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Accueil du site > Tribune Libre > La souffrance au travail scolaire, une bataille prioritaire pour la France (...)

La souffrance au travail scolaire, une bataille prioritaire pour la France ? (seconde partie)

Ces derniers mois, des incidents plus ou moins violents ont ponctué l’actualité des établissements scolaires et suscité des vives réactions tant du côté des responsables institutionnels que des citoyens. Alors que l’on sait qu’un état intérieur de souffrance peut pousser des individus, même juvéniles, à des actes inquiétants voire dramatiques, les élèves et les adultes qui les encadrent, ne sont-ils pas confrontés à cette problématique ? Cet article, son précédent et son suivant, apportent des éléments de compréhension et de discussion sur « la souffrance au travail scolaire », phénomène qui mérite d’être pris au sérieux car c’est l’avenir de notre nation qui est concerné

Contenu de la première partie parue sur AGORAVOX
La souffrance comme violence faite à soi et aux autres et le pathologique 
La souffrance comme violence faite à soi et aux autres et le scolaire
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La souffrance comme violence faite à soi et aux autres et la soumission à l’autorité
Répétons-le avec les spécialistes de la psycho-dynamique du monde professionnel : « l’augmentation de la souffrance au travail découle des nouvelles formes d’organisation liées au culte de la performance et de la compétition exacerbée. »[1] Nous avons vu que l’Ecole française excelle en ces domaines. La question de l’organisation de la scolarité, selon les établissements et les filières qu’ils proposent, se trouve donc poser.
 
=> L’idéologie de la compétition soumet inconsidérément les personnes
 
Rechercher pour chaque élève les meilleures compétences et performances est souhaitable, à la condition de se protéger des dérives que cette recherche suscite en discriminant et en reléguant ceux qui progressent plus lentement que les autres. Alors que les idéaux de l’Ecole sont généreux, la compétition scolaire est bien réelle. Ses organisateurs semblent ne pas percevoir ses effets inquiétants ou, au mieux, peinent à limiter ceux-ci. En conséquence, les établissements qui scolarisent la jeunesse la moins favorisée, sont confrontés à des tensions ou des incidents (voir le précédent article) ce qui incite, de façon partisane, des leaders médiatiques à critiquer en incompétence et inefficience les acteurs de ces établissements. In fine, ces faits et ces mots ne pointent-ils du doigt la difficulté des professionnels de l’Ecole à gérer les effets de l’idéologie de la compétition ? En effet, le culte de la performance et de la concurrence exacerbée va à l’encontre du maintien des liens sociaux et de l’intérêt collectif. Il encourage les conduites individualistes ou groupales qui sous-estiment l’importance de la solidarité et de l’entretien du bien commun. Alors que le travail en équipe est la source des réussites scolaires (et d’autres), le milieu enseignant a globalement du mal à l’édifier. Leurs établissements (comme les entreprises), sont donc au cœur d’un champ de bataille qui pose la question des valeurs prioritaires.
 
=> La soumission à des valeurs pernicieuses fait souffrir
 
Si l’institution ne nie pas la souffrance au travail scolaire de ses acteurs, elle n’en dégage pas pour autant une analyse prospective. Divers facteurs sont énoncés officiellement, en soulevant bien des questions : ce sont les changements mal supportés, qui découlent de quel contexte et de quelles injonctions ? L’épuisement professionnel, fruit de quelles contraintes ? Les erreurs de casting qui interrogent les modalités de recrutement et de formation. L’idéalisation inconsidérée du métier et les illusions dans lesquelles sont laissés certains débutants. Le harcèlement hiérarchique qui questionne les objectifs et le rôle de l’encadrement. Des contraintes institutionnelles trop lourdes, au service de quelles valeurs et de quels objectifs ? La crainte des élèves trop proches ou les problèmes de communication qui seraient résolus avec un meilleur positionnement individuel grâce au travail en équipe et l’existence de liens partenariaux. Cependant, ces divers facteurs ne sont-ils pas le résultat d’un processus autrement plus profond et pernicieux, c’est-à-dire celui des injustices et des inégalités criantes qui structurent et traversent de part en part notre société et qu’une compétition exacerbée entretient ? [2] De ce point de vue, nous savons le rôle de l’Ecole qui, en lien avec d’autres dispositifs politiques ou économiques, assure la sélection des élites et la reproduction de la stratification sociale. Partie prenante de ce processus, ses acteurs ne sont-ils pas tiraillés entre, d’une part, des idéaux de progrès et de justice et, d’autre part, des contraintes quotidiennes qui les éloignent de ces idéaux ? La souffrance au travail scolaire des professionnels de l’Ecole vient de cette situation paradoxale. [3]
 
