La servitude volontaire

Avec les élections européennes, nous avons pu voir une recrudescence de commentaires sermonner, voire invectiver les abstentionnistes, sur les réseaux sociaux.
Par cet article je tiens à préciser que les abstentionnistes, non, ne sont pas tous « de gros fainéants incapables de bouger leur cul » ou « des lâches ». Je fais partie de celles et ceux qui, depuis plus de trente ans, depuis la Loi du 3 janvier 1973 (1) précisément, ne croient plus aux élections. J’ai pourtant voté en 2002 pour faire barrage, au second tour, à la famille Lepen (j’étais jeune et donc naïve). Puis j’ai voté au référendum de 2005 contre le traité de Lisbonne (2). J’ai ensuite cru au Front de Gauche en 2012 et à sa révolution citoyenne (par les (b)urnes), votant pour lui au premier tour. Trois votes dans ma petite vie, résument ma soumission à des partis politiques, mettant en acte mon « devoir de citoyenne ».
En 2005, j’ai voté au référendum sur le traité de Lisbonne : contre. Mon vote a été bafoué… Ainsi que celui d’autres citoyens qui avaient voté NON en majorité. Je ne m’étendrai pas sur cette trahison.
La citoyenne que je suis n’a pas réitéré son geste de 2002 en 2012, le 6 mai. Parce que choisir entre un libéral et un libéral ne me convenait absolument pas. Je m’étais informée (comme peu de votants savent le faire) sur les turpitudes à venir du PS. En effet, avant le 22 avril 2012 (1er tour des élections présidentielles), une vidéo circulait sur Internet, digne de foi, puisque ce qui y est dénoncé s’est vu confirmé depuis le 6 mai 2012 (3), sans parler de ce que ce même Hollande déclarait face à la City en février 2012 : « La gauche a gouverné pendant 15 ans, pendant lesquels elle a libéralisé l'économie et ouvert les marchés à la finance et à la privatisation. Il n'y a pas de crainte à avoir ». (4) Tout était joué d’avance.
Pour en revenir à 2012, face à des années de gauche/droite libérale, un nouveau parti a retenu mon attention : le Front de Gauche, malgré mon scepticisme. Sans être encartée (je suis un électron libre), j’ai milité pour eux même si son discours sur le nucléaire ne m’enchantait pas. Je m’y retrouvais toutefois, dans les grandes lignes. Et puis le couperet est tombé le 22 avril 2012 : comme de coutume, la joute allait une fois de plus se jouer, le 6mai 2012, entre les deux gros partis qui sévissent depuis toujours : UMPS. Et on osait nous parler de "vote utile", futile aurait été plus exact. Là c’en était trop. Je m’en suis prise oui, à ceux qui me disaient avant le premier tour : « Oui, le programme du FdG est séduisant, mais il ne sortira pas au premier tour, alors je me rabats vers le PS ».
Cependant, lorsque le FdG a lancé son appel pour voter contre le « président des riches » le 6 mai 2012, (lui qui parlait de révolution à chaque meeting mais par les (b)urnes je l’ai compris plus tard), je me suis sentie lésée. On se moquait de moi. N’importe quel imbécile aurait pu se renseigner sur le PS pour apprendre que ce dernier n’était en rien plus fiable que l’UMP. Et le FdG (qui ne devait pas l’ignorer) priait tous ceux qui avaient cru en lui, de voter ("utile") pour un parti libéral… de gauche. Et là, face à mon refus de capituler, je me suis faite traitée de tous les noms par ces mêmes gens du FdG qui étaient avant mes alliés, tandis que j’appelais à l’abstention au second tour. Un poing dans la gueule je me suis pris. « Espèce de conne, tu dois voter pour le PS sinon l’UMP passera ! » J’ai résisté, on m’a bannie de pas mal de groupes sur Facebook, à cause de ma position : « L’humain d’abord », oui, tant que celui-ci va dans le sens du FdG…
C’en était fini de mes illusions quant à ce parti qui mettait l’humain en première position. Sans parler des guéguerres internes entre communistes et autres au sein du FdG qui ont suivies depuis. Je passe là-dessus aussi.
Contrairement à ce qu’on peut croire, les abstentionnistes ne sont pas tous « des connards ». J’ai lu pas mal de livres sur la façon dont la finance (banques et multinationales) opèrent afin de mettre à genoux ce qu’on appelle le « peuple » via les gouvernements successifs.
