La servitude du sentiment amoureux
En cette fin d’année 2016 qui, en déferlements de haine et de violence, a atteint des records, je vous propose ces quelques lignes sur, ce qui reste à mes yeux, un des plus grands mystères de l’humanité. Qu’est ce qu’un sentiment ? Prenons le plus grand de tous, celui qui un jour ou l’autre nous a tous terrassé : « l’amour ». Ceci est un petit texte sans prétention et sans jugement d’aucune sorte. Il se veut indépendant, à chacun d’en tirer ses interrogations et ses réponses. C’est sans doute le sujet le plus compliqué sur lequel je me permets quelques lignes à vous soumettre. J’ai l’audace de ressentir à chaque instant son influence et la modestie de ne rien y comprendre et ne rien maîtriser.
Qu’est ce que l’amour ? Vaste débat, analyse et rendu philosophique indéfinissable. Poètes, peintres, écrivains, sculpteurs, cinéastes jusqu’au citoyen lambda, tous s’y sont essayés et s’y sont délicatement englués, égarés. Quelques uns s’en sont rapprochés de très près, Gandhi, Rimbaud, Shakespeare, Mère Theresa, etc.… Mais l’immense majorité des hommes et des femmes cherche encore, ne le comprenant pas, croyant le contrôler mais en vérité, le subissent. Quand l’incendie se déclare dans les têtes et les cœurs, c’est le fruit du hasard et de la nécessité qui ne sont que deux aspects d’une même réalité qui nous est inaccessible avec les connaissances limités du monde dans lequel l’intelligence humaine se débat aujourd’hui. Atteint par la flèche de Cupidon, il n’y a aucune règle, l’équilibre recherché devient un mystère car sa situation géographique suivant les cas étudiés est fonction de nos croyances et des vérités que l’on croit acquises. Soyons clair sur ce sujet, notre ignorance est d’une dimension encyclopédique.
Dans la définition et la pratique, le champion toutes catégories reste Jésus et son amour christique. Celui des origines qu'il professa et non celui encore actuel, des pouvoirs cléricaux, récupéré, transformé et cloîtré dans une série de commandements tous plus ou moins discutables les uns comme les autres. Ces morales religieuses, qui jusqu’à ce jour prétendent façonner nos comportements sociétaux, sont basées sur, concernant les monothéismes, le décalogue. Le génie du Christianisme, c’est d’avoir dit que tout les êtres humains sont égaux en droit devant la vie quels que soient leurs origines, leurs couleurs, leurs sexes etc … La question ici n’est pas de savoir si le personnage a réellement existé mais adhérer à l’utopie et à son extraordinaire et inaccessible commandement : « Aimez vous les uns les autres … » J’utilise le qualificatif inaccessible car, dans la configuration actuelle du sentiment amoureux, aussi bien en occident qu’en orient, celui-ci est et reste purement exclusif rattaché à l’avoir alors que celui proposé par le « Messie » est inclusif rattaché aux êtres.
Exclusif car, dés que l’humain est amoureux, il veut absolument posséder l’être qui est l’objet de sa passion. Il ne conçoit la liberté physique qu'en dehors des liens de l'union sacré du mariage, et encore. Tant il est vrai que dans ce sacrement vous faites, par une promesse de fidélité, un pari sur l’avenir que nul ne peut garantir et que souvent, la femme y jour sa vie alors que l’homme y tente sa chance. Il y a disparité naissante et révocation des libertés de l’individu, un servage volontaire que le temps et les habitudes aidants, sclérosera le sentiment le plus pur. La question qui nous est alors permis de poser est celle ci : " Depuis quand un individu devient-il la propriété exclusive d’une autre personne et, une telle attitude est-elle normale, raisonnable même si ce désir possessif accouche du sentiment le meilleur ? Etrange, que la plus puissante des forces serve de prétexte à l’enchainement de la personne désirée.
D’après le Nazaréen, le véritable amour transcende et libère, il n’asservit pas, il ne possède pas, il n’emprisonne pas. C’est le sésame pour ouvrir toutes les portes et non pour s’enfermer derrière l’une d’elle. L’acier de cette clef ne devrait en aucun cas être forgé pour devenir les chaines de ceux qui s’unissent. Intellectuellement, facile à admettre mais physiquement, difficile à concevoir. Ceci s’explique peut être, qu’après des siècles de culture théosophique et sa horde d'ordonnances prescrites, l’esprit et le cœur des hommes ont été formatés avec les écritures des différents dogmes imposant de fait leurs lois terrestres afin d’assoir un pouvoir sous l’alibi de puissances divines qui ont, soi-disant, dictés les préceptes nécessaires au droit d’entrer dans leur paradis imaginaires. C’est confortable de justifier ses pratiques au nom d’un mythe, ont voit bien là l’irresponsabilité de certains qui n’hésitent pas parfois, au nom d'un amour divin, envoyer leurs frères à l’abattoir des champs de bataille. La vie d’un homme dans cette éventualité a moins de valeur que l’arme qui le tue. Que penser aussi de ces idiots qui lapident, au nom d’une sombre croyance, la femme coupable d’aventures en dehors de leurs conventions. Drôle de façon d’aimer !
