La révolte des gueux

Les gueux n'ont que la foule comme arme, et le courage.
Nous pouvions y faire ce que nous voulions, les puissants dans la poche, les gueux chez eux. Et voilà que démunis de toute mesure, nous sommes allés trop loin.
Et voilà que menacés de toutes parts, les gueux traversent les eaux pour fuir leur enfer.
On dit beaucoup de choses sur ces gueux, on sait qu'ils ne l'étaient pas chez eux, avant notre intervention, mais qui que soient-ils, ils viennent gueuser en Europe. On dit qu'ils viennent trouver refuge, on dit qu'ils viennent au pays de cocagne tenter faire fortune, on dit aussi qu'ils viennent se venger. Mais je n'ai trouvé rien d'intéressant sur eux, que des généralités qui nous ont été balancées par les médias aux ordres des pouvoirs coupables. Et gueux, c'est moi qui le dit car ce mot me va.
D'aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours identifiée aux gueux, leurs folies, leurs révoltes, leurs souffrances et leurs humiliations. Le petit peuple du bas toujours sacrifié, immolé sur l'autel de la richesse à acquérir, à voler.
Jamais aux classes moyennes, traîtres à leurs origines, qui sous couvert de grands mots, recherchent plus d'opulence et de licence.
Ils sont mille, dix mille, cent mille, un million, horde effrayante qui avait jusqu'ici su garder le bon goût de mourir silencieuse ou fuir chez ses voisins guère mieux lotis.
De chez nous, une tasse de café à portée de main, un écran devant les yeux, un clavier sous les doigts, nous tâchons de nous faire une idée. Qu'est-ce que vivre sous les bombes, au milieu d'attentats quotidiens, dans un pays ravagé aux infrastructures détruites, où se procurer la moindre nourriture devient un sport de combat ?
Certains s'en font une idée à partir d'informations soporatives, qui recréent là-bas les centres d'intérêts d'ici, qui croient à une guerre civile, pour ou contre un gouvernement, l'imaginaire réduit par le confort de l'ignorance distillée par la désinformation.
D'autres, pour y voir plus clair, accentuent les reliefs d'une image qu'ils simplifient pour la rendre moins floue, donc intelligible. Je ferais plutôt partie de ceux-là, en conscience. Et puis, soudain, des hommes, des humains, des congénères qui viennent nous rappeler notre implication, nous sortir de notre torpeur confortable.
Et ça nous laisse cois.
Que faire de ce réel qui migre à nos portes : l'utiliser comme veut le faire l'Allemagne, l'accueillir par devoir chrétien, le refouler, l'interdire, le craindre ?
Mais les chrétiens aiment les bons pauvres, qui baissent le cou et disent merci à l'aumône ; c'est normal qu'ils soient le marchepied de notre bienveillance, tandis que s'ils se rebiffent ou investissent de force des logements comme ils l'ont fait à Béziers, ils se rendent haïssables, deviennent nuisibles ; il est plus difficile alors de faire œuvre charitable.
Peu d'entre nous ont en face d'eux ces chairs, ces os, cette colère ; les villageois ni les bourgeois ne sont aux premières loges, sauf inopinément, dans les ports ou les grandes villes.
Autour de moi, le monde est immuable ; voilà qu'on pense à passer sa retraite au Portugal, en Croatie ou au Maroc, si beaux pays où tout est moins cher, moins « tendu » ; d'autres sont déjà partis à Madagascar, cette île où rien ne coûte, même pas les filles, ce qui la rend paradisiaque aux divorcés ou aux veufs à bonne retraite. Les nantis qui restent ont d'autres soucis, gérer leurs immeubles, préparer leurs voyages et dans leur cosy salon, les nouvelles du monde ne s'incarnent pas. Il y en a beaucoup, la conscience éveillée, qui se contentent, obligés, des abstractions de la pensée.
Je ne me contente pas des abstractions de la pensée, je bous ; cela ne sert à rien qu'à m'isoler davantage ; le peuple n'est pas une multiplication de l'un et chez nous, plus de peuple. Sauf à être soumis à la même propagande : la lessive Dash lave plus blanc, elle fait du bon boulot. Nous ne pouvons pas être mauvais, ça se saurait. Ce n'est pas parce que nous ne pratiquons pas la démocratie chez nous que nous n'avons pas mission divine à l'exporter ailleurs, dans ce là-bas barbare. La liberté bon dieu, ça ne se négocie pas...
Non, elle ne se négocie plus cette liberté qui n'est que désert d'errance où l'on trouve ses racines, son appartenance, dans n'importe quelle chimère. Des Chrétiens de cet orient proche venus chercher refuge dans le Haut-Lieu de la Chrétienté, se font persécuter, comme hier chez eux, par des Musulmans déracinés qui trouvent appartenance dans cet orient proche où le combat attire.
Où sont mes racines ? Qui suis-je ? Pour qui combattre ? ( pas pour l'occident petit père). Contre qui me protéger ? ( de l'occident petit père).