Rappelez-vous Walesa, de Solidarnosc, en Pologne qui s’est vu mettre à genoux, lui aussi, par le FMI. D’autres exemples sont à découvrir dans l’excellent livre de Naomi Klein « La stratégie du choc » comme Nelson Mandela en Afrique du Sud ou encore Deng Xiaoping en Chine. Lecture Ô combien accablante sur la mondialisation. Un exemple, aujourd’hui : Syriza, le parti d’« extrême gauche » Grec qui s’est vu remporter les élections européennes et qui lui aussi, tout comme Hollande, rassure le FMI : « J’espère vous avoir convaincu que je ne suis pas aussi dangereux que certains le croient, » a obligeamment déclaré Tsipras devant l’assistance rassemblée par le groupe de réflexion Brookings Institute de Washington (5). Les seuls à s’être opposés au libéralisme américain ont été soit assassinés, comme Allende au Chili le 11 septembre 1973, ou victimes de coup d’Etat comme Chavez au Venezuela en 2002.
« En Amérique Latine et en Afrique, dans les années 1980, c’est la crise de l’endettement qui obligea les pays « à privatiser ou à crever », selon la formule d’un ex-représentant du FMI. […] En Asie, c’est la crise financière de 1997/1998 – presque aussi dévastatrice que la Grande Dépression – qui affaiblit les « tigres » asiatiques et les obligea à ouvrir leurs marchés à ce que le New York Times appela la « plus grande vente de faillite du monde. […]
Le mot qui convient le mieux pour désigner un système qui gomme les frontières entre le Gouvernement avec un G majuscule et l’Entreprise avec E majuscule, n’est ni « libéral », ni « conservateur », ni « capitaliste ». Ce serait plutôt « corporatiste ». Il se caractérise au premier chef par d’immenses transferts de ressources publiques vers le secteur privé, démarche qui s’accompagne souvent d’une explosion de l’endettement, d’un accroissement de l’écart entre les riches à outrance et les pauvres sans importance et d’un nationalisme exacerbé qui justifie des dépenses colossales dans le domaine de la sécurité. Pour ceux qui font partie de la bulle d’extrême richesse ainsi créée, il n’y a pas de moyen plus rentable d’organiser la société. Etant donné les désavantages manifestes pour la vaste majorité des citoyens, condamnés à rester en marge, l’Etat corporatiste doit adopter d’autres tactiques : le resserrement de la surveillance (le gouvernement et les grandes sociétés s’échangeant une fois de plus des faveurs et des contrats), le recours massif aux emprisonnements, le rétrécissement des libertés civiles et, souvent (mais pas toujours), la torture. » Naomi Klein, « La stratégie du choc ».
Croire que voter changera les choses est une illusion, un leurre, une manipulation. C’est un « geste démocratique », le seul, que l’oligarchie nous jette en pâture, uniquement dans le but de nous faire croire que NOUS, le « peuple », décidons de qui nous gouverne. Et ainsi nous légitimons toutes les turpitudes commises par cette même oligarchie pour toujours pluls s'enrichir. Depuis le référendum de 2005, nos élus ne nous ont plus consultés sur des décisions importantes. Les référendums ont disparus de notre « démocratie ». Le jour où le vote deviendra dangereux pour cette même oligarchie, il sera tout bonnement interdit. Coluche le disait et il avait raison : « Si le vote pouvait changer les choses, il serait interdit ! ».
Le traité TAFTA, marché transatlantique se fait bien dans notre dos (6). Qui en a entendu parler par les médias subventionnés par cette même oligarchie ? Qui en connaît les conséquences ? Quel pouvoir avons-nous pour contrer cette dictature ? Rien ne fuse des médias. Etrange ? Non, normal.
Noami Klein définit ainsi le néolibéralisme qui sévit partout dans ce monde : « Privatisation, déréglementation et réduction des dépenses sociales sont le fer de lance du néolibéralisme ». Oui, « Les politiques européennes ne sont compréhensibles que sur la base d’une logique précise : l’objectif est d’essayer d’affaiblir et de démanteler l’Etat protecteur social. Et cela a presque été dit. Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne a donné une interview au Wall Street Journal. Il disait que le contrat social en Europe est mort. », dénonce aussi Noam Chomsky (7). Et tout parti politique se montre complice de ce hold-up mis en place par l’oligarchie. Même ceux de l’extrême gauche, comme le prouve l’annonce de Syriza face au FMI, plus haut.
Alors bien évidemment, je n’ai pas de solution à cela, du moins pour la multitude qui croit encore à ce leurre. Je suis pour les « communes » parce qu’à mon sens, l’ordre sans le pouvoir peut fonctionner au sein d’une petite communauté. Je suis plutôt utopique, je le précise. La France puis l’UE ont démontrées qu’elles ne sont en rien la solution (les grands espaces). De là, que penser d’un marché transatlantique (TAFTA) ? Plus la soumission est grande, plus la tyrannie est de mise, voire le fascisme.
