Le 8 mars à travers les yeux d’une femme
Aujourd’hui, 8 mars, journée de la femme. Aujourd’hui, on respecte les femmes, on reconnaît haut et fort leurs compétences et leurs talents, on s’incline devant elle et on leur offre des roses parce que ça fait chic de fêter sa femme, sa mère ou sa voisine la journée de la femme. Aujourd’hui parce que je suis une femme, on m’a offert une rose Marie Claire parce que ce sera joli dans ma chambre d’étudiante et parce que ça financera la scolarisation d’une petite fille. De quoi me ravir et me faire énormément plaisir ! Mais demain ? Demain, on ne m’offrira pas de roses et demain on s’en fichera de savoir si toutes les petites filles du monde sont scolarisées. Pourtant moi, c’est demain qui m’intéresse.
Demain, peut-être qu’une femme va mourir des suites des violences conjugales répétées dont elle est la victime. Il en meure une tous les 4 jours en France. Peut-être que ça sera une femme que vous ou moi nous avons croisés dans la rue, la voisine du dernier qui avait il y a une semaine un bleu sur la joue. Une femme sur 10 souffre de ce type de violences et tous les milieux socioprofessionnels sont touchés. Demain, peut-être qu’une petite fille sera violée en Afrique du Sud pour la énième fois. 52 000 viols sont perpétrés chaque année dans ce pays selon les chiffres officiels qui sont d’après les associations 20 fois inférieur à la réalité de la situation. Pour revenir à ma rose Marie Claire juste en face, 2/3 des enfants non scolarisés sont des filles. Et pourtant, il est prouvé que l’éducation d’une fille baisse la mortalité infantile et conduit peu à peu au développement des PMA car cette fille, une fois femme et mère, saura lire la posologie d’un médicament, comprendra la notice d’utilisation d’un préservatif ou l’intérêt d’un vaccin pour ses enfants.
Et il y aurait tant de point à soulever encore, tant d’inquiétude pour le futur, lorsqu’on est femme même quand on habite un pays développé et égalitaire comme la France. Est-ce qu’on va me permettre d’accéder au filière que je veux dans mes études ? Les enseignants seront les premiers à dire aux parents que les filles sont généralement plus studieuses, plus attentives et plus soignées dans leurs études. Pourquoi alors ces mêmes enseignants vous diront que vous ne devriez pas prendre une option industrielle au lycée parce que ce sera pénible et que vous y serez la seule fille ? Pourquoi les conseillères d’orientation vous effrayent avec des histoires de racket et de viols dans ces sections ? Plus tard, courageuse et déterminée, la jeune fille prendra l’option malgré tout pour y découvrir un monde de l’industrie enrichissant, plein de curiosité et où chacun vous accueille à bras ouvert qui a en faire trop parfois (cf. ma rose Marie Claire) Puis elle ira en classe préparatoire aux grandes écoles scientifiques non sans peine puisque son professeur de physique pense que ce n’est pas fait pour les filles. Elle aura son diplôme des années après mais là, l’angoisse reprend. Est-ce que je vais trouver un travail à la hauteur de mes compétences ? Chacun sait que la parité fait défaut dans les postes hautement qualifiés. Pourtant il y a autant si ce n’est plus de bachelière que de bachelier. Et comment expliquer qu’à travail égal, une femme soit payée 15% de moins qu’un homme dans l’Union Européenne ?
La parité et l’égalité des sexes, ça n’est visiblement pas encore pour ce 9 mars ni pour les jours qui le suivent et la journée internationale des femmes crée pour lutter pour l’obtention de droit de vote a encore bien des missions à remplir aujourd’hui. Croyez-en une femme.
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