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La liberté liberticide

Le taux de crimes et délits s’élevait à 13,73 pour 1 000 habitants en 1950 ; 15,05 en 1960 ; 22,37 en 1970 ; 48,90 en 1980 ; 61,69 en 1990 ; 63,17 en 1995 ; et 60,97 en 1999 (Francoscopie, source ministère de l’Intérieur). Les crimes et délits contre les personnes sont passés de 58 356 de 1950 à 233 194 en 1999, soit 398 %. Les vols (y compris recels), infractions économiques et financières, et autres infractions (dont stupéfiants) sont passés de 515 933 infractions à 3 334 670 soit une progression de 650 %. Même si ces statistiques datent car le ministère de l’Intérieur ne diffuse que des pourcentages d’évolution depuis 1999, on peut observer une croissance liée à des motifs de recherche d’une ressource illégale, et également que cette évolution ne dépend pas de l’accroissement de la population ou de la couleur politique des dirigeants.

En revanche, ils sont à la base du développement du sentiment d’insécurité par l’effet de loupe appliqué à la réalité de ce sujet

La peur et la crainte qui en découlent a engendré le développement de la « policiarisation de proximité ». Cela peut se comprendre : d’une part, depuis que les espaces frontaliers ont été ouverts, l’activité de contrôle et de filtre s’effectue dorénavant au niveau des individus dans leur quotidien, entraînant une multiplication de contrôles de la vie privée (papier et vidéo) ; d’autre part, surtout par le « sentiment d’insécurité » d’une société névrotique. En l’espèce, je ne veux pas développer un point de vue naïf, ignorant des besoins de sécurité d’un État, mais je veux m’attarder sur le phénomène de la perception du besoin de sécurisation constant, comme indicateur d’un symptôme d’une sociabilité « socio-économique » qui évolue mal.

Qui évolue mal, puisqu’elle sécrète ses propres agents agresseurs (quelle qu’en soit la cause), et suffisamment pour que la communauté désire que sa sociabilité s’exerce sous le contrôle des forces de coercitions, police, justice ou en s’autoprotégeant. Et celà, non plus comme l’exercice de la correction d’un taux inévitable de violences et de déviances inhérentes à toute société dans le cadre de concomitances d’événements probabilistes, mais comme force de compensation, d’une société ayant une tendance à générer de la violence, comme caractéristique d’une absence ou d’une diminution de ses capacités à communiquer, sous son autorité de fait, par son désintérêt pour l’exercice de sa citoyenneté, par la déloyauté socio-économique de ses relations socialisantes, et qui se sent en permanence menacée dans son égoïsme, courant le risque de l’enfermement, de l’isolationnisme et de la paranoïa.

Constater la progression de la violence impose d’en comprendre sa source la plus probante, et admettre qu’il est nécessaire que cette progression repose sur un support, sur un terrain favorisant pour que des individus passent à l’acte... Personne ne se lève un beau matin en se disant « tiens aujourd’hui il fait beau je vais être délinquant ». Généralement, il s’agit d’un support ambiant de relations qui baignent dans les prémisses d’une banalisation de rapports relationnels violents. C’est-à-dire que, pour qu’il y ait autant d’accroissement d’agissements délictueux, il faut que les chances de probabilités des conditions d’événements délictueux se soient accrues dans l’exercice de nos relations socioéconomiques, que la « communicabilité » baisse, ou les deux à la fois. C’est cela que les citoyens ressentent quand ils parlent d’insécurité, quelles que soient les sources auxquelles ils les attribuent, et c’est contre cela qu’ils veulent se protéger, en désignant des boucs émissaires qui ont toujours existé. Et si, d’ordinaire, la répression policière peut s’avérer rassurante, elle ne peut résoudre durablement une tendance sociétale à la violence dans ses rapports citoyens, sans que la société ausculte elle-même son organisation socio-économique, qui est comment avoir un revenu pour exister.

Cependant, cet appel excessif à l’autorité coercitive nous fera entrer dans une démocratie policière vers laquelle nous nous dirigeons. Une démocratie qui surveillera la vie privée de ses citoyens comme n’importe quel État policier que nous fustigions il y a trente ans. Une démocratie qui se « judiciarisera » en installant la justice (l’organisation judiciaire, non la justice prise en son sens moral, qui consiste à être juste et respecter les droits d’autrui) au-dessus de la citoyenneté, comme un dieu vertueux. Dans ce cas, l’énergie qui se consume est celui de la liberté. Ce qui nous conduit au paradoxe de tuer la liberté au nom de la protection de la liberté. Protection qui tue en même temps la sociabilité, car il est impensable de vivre en se demandant à chaque instant si nous n’avons pas contrevenu à une réglementation, s’il faut soumettre son différend à la justice. Il n’est pas concevable de vivre sous contrôle vidéo de tiers qui jugeraient si vos comportements sont sociologiquement compatibles. Car là, la démocratie devient liberticide.

L’excès de sécurité conduirait inévitablement à l’insécurité psychique, car chacun deviendrait presque transparent, et ne disposerait plus d’abri, de refuge où poser tous ses secrets, d’abri où suspendre sa vigilance, qui est une exigence vitale du monde des espèces vivantes.

Je vous invite à la fiction en quelques lignes. La technologie nous permet donc de mettre nos rues sous contrôle vidéo ainsi que nos lieux publics, mais, pour plus de sécurité, nous pouvons même en installer chez chaque particulier. Nous disposons également des techniques d’écoutes qui peuvent être personnalisées, d’appareils détecteurs de mensonges qui pourraient le signaler chaque fois que nous en ferions un (imaginer le bruit s’il était sonore), des techniques d’identification (la biométrie, la technologie « iridian », contrôle par l’iris. Nous pourrions même très tôt définir si un enfant est adaptable à une société type, nous pourrions même dans quelques années réorienter sa pensée le cas échéant à l’aide des champs magnétiques, déceler qui nourrit des pensées criminelles... À qui confier cette mission, si ce n’est à des inquisiteurs ?

Ainsi, vous le comprenez, la limite entre sécurité et inquisition n’est pas précise.

De ce fait, l’appât du gain facile (délits et crimes), la xénophobie, le terrorisme, la peur paranoïaque sont en train de remporter une victoire, celle de transformer les démocraties en fossoyeurs des libertés, car s’il fut un temps où chacun était présumé honnête, aujourd’hui chacun est présumé coupable et doit se soumettre à tout contrôle. Nous commençons à ne plus rien à avoir à envier aux anciennes "démocraties" de l’Est.