Dans le prolongement du constat précédent, une lecture du fonctionnement individuel est nécessaire. En effet, autant chacun est sensible à sa propre souffrance, autant nous pouvons sous-estimer celles vécues par les autres, et cela d’autant plus que nous sommes en situation professionnelle sous le couvert d’une hiérarchie et d’objectifs qui s’imposent à nous. En ce sens, l’expérience scientifique de Stanley MILGRAM [4] est probante sur « la soumission à l’autorité » et sur la capacité humaine à accepter et à exécuter des ordres et des gestes qui tourmentent physiquement ou moralement autrui sans que cela trouble outre mesure leurs auteurs. L’échec scolaire est un drame existentiel qui marque les élèves concernés et ses conséquences ne doivent pas nous laisser indifférents.[5] Notons que les attaques de l’Ecole et de ses professionnels par une partie des parents prennent en partie leur source dans le désastre que fut leur propre scolarité. Voulons-nous que cela perdure de génération en génération ?
 
=> La souffrance au travail est un processus connu
 
De façon encore plus précise et à l’aide des travaux de Christophe DEJOURS, nous savons que la souffrance au travail implique bien souvent plusieurs acteurs : un ou des responsables englués dans une organisation inadaptée et porteuse d’injustices, des « témoins » (complices passifs ou actifs) et une ou des « victimes ». Des conditions dysfonctionnelles enclenchent ces souffrances qui s’appuient sur un déni collectif des situations. Ce processus/système génère une banalisation du mal. Avec la peur de chacun d’être marginalisé ou licencié si l’on exprime son désaccord, un mensonge collectif enveloppe le travail et les relations professionnelles jusqu’au moment où la situation devient intolérable. Des troubles psychiques ou physiques apparaissent chez certains et des passages à l’acte peuvent aussi avoir lieu. Les suicides récents dans le monde du travail en sont l’illustration. Les responsables et leurs « témoins » (plutôt épargnés) sont piégés par ce processus/système. Ils maintiennent alors l’organisation défaillante en place et les injustices correspondantes. Ils acceptent ou nient le mal fait à l’autre en tenant des discours et des actes qui enferment le collectif dans le cercle vicieux de la soumission à des objectifs inadéquats, à une autorité malsaine et à des fonctionnements individuels ou collectifs nuisibles. Tel serait le schéma en œuvre dans le processus de la souffrance au travail. Notre Ecole, ou tout au moins une partie de ses établissements, ne sont-ils pas touchés de près ou de loin par un tel processus ?
 
=> Le management scolaire ne doit-il pas se démarquer du management néolibéral ?
 