Les votants ont peur du Front National ? Mais pourquoi ? Depuis plus de trente ans nous vivons sous la dictature de la finance et ça ne dérange personne. Rien ne pourrait être pire et sûrement pas avec un FN pourvu de quelques sièges à l’UE. Ce même FN qui dit non à l’UE mais qui a dit « oui » au marché transatlantique. Ce qui est un non sens… Non ? (8) on ne peut vouloir la sortie de l’UE si on adhère à ce fameux marché.
Je pense que le changement doit provenir de soi comme le disait Gandhi. Il ne faut pas compter sur les autres pour qu’il vienne à nous. Il y aura toujours une multitude à prôner la « démocratie » celle des Saigneurs et donc pousser les autres à voter parce qu’elle a peur du changement. Elle veut garantir sa sécurité par « papa, maman », « l’école », « son job », « l’ETAT »… Pendant qu'une autre multitude, silencieuse celle-ci, retrousse ses manches et s’active à changer ce monde via des réflexions, des engagements, des actions, etc., en marge des partis politiques à la botte des banques et multinationales = l’oligarchie, la ploutocratie, la technocratie, le corporatisme… Appelez-les comme vous voulez. Pour moi ce sont ces derniers, les vrais parasites. Ils s’accrochent au « peuple » dans le but de conserver leur petit pouvoir, leur petit train de vie digne d’un prince payé par nos deniers. Ce sont eux qui vous manipulent, vous les votants, dans le seul but de toujours plus profiter de ce que vous ne pourrez jamais imaginer qu'en rêve. Parmi les votants, ceux qui se tournent vers le FN sont les plus pathétiques : ils sont majoritairement ouvriers nous dit-on, se démenant comme des bêtes à bosser en 5X8 pour un salaire toujours à la traîne et pensant que le FN est la réponse à leur mal-être. Mais combien de fois a-t-on vu ce parti dans la rue pour défendre ces mêmes ouvriers ? De vraies bêtes de somme ces ouvriers… Dans mon entourage, un exemple : depuis plus de trente ans un type se bousille le corps à force de pousser des chariots de plus d’une tonne, toute la journée et pense que c’est à cause des immigrés ! Et quand je lui dis : « Change de travail », il me répond : « Et je perds mon ancienneté dans cette usine ? »… Par contre, il ignore ce qui se cache derrière des lettres comme TSCG, TAFTA, ou même le fameux pacte de responsabilité. Ainsi la solution est de voter FN. Les coupables sont tout trouvés pour justifier sa vie misérable.
L’avenir nous appartient, à nous de le construire. Mais en rien les partis politiques quels qu’ils soient, ne changeront cet avenir auquel une multitude abêtie aspire. Ces mêmes partis nous le démontrent depuis trop de siècles. Lire sur le sujet : « Contre histoire du libéralisme » de Domenco Losurdo et « Histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours » de Howard Zinn. Et ne me dites pas que ça nous concerne pas, quand on voit que les USA nous imposent depuis toujours plus leur politique libérale et maintenant néolibérale via le TAFTA ! Ils ont fait la guerre au communisme de tout temps pour nous l’imposer leur dictature et à votre avis pourquoi ? Ces livres vous apporteront la réponse…
A chacun de vous de devenir un éclaireur ou alors demeurer un larbin de ce système qui se joue de vous avec des mots comme : « vote », « démocratie », « social », « crise », « mesures d’austérité », etc. pour mieux vous endormir et vous spolier.
Voici la conclusion d’une abstentionniste qui met des couleurs dans sa vie par son seul pouvoir, tandis qu’une multitude attend du « pouvoir » qu’il mette en place la même chose pour elle.
Un discours qui me représente plus que celui de l’oligarchie, sur Facebook, d’Emmanuel Durand à lire ici : https://www.facebook.com/notes/emmanuel-durand/je-suis-abstentionniste/859999577363519
Il fait une très bonne analyse sur la soi-disante montée du FN face à l’abstention :
« Tu nous dis que la montée de l’abstention provoque une montée du Front National. Tu affirmes même que c’est mathématique. Tu l’ériges en loi physique. Observons cette loi physique. 2014, élection européenne, on nous annonce une abstention de 57% et un vote Front National de 25%. 2009, élection européenne, l’abstention était de 59%, le vote Front National était de 6,5%.
