La valse des roms et des principes républicains
Deux phases de notre ministre de l'intérieur, concernant la situation et les droits des Roms, ne passent pas au regard de nos principes universalistes et des traités européens. Je veux montrer ici en quoi nous risquons de nous perdre à suivre leur pseudo logique.
1), « Ces populations (Roms) ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres [...]. C’est illusoire de penser qu’on réglera le problème des populations roms à travers uniquement l’insertion. »
2) « les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie ».
Ces deux propositions sont en effet pour un républicain tout à fait inacceptables :
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Le constat que des populations vivent dans des conditions misérables et indignes qui leur interdisent pratiquement en tant qu'étrangers européens discriminés, de travailler et de vivre aux côtés de français « propres sur eux » et qui n'acceptent pas leur misère, ne justifient en rien que l'on décrète qu'ils soient uniques responsables de leur misère et encore moins qu'ils soient tous également criminels. La dite criminalité de certains est , du reste, due aussi en partie au fait de cette misère. Pas plus que le fait de constater qu'ils sont pour le moment nomades ne doit leur interdire de devenir sédentaires, s'ils le désirent, ici ou dans d'autres pays européens , comme le stipule expressément les traités européens qui leur accordent droits égaux à la libre circulation et d'établissement . De plus, quand bien même ils désireraient rester nomades, ce qui, en France et en Europe , relève du choix libre des personnes accordé à tous les gens du voyage français et étrangers européens, rien ne doit faire de cette possibilité un destin collectif que nous serions autorisés à leur imposer du fait de leur supposée origine ethnique et/ou géographique.
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Ainsi affirmer que des individus seraient collectivement appelés à vivre là d'où ils viennent , alors même qu'en ces lieux et contrées ils sont victimes de discriminations dénoncées par toutes les instances européennes, ne justifient pas que nous les condamnions à l'expulsion et que nous entretenions à leur égard les discriminations dont ils sont victimes dans leurs pays d'origine et qui expliquent en partie le fait qu'ils viennent en France.
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Leur situation appelle au contraire, pour tous les républicains en Europe, que des mesures d'intégration en tant que sédentaires ou nomades et cela dans tous les pays européens sans exception, leur soient concrètement proposées , d'abord dans des logements décents comme le dit une récente circulaire du gouvernement encore trop peu appliquée. Ce droit à l'évidence implique de leur part des devoirs, mais son absence même compromet ces derniers.
Les propos du ministre de l'intérieur sont démagogiques et populistes en cela qu'il ne reconnaissent aucun droit à ces populations de s'intégrer, au nom de la difficulté de leur situation de fait présente. Monsieur Valls passe en effet d'un constat de fait , une non intégration actuelle, à une soi-disant intention collective de ces personnes à s'intégrer, pour prétendre, en forme de fausse conséquence, refuser un droit républicain à le faire dans des conditions légales. Ce raisonnement sophistique est indigne d'un ministre qui se gargarise du droit républicain pour couvrir des agissements et propos indignes de l'esprit même de ce dernier.
A vouloir transformer le droit républicain en droit à la discrimination, ces propos ne peuvent qu'alimenter le discours prétendument républicain du Front National en faveur de la préférence nationale.
Sommes-nous si peu sûrs de nos convictions et si opportunistes pour ainsi faire une telle surenchère xénophobe,afin de gagner, sur cette base, à terme contre-productive car le Front National fera toujours mieux que nous dans ce domaine de discours, les élections communales prochaines face au Front national et à ses émules dans le droite dite républicaine ?
Si aucun débat dans le PS et au gouvernement de gauche qu'il soutient ne permet de mettre en cause des propos indignes de nos principes, cela veut-il dire que ce parti a perdu sa boussole de gauche ?
Je ne veux pas le croire, alors débattons-en, avant qu'il ne soit trop tard ! Mais si, par malheur, un tel débat était dans le parti occulté ou étouffé en vue de rendre impossible toute prise de position claire à ce sujet, je me réserve le droit de publier mon indignation d'adhérent socialiste devant une telle dérobade.
Sylvain Reboul, adhérent de base au PS.
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