287-288, mai/juin 1988, p. 13-19). rappelle Bourdais, Franck Boitte, dans : "Eclaircissements possibles sur la signification des symboles figurant sur les moules de Desert Center, 20 novembre 1952" avait rappelé qu'Adamski adorait la mythologie tibétaine, chez qui la svastika est omniprésente.
Un autre sinistre farceur, Claude Vorilhon, alias Raël, dira avoir vu le même signe cabalistique "gravé sur l'appareil et sur la combinaison" de l'extraterrestre qu'il prétend avoir rencontré". (Page 123 de son livre : "Le Livre qui dit la vérité".), rappelle non sans malice Bourdais (en nous rappelant d'autres propos, du même tonneau sur les mêmes sujets ; les mêmes qui reviennent en effet en cascade). Les faux-gourous n'en ont pas encore fini de vider l'héritage douteux. Et quand ce n'est pas Adamski, c'est un autre grand agîté qui s'y colle : Bob Lazar, autre cas d'espèce, tout aussi atteint que Vorhilon, les relents de pédophilie (clairement revendiquée) en moins. Remarquez, chez Lazar, les soucoupes ne viennent pas d'Allemagne. Non, mais de... Roswell, ce qui, à tout bien compter, n'est guère plus crédible, avec ce que nous en savons aujourd'hui.
Adamski, Lazar sont sans aucun doute des escrocs. Mais il y en a d'autres encore. En premier donc, comme a pu le voir, est arrivé le polonais Witkowski et sa fable de centrale à soucoupes, en réalité les vestiges d'une tour réfrigérante industrielle classique. Un escroc de plus, mais chapeauté aujourd'hui par un autre larron, Nick Cook, ancien de chez Jane's, qui a regroupé ces informations récentes pour mixer le tout avec le vieux mystère de la Zone 51, dont il ne connaît que fort peu de choses à vrai dire pour un spécialiste de l'aviation, à voir ses reportages lénifiants. Car Cook va défendre les thèses de Witkowski dans ce qu'elles ont de plus farfelues, comme le précise Salon.com, qui raconte ici comment Cook a obtenu ses informations : "un "chercheur" appelé Igor Witkowski m'a montré une ancienne mine, où, selon lui des scientifiques SS avaient travaillé sur une machine appelée la Cloche, un engin en rotation qui utilisait beaucoup d'électricité sur place. "Ils ont cherché à tester une sorte de machine antigravitationnelle" ; affirme Witkowski. D'autres pensent que cela aurait pu être une machine à voyager dans le temps. Puis Cook découvre encore un autre programme anti-gravité, une soucoupe volante appelée "répulsine". Cook conclut qu'un fonctionnaire nommé Hans Kammler SS possédait la technologie et amis cela en boîte et l'a transporté dans un endroit sûr, plus tard, aux USA". La "Répulsine" on l'a vu n'est qu'une des nombreuses inventions de Schauberger, une de ces turbines à eau et Klammer a été déclaré mort ou suicidé selon 4 témoignages différents, mais bon, c'est déjà tellement flou comme "informations" sur la question qu'on n'insiste pas. On assiste donc à un paradoxe phénoménal : un homme qui jusqu'ici a fait carrière dans l'information sérieuse (les éditions Jane's sont crédités partout d'une réputation sans faille) s'est lancé il y a peu dans la rédaction d'ouvrages juteux, aux propos vagues, dans lequel il récupère des thèses infondées les plus diverses, pour en conclure que les soucoupes volantes ne sont pas extra-terrestres mais proviennent des recherches allemandes sur l'anti-gravité. Il y a de quoi écarquiller les yeux ou se boucher les oreilles ! Pour vérifier ces propos qui ne tiennent pas debout, l'idée m'est venue de regarder attentivement un long documentaire réalisé par notre homme sur le sujet. C'est visible ici. Je vous invite à faire comme moi et à le regarder dans son entier (ça dure une heure et demie et on baille souvent, vous voilà prévenu d'avance).