Le processus/système qui génère de la souffrance au travail est d’autant plus présent que les organisations contemporaines ont évolué en encourageant le désir d’autonomie des personnes et leur souhait d’une plus grande responsabilisation individuelle dans le travail. Cette nouvelle forme de management[6] est moins dans la soumission aux ordres donnés que dans celle d’une intériorisation des contraintes libérales dont la résultante est un engagement professionnel librement consenti. Elle piège les collaborateurs qui se retrouvent lourdement responsables de la mise en œuvre des actions dans le cadre d’objectifs et de moyens qui leur sont strictement imposés. Pour certains, c’est la quadrature du cercle qui leur ait demandé de résoudre, d’où la souffrance qui résulte de ces situations. De plus, chez les policiers, enseignants, travailleurs de la santé ou sociaux, une forme de désinstitutionalisation de leur métier est en marche.[7] Elle découle de la nécessité d’un assouplissement des normes professionnelles pour faire face aux problèmes et mutations en cours. Autonomie et désinstitutionalisation tendent donc à pousser chacun à recréer son métier sans qu’un modèle soit clairement établi.[8] Empêtré dans ses propres contraintes, chaque acteur peut être amené à ignorer les difficultés de son collègue ou de son collaborateur, ce qui ne fait qu’amplifier les désorganisations et corrélativement, la souffrance au travail. Si les acteurs de l’Ecole, confrontés à des incivilités ou à des violences, ne réussissent pas à contenir leurs élèves, n’est-ce pas parce que leur profession les enferme dans une autonomie et une désinstitutionalisation qui les atomise et les divise ? N’est-ce pas parce que, seuls devant leurs élèves, ils n’ont pas appris à travailler solidairement et à définir collectivement les solutions aux problèmes qu’ils rencontrent et les objectifs essentiels qu’ils devraient poursuivre ?
 
=> Un système scolaire n’a pas d’autre choix que de réfléchir à son fonctionnement.
 
L’analyse précédente apporte une compréhension aux résultats d’une enquête sur le ressenti de collégiens par rapport à leur scolarité.[9] Un élève sur deux dit avoir souffert d’interpellations et de comportements négatifs (humiliations, mépris …) au fur et à mesure qu’ils avançaient dans leur scolarité. Une précision préliminaire serait nécessaire afin de différencier la part des faits réels de celle des interprétations de ces élèves qui ont pu amplifier ou mal comprendre des paroles ou des gestes de leurs enseignants. Cependant, les résultats sont là et il serait bien utile que les équipes réfléchissent à la genèse de tels faits ou de telles impressions et qu’elles évitent de créer les conditions éducatives et pédagogiques qui président à leur apparition. En effet, ces conditions et ces ressentis concourent à la dégradation du climat dans les établissements et à l’entretien de relations négatives entre les élèves et les adultes qui les encadrent. On ne s’étonnera pas non plus de leur impact fâcheux sur les apprentissages. Une image de soi dévalorisée ou un quotidien continuellement sous tension peut amener à des comportements compensatoires inquiétants (réactions violentes, humiliations d’autrui, dépression larvée ou non, abandon face au travail, etc.). Au-delà de cette approche psychologique, nous dit Pierre MERLE c’est le degré de confiance au sein de notre société et le respect du Droit au sein de l’institution scolaire qui sont interrogés : la confiance dans l’avenir, dans l’Ecole et dans ses personnels qui forment la jeunesse, la confiance dans cette idée que les organisations ne peuvent que s’appuyer sur le respect de la dignité humaine et des lois et règles qui actualisent la primauté de celle-ci[10]
 
A suivre dans un troisième article
La souffrance comme violence faite à soi et aux autres et les changements scolaires porteurs d’un avenir meilleur
 
Didier LESCAUDRON
 
 

