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Accueil du site > Tribune Libre > La Suisse votera à nouveau sur l’avortement

La Suisse votera à nouveau sur l’avortement

La Suisse devra bien se prononcer à nouveau sur l'avortement. Actuellement l'IVG est légal et remboursé par l'assurance maladie de base. Une initiative sera soumise au peuple dans un proche avenir. Elle n'appelle pas à rejeter l'avortement en lui-même mais propose de le retirer de l'assurance de base.

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J’ai déjà proposé deux billets sur ce sujet (ici et ici) et les échanges qui les ont suivi, ainsi que d’autres débats médiatiques, m’ont permis de me situer.

Il faut d’abord écarter les arguments qui ne sont pas justes. L’initiative ne remet pas en question l’avortement lui-même. Le fait est qu'elle est proposée par des milieux évangélistes. Les milieux religieux sont en général opposés à l’interruption volontaire de grossesse. C’est dans la logique de leurs convictions et il n’y a rien à redire à cela.

Je lis parfois des propos assez dur, traitant des initiants de “réactionnaires”. Ce terme n’a pour moi aucune valeur, pas plus que progressiste. On est réactionnaire par rapport à un état de fait contre lequel on réagit, c’est tout et c’est aussi normal qu’autre chose. Ce qui était le progrès hier devient le passé aujourd’hui. Tout change. Et rien ne dit que ce que l’on qualifie de progressiste soit automatiquement meilleur, ou simplement bon pour l’humanité. Les étiquettes ne font jamais arguments.

Un autre argument est que toutes les femmes n’ont pas les moyens de payer une assurance complémentaire et donc que les femmes moins aisées pourront difficilement supporter les coût de l’IVG. Cet argument n’est à mes yeux pas valable. D’une part les complémentaires sont peu onéreuses en général, et le coût de l’IVG n’est pas inaccessible. On pourrait aussi solliciter le compagnon, la famille, un service d’aide, qui prendraient en charge tout ou partie du coût. C’était ainsi avant qu’il ne soit remboursé par l’assurance de base et cela n’empêchait pas les femmes d’avorter, et parfois de le faire à l’étranger quand une législation était trop restrictive dans leur pays.

Je m’étais questionné sur le bien-fondé du remboursement dans la mesure ou une grossesse n’est pas une maladie et son interruption est un choix, pas une contrainte. A quoi l’on m’a répondu que la grossesse en elle-même n’est pas non plus une maladie et qu’elle est bien remboursée par l’assurance de base. On pourrait alors dire que la médicalisation de la grossesse vise à préserver la santé de la mère et du futur enfant. Mais l’avortement médicalisé vise aussi à préserver la santé de la mère. On sait le nombre de femmes décédées ou rendues stériles par des avortements illégaux, mal faits, dans le passé.

On peut aussi se dire que l’interruption d’une vie est immorale, mais cela relève de la foi et non de la médecine. On pourrait alors ajouter, si l’on est croyant, que l’on ne veut pas payer pour interrompre une vie. A quoi on peut répondre que l’on paie par solidarité ou mutualité pour les maladies de gens qui fument, ou qui mangent trop, etc. La mutualisation sert d’abord à assurer les soins. C’est une position solidaire et pragmatique. Nous n’avons pas à choisir les malades pour lesquels nous voulons payer.

Enfin on peut regretter que l’IVG soit parfois une solution de facilité dans un défaut de contraception ou dans une relation peu établie. A quoi l’on peut enfin répondre que nous ne sommes pas dans la conscience des gens pour décider à leur place de la valeur de leur décision. De plus le nombre des avortements n’a pas augmenté mais au contraire s’est stabilisé. C’est un signe encourageant.

Au vu de tout cela je décide de dire non à cette initiative. Je privilégie le réalisme et la simplification des choses pour les femmes, rejoignant en cela la décision populaire qui avait accepté l’IVG.

Je pense cependant qu’il faut faire au mieux pour :

- d’une part éviter les grossesses non désirées, car un avortement n’est pas une partie de plaisir. C’est une décision qui doit être digérée et cela peut prendre du temps ;

- d’autre part éveiller les partenaires à être co-responsables des relations amoureuses et de partager le risque avec leur compagne en le prévenant ; dans la mesure du possible l'homme doit être concerné par cette décision. J’avais abordé l’aspect inégalité femmes-hommes sur cette question de l’IVG, l’homme n’ayant en général aucun pouvoir de décision. Il est clair que la situation n’est pas symétrique puisque c’est la femme qui porte l’enfant. Mais elle le redevient après la naissance où les vies de l’homme et de la femme sont également engagnées. Je ne reprends pas ici cet argument que je juge ici secondaire.