Le plus sûr moyen pour l’éviter repose plus sur de confiantes relations socio-économiques socialisantes que sur la construction de blockhaus individuels, sur une éducation socialisante plutôt que seulement technique, mais encore faut-il exercer sa citoyenneté, qui ne se limite pas à aller voter, mais comprendre aussi les mécanismes sous lesquels nous vivons et, enfin, occuper l’espace public.


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24 réactions à cet article    


  • finael finael 26 juillet 2007 13:23

    Votre article est intéressant mais il serait bon de relativiser les chiffres que vous citez :

    Ce sont les chiffres de plaintes enregistrées, et non les faits eux-mêmes, or nombre de délits ou même violences n’étaient tout simplement pas enregistrés dans les années 50 - 60.

    L’époque des « évènements d’Algérie » n’était certes pas plus sûre que la nôtre, et jusqu’à récemment la police ou la gendarmerie refusaient purement et simplement d’enregister un grand nombre de plaintes.

    5 à 10 ans après la guerre (de 39-45) la perception même de la violence n’était pas du tout comparable à la nôtre : combien de victimes des bagarres d« après bal du village - ou du quartier » n’ont pas été comptées ?

    Je crains que toute évaluation chiffrée des crimes et délits sur une telle durée ne saurait être rendue (et surtout pas avec des décimales), de manière plausible.

    Si nous faisons abstraction de cette évaluation qui me paraît - mais ce n’est qu’une opinion - assez fausse, votre article me semble pourtant intéressant dans son analyse qui mériterait d’être replacée dans un contexte plus prudent sur les chiffres.


    • ddacoudre ddacoudre 6 août 2007 18:17

      bonjour finael.

      Cause vacances réponse tardive. Bien d’accord avec toi. Sur la durée il est impossible de faire une comparaison fiable tant la violence à changer d’aspect, de nouvelles formes ont été défini, les faits punissables fluctuent avec les siècles et les organisations sociétales. je ne tenais par ces chiffres qu’a imager une gradation, puis une stabilité qui suit une logique mathématique presque identique a celle de l’évolution d’une pandémie ou des cours de bourse. Désolé de ne pas t’en donner la référence car je n’ai plus en mémoire la formule, elle indique qu’il y a toujours un seuil ou une évolution se résorbe ou cesse d’elle même, ou plus justement toute évolution porte son seuil de stabilité.

      Toutefois, nos sociétés deviennent de moins en moins violentes, du moins pour ce qui est de la criminalité violente. Il y a moins de crimes qu’il y a deux cents ans, et en Grande-Bretagne par exemple, les crimes étaient dix fois plus nombreux au Moyen-âge qu’aujourd’hui.

      Tu vois que le sujet n’est pas simple et donc je ne pouvais l’aborder dans l’article.

      D’autant plus qu’il n’y a pas de solution seulement des seuils pour rendre l’existence viable.

      Je te joins une étude sur l’évolution d’une population de rats dans un espace restreint. L’auteur a voulu démontrer que la promiscuité engendrait la dérégulation des comportements instinctifs.

      Tu pourras te faire ta propre opinion, mais il y a une question à laquelle il est très intéressant de répondre, c’est de savoir si de son point de vue on estime vivre dans les compartiments 1 et 4 ou dans le 2 et le 3.

      Bonne réflexion cordialement.

      L’expérience de CALHOUN.

      Dans un enclos divisé en quatre, on a installé une colonie de 80 rats ; chaque division contient de la nourriture, de l’eau et des abris en auteur : on a calculé que le nombre de 80 est le double du nombre d’une colonie normale et stable. Dispersés à peu prés également dans les quatre subdivisions, les rats se trouvent donc dans une situation de surpopulation.

      On a rassemblé des mâles et des femelles de même grosseur. Une bonne distribution de la population entraînait des groupes d’environ 20 individus par subdivision. Ces subdivisions se trouvent dans l’ordre 1-2-3-4. Les enclos 1 et 4 sont aux extrémités, ils sont moins accessibles que 2 et 3, puisqu’ils ne communiquent pas entre eux. Une observation faite à partir des quatre groupes de rats révéla qu’une minorité se conformait au comportement de la moyenne établie mathématiquement (un groupe contient au minimum 13 rats et au maximum 27). Un groupe était formé de moins de 13 individus et un dernier groupe de plus de 27 individus. L’équilibre des sexes était rompu ; certains groupes comptant beaucoup plus de mâles que de femelles, à causes de la lutte que se livrent les mâles pour l’établissement de leur statut social, cette lutte entre mâles étant chose normale. Toutefois, vu la configuration des lieux de l’expérience, les résultats de telles luttes sont particuliers. Il était en effet possible à un mâle d’exercer une domination absolue dans les enclos 1 et 4. Pendant la période des luttes, les rats inférieurs de tous les enclos avaient pris l’habitude de se lever plutôt pour pouvoir manger et dormir en paix. Ceux des enclos 1 et 4, au retour, retrouvaient sur leur unique passerelle d’accès, le mâle dominant. A la suite de deux ou trois tentatives, complètement vaincus, ils n’essayaient même plus de réintégrer les enclos 1 ou 4.

      Les enclos 1 et 4 sont rapidement passés sous la domination d’un rat alpha qui y a entretenu un harem. Ce rat, pour garder son statut, n’avait qu’à dormir au pied de la passerelle et à ouvrir un œil à l’approche d’un intrus. Quand il s’agissait des femelles de son propre enclos, il ne s’éveillait même pas. Celles-ci pouvaient aller et venir sans difficulté. L’allure calme et libre des mâles dominants tranchait sur le comportement des autres individus. Certains individus inférieurs, parmi les rats oméga, incapables d’avoir des relations sexuelles avec des femelles tenteront de monter l’un des rats dominants qui acceptera ces avances.