[1] Christophe DEJOURS, Souffrance en France, Points, 3ème trimestre 2006 et lire son entretien dans Le Monde du 4 août 2009
[2] Il est intéressant de noter que, dans un entretien au journal Le Monde (25 août 2009), Luc CHATEL, nouveau ministre de l’Education nationale, a indirectement pointé du doigt ces injustices en affirmant : "L’éducation nationale doit être un réducteur d’inégalités".
[3] Notons que les enseignants étant considérés comme des privilégiés, cette souffrance réelle est mal comprise et reste souvent cachée si bien qu’elle se découvre quand les pathologies sont installées (alcoolisme, tabagisme grave, troubles maniaco-dépressifs…), quand elles ont engendré des problèmes personnels et familiaux irréversibles et un point de non retour dans le métier. Lire à ce propos l’article le stress des enseignants dans Sciences Humaines de mars 2009
[5] Les directives récentes données au chef d’établissement concernant le suivi des élèves absentéistes ou de ceux sortis du système éducatif sans diplôme vont, semble-t-il, dans le bon sens d’une prise en compte des difficultés individuelles, à la condition que ces dispositifs d’accompagnement soient à la hauteur de ces difficultés et qu’ils apportent de réelles solutions pour ces élèves
[6] D. COUPASSON, L’Action contrainte. Organisations libérales et domination, Puf 2000
[7] François DUBET, le déclin de l’institution, Seuil 2002
[8] Lire dans la revue Sciences Humaines n°207 bis (septembre 2009), le dossier Malaise au travail, p 8
[9] Lire Pierre MERLE. L’élève humilié. L’école : un espace de non-droit ? Presses universitaires de France. 2005.
[10] « Les profs sont pris dans des interactions agressives, parfois inévitables. Ils ont parfois recours aux humiliations sans en saisir immédiatement toutes les conséquences. Il ne sert à rien d’avoir le dernier mot dans une interaction agressive. Après, la relation éducative est gâchée. Respecter pour se faire respecter. Cette relation personnelle avec chacun des élèves, est le premier pas de la relation didactique. » Pierre MERLE son entretien avec ARTE Une société à l’école qu’elle mérite www.arte.tv/fr/mon-ecole-et-moi/613834,CmC=977920.html
 

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7 réactions à cet article    


  • Daniel Arnaud Daniel Arnaud 26 septembre 2009 13:56

    Le malaise dans l’enseignement provient en aprtie de la « sacralisation » de la parole de l’enfant contre celle du professeur, et sur une tendance démagogique à prendre pour argent comptant ce que dit l’élève lorsqu’il se prétend « humilié », alors que ce n’est pas forcément le cas. Un contrepoint :

    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/un-totalitarisme-dans-la-62171


    • Cléo 26 septembre 2009 14:01

      Article intéressant, documenté, mais comment faire pour réduire cette souffrance ??


      • LESCAUDRON Didier LESCAUDRON Didier 26 septembre 2009 19:08

        @ Daniel Arnaud

        S’il y a « sacralisation » de la parole des élèves, n’est-ce pas parce que les professeurs ne sont pas suffisamment formés, en particulier, à l’analyse de leur pratique mais aussi au travail en équipe pour guider au mieux des jeunes qui assimilent, en dehors de l’Ecole, des paroles et des comportements pernicieux ou inacceptables.

        L’analyse des pratiques pédagogiques et la réflexion collective permettent d’éviter les pièges qui apparaissent quand des situations conflictuelles se profilent à partir d’invectives condamnables telles que celles décrites dans votre article. Ce « pédagogisme », que vous semblez dénoncer, a fait ces preuves dans certains établissements. Malheureusement, il n’est insuffisamment travaillé par les enseignants en fomation et peu pratiqué. 

        Par ailleurs, qui tend démagogiquement à prendre pour argent comptant ce que dit un élève lorsqu’il se prétend « humilié » ? Les parents de cet élève bien sûr, qui défendent leur progéniture face à une institution scolaire qui reste trop distante et ignorante face à ceux qui ne pas correspondent pas au modèle idéal du bon élève.

        Comment peut-il en être autrement quand on sait qu’à côté de ses codes explicités, l’Ecole est aussi régie par des codes implicites que certaines familles n’ont pas. Le manque de dialogue génère ces incompréhensions qui débouchent sur des rapports de force. Le cercle vicieux de violences interpersonnelles se développe alors : aux provocations d’élèves mal accompagnés, des réponses inadaptées voire des propos maltraitants viennent de la part des professeurs. Puis, avec des personnes poussées à bout, l’escalade se poursuit avec des passages à l’acte des uns (les élèves ou leurs parents) ou des autres (les professeurs). L’actualité est régulièrement ponctuée de ces incidents scolaires plus ou moins dramatiques. 


        • Berger 26 septembre 2009 20:20

          Voici un article bien en phase avec la quinzaine de la non-violence et de la paix promue par le collectif de 80 association constituant la « la Coordination française pour la Décenni. de la non-violence et de la paix ».