Outre qu'on s'y enferme sec, à se balader en voiture avec l'auteur, la plupart du temps, on y apprend fort peu de choses à vrai dire, dans des séquences à la Paris Texas. On commence tout d'abord par la visite d'un salon de défense. Puis on y annonce la rencontre avec celui que je viens juste de décrire, Robert Widmer, auteur du projet Fish qui a été battu sur le fil par l'YF-12 (A-12, devenu SR-71) fabriqué par les gens des Skunkworks et dont j'ai salué aussi la disparition il y a peu. Widmer, qui raconte que son avion "était le plus ressemblant possible à une soucoupe". Pour Cook, le programme SR-71 est devenu "white" à savoir qu'il a été rendu public alors que le Fish est resté un programme "black", Widmer lui expliquant qu'il n'a même pas pu garder de copie des plans de son appareil. Une fois construit, son avion a été "classé" dit-il, "ce qui signifie plus fort que secret". Et tous les plans ont été détruits ou brûlés, selon lui. "Comment expliquez-vous cela ?", demande alors Cook, à Widmer qui lui fait comprendre que c'était... la règle. Et que dans ces constructions, il n'y avait rien comme engin antigravitationnel, l'avion de Widmer ayant été décrit depuis, avec quelques rares photos égarées, même d'une maquette à taille 1/2 (celles vues ici). Ce projet était plus loin que le projet Aurora, dont Cook a retrouvé un témoin "politique" : Dana Rohrarabacher, qui a enquêté sur la question et est tombé sur le même mur que celui qu'avait rencontré le constructeur du Fish. Le député avait demandé à Clinton de déclassifier le projet Aurora, et s'était fait renvoyer en beauté. Selon Cook, c'est le gouffre financier gigantesque du projet qui en était la preuve : des fonds secrets plus que conséquents lui avaient été consacrés en dehors de la connaissance des députés ou des sénateurs.
Mais des fonds tellement importants selon Cook que l'Aurora seul n'aurait pas pu les absorber à lui seul... il devait y avoir d'autres programmes, laisse-t-il entendre. Si bien qu'au bout de 15 minutes, après ce début pourtant bien "technologique", le reportage bascule avec la citation du nom "flying saucer" (soucoupe volante) ! Et c'est parti pour les soucoupes, et les platitudes habituelles, ou les Ufologues du même tonneau ! Nous voici à Houston, maintenant, pour un lancement de fusée, là encore que du bien classique : pour Cook, l'exemple ce ce qui n'a pas beaucoup changé depuis 1945, et là, il n'a pas vraiment tort en effet. Résultat, au plan suivant, nous voilà balancé dans des notions "d'espace courbe" de "3eme dimension", pour pouvoir "traverser l'univers". Comment peut-on passer de l'un à l'autre aussi brusquement, musique intrigante à l'appui, c'est toute la magie d'un reportage.. vite torché. On a bien affaire à un documentaire... foireux. Au bout de 25 minutes, on a bien basculé, comme il le dit lui-même dans le "tout est possible" ! C'est bien du flan complet, car Cook, à ce stade, a déjà choisi de nous entraîner ailleurs. On atterrit donc vite pour se faire "à l'endroit où la première bombe atomique a explosé, le...Nouveau-Mexique".
Endroit où l'on rencontre bien sûr au plan suivant le couple Charlie et Elaine Bates, "ufologues" patentés. Bingo, on sait déjà où il va nous mener après, le Nick Cook : là où nous avons été confrontés à une visite extra-terrestre, clame Charlie. Roswell, bien entendu ! Et à "l'antigravité", bien sûr !!! Nous voilà déjà reparti en voiture, direction Ken Frye, archéologue, nous racontant une séquence à la Rencontre du 3eme type. On a définitivement quitté l'aviation pour les OVNIS. Bingo, la séquence suivante est sur les célèbres mutilations animales ! Racontées par un fermier ou un journaliste (David Perkins), avec le commentaire de Charlie revenu nous dire que le gouvernement "cachait quelque chose" avec ses mutilations (que j'ai expliqué ici-même, déjà).