      C’est donc dans l’enclos 2 et 3 que vont se rassembler les individus bêtas et oméga, incapables de conserver une place dans les enclos 1 et4. C’est dans ces derniers enclos (1 et 4) que la densité de la population est la plus faible, le taux de mortalité des jeunes et des femelles y est aussi très bas. Les femelles de ces deux enclos font, en général, d’excellentes mères, construisent leurs nids normalement, s’occupent de leurs petits et les protègent... Le taux de survie est plus élevé. Quant aux enclos 2 et 3, ils sont caractérisés par une forte densité de population. On s’aperçoit alors que dans les enclos 2 et 3, il se forme ce que Calhoun appelle « des comportements cloaque ». Il s’agit d’une augmentation des comportements sociaux pathologiques principalement dus à l’accroissement de la densité de population.

      Parmi les facteurs qui encouragent la formation de tels « comportement de cloaque », il faut compter la nourriture. Si celle-là est présentée sous une forme difficile à prendre, il y a de bonnes chances pour que tous les rats mangent en même temps et, comme l’accès des enclos 2 et 3 est plus aisé, ils se retrouveront là en majorité pour manger. L’instinct grégaire pathologique se développe au point que les rats vont abandonner les sources d’approvisionnement 1 et 4 au profit des sources 2 et 3. Les contacts sociaux se multiplient, les ajustements nécessaires seront plus nombreux. Autre aspect du « comportement de cloaque », le comportement des femelles : les enclos 2 et 3 perdent rapidement l’habitude de construire un nid, ce qui normalement requiert une attention et une activité soutenues. Au début, elles cessent d’apporter le matériel nécessaire sur l’emplacement du nid. Leur instinct maternel sera ainsi amoindri. Elles ne transporteront pus leurs petits pour les préserver d’un danger quelconque. A la place, elles vont se disséminer un peu sur leur territoire ou encore, les abandonner quelque part où ils mourront et seront mangés par d’autres rats. Ajoutons que, durant les périodes de chaleur, une femelle en rut dans les enclos 2 et 3 est soumise à un très grand stress, dû entre autres au nombre considérable de mâles. Les conséquences habituelles du rite sexuel ayant disparu, elle sera poursuivie et on assistera à de véritables viols. Une femelle qui, d’ordinaire, peut se reposer quelques minutes dans son terrier, se verra incapable de tout repos car les mâles la suivront dans son terrier. Il n’est pas étonnant de voir monter alors le taux de mortalité des femelles, puisqu’en plus celles qui survivent conduiront rarement à terme une grossesse.

      Chez les mâles également, la surpopulation et le stress ont des effets particuliers. Dans les enclos 2 et 3, aucun rat n’a pu exercer une véritable domination. Celui qui aura atteint une position dominante se verra contraint de l’abandonner au profit d’un autre après un certain temps. Les rats les plus agressifs, qui étaient sans doute les plus normaux, présentaient pourtant des comportements pathologiques comme des attaques enragées (crises de rage) contre des femelles, des jeunes ou des mâles moins actifs, ou des morsures répétées à la queue des autres animaux. Ces rats sont des alpha malades.

      En dessous d’eux, il y a des bêtas, caractérisés en particulier par leur homosexualité (ou encore leur pan sexualité). Ils ne peuvent distinguer entre mâles et femelles et, chez ces dernières, ils semblent incapables de remarquer la période de chaleur. Les mâles alpha vont accepter les avances sexuelles des bêtas mais dans d’autres activités, ils les repousseront dans un état de subordination.

      On peu distinguer au cours de ces expériences deux autres types de mâles. Ils ont en commun d’avoir renoncé à la lutte pour la domination. Le premier type est représenté par des individus complètement passifs qui ont l’air de somnambules dans la colonie. Ils ne font aucun cas des autres rats, de quelque sexe qu’ils soient et cela même en période de chaleur. Leur apparence extérieure est normale. Ils sont gros, leur fourrure est lustrée. Ils ne portent pas de traces de blessures. En somme, ils ont l’air bien adaptés et pourtant leur désintégration sociale est presque complète. Le second type pourrait s’appeler les « aventuriers ». Ce sont les plus actif, même s’ils ne luttent pas pour la domination. Hyperactifs, ils sont aussi homosexuels et mangent parfois des individus de leur espèce. Tout ceci ne les empêche pas de se lancer à la poursuite des femelles sans tenir compte des rites sexuel normaux : approche, accouplement, repos. Ils poursuivent toutes les femelles sans répit sauf celles des enclos 1 et 4 qui réussissent, grâce au mâle dominant, à leur échapper. Dans les autres cas, les « aventuriers » poursuivent les femelles jusque dans leur nid ; là, il leur arrivera de tuer les portées qui malheureusement s’y trouvent.

      La colonie verticale.

      Nous n’avons pas voulu recommencer ces expériences telles quelles. Les difficultés et les dépenses impliquées au niveau du film auraient été trop importantes, à cause du temps nécessaire. L’essentiel était de montrer qu’une colonie de rats qui se voit soudain obligée de vivre dans un espace restreint, développe, sous l’effet du stress, des comportements anormaux c’est à dire des comportements qui visent à la destruction de l’espèce et qui font ressortir plus clairement la norme, c’est à dire les comportement normaux qui, eux, tendent à la conservation de l’espèce.

      L’habitat décrit part Calhoun n’était pas satisfaisant sur le plan cinématographique. Il a fallu imaginer un ensemble de quatre étages communiquant les uns avec les autres. Aux extrémités de chaque étage, il y a des nids. L’ensemble est aéré et à température constante. La nourriture est abondante. La façade est faite de panneaux de verre et chacun des étages abrite un système d’éclairage au néon. L’ensemble qui a vaguement l’air d’un HLM, s’appelle la « colonie verticale ».

      Le nouveau groupe d’habitants (26 rats, 16 femelles et 10 mâles) dispose d’un espace restreint. Ils sont tous marqués individuellement à l’oreille. Ils vivent ensemble et forment un groupe. Pour eux, seul le territoire est modifié. Nous pouvons, au cours des semaines de recherche et de tournage, observer l’irruption de comportements de plus en plus anormaux. Les premières remarques portent sur la nourriture qui consiste le plus souvent en « moulée ». Au moment où la nourriture est distribuée sur les quatre étages, les animaux se rassemblent pour manger. Au début, ce comportement n’engendre aucune agressivité, puis soudain, un des mâles, particulièrement robuste décide d’accaparer la nourriture pour lui seul. Il tire sur le contenant et essaie de le mettre à l’abri de ses congénères. Ce comportement répété finit par provoquer des réactions agressives au point d’approvisionnement.