          Entre le 21 septembre, Journée internationale de la paix et le 2 octobre, Journée internationale de la non-violence, la Coordination française pour la Décennie lance la Quinzaine de la non-violence et de la paix  : 12 jours pour faire entendre votre voix et demander à vos députés de s’engager concrètement pour la non-violence et pour la paix :

          «  Si tant est qu’il existe un » art de faire la guerre « , si la stratégie et la guerre sont étudiées dans les cours d’histoire, il existe bel et bien » un art de faire la paix « , qui n’est abordé en France ni en histoire ni dans aucune autre discipline scolaire mais qui nécessite pourtant des compétences et des outils spécifiques.
           
          La Coordination française demande que l’éducation à la non-violence et à la paix soit intégrée d’urgence dans les programmes scolaires et qu’une formation spécifique soit dispensée aux enseignants. Dans une société du spectaculaire où la violence est perpétuellement mise en avant, les valeurs telles que l’écoute, la coopération, la médiation, la solidarité doivent être enseignées afin de montrer qu’une autre voie est possible. »


          • LESCAUDRON Didier LESCAUDRON Didier 27 septembre 2009 21:54

            Belle idée que celle « d’un art de faire la paix » qui, comme le montre l’histoire, se mêle si facilement à « l’art de faire la guerre ». En effet, la première ne se conçoit qu’avec l’existence de la seconde. En d’autres termes, qui valent l’importance que chacun veut leur donner, les pulsions de vie doivent composer avec les pulsions de mort puisque les unes comme les autres mobilisent l’humanité. Le XXème siècle en particulier est là pour en témoigner.

            S’il est essentiel d’enseigner classiquement l’histoire des guerres et des stratégies qui président à leur apparition, pour prévenir leur retour désastreux, il est encore plus important non pas d’enseigner « l’art de faire la paix » mais de le faire vivre (qui est une autre manière de l’enseigner). Les pédagogies modernes (Freinet, institutionnelle, etc) ,n’en déplaisent à leur détracteurs nostalgiques de temps révolus, ont fait leur preuve en sens.

            Notons toutefois que les pulsions de mort dominent encore l’institution scolaire puisqu’elle a du mal à concevoir ou à accepter les changements dans lesquels la solidarité et la créativité occupent une place égale à celles de la compétition et de la répétition. 

            L’ennui est qu’elle


          • Annie 26 septembre 2009 20:51

            La sacralisation de la parole de l’enfant n’est-il pas le pendant de la dévalorisation du métier d’enseignant ?


            • LESCAUDRON Didier LESCAUDRON Didier 27 septembre 2009 21:01

              « La sacralisation de la parole de l’enfant n’est-il pas le pendant de la dévalorisation du métier d’enseignant ? » Sans doute,

              Dans notre société marquée par la montée de l’individualisme ostentatoire, la dégradation des liens sociaux, l’évanouissement des solidarités et la disparition des idéaux du XXème siècle, une partie des parents en sont venus à focaliser principalement leur attention sur leur progéniture. Cette dernière porte leur espoir de réussite qu’eux-mêmes n’ont pu réaliser. La parole de leur enfant prend alors une importance (qui pousse celui-ci vers la toute-puissance), d’autant que l’Ecole, que bien souvent ces parents connaissent peu, n’a pas de grâce à leurs yeux sutout quand elle a du mal à s’adapter à la singularité de leur cher bambin.

              Par ailleurs, le temps de l’instituteur ou du professeur, notables dans leur village ou dans leur sous-préfecture est révolu. Critiqués par des leaders d’opinion, jalousés par des professions moins bien loties en temps de vacances, méprisés par les nouvelles élites, montrés du doigt au moindre faux pas, les enseignants doutent et en viennent à rester replier sur eux-mêmes au lieu de travailler à la reconnaissance de leur mission, à l’explication de la complexité de leur métier et au partage de la co-éducation que l’évolution contemporaine des mœurs impose.

              Il y a donc une forme de cercle vicieux qui s’entretient entre d’une part des comportements insupportables d’élèves et d’autre part des enseignants qui, fragilisés par les premiers, ont des difficultés à faire un métier auquel ils ont été mal préparés.

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