Abstention plus forte, vote FN plus faible.
2004, élection européenne, l’abstention était de 57%, le vote Front National était de 10%. Le Parti Socialiste totalise à lui seul près de 30% des voix (du jamais vu dans une élection européenne) et la gauche dans son ensemble obtient 42% des votes. Un raz-de-marée de gauche pour une abstention pourtant équivalente à celle de 2014.
Toi, le mathématicien, l’analyste des chiffres, peux-tu oui ou non affirmer qu’il y a corrélation entre le taux d’abstention, le vote d’extrême droite, et le vote à gauche ? Peux-tu me regarder dans les yeux et affirmer que les chiffres prouvent que l’abstention fait monter le FN et baisser la gauche ? Que c’est mathématique ?
Tu n’es pas seulement mathématicien, tu es aussi sociologue. Tu affirmes que si tout le monde « bougeait son cul », que si tout le monde allait voter, l’extrême droite serait balayée et la gauche triomphante pourrait enfin révolutionner la France. Tu affirmes savoir que les sympathisants d’extrême droite vont tous voter alors que les abstentionnistes sont tous des gauchistes trop fainéants pour se bouger.
Si on doit faire de la sociologie de comptoir, essayons au moins d’utiliser un outil statistique. Voici quelques chiffres tirés d’une analyse de l’électorat français pour les européennes de 2014, réalisée par Ipsos. Si tu as plus fiable, je suis preneur.
En attendant... 50% des personnes ayant voté Le Pen au premier tour des dernières élections présidentielles se sont abstenus aux européennes. 50%.
Un frontiste de 2012 sur deux n’est pas allé voter en 2014. La même question pour les électeurs de Hollande et Sarkozy donne respectivement 58 et 48. Si l’on s’en tient aux sympathisants (c'est-à-dire ceux qui se déclarent proches de tel ou tel parti mais n’ont pas été voté cette fois) on obtient 53% d’abstentions pour les sympathisants du Front National, 50% d’abstention pour les sympathisants de l’UMP, 58% d’abstention pour les sympathisants du Parti Socialiste. Et avec seulement 43% d’abstentionnistes parmi leurs sympathisants, le Front de Gauche est le mouvement politique qui possède en apparence la plus faible réserve électorale parmi les non-votants. Étonnant, non ?
Il y a donc entre 50 et 53% d’abstentions chez les partisans du Front National. Score supérieur à celui de la droite, inférieur à celui de la gauche et très largement supérieur à celui de l’extrême-gauche.
Tu es certain de vouloir conduire tous les abstentionnistes aux urnes ? Tu peux affirmer que si « tout le monde se bougeait le cul et allait voter » les choses changerait ? Tu l’affirmes, d’accord, mais sur quelle base ? »
Un Extrait du « Discours de la servitude volontaire » d’Etienne de La Boétie me vient à l'esprit
:« Pour le moment, je voudrais seulement comprendre comment il se peut que tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois un tyran seul qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent, qui n’a pouvoir de leur nuire qu’autant qu’ils veulent bien l’endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal s’ils n’aimaient mieux tout souffrir de lui que de le contredire. Chose vraiment étonnante et pourtant si commune qu’il faut plutôt en gémir que s’en ébahir, de voir un million d’hommes misérablement asservis, la tête sous le joug, non qu’ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu’ils sont fascinés et pour ainsi dire ensorcelés par le seul nom d’un, qu’ils ne devraient pas redouter puisqu’il est seul, ni aimer puisqu’il est envers eux tous inhumain et cruel. Telle est pourtant la faiblesse des hommes : contraints à l’obéissance, obligés de temporiser, ils ne peuvent pas être toujours les plus forts. Si donc une nation, contrainte par la force des armes, est soumise au pouvoir d’un seul comme la cité d’Athènes le fut à la domination des trente tyrans, il ne faut pas s’étonner qu’elle serve, mais bien le déplorer. Ou plutôt, ne s’en étonner ni ne s’en plaindre, mais supporter le malheur avec patience, et se réserver pour un avenir meilleur. »
Et aussi un autre texte qui me tient à cœur d’Howard Zinn tiré du livre : « Une histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours » qui devrait nous faire réfléchir quant au fléau qui s'abat sur nous :
« Civilisations indiennes : culture complexe et sociétés égalitaires :
Dans les villages iroquois, la terre était détenue et travaillée en commun. La chasse se faisait en groupe et les prises étaient partagées entre les membres du village. Les habitations étaient considérées comme des propriétés communes et abritaient plusieurs familles. La notion de propriété privée des terres et des habitations était parfaitement étrangère aux Iroquois. Un père jésuite français qui les rencontra en 1650 écrivait : « Nul besoin d’hospices chez eux car ils ne connaissent pas plus la mendicité que la pauvreté. Leur gentillesse, leur humanité et leur courtoisie les rendent non seulement libéraux en ce qui concerne leurs possessions mais font qu’ils ne possèdent pratiquement rien qui n’appartienne également aux autres. »
Les femmes jouaient un rôle important et avaient un statut respecté dans la société iroquoise. En effet, le lignage s’organisait autour de ses membres féminins dont les maris venaient rejoindre la famille. Chaque famille élargie vivait dans la « grande maison » et lorsqu’une femme désirait se séparer de son mari, elle déposait simplement ses affaires de ce dernier devant la porte.