      Pendant la période du tournage, jamais les nids aux extrémités de chaque étage n’ont été occupés par les mêmes rats. On notait un continuel va-et-vient, sauf aux moments où se produisaient de brèves irruptions d’agressivité. Les rats se distribuaient alors dans les nids et en gardaient sévèrement l’entrée. Habituellement, en pareil cas, un bon groupe d’animaux, parfois une douzaine, s’entassaient dans un seul nid pendant que les autres nids étaient occupés par un ou deux rats.

      Une fois les épisodes de lutte pour la nourriture passés, il y avait une période de repos ; avec le temps, il est devenu de pus en plus difficile pour certains animaux durant ces périodes, de trouver place dans les nids. Ils s’installaient alors sous une rampe entre deux étages ou dans un des coins. C’était une façon d’être à l’abri, sans toutefois partager avec les autres ou lutter pour la possession d’un nid.

      Le point tournant de l’expérience s’est produit quand un rat qui avait commencé à montrer une certaine agressivité autour de la nourriture s’est mis avoir des crises de violence ; sa cible : un rat mâle de taille beaucoup plus petite. Il s’est mis à le poursuivre partout, jusque dans les nids où ce dernier cherchait refuge. D’ailleurs, on n’était pas là non plus particulièrement enclin à le protéger. Parce que le territoire était clos, les poursuites n’étaient jamais bien longues. Le combat prenait rapidement place et les chances étaient loin d’être égales. En quelques heures, la victime était blessée à la tête, au bas du dos, à la queue... Le sang semblait exciter les autres et un peu partout dans les nids, se produisaient des combats. Tous les animaux étaient alors dans un état très grand de surexcitation. Il n’a fallu que quelques heures au mâle hyper agressif pour tuer son adversaire. Et alors, malgré la nourriture et l’eau abondantes, il a été mangé dans ce qui est apparu comme un acte typique de cannibalisme. Le rat qui était à l’origine de cette mort, s’est mis à avoir une sorte de comportement de « policier ». Il gardait et contrôlait les rampes, les allées et venues. Son agressivité s’est portée sur une deuxième victime. Et le bal infernal a repris de plus belle. Après la mort du second, même scénario : cannibalisme, puis reprise des hostilités, tous les mâles devenaient très agressifs. Pour un rien, du moins en apparence, la colonie verticale devenait un lieu de carnage.

      Le rat policier, qui jamais n’a réussi à posséder ni même à utiliser un nid, a du subir le sort des autres. Sa mort a amené une courte période de repos. Était-il un rat dominant, un Alpha ? Sa taille, sa vigueur pourraient le laisser supposer mais l’ensemble de son comportement, l’impossibilité dans laquelle il était de s’intégrer, le fait de ne jamais rechercher à posséder des femelles, laisse croire qu’il s’agissait plutôt d’un Oméga que Calhoun appelle « aventurier ». Sa mort n’a pas mis un terme à la dislocation progressive de la colonie.

      A un moment donné, pendant que la plupart des rats mangeaient bien lentement, un énergumène a commencé à monter tous les rats, mâle ou femelles. Certains ont eu des réactions de déplaisir, d’autres n’ont même pas cessé de manger, enfin quelques-uns ont délaissé la nourriture pour se consacrer à la même activité. Le comportement sexuel était alors privé de rite, de toute approche, réduit à sa plus simple expression, le viol. De plus, la différence entre sexes ne semblait plus avoir d’importance. Si dans certains cas, un mâle se rebiffait et montrait de façon non équivoque son désaccord, en général non seulement ils acceptaient mais encore se remplaçaient dans la position optimale pour que le comportement soit répété.

      Au niveau de la reproduction, les comportements sont également anormaux : une femelle met bat une portée d’une douzaine de petits. Elle meurt pendant la parturition et les petits sont mangés par le reste de la colonie. L’autopsie ne révèle aucune cause à sa mort, hormis le stress. La maladie s’installe dans la colonie. Les animaux perdent le lustre de leurs fourrures. Les blessures, suites des récents combats, s’infectent. Les animaux meurent.

      La colonie est condamnée à l’extinction, le processus est engagé ; pourtant les rats ont toute la nourriture qu’il leur faut. Le seul problème c’est l’espace vital. Il y a un trop grand nombre d’animaux pour l’espace disponible. Il semble alors que la lutte pour la conservation de l’espèce se double d’une lutte de chacun des individus pour se « conserver » à l’intérieur du groupe. Les deux tendances s’excluent. Ainsi faudrait-il que la mortalité affecte surtout les adultes pour donner une chance aux plus jeunes de se reproduire et éventuellement de s’adapter au nouveau milieu. Malheureusement c’est le contraire qui se passe et le stress, dû à l’espace insuffisant, finira par avoir raison de tous les animaux.

      Cette expérience, au strict niveau du comportement, nous renseigne sur la « norme » dont il était question au début du chapitre. On peut y tracer une démarcation entre les comportements normaux et anormaux. C’est l’équilibre entre espèce animale, le milieu représenté par la niche écologique et la chaîne de nourriture. On peut établir dans un milieu donné, en connaissant les disponibilités en approvisionnement, quelle peut-être la densité optimale de population. Si pour une raison ou une autre, l’absence de prédateurs, l’augmentation de la nourriture, la densité est accrue, elle peut alors atteindre un point critique au-delà duquel l’espèce est en danger. Ce phénomène de surpopulation est courant mais on ne sait pas très bien comment les cycles se régularisent.