Retour à Bob Widmer, et ce qu'il avait dit sur la CIA qui lui avait pourri la vie, et celle de sa famille ; avec sa manie du secret. Mais toujours aussi peu de révélations à se mettre sous la dent, à part se balader en bagnole sur les routes de Californie ! Nous voici pourtant aux Skunkworks (avec son responsable, Jack Gordon), qui, on le sait, n'ont pourtant jamais rien eu à voir avec les soucoupes volantes. Mais là, c'est le journaliste à scandales Jim Marrs, "le théoricien du complot" qui intervient alors. Pour nous reparler... OVNIS et "matériel d'un autre monde", ou "provenant des recherches allemandes"... Bingo, on y est, après une heure pile de diffusion du document, nous y voici ! Une heure pour arriver à ce dont on se doutait au début !
Nous voici aux "soucoupes nazies", mais on déchante très vite avec le témoignage de Lyn Buchanan, retraité de l'armée, venu raconter une histoire à la Bob Lazar, son propre transport à bord d'un "vaisseau d'aliens". Une histoire "qu'il aurait oublié 25 ans, et qui lui serait revenue subitement". Superbe, le plan ! On passe alors à la séquence suivante, arrivée comme un cheveu sur la soupe : les armes laser. Celle présentée par J.Rich Garcia, le Boeing YAL-1 Airborne Laser (aujourd'hui abandonné comme arme depuis l'annonce du 6 avril 2009), une séquence "techno" vite remplacée par la visite un bar proche de la base 51, "The Little A"le"inn", tenu par Pat et Joe Travis, où trône une photo d'un alien de pacotille, façon fake de Roswell. L'auteur a fait plus de 8000 bornes pour atterrir au bistrot, en voilà un journaliste de terrain ! Les deux tenanciers lui décrivant une autre histoire façon "Rencontres" de Spielberg, la grande lumière blanche en cadeau Bonux. On y est à nouveau, avec rien de vraiment neuf. Mais avec Mark Farmer, le contact local de Cook.Auto bombardé "Black Projects Investigator". Suivent les plans photos connus de tous depuis des années, pris de loin bien sur de la base 51. Et... rien. Sauf Glen Campbell, autre Black World Investigator", qui raconte qu'un pays qui a un côté "sombre" à cacher n'est pas vraiment démocratique, ce en quoi il a entièrement raison. Et voila qu'apparaît enfin Helen Frost, veuve d'un employé de la base, mort d'un cancer, et qui raconte que la route qui mène à la base est surnommée "l'avenue des veuves", les morts étant imputés aux matériaux étranges qu'on y manipulerait. Son pauvre mari étant mort, en perdant sa peau par pans entiers, dit-elle. Une veuve qui n'a évidemment reçu aucune compensation, qui aurait été reconnaître la dangerosité du travail de son mari. On n'en saura pas plus : le B-2, on le sait, est peint d'une matière qui lui donne une grande partie de son invisibilité, et la composition de cette peinture n'a pas dû beaucoup aider à améliorer la santé de son défunt époux. Ce que n'a pas l'air de savoir notre spécialiste, qui préférerait sans doute nous entraîner vers une maladie due aux radiations ou a l'excès de magnétisme, sans aucun doute ! Et on va en rester là, le bec dans l'eau, après ce témoignage alarmant, ou plutôt en plein désert, sur une vision de vol d'un U-2... après être passé par les soucoupes, nazies ou capturées... avouez qu'il y a de quoi être frustré !!! Ce documentaire qui est destiné au grand public est décidément fait par dessus la jambe !!!