Or, les fanas tiques ont l'impensé comme soubassements de leurs actes insensés : ils servent l'empire qui les paye, les arme et les instruit tout en le combattant forts de ces armes et de cette instruction. Nous avons là en condensé, les strates de la psyché ; mais nous aussi, mal (é) able (s) qui faisons confusion pour fuir, incapables de ne pas spéculer, projeter : ces gueux sont des malheureux abandonnés de leur gouvernement, il nous faut les recueillir ( ce sont les charlies qui pensent ça) ; ces gueux viennent profiter de nos aides mirifiques, prendre nos logements ( ce sont le efen qui pensent ça) ; ces gueux seront des immigrés qui vont tirer les salaires vers le bas, lumpen prolétariat opportun ( une certaine gauche pense ça) ; il y a des terroristes qui s'emmêlent ( ce sont les paranos qui pensent ça). Nous sommes, dans notre ignorance, peut-être chacun, un peu tout ça à la fois...
Mais en attendant, ce sont des humains dans la mouise.
Or, pour être sincère dans son être, il faut une rencontre ; on ne peut rendre service qu'à ceux qu'on rencontre, sinon, c'est aux pouvoirs publics qu' appartient la solidarité abstraite ! Elle n'a aucun sens pour notre humanité- compassion, entraide- et peut se vêtir de n'importe quel oripeaux perverti.
Il y a un impossible quelque part.
Donc, l'occidental moyen, craint pour sa culture qu'on lui a déjà confisquée. Il voit ce qu'on lui montre : il confond volontiers.
Le moindre recul nous dévoile une réussite presque parfaite – exception faite de quelques trublions bien inoffensifs-, puisque nous savons tous, ou devrions savoir, les objectifs de l'empire qui ne s'en cache pas. Être le maître d'un monde en chaos ne le dérange pas- ce qui le différencie des ambitions de naguère qui incluaient morale, ordre et spiritualité- à moins qu'être maître d'une humanité dégénérée, asservie, abêtie, qui ne fasse montre nulle part de répondant, lui suffise. Ainsi, les Européens, dépendants volontaires et parfois satisfaits, ne font pas de détails : les Musulmans nous menacent, et sont nos ennemis, même si parmi eux, ceux qu'ils voient sont au service de l'empire. Cela crée, déjà, un chaos.
Il ( l'occidental moyen) confond le communisme et la Russie, qui n'est pas plus communiste que je ne suis croyante. Cela apporte de l'eau au moulin du chaos.
Il accepte l'ennemi désigné, cela resserre ses rangs. Cela donne de solides bases au chaos.
Il approuve que l'empire déchiquette des peuples jusque là unis malgré leur disparité sous la férule d'hommes forts sans qui cette union ne peut être. Cela donne corps au chaos.
Il absout les génocides, les meurtres en masse, les destructions de cultures anciennes, et la sienne, et se fait croire que cela le protège du chaos.
Il se gave d'infos des médias aux ordres et conspue celui qui chine ailleurs ; avant la guerre civile, il y a les ruptures privées. Cela donne du piment au chaos.
Mais rien ne changera ou mu par l'impondérable, c'est un jeu de dupes, on peut ne pas s'y complaire, on devrait ne pas s'y complaire ; ce qui est loin d'être le cas, il y en a toujours un pour relever un mot de travers, faire histoire d'un rien monté en épingle et qui alimente le tout, un foutoir sans pareil où se gâchent les énergies utiles.
Et voilà que sur fond de mer calme aux sous courants sournois, on met la table ; on en a ôté les aises et les acquis, les condiments qui donnaient goût aux choses, la culture quelle qu'elle soit, l'instruction, l'éducation, les soins, le travail, l'oeuvre ou la carrière, le nourrissant au profit d'amuse-gueule anxiolytiques, de toxiques additifs et d'une multitude de dérèglements qui créent le désarroi, occupent les bonnes consciences encore valides en les attisant sur ces bouillons de détails encore brouillons.
Les commensaux assoiffés, affamés ne trouveront personne à qui parler, aucun avec qui s'entendre ; avant le dessert chimique coloré, tous se seront empoignés.
Et voilà qu'au cours de l'échauffourée, les portes biens fermées sont forcées, et une horde de chairs et d'os, bien concrets ceux-là, veulent se mêler au festin délétère ; saisis d'effroi certains se rapprochent ou se réconcilient tandis que d'autres se détachent d'un lot mal assorti et courent les accueillir.
L'hospitalité. Voilà bien quelque chose qu'un pays touristique- entendez dont l'industrie première est le tourisme- a perdu. Or c'est cette hospitalité qui fait ouvrir nos portes ; le reste n'est que blabla. Le reste est fausse bonne conscience ou vraie mauvaise conscience, intérêts ou bien, la défausse sur d'autres !
La Syrie a accueilli un million d'Irakiens qui fuyaient l'enfer ; l'UE propose d'en « prendre » à peine quelques centaines de mille quand vient le tour des Syriens. C'est vrai que la Syrie n'a pas de responsabilité dans la guerre d'Irak. On ne peut pas en dire autant de l'UE dans la guerre en Syrie.
Cherchez l'absurde.
La France est encore un assez grand pays pour avoir voix au niveau international ; depuis Sarkozy, elle s'est transformée en serpillière- ridicule chiffon qui essuie toutes les crasses de l'empire. De quelque manière que ce soit, il nous faut sortir de cet asservissement car l'International aujourd'hui a pris le pas sur tout le reste.
Notre passivité nous mène au chaos.
C'est fou ce qu'un dictateur peut faire ; heureusement que la France veille au grain et porte plainte contre le régime Bachar el Assad pour crimes contre l'humanité.
Mais la France a des preuves, les voici :
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https://www.youtube.com/watch?v=lybX0R411RI
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