      Il est possible que physiologiquement le rat, comme les autres mammifères, subissent des transformations biologiques qui jouent pour ou contre la surpopulation. Dans la colonie verticale, les crises de violence étaient accompagnées d’une sécrétion intempestive d’adrénaline. Le cycle de fécondation et aussi probablement perturbé par des inhibitions des fonctions d’ovulation. Toutefois ces régulations chimiques sont peu connues et, comme chez l’homme, semblent échapper à tout contrôle. Qu’est-ce qui pousse les lemmings qui ont atteint un taux trop élevé de population, à immigrer en direction de la mer pour y perpétrer un suicide collectif ? Il est possible qu’à la surpopulation se soient ajoutés d’autres facteurs pour engendrer le stress. Toutefois la surpopulation n’aurait pas toujours des effets aussi néfastes que ceux-là. Supposons une colonie de rats en territoire ouvert au taux très élevé de reproduction. Les animaux qui habitent ce sont des Alpha, capables de lutter contre toute agression. Cette situation force les bêtas, ou les rats dominés, à chercher ailleurs un territoire. Évidemment la chose n’est pas simple. Le nouveau territoire doit être libre, à l’abri des prédateurs et renfermer suffisamment de ressource pour permettre le développement d’une nouvelle colonie. Le fait que les animaux dominés établissent une colonie deviennent Alpha, et qu’à leur tour ils obligent ceux qui ne pourront entrer en compétition avec eux à émigrer, indique une possibilité pour l’espèce de se régénérer. Les animaux qui restent ensemble au lieu de leur naissance ont des chances d’avoir les mêmes caractéristiques Malgré les efforts considérables déployés pour détruire le rat, malgré l’équilibre toujours difficile à conserver entre espèces et le milieu où elle vit, Rattus financière et les 569 autres espèces classées ont réussi à survivre à s’adapte. Le territoire de rats n’est pas clos normalement et il le partage selon des lois d’une infinie subtilité, avec de nombreuses autres espèces animales. Le rat cherche à se conserver et à se reproduire, les autres espèces aussi, et très souvent au détriment les unes des autres. Prédation et parasitisme sont deux facteurs qui concourent à régulariser l’accroissement de la population. Le rat est proie et prédateur. Il est aussi hôte et parasite. Les rôles de prédateur et de parasite encouragent son développement alors que ceux de proie ou d’hôte peuvent lui nuire sérieusement. (...) physiologiques et génétiques. Les mutants éventuels se trouveraient parmi ceux qui ont été chassés.


    • moebius 26 juillet 2007 15:12

      Tout à fait d’accord. Mon pére qui habitez une ville de moyenne importance me disait que les bals trés nombreux se terminaient trés souvent par des bagarres généralisée et ceci dans une ville de 15 à 20000 habitants qui comptait en tout et pour tout 3 policiers. Plus forte intolérance à la violence car plus de plaintes et plus d’enregistrement de plainte ?. On est parfaitement en droit de se méfier des chiffres, la violence reste une donnnée relative parfois subjective qui demande pour etre analysée des outils précis. Qu’est que la violence ressenti quand nous savons que nous avons humainement une capacité à « la compassion » et à l’intériorisation de la violence meme quand celle ci n’est pas directement subit ? Et en dépassant le simple comptage des blessures occasionnées, comment mesurer et avec quel unité ?, la grandeur d’une force qui n’est pas stable dans la mesure ou elle peut etre tour a tour intériorisée et extériorisée ?


      • Don Diego Don Diego 26 juillet 2007 15:42

        Cher DD , c’est juste une impression... une illusion d’optique ! Finael et Moebius vous le disent... Repetez-vous le jusqu’a l’auto-hynose le temps qu’il faudra ! Tout va bien ! Allez-y... Repetez ! TOUT VA BIEN ...


        • finael finael 26 juillet 2007 18:04

          Vous ne devez pas nous avoir bien lu.

          Personne ne dit que tout va bien. En ce qui me concerne je me contentais d’appeler à la prudence en ce qui concerne les chiffres. Pour le reste, comme je le disais, l’article m’a semblé intéressant et je n’ai pas envoyé son auteur sur les roses, comme vous le faites pour Moebius et moi sans apporter quoi que ce soit de constructif !


        • claude claude 26 juillet 2007 22:32

          bonsoir,

          je rejoins finael,

          il y a quelques années, il était difficile de porter plainte pour un viol, un inceste, une agression raciste car les mentalités de l’époque faisaient de la victime l’investigatrice de l’agression subie : il fallait qu’une femme soit à l’article de la mort et complètement déchirée, pour que l’on croit à son agression, ét encore, c’est tout juste si on ne lui demandait pas pourquoi elle s’était maquillée...

          il n’y a pas d’augmentation des délits et des crimes, simplement les victimes portent plus plainte. et on les croit : le crimes sexuels étaient une infime minorité des incarcérés, alors que maintenant, on en est presque à de 20%. http://www.bde.enseeiht.fr/clubs/genepi/populati.htm#peines http://www.humanite.fr/1994-07-21_Articles_-La-population-carcerale-continue-d-augmenter http://harcelement.org/article141.html ; http://www.ainfos.ca/02/mar/ainfos00504.html ; http://www.cfcv.asso.fr/article.php3?id_article=150 ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Viol http://www.hcsp.ensp.fr/hcspi/docspdf/adsp/adsp-44/ad442125.pdf

          bonne soirée


        • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 26 juillet 2007 19:11

          Quand on regarde avec un peu de recul... j’ai bien peur que tout va mal. Partout.

          http://www.nouvellesociete.org/5140.html

          Pierre JC Allard


          • lyago2003 lyago2003 26 juillet 2007 21:12

            Il est impossible à une jeune fille de prendre les transports en commun en soirée dans le 93 et dans pas mal d’autres départements à part celà tout va très bien Mme la Marquise !

            Ceux qui pensent le contraire n’ont pas à sortir la nuit ou alors ne sont pas obligés de prendre les transports en commun !

            Ces phénomènes se retrouvent également dans les milieux ruraux ils sont le signe irréfutable d’une très forte baisse du niveau de vie dans notre pays et chacun « se débrouille comme il peut » malheureusement toutes ces agressions,ces vols, ces incivilités sont systématiquement cachées par nos instances officielles, circulez y’a rien à voir ! savez pas qui était ministre de l’interieur il n’y a pas si longtemps ?


            • Béguin Etranger 27 juillet 2007 03:13

              un fluide spirituel sécrété délibérément ; pour les individus sans peurs et avec ou sans reproches :

              http://ecrivainpublik.free.fr/phorum/

              http://ecrivainpublik.free.fr/JOP4web.htm

              http://ecrivainpublik.free.fr/ICTfrenchweb.htm


              • henri desire landru 27 juillet 2007 09:31

                Week end de la St Sylvestre.... bon cru ! seulement 80 vehicules brules....

                Votre voiture doit etre : tatouee.... alarme perimetrique.... volumetrique... coupe circuit.... puce embarquee pour localisation satellite...

                Non, vraiment. La deliquance n’a pas augmente ces dernieres annees.....