Mais on peut toujours faire pire. On n'avait encore rien vu semble-t-il, après ce flot de bêtises et d'âneries répétées, ou après ce voyage d'une grande inutilité.. Un dernier ouvrage allait faire plus fort encore que les précédents, celui d'un auteur bardé de diplômes, dans son cv, (ce qui ne signifie pas grand chose aux USA) et qui pourtant ressortait froid des thèses déjà bien déjantées déjà servies chaudes en y ajoutant une touche supplémentaire d'imbécillité manifeste : Annie Jacobsen, c'est son nom, dans son genre, a atteint des sommets de ridicule (Jon Stewart se fichera bien d'elle !), en mixant tous les ragots possibles pour en faire un brouet qui, comme les autres, s'est vendu à des milliers d'exemplaires, bien sûr, vu le sujet. Mail On Line, signale Bourdais en résume la quintessence. Accrochez-vous, c'est du lourd : "Une révélation explosive sur le crash de Roswell en1947 : un nouveau livre prétend que "l'engin alien" accidenté était une invention nazie et que les corps d'"aliens" supposés étaient ceux d'aviateurs mutants malformés, œuvre du Dr Joseph Mengele, l"ange de la mort" du Troisième Reich. Et c'était orchestré par le leader soviétique Josep Staline pour effrayer les Américains". Faire pire, ou plus débile, à ce stade, me paraît impossible ! L'entendre chez Stewart parler des frères Horten partis travailler chez Staline est d'un grotesque sidérant !
Remarquez, avoir réussi à donner comme explication aux peu d'éléments retrouvés sur place que des êtres atteints de nanisme provoqué sortis d'un clone soviétique du Horten IX crashé (c'est bien l'engin qu'elle décrit !) avaient été envoyés par Staline est une belle prouesse : moi-même, après avoir mis dans un chapeau tous les noms-types, roswell, UFO, etc...) je ne suis jamais arrivé à créer au sort pareil scénario débile. J'avais dû oublier Staline, ce doit être ça. A voir les publicités actuelles sur le film des Schtroumpfs, je me dis que son ouvrage est sorti trop tôt. Les petits hommes verts, depuis Fredric Brown, ça semblait pourtant devenu courant, les bleus, c'est plus rare... chez les américains, qui, il est vrai, découvrent seulement maintenant Peyo.
Et comme tout se tient, tenez vous-bien, la dame possède aussi un autre pédigrée, que tout le monde semble avoir raté pourtant. Elle est celle qui avait commencé sa carrière internationale dans le... terrorisme, en affirmant avoir été la témoin de scènes du comportement "alarmant" de 13 musiciens syriens de retour d'un concert dans un casino sur le vol Northwest Airlines Flight 327 du 29 juin 2004, en pleine vague Bushiste anti-arabe. Elle y avait appris à surfer sur le buzz médiatique porteur, du temps de Bush, en ajoutant à la vague de suspicion qui tournait déjà à la paranoïa aigüe dont elle a fait preuve ce jour-là en dénonçant ses voisins de fauteuil à la police, à peine débarquée. A bord de l'avion il y avait bien en effet le chanteur Nour Mhanna (Nur Mahana), à la carrière internationale, reçu régulièrement aux USA, et sa troupe, qui le 1er juillet 2004 fera un concert au Sycuan Resort and Casino d'El Cajon, en Californie, réputé pour son parcours de golf.
Dans une interview au Time ; le responsable de bord de l'avion avait avoué que "pas un seul instant lui-même ou son adjoint n'avaient perçu de danger à bord, vis à vis des passagers ou de l'avion". Selon lui, la fêlée avait ""sur-réagi" à la présence de citoyens du proche orient à bord"... laissant entrevoir une forme de racisme évident chez notre chère soucoupiste bushienne. Pour Gary Boettcher, president de là Coalition of Airline Pilots Associations, en revanche, "c'était bien la répétition d'un acte terroriste en préparation, les mêmes ayant déjà perturbés un vol au mois de janvier qui précédait" : voilà qui était fort étonnant. Pour ma part, c'est bien la première fois que j'entends parler de terroristes éméchés aussi bruyants et aussi voyants, se faisant aussi bruyamment repérer à deux reprises !