On sait que l’IVG est une épreuve pour beaucoup de femmes. La relative simplicité de l’intervention ne rend pas compte de ce qui se passe en elles. Je sais aussi, même si c’est moins documenté, que l’avortement n’est pas simple pour l’homme. Personnellement j’ai eu une compagne qui a avorté. Je ne savais que faire et j’estime avoir été lâche dans ce cas. Des années après j’ai réalisé combien cette décision m’avait durablement déstabilisé dans mon engagement.

Dans l’objectif d’éveiller les compagnons, une revalorisation de la place du père et de ses attributions me semble de nature à rendre les hommes plus conscients de leurs engagement dans une relation.

Je voterai donc non à cette initiative afin de garder le remboursement de l’IVG par l’assurance de base comme actuellement. Tout en souhaitant qu’un jour il n’y ait plus besoin de l’IVG.

Ce genre de débat ne devrait en tous cas pas faire l'objet d'anathèmes politiques. Le sujet est trop sérieux. Il faut aller profondément dans la réflexion, et cela prendra peut-être plusieurs générations. Et à un moment donné il faudra dire : "C'est ainsi", il faudra prendre une décision philosophique et s'y tenir. Est-ce le début du développement de l'embryon dans les premières heures qui donne la personnalité juridique - donc l'appartenance à l'humanité ? Ou est-ce le moment où le foetus peut survivre hors du ventre de sa mère ?

La naissance à la qualité de "personne" se situe quelque part entre l'un et l'autre.


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15 réactions à cet article    


  • Surya Surya 11 mai 2012 10:02

    Bonjour hommelibre,

    Ce qui est inquiétant, c’est qu’on l’on peut penser que ce premier vote, qui n’a pour objet « que » de retirer l’avortement de la liste des interventions chirurgicales remboursées par l’assurance de base, pourra être suivi dans quelques années par une nouvelle offensive des milieux religieux pour faire interdire le remboursement par les assurances complémentaires, puis faire purement et simplement interdire l’avortement lui même. On peut le prendre comme une première étape, car pourquoi s’arrêteraient-ils là, puisque cela ne va pas au bout de leurs convictions ?

    Il faudrait que le remboursement ou non remboursement de l’avortement ne soit pas appliqué de la même façon à toutes les femmes. Admettons que soit acceptable l’idée en général de ne pas rembourser l’avortement, cette idée est acceptable en effet s’il s’agit d’une jeune fille ou femme qui se sert manifestement de l’avortement comme moyen de contraception, et il y en a (je pense qu’il doit plus s’agir de jeunes filles, mais ce n’est qu’une opinion personnelle, voire un préjugé, car je n’ai rien lu sur la question), certes l’erreur est humaine, mais les contraceptifs ça existe (et rappelons, juste au cas où, que le préservatif a également l’immense avantage de préserver du sida) mais ce non remboursement ne devient plus acceptable s’il s’agit, comme vous le dîtes, d’avortement médicalisé pour protéger la vie de la femme, ou dans le cas d’une jeune fille ou une femme qui a été abusée et est tombée enceinte en conséquence. Pourquoi refuser le remboursement dans ces deux cas ?

    Le seul fait que les religieux ne semblent pas vouloir prendre en compte ces deux cas de figure montre bien qu’à mon avis ils ne vont pas s’arrêter là à l’avenir.

    J’ai l’impression que la stratégie des religieux, de nos jours, est plus d’y aller par petites touches qu’en y mettant le paquet trop vite. On fait plus facilement avaler une mauvaise soupe si on vous la sert à la petite cuillère plutôt qu’à la louche.


    • hommelibre hommelibre 11 mai 2012 13:12

      Bonjour Surya,

      Votre analyse est peut-être pertinente, en effet. Mais je reconnais aux religieux le droit de s’opposer à l’avortement au nom de leurs convictions. C’est alors à d’autres considérations médico-sociales qu’il faut faire appel. En Suisse l’avortement a été légalisé il y a une dizaine d’année par 72% des votants. C’est dire si le peuple l’a accepté. Il n’y a donc quasiment aucune chance que cette initiative passe.

      Je ne sais pas si le risque de grignotage par petites touches est réel et jusqu’où il peut aller. Mais je trouve utile que l’on redébatte parfois des grands sujets, ne serait-ce que pour rafraîchir les esprits et rappeler pourquoi ce choix a été fait.


    • Surya Surya 11 mai 2012 13:30

      Je reconnais aussi aux religieux, et pas seulement à eux bien sûr, le droit d’avoir des convictions, ce n’est pas cela le problème, mais dans ce cas, si on a des convictions, on est logique avec soi-même et on les assume. Ils sont contre l’avortement lui-même, pourquoi ne pas demander de façon franche, honnêtement et sans hypocrisie, l’interdiction de l’avortement ? Parce qu’ils savent qu’avec 72% votés il y a dix ans, ça ne passerait pas. S’ils pensaient que ça pourrait passer, je crois qu’ils le demanderaient. C’est pour cela qu’ils demandent un doigt, arguments à l’appui, puis demain, lorsqu’ils auront l’impression que la société est prête à les entendre, ce sera peut être une main, etc... Comme vous le dîtes dans votre article, le progrès d’hier ou d’aujourd’hui peut être le passé de demain, et c’est inquiétant.