                Professeurs tabasses.... controleurs de la ratp roues de coups.... racket a l’ecole.... pompiers caillasses.... pas de probleme ! lisez les journaux des annees cinquante pour trouver l’equivalent......


                • Gazi BORAT 27 juillet 2007 12:50

                  « ..tout va mal ? »

                  Les Etats-Unis, dont beaucoup souhaiteraient nous voir adopter les mesures locales en matière de sécurité sont une nation qui, en matière de statistiques des crimes & délits semble un véritable havre de paix..

                  On peut s’y promener en tous lieux, à toute heure sans craindre ni la mort ni l’agression..

                  Les gens y sont paisibles et heureux grâce aux énormes moyens dont dispose la police.

                  La peine de mort y est dissuasive au regard du nombre infinitesimal de crimes..

                  gAZi bORAt


                • dan 27 juillet 2007 15:56

                  article objectif et intelligent--------------------------------Il est inutile de nier la réalité,la criminalité explose et nous vivons dans une société de violence effarante ; ceux qui pratiquent le dénégationisme en la matière je le dis sans ambage sont des irresponsables criminels ou des criminels sournois----------------------L’auteur fait un constat sans concession et avec intelligence de la situation mais il manque,mais ce n’ést peut-être pas à l’article de tout dire ou son but,la désignation des coupables ou des responsables,les vraies origines,les causes profondes de cet état de chose.-----------Il me sem ble que parmis ces causes il y en a qui sont d’ordre matériel purement stucturelles et des causes spirituelles ou intellectuelles.Les premières que l’on ne cite jamais c’est la surpopulation et le manque d’infrastures qui en résulte pour satisfaire tous les besoins de l’individu,mais aussi le déracinement des couches de populations immigrées dans le mélange des cultures contradictoires,les causes spirituelles étant la domination contemporaine de la pensée postmoderne baignée d’obscurantisme,de relativisme et de nihilisme.


                  • dan 27 juillet 2007 16:50

                    erreur ci-dessus:mettre « infrastructures » à la place de « infrastures »-------------------------------------------------Quant aux remèdes,ils découlent des causes en prenant leur contre-pied.Combattre l’obscurantisme,le relativisme,et le nihilisme de la pensée postmoderne dans toutes les sphères de la société et en particulier à l’école par l’enseignement et la promotion des valeurs éternelles et toujours modernes de la Raison,les Lumières,le progrès,la science,l’esprit critique de la rationalité,la culture du vrai,du juste et du beau,et donc en particulier combattre l’obscurantisme religieux qui revient en force par l’institution d’une laïcité intégrale et sans concession la renforçant par une loi de séparation stricte du religieux et du politique complétant celle de la séparation des églises et de l’Etat(interdiction des religieux de faire de la politique et du lobbying ,et de toute pensée religieuse dogmatique et croyancière dans toutes les instances politiques et publiques).----------------D’autre part suite à la surpopulation et de la limite matérielle du petit territoire de la France qui ne peut recevoir que 50 millions d’habitants pour que tout le monde puisse bien vivre ,à l’aise,dans l’ordre , la sécurité et l’harmonie.Il faut donc arrêter toute immigration capitaliste et même instaurer la politique de l’immigration négative par le retour d’un certain nombre d’immigrés pour aider leur pays d’origine mais aussi de tous ceux qui n’adoptent pas les us et coutumes français et n’aimant pas la culture française ,ce qui est le minimum exigé pour rester et vivre en France en toute légitimité.


                    • Gazi BORAT 27 juillet 2007 18:35

                      « ..la culture du vrai,du juste et du beau.. »

                      Notions hautement subjectives... Dont vous possédez, je suppose, la plus juste appréciation ?

                      GAZi bORAt


                    • dan 27 juillet 2007 21:32

                      à gaziborat-------------------------------------Votre réaction est typique de la pensée relativiste et subjectiviste postmoderne contemporaine qui fait tant de mal à la société actuelle.-----------------Certainement qu’il existe des vérités objectives universelles que tout le monde peut s’accorder par exemple les lois de la logique élémentaire,les principes de la raison naturelle sans lesquels on ne peut même pas faire le moindre geste pour survivre,sans lesquels on ne peut même pas se comprendre et discuter ici même.Je pense que toute personne sensée trouve que massacrer une famille entière juste pour leur voler quelque argent après avoir violé les enfants n’est pas juste.Je suppose aussi que la très grande majorité des gens pense que bouffer de la merde,croquer des cailloux,boire de l’acide sulfurique ,n’est pas bon.Ne voyez vous pas ces centaines de millions de chinois ou de japonais qui accourent juste pour admirer la beauté divine de Alain Delon ou d’une actrice comme Ava Garner ou Ursula Andress.Quasimodo ou Elephant man peuvent être considérés universellement comme laids sur le plan purement physique.--------------S’il n’y a pas de vérités objectives alors le mensonge aussi est une vérité,s’il n’y a plus de justice objective alors tout le monde est innocent quoiqu’ils fassent,Hitler peut être considéré comme un saint,et St François d’Assise un affreux criminel----------------le bien est le mal et le mal le bien------------c’est le nihilisme complet.


                      • Gazi BORAT 28 juillet 2007 19:39

                        « la beauté divine de Alain Delon .. »

                        Sic..

                        gAZi bORAt


                      • Gazi BORAT 29 juillet 2007 18:48

                        @ dan

                        « pensée relativiste ? »

                        Soyons sérieux..

                        Si ma réaction tient, selon vous de la pensée post-moderne (dans ce cas, qu’est-ce que la pensée moderne ?) la vôtre tient alors de la pensée archaïque, de celle où la morale (toujours hypocrite) prenait le pas sur la loi..

                        Fort de vos valeurs qu’apparemment vous pensez non seulement universelles masi aussi éternelles, vous commencez par argumenter sur les canons de la beauté..

                        Or rien n’est plus subjectif. Sans aller jusqu’à des extrèmes comme John Merrick, la visite de n’importe quel musée des Beaux Arts vous prouvera que la notion de beauté physique a été diversement appréciée selon les lieux et les époques.. Il n’y a rien de post-moderne là-dedans.

                        Il y a encore trente ans, le physique de la femme « désirable » était bien différent de maintenant alors, que dire des années 1900 ?

                        Si l’on revient au fait que vous parliez au départ d’enseignement, vous m’inquiétez sérieusement..