En somme, avant d'écrire a version toute personnelle et la plus débile de toutes de l'incident de Roswell, notre parano s'était fait la main avec celui d'El Cajon, en quelque sorte ! Demain, on ne sait pas ce qu'elle va bien pouvoir nous dégotter. Les frères Horten sur Mars, ou en train de faire du ski sur la face interne de notre terre creuse ?
la complète ici
http://www.bibliotecapleyades.net/esp_ufoaleman.htm
ou là
http://revelations-2012.com/Nazi_Ufo_History.html
le délire adamskien est ici :
http://www.ovni007.com/id83.html
comment créer le buzz ici
http://www.deceptology.com/2011/03/amazing-1967-ufo-practical-joke-hoax.html
le musée virtuel nazi des soucoupes est ici :
http://www.unmuseum.org/germufo.htm
le délire est là
http://www.zamandayolculuk.com/cetinbal/htmldosya1/naziufotechnology.htm
à lire :
http://www.mondenouveau.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=146&Itemid=50
http://www.mondenouveau.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=147&Itemid=50
en oubliant dans la conclusion ceci "En fait le seul fond de vérité qu’il y a dans cette affaire c’est ceci : les nazis ont sûrement effectué des recherches « avancées » sur l’antigravitation -"
sur JPPetit, un avis assuré d'internaute :
"J.P.Petit est un ingénieur de Supaéro sorti d'école au début des années 60. Il a travaillé quelques mois dans le privé pour la SEP (qui n'avait pas ce nom à l'époque) avant d'être licencié. Il a alors, et de façon tout à fait personnelle, "monté" un petit labo de recherche à Marseille (plutôt un atelier) dans lequel après avoir repris les travaux de Velikhov sur la MHD, il a reproduit quelques une de ses expériences sur des accélérateurs pariétaux, les régimes à effet Hall ... A cette époque, la MHD était encore "confidentielle", pas encore étudiée dans les écoles ....Elle paraissait très prometteuse et emprunte d'un certain "mystère" (un peu comme la relativité à ses débuts ou encore un peu, la mécanique quantique, maintenant). Il a très vite écrit et décrit "ses" expériences dans quelques revues grand-public (Science et Vie, Pour la science, Science et avenir...), ce qui l'a fait connaitre des médias et du grand-public.
C'est quelqu'un qui a su se médiatiser au travers de quelques articles dans des revues grand-publics sans fond scientifique réel, des bandes dessinées et des livres sur les Ovnis ... Il n'a jamais été doctorant, n'a jamais soutenu de thèse autre que sa thèse d'ingénieur (et encore avec bien du retard puisqu'il l'a soutenue au sein du CNRS) et n'a jamais été publié !
Au milieu des années 70, après un accident, il a arrêté son labo et la MHD pour se consacrer à la publication de bandes dessinées dans des journaux comme Spirou, sous différents pseudos (Lartie Shaw, Mylos, Julio...) et a commencé l'écriture de livres "accrocheurs" sur les Ovnis, sur un peuple extra-terrestre qui vit sur terre .... De là, il s'est lancé dans la cosmologie (sans formation d'astrophysicien) et a écrit des livres et des articles sur des théories "décalées" dont les sources venaient de contacts qu'il avait avec des visiteurs extra-terrestres .... comme la vitesse de la lumière variable, les univers parallèles ....
Pendant la même période et parallèlement, il organise des colloques et des conférences sur les mêmes thèmes (Ovni, fin du monde, armes secrètes, peuple extra-terrestre sur la terre .....) puis plus tard sur les théories de tous les complots, notamment :
- sur la comète SL3 qui a percuté Jupiter et qu'il présentait comme une collision provoquée par les militaires dans le cadre d'essais d'une arme de fin du monde.
- sur le 11 septembre, qui 'il voit comme un attentat extra-terrestre ...
- Les séismes ou éruptions volcaniques de ces dernières années présentés comme des faits provoqués par des militaires
- Le tsunami du 26 décembre 2004 qu'il attribue a un déclenchement volontairement du raz-de-marée par les Etats-Unis.
- Conspirations diverses et variées ...
Ce ne sont pas de publications scientifiques. Ce sont des publications contributives dans un journal (comme on peut le faire dans Sciences et vie ou autre ...ou dans des internes d'universités.). Ca ne prouve absolument rien et ce n'est pas pour autant reconnu de la communauté scientifique ! Il y a des centaines ou des milliers d'articles de ce genre tous les ans et dans tous les domaines.
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