Que dire de tous ceux qui s’abritent derrière ce noble sentiment pour frapper leur femme, les réduire à un esclavage domestique ou décoratif pendant qu’eux papillonnent leurs fantasmes dans les bordels de banlieue où s’offrent un 5 à 7 avec leur secrétaire ? Je ne suis pas là pour faire la morale sur les envies sexuelles des uns et des autres, chacun est libre de sa gymnastique encore faut il que, le ou la pratiquante n’interdise pas cette liberté à son ou sa compagne. C’est dans ces cas là que l’on s’aperçoit que ce qui est pénible avec la morale c’est que c’est toujours celles des autres qu’on cherche à vous imposer. Ceci n’est pas non plus une critique de la fidélité à un seul partenaire ou, une incitation à ringardiser celle-ci mais, il faut bien voir les choses telles qu’elles sont. Je suis dans une analyse des faits et non dans un jugement de valeur des mœurs à définir ce qui est bien ou ce qui est mal, ce n’est pas de ma compétence. Les faits sont ceux-ci, durant sa vie un être peut aimer plusieurs personnes à la suite et même à la fois. Les familles recomposées ont tendances à devenir la norme et les hôtels sont pleins d’amants alors, quid du commandement : « Tu ne commettras pas d’adultère ». Quoi qu’il en soit, qu’on l’admette ou non, tous discours moralisateurs sur le sexe n’ont absolument aucun fondement dans la réalité. De plus, il n’est pas seulement question de l’acte sexuel avec un autre partenaire quoi que, celui-ci ait tendance à engendrer bien des drames conjugaux car étant défini par la morale publique comme tromperie en vers le possesseur ou propriétaire de l’autre. Qualifier de bien plus grave que la relation charnelle avec la tierce personne est l’amour qui lui est porté. Voyez comment le sentiment le plus noble peut être mis au banc de l’infamie par les biens pensant et les êtres possesseurs.
Dans l’infini, les étoiles naissantes explosent en supernova, s’accouplent et s’engendrent les unes aux autres dans la grande soupe cosmique formant ainsi un immense ballet céleste géométrique, érotique et sacré. Dans la nature, chaque fleur à un rapport spécifique avec l’insecte qui va la féconder. Il y a toujours quelque part une certaine fleur qui ressemble exactement à certains insectes. Ce qui fait que l’insecte est attiré par cette fleur, c’est son double, son âme sœur. Et ce qui veut le plus que tous, c’est lui faire l’amour. Et puis ensuite, l’insecte s’envole et repère une autre fleur âme sœur et lui fait l’amour et ainsi il la féconde. Et ni la fleur ni l’insecte ne comprendrons un jour le sens de leur rapport sexuel. Et comment sauraient ils que leurs petites danses fait vivre le monde, pourtant c’est le cas. En faisant simplement ce pour quoi il on été conçu, ils produisent quelques chose de beau et de magnifique. En ce sens, ils nous montrent comment vivre et le seul baromètre que nous ayons est notre cœur et comment une fois qu’on a trouvé sa fleur rien ne doit plus nous arrêter. Est-ce là une preuve irrévocable de l’amour démesuré du créateur pour sa création ? Et puis, on ne peut faire fi de ce sentiment au travers de l'histoire humaine. Non admit, il a dévoré, enflammé et confiné à la folie des empereurs, des rois, des dirigeant qui pour la possession de leur passion ont envahis des royaumes et déclenché des guerres. A toute époque, celui de l’amant, du mari, de la maitresse ou de la femme qui, tous rongés de jalousie destructrice feront l'erreur fatale de supprimer une vie. Le fils est venu en sacrifice pour payer la dette des hommes mais cela n’empêche pas le père de rester créancier des intérêts de la dette et vu le comportement actuel de la gente humaine, ceux-ci sont infinis.
Un couple de personnes âgées venait d’avoir un accident. Transporté d’urgence à l’hôpital, dans la même chambre, le vieil homme la tête immobilisée dans un corset ne pouvait pas tourner son regard sur la gauche pour apercevoir sa femme. Il l’entendait mais ne pouvait la voir et en avait les larmes aux yeux. Imaginez cela, cet homme qui vivait avec son épouse depuis plus de soixante années, s’étant vu tous les jours, pleurait car il ne pouvait pas croiser le regard de sa compagne en cet instant précis… Alors je m’interroge, de quoi est ce que je parle ici quand je parle d’amour ?
Le but de cet écrit n’est pas de donner un avis mais de poser les énigmes suivantes : « Est-ce qu’un amour, dans sa forme la plus pure, la plus naturelle, peut être qualifié de coupable ? » Et si oui : « Au nom de quoi est-il condamnable ? ». Les vérités établies par des hommes deviennent souvent des lois citoyennes immuables nécessaires à la cohérence sociale des communautés. Ces lois établissent leurs fondements sur des vérités relatives qui s’appuient sur les conséquences suivant les effets et non sur les causes. Les causes sont des résultats et des vérités absolues. Il n’y a pas de vérités relatives éternelles mais que des vérités figées à un instant « T » suivant le temps et l’espace dans lesquels elles évoluent. Il en est de même pour cet étrange et incontrôlable sentiment amoureux. L’amour donne un avant goût d’éternité, on est tenté de croire que le véritable amour est immortel, peut-être n’est-il pas humain, plutôt divin. Conclusion, bien que le verbe aimer soit difficile à conjuguer parce que son passé n’est pas simple, son présent n’est qu’indicatif et son futur toujours conditionnel alors, pour le temps qu’il nous reste : « Faites l’amour pas la guerre… »
“Les choses ne sont pas si douloureuses ni difficiles d'elles-mêmes ; mais notre faiblesse et lâcheté les font telles.”
Montaigne
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