                        Allez-vous prôner des cours d’esthétique physique comme en un temps on le fit, plaçant au sommet le type dit « nordique » blond et aux yeux bleus..

                        A titre plus personnel, je n’arrive pas à vous suivre dans votre admiration d’Alain Delon, que vous allez jusqu’à comparer à Dieu.. je lui préfère la bonne « tronche » de Jean Paul Belmondo, nettement plus humaine et sympathique.

                        Pour une esthétique dans le domaine artistique, sans aller chercher trop loin, convenez que les peintres dits « pompiers » portées aux nues en 1900, sont considérés aujourd’hui comme des « croûtes » prétentieuses.

                        Passons au Bien..

                        Vous invoquez Hitler, incarnation actuelle du mal absolu soit. La question n’est pas de relativiser son action en terme de Bien ou de Mal, notions éminemment religieuses et donc, archaïques mais de rappeler que les régimes de ce type, au nom du droit international, sont délictueux, qu’il existe des Droits de l’Homme, qu’ils doivent être respectés et que, s’il y a universalité ici, c’est bien celles des règles que les états du monde doivent respecter.

                        Point de leçons de morale, mais plutôt de droit..

                        Passons au Vrai..

                        C’est justement cette notion de « Vrai » que l’on trouve derrière les tentatives de figer l’histoire par le biais de lois dites « mémorielles ».

                        C’est aussi grâce à la réflexion d’historiens, discipline qui, un temps, ne devait s’occuper que de ces notions qui vous sont chères « Bien, Bien, Vrai » que ceci a été dépassé et fort heureusement.

                        On n’y voyait autrefois que des chronologies marquant des suites de ruptures (grands évènements, grandes inventions, etc..). Ce type de chronologies posaient problèmes pour, par exemple, l’étude des sciences.

                        Les erreurs du passé, les notions erronées, abandonnées depuis, n’étaient pas étudiées, ne permettant pas de comprendre les pratiques quotidiennes des différentes époques. C’est contre cela que, entre autres, s’est fondé le courant dit des « Historiens des mentalités », dont la France compte d’excellents spécialistes..

                        Non décidemment, ces notions de Beau, Bien, Vrai sentent vraiment trop l’archaïsme, voire l’intégrisme..

                        gAZi bORAt


                      • dan 30 juillet 2007 15:08

                        à gaziborat---------------------------------Vous opposez la morale et la loi et vous préférez la loi à la morale, rien de plus faux,car vous pourriez alors accepter les lois nazis de Hitler et les lois racistes de Pétain,c’est seulement la morale qui résulte de la conscience du bien et du mal par la raison que l’on peut trouver injustes ces lois et les refuser.------« La législation humaine ne revêt le caractère de loi qu’autant qu’elle se conforme à la juste raison d’où il appert qu’elle tient sa vigueur de la loi éternelle,mais dans la mesure où elle s’écarte de la raison,on la déclare injuste,elle ne vérifie pas la notion de loi mais est plutôt une forme de la violence »(Pacem in terris---Concile Vatican II)-------La morale est au dessus de la loi et la façonne .La loi est bonne ou mauvaise si elle est conforme ou non à la morale conçue en conformité à la raison universelle.--------suite---------


                        • dan 30 juillet 2007 16:15

                          suite----------Vous adorez les Droits de l’homme que vous déclarez comme principes universels et que vous voulez imposer comme normes légales à tous les états,ne rentrez vous pas là en contradiction avec votre refus du principe de l’universalité,et comment pourriez imposer aux autres votre morale droit-de-l’hommiste ce que vous refusez vous-même de la morale d’autrui,comment pouvez vous justifier la valeur universelle des droits de l’homme à ceux qui comme vous récusent le principe de l’universel et en particulier celui des droits de l’homme,c’est l’arroseur arrosé.--------------------------------Quand je parle de la beauté divine d’Alain Delon,c’est une manière de parler peut-être exagérée et un peu provocatrice mais qui ne contient pas moins un certain fond de vérité.Je ne compare pas Alain Delon à Dieu,loin s’en faut ,en dehors de sa qualité en terme de beauté extérieure purement physique il doit avoir beaucoup de défauts intellectuels et moraux comme un certain orgueil ou un manque d’humilité que l’on peut pardonner à cause justement de sa beauté qui par sa seule présence enchante le monde .Ce n’est pas Delon en tant que tel qui est comparé au divin mais la beauté en tant que telle qui est d’essence divine comme le dit les philosophes et les théologiens,mais je sais que vous vous en foutez de la philosophie et de la théologie,mais c’est pour vous dire que ce que je dis n’est pas en soi insensée.------Vous préférez Belmondo que vous trouvez sympathique,libre à vous,moi aussi je le trouve sympatique et avoir beaucoup de charme,mais il est moins beau que Delon,on peut ne pas aimer Delon mais je ne pense pas que quelqu’un puisse le trouver laid,c’est donc quand même une reconnaissance universelle de la beauté.--------suite----------


                          • dan 30 juillet 2007 17:14

                            suite------C’est quand même plus beau de voir un paysage bucolique avec des arbres et des fleurs,des enfants plein de santé jouant et riant que de voir le spectacle d’ un immeuble en ruine suite à un bombardement avec des cadavres partout baignés dans des mares de sang,des enfants mutilés et malades plongés dans une atmosphère complètement polluée de poussières,de fumées et de mazout ;où alors je ne comprends plus rien-----------------------Il n’y a pas besoin d’écoles pour donner des cours d’esthétisme,mais simplement un peu d’humilité pour reconnaitre la beauté chez autrui,beauté extérieure comme beauté intérieure,et un peu d’intelligence et de piété pour reconnaitre la vérité, relative ou universelle.Un enfant sait naturellement ce qui est beau et ce qui est laid et il faut perdre l’innocence de l’enfant et sombrer dans la perversion des adultes pour trouver la beauté dans la laideur.Vous dites que les canons de la beauté dépendent des époques et des individus,ce n’est pas tout à fait exact,ce n’est pas l’esthétique qui change mais l’appréciation de cette esthétique qui est variable,un homme peut avoir un bon ou mauvais goût mais le goût bon ou mauvais en soi ne change pas.Un homme pervers peut apprécier une femme hideuse pesant 300kg mais la femme elle même est en soi laide .------------------------------D’autre part vous confondez vérité historique qui n’est pas la vérité réelle et mathématique mais l’opinion et l’appréciation subjective et imparfaite des historiens--------------------Ce n’est pas le vrai,le juste et le beau ,en un mot le bien qui est réactionnaire mais au contraire ce qui réactionnaire et rétrograde c’est la faussté,l’injustice et la laideur,en un mot le mal.-------La vérité est révolutionnaire et la justice et la beauté toujours d’avant garde.