      On demande aux Suisses de voter pour choisir entre deux positions extrêmes. Je pense qu’il faut trouver un juste milieu, au cas par cas, entre tout rembourser pour tout le monde, et ne plus rien rembourser pour personne.


    • Hublot 11 mai 2012 10:14

      Je pense que contrairement à ce qui semble acquis dans les consciences, le droit à l’avortement à stoppé dans les années 70/80 l’évolution vers l’égalité hommes-femmes. C’est une invention libérale (ce n’est pas un hasard s’il a été décidé sous Giscard) que les socialistes, en devenant les bisounours d’aujourd’hui, ont accepté naïvement au nom d’un nouveau gadget pour favoriser l’égalité homme-femme.
      En réalité, que dit-on derrière ce droit ? Les femmes ne peuvent être égales aux hommes que si elles se masculinisent, jusque dans la planification de leur vie.
      La vérité de l’avortement, c’est de dire à une gamine de 15 ans pas mauvaise à l’école :
      « ma petite, de nos jours tu as le droit de t’envoyer en l’air dès que tes hormones te le disent, mais par contre bien sûr fais attention : si tu tombes enceinte avant 28 ans, ta carrière professionnelle est foutue pour toujours, tu seras condamnée à faire t’occuper de l’intendance du foyer. Si tu veux être une working-woman, il faut avoir les dents longues ne pas penser à ces choses. Si jamais malgré les contraceptifs tu tombes enceinte, nous te conseillons vivement de te faire avorter ! »
      Et la réplique socialo-psycho c’est : « Tu sais ma petite, un enfant, c’est un évènement très important ! Il faut lire des tas de bouquins pendant la grossesse pour savoir comment s’occuper du bébé, il vaut mieux arrêter de travailler pendant les premiers mois, ça prend du temps un petit bout d’chou, avec ce monde libéral t’es pas sure de trouver une crèche, bien sûr peu d’entreprises et aucune université ne permet de s’en occuper sur place... »
      Donc tant que la société fabriquera, comme « femmes modernes », soit des petites Tatcher soit des lectrices d’Anna Gavalda, je serais pour l’avortement parce que ce n’est pas de leur faute, c’est comme ça on ne peut rien y faire. L’avortement n’est pas la cause du problème mais une des conséquences. Mais dans mon monde utopique, l’avortement n’existe plus. Le mariage et l’adoption des gays oui, comme la contraception, la peine de mort abrogée... Mais l’avortement n’existe plus.


      • hommelibre hommelibre 11 mai 2012 13:16

        Je vous comprends sur le souhait que l’avortement n’existe plus. Cela demandera encore du temps et beaucoup de prévention. Sur le lien que vous faites avec la masculinisation des femmes, il y a matière à réflexion. C’est vrai que l’avortement peut entrer dans la dynamique de carrière. Je vais continuer à réfléchir à votre commentaire, il m’intéresse.


      • Nangala 11 mai 2012 23:19

        Pourquoi, c’est interdit de s’envoyer en l’air à 15 ans ? 


        Y a-t-il une loi naturelle qui interdise aux femmes d’être nullipares avant 28 ans autrement qu’en rentrant au couvent ????

        Les femmes peuvent-elles être autre chose que des (petites) Tatcher ou des lectrices de Gavalda ? 

        Et si on est une femme de plus de 28 ans sans enfant qui lit Flaubert et hait toutes fibres confondues Tatcher et Sarkozy, est-on encore une victime consentante du libéralisme ambiant ? Quid des femmes (ou des filles) qui tombent enceintes suite à un viol ? Les mères en retour de couches ? Celles qui comme moi (nombreuses) ne supportent pas la pillule pour des raisons bassement endocriniennes ? Que penser de ces moyens de contraception dont la distribution est arrêtée parce que pas assez rentables ?? 

        Jamais lu un tel ramassis de conneries !

        Au lieu de vous contenter de débiter un ramassis de clichés éculés sur les femmes, vous feriez mieux de vous relire et de vous demander pourquoi la moitié de l’humanité serait différente de l’autre.


      • Hublot 12 mai 2012 19:56

        Je n’ai jamais dit que c’est interdit, je m’en fous ! Et il y a des multitudes de filles/femmes dans le monde qui sont ni dans l’une ni dans l’autre catégorie.
        Et dans mon message je dis bien que dans l’état actuel des choses je n’irai jamais à une manif contre l’avortement mais je pense que si j’avais engrossé une fille à 16 ans et qu’elle avait avorté je me serais jeté dans la Seine. De toute façon ça n’est pas arrivé parce que j’avais pas de copine à 16 ans et puis voilà.