Les familles formaient des clans et une douzaine ou plus de clans pouvaient former un village. Les femmes les plus âgées du village désignaient les hommes habilités à représenter le clan aux conseils de village et de tribu. Elles désignaient également les quarante-neuf chefs qui composaient le grand conseil de la Confédération des cinq nations iroquoises. Elles assistaient aux réunions de clans, se tenaient derrière le cercle formé par les hommes qui discutaient et votaient les décisions. Si ces derniers allaient dans un sens trop éloigné de celui qu’elles souhaitaient, elles pouvaient les démettre et les remplacer.
Les femmes surveillaient également les récoltes et s’occupaient de l’administration générale du village tant que les hommes étaient à la chasse ou à la pêche. En outre, comme elles fournissaient les mocassins et la nourriture pour les expéditions guerrières, elles avaient également un certain contrôle sur les affaires militaires.
Comme le fait remarquer Gary B. Nash dans son fascinant ouvrage sur les premières années de l’Amérique, Red, Blacks and Whites, « le pouvoir était donc bien l’affaire des deux sexes, et l’idée européenne d’une domination masculine et d’une sujétion féminine en toutes choses était remarquablement étrangère à la société iroquoise ».
On enseignait aux enfants iroquois aussi bien l’héritage culturel de leur peuple et la nécessaire solidarité entre tribus que le devoir de ne pas plier devant un quelconque abus d’autorité. On leur enseignait aussi l’égalité des statuts et le partage des possessions. Les Iroquois ne punissaient jamais cruellement leurs enfants. Le sevrage et la toilette n’étaient pas imposés autoritairement et les enfants étaient autorisés à franchir graduellement et de façon autonome ces étapes de leur éducation.
Tout cela, bien sûr, jurait parfaitement avec les valeurs européennes que les premiers colons apportèrent avec eux : une société divisée en pauvres et riches, contrôlée par les prêtres, par les gouverneurs, et par les hommes en ce qui concernait la vie familiale.
Par exemple, le pasteur de la colonie des Pères Pélerins, John Robinson, donnait à ses paroisses les conseils suivants sur l’éducation des enfants : « Assurément, il y a en chaque enfant une obstination, une intrépidité d’esprit, fruits d’une fierté naturelle qu’il faut absolument rabattre et briser. Ainsi, les fondements de l’éducation étant assimilés avec humilité et docilité, d’autres vertus pourront venir, en leur temps, s’y adjoindre. »
Gary Nash dépeint ainsi la culture iroquoise : « Nulle loi ni ordonnance, ni shérifs ni gendarmes, ni juges ni jurys, ni cours de justice ni prisons – tout ce qui compose l’appareil autoritaire des sociétés européennes -, rien de tout cela n’existait dans les forêts du Nord-Est américain avant l’arrivée des Européens. Pourtant les limites du comportement acceptable y étaient clairement déterminées. Bien que mettant en avant la notion d’individu autonome, les Iroquois n’en avaient pas moins un sens aigu du bien et du mal. Celui qui volait de la nourriture ou se conduisait lâchement au combat était « couvert de honte » par son peuple et mis à l’écart de la communauté jusqu’à ce qu’il eût expié sa faute par ses actes et apporté la preuve, à la plus grande satisfaction de ses congénères, qu’il s’était moralement purifié lui-même. »
« Si nous pensions comme eux (les Indiens), la terre serait éternellement inépuisable et nous connaîtrions la paix à jamais. » John Collier.
A méditer...
Liens :
(1) http://www.alterinfo.net/La-loi-Rothschild-cause-de-l-endettement-de-la-France_a50918.html
(7) http://www.blogapares.com/la-fin-de-letat-social-par-noam-chomsky/
(8) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-fn-et-le-marche-transatlantique-115947
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