                            • Gazi BORAT 31 juillet 2007 07:40

                              « ..La vérité est révolutionnaire et la justice et la beauté toujours d’avant garde... »

                              Vous vous empétrez dans vos contradictions...

                              La révolution suppose un changement, un bouleversement, un remplacement des valeurs établies par d’autres qui les remplacent.. et les relativisent !

                              Quant à l’avant-garde, elle suppose un dépassement des valeurs établies..

                              Je suis pour le respect d’un droit international et qui permettra de lutter contre les lois et règlements iniques que n’importe quel dictateur (vous pouvez ici placer les Pétain et Hitler que vous citez) installerait tel un féodal sur son fief, taillées à la mesure de ses besoins individuels.

                              Quant à votre argumentation sur l’opposition entre la beauté des « paysages bucoliques » et la laideur des « immeubles en ruines », je vous rétorquerais que les dictateurs chantent au début les premiers (regardez les aquarelles d’Hitler en sa jeunesse) pour finalement justifier les seconds..

                              gAZi bORAt


                            • dan 6 août 2007 21:27

                              C’est léger comme réponse et tout ce que vous dites ne sont pas démontrés mais des affirmations gratuites.--------------------------------------------------Vous confondez valeurs relatives et valeurs absolues tout en conformité avec la pensée postmoderne.La vérité en soi produite par la raison universelle et transcendante est absolue et ne varie pas avec le temps,les lois mathématiques et les principes élémentaires de la logique comme le principe d’identité (a=a) ou le prinipe de non contradiction( Non(a=a et a#a) )par contre les opinions,les lois et même les théories scientifiques sont des valeurs relatives et peuvent être changés et même doivent l’être et justement par les valeurs absolues mêmes telles que la vérité ou la raison qui elles restent fixes.C’est la Raison qui est le moteur de l’Histoire et du progrès et comme le dit Hegel dans « La Raison dans l’Histoire »:la philosophie de l’histoire amène à la foi de ceci « l’histoire est le produit de la Raison éternelle et la Raison adéterminé ses grandes révolutions ».C’est ainsi que la vérité produite par la Raison est révolutionnaire.------------Quant à votre dernier commentaire sur le changement de gout de Hitler du paysage bucolique aux immeubles dévastés ne prouvent rien ni contredit la valeur d’avant-garde de la beauté ;ce n’est là que le gout superficiel de quelqu’un qui ne connait pas la valeur de la beauté sinon il ne l’aurait pas détruite et amener la laideur sur la terre,laideur qui ne peut être une valeur d’avant garde je l’espère y compris pour vous.----Le progrès va de la laideur primitive vers la beauté du futur idéal.------L’idéal n’est pas la laideur.


                              • dan 8 août 2007 16:09

                                Je voudrais préciser les concepts d’avant-garde et de beauté intoduits auparavant------------------------Hegel définit l’Esprit comme la liberté en soi qui se réalise dans l’histoire des hommes.Mais cette définition est trop restrictive et du même coup l’empêche de bien déterminer le concept de progrès par lasuite,sa définition en devient bien confuse ,jugez par vous-même : « La définition du progrès est que celui-ci constitue une succession d’étapes de la conscience......il s’ensuit qu’il n’est pas simplement quantitatif,mais une série ascendante de relations diverses avec ce qui est essentiel »(La Raison dans l’Histoire).C’est là une définition récursive ou circulaire i.e qui contient ou suppose déjà le concept à définir,en l’occurence ici le concept de progrès est contenu dans l’expression « série ascendante ».Si l’on définit de manière plus générale l’Esprit comme la perfectibilité en soi qui se réalise alors il est plus facile et plus clair de définir le progrès comme la réellisation ou l’objectivation de l’Esprit dans le temps à travers les étapes historiques des hommes.Ainsi donc l’Esprit est défini comme l’être parfait ou le Parfait ;le parfait est donc l’axiome premier de la philosophie ou de la théologie.A partir de cet axiome premier on peut définir la beauté comme la conscience ressentie dans la sensibilité par les sens spirituels de l’homme de l’état de perfection à un moment donné de l’Histoire.Car en effet il faut un sens inné pour ressentir le beau ou l’état de perfection comme il faut un sens intellectuel pour saisir le vrai et de même des sens corporels pour percevoir les objets corporels.-------L’avant-garde se définit alors comme la détermination des valeurs qui produisent la beauté dans le futur et donc le progrès.


                                • dan 8 août 2007 17:15

                                  suite-----------------Ainsi donc non seulement l’avant-garde historique est déterminée par les beautés concrètes ou la conscience de l’état de perfection ,beautés relatives à un niveau de conscience à un moment déterminé de l’histoire,et dont la succession dans le temps suivant le principe de perfectibilité en soi et donc de la nature de l’Esprit lui-même par définition,détermine le concept du progrès,mais encore le concept de l’avant-garde lui-même ne peut être conçu sans la beauté en soi.-------------D’autre part le principe de liberté en soi est contenu dans le principe de perfectibilité en soi,la liberté i.e la modalité de la perfectibilité se déclinant dans le domaine de la puissance (de la quantité) de choix,est un attribut du parfait au même titre que la conscience ou la raison créatrice.La définition de l’Esprit de Hegel est contenue dans celle qui est définie ici,plus universelle et plus originaire, et comme mode particulier dans un domaine particulier.------------------------Je voudrais revenir et insister sur le sens spirituel qui permet de percevoir l’état de perfection en la sensation du beau.C’est là le privilège le plus élevé et le plus caractéristique de la nature humaine et qui la met en rapport avec l’essence divine si l’on définit la nature divine comme la perfesctibilité en soi,l’être du parfait ou tout simplement le Parfait.Les animaux ne possède pas ce sens du beau ou cette capacité en soi de perfectibilité.Le manque du sens du beau est un handiap spirituel comme l’incapacité de saisir le vrai est un handicap intellectuel.

                                  perfectibiliser

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