      • jymb 11 mai 2012 11:12

        Au moins chez les Suisses on peut donner son avis. Leurs choix peuvent nous surprendre, mais c’est le choix réellement de la majorité.


        • hommelibre hommelibre 11 mai 2012 13:13

          Oui, c’est une des grandes qualités de la démocratie en Suisse.


        • joletaxi 11 mai 2012 15:46

          et oui, si le referendum reste l’arme ultime de la démocratie, il arrive que le peuple se prononce à rebours des beaux penseurs.
          Que n’a-t-on lu sur la consultation à propos des minarets, ou du secret bancaire .

          Je ne suis pas sur qu’ici, l’on soit prêts à se plier à la « vox populi » ?
          Les Suisses on une longue tradition de cette pratique, nous aurons besoin de temps, à supposer que l’on y arrive un jour, ce qui me paraît inévitable,vu l’état de décompsition de notre représentation démocratique


          • hommelibre hommelibre 11 mai 2012 16:11

            Pas sûr, en effet. La longue tradition jacobine, centralisatrice du pouvoir, ajoutée à l’ancrage dans le clivage gauche-droite, rendent la chose difficile. Pourtant ce serait une bonne chose de sortir du clivage, il me semble.


          • Aiane Aiane 11 mai 2012 17:42

            Bonjour,

            Cette initiative est complètement démago et digne d’arriérés mentaux du style MLP. Depuis la dépénalisation puis le remboursement de l’IVG, les avortement ont tendance à stagner, voire à diminuer en Suisse.


            Cela démontre que seules prévention et discussions avec les jeunes peuvent résoudre le problème et certainement pas une forme de punition pour celles qui « ont fauté ».

            Je rejoins donc votre article en ce qu’il affirme qu’il est nécessaire de responsabiliser les « pères » dans ce problème.




            • Nangala 11 mai 2012 23:03

              Statistiquement, l’avortement concerne quasiment toutes les femmes, et cela n’a rien à voir avec un défaut de contraception. C’est un accident de la vie qui concerne la moitié de la population. Cela va de l’inceste, en passant par le viol, le retour de couches, les accidents contraceptifs et fait partie intégrante de la vie des femmes, aussi déstabilisant cela soit-il. Vos compagnes ont avorté, mais aussi vos mères, vos soeurs, vos filles - simplement vous ne le savez pas. 


              Il y a une IMMENSE et DEGUEULASSE HYPOCRISIE à vouloir dérembourser un tel soin, sachant que c’est, de toute façon, un premier pas vers l’interdiction. Si les religieux ne veulent pas payer pour l’avortement, ce que je peux comprendre (ou pas), ils n’ont qu’à se tirer ailleurs. 

              PS : j’ai vécu dans une famille d’ultra-fondamentalistes chrétiens qui ont empêché une petite fille de 12 ans victime de viol de se faire avorter parce que c’était la volonté de dieu (son viol, et que son enfant ait le sourire de son bourreau). J’en garde, 20 ans après, la haine absolue de tous ces trous du cul de religieux (évangelistes, et oui, déjà) qui se disent dans le droit chemin de dieu et ne sont même pas capables de faire montre de la plus élémentaire CHARITE.

              • Vinvin 12 mai 2012 00:23

                Bon, l’ avortement ne m’ est pas un problème. Ce que j’ aimerais savoir en revanche, c’ est si l’ h euthanasie est autorisé ???...


                Compte tenu de’ mes problèmes actuel de santé, je me sens plus concerné par l’ euthanasie que par le reste.



                BOURGADE.




                • Tonio 12 mai 2012 10:07
                  ".. On peut aussi se dire que l’interruption d’une vie est immorale, mais cela relève de la foi et non de la médecine...« Pas du tout, cela relève du code pénal, tout simplement et de la morale de base dans la société occidentale ! La foi donne à croire »..que la vie est un don de Dieu, donc sacré..« mais non qu’il est interdit de tuer. Le très ancien concept de l’intangibilité de la vie humaine a été bien souvent malmené, et ce, même par des médecins, pourtant a priori défenseurs de la vie ; combien de fois n’a-ton pas discuté sur »LE commencement de la vie" pour faire passer une loi ? le paradoxe de nos concitoyens est qu’ils sacrifient sans vague à l’âme les petites vies de foetus, mais déboursent des millions pour faire mettre au monde les enfants pour des couples stériles ! Quelle incohérence au nom du droit à tout, tout de suite ! Finalement que voulez-vous sauvegarder ? la vie, la morale ? la vie sans la morale ? 

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