Le BHL cinéaste est-il un Kubrick incompris ?
BHL au théâtre, c'est visiblement mitigé. Quid du cinéma alors ?
L'homme à la chemise blanche semble ne pas avoir convaincu avec sa dernière pièce. Que penser du cinéaste ? Il a réalisé deux films, que nous proposons de resituer dans leur contexte.
Le jour et la nuit
Le film avec Alain Delon, Lauren Bacall et Arielle Domsbale sort en 1997. Il est depuis considéré par les spécialistes du genre (voir par exemple l’excellent site Nanarland) comme une des oeuvres les plus drôle, à son propre insu, jamais réalisées. Relisons quelques critiques de l’époque : « Plus mauvais film depuis 1945 » (Cahiers du cinéma) « BHL pédale dans le guacamole. Tourné au Mexique, le Jour et la nuit aborde quelques thèmes essentiels avec la légèreté d'un bulldozer. » « Débacle absolue » (L’Humanité) « Palme du grotesque » (Express) Même Claude Chabrol s’en mêle : « C’est le film le plus con de l’année ». Malgré un échec en salle retentissant, son auteur ne regrette rien et y voit plutôt des masses mal préparées : « Pour Le Jour et la Nuit, si je regrette une chose, c'est d'avoir été un peu… mégalo. J'ai fait trop grand, trop fort, trop beau, trop tout… L'erreur était probablement là » déclare-t-il à Bernard Pivot sur le plateau de Bouillon de culture. Le combattant bosniaque ira même jusqu’à commettre un livre (« Comédie ») de réhabilitation de son film, où il détaille tout le bien qu’il en pense.
Le serment de Tobrouk
Produit par Arte, c’est à dire directement ou indirectement par de l’argent public, le film – un immense monologue hagiographique où est démontré que le général BHL a sauvé la Lybie - est présenté à Cannes en 2012, dans un silence gêné, tant il est manifeste qu’il n’a rien à y faire. L’opus va être dans la foulée un bide monumental : Le public, ignare, ne suit pas le grand homme, 2450 entrées, et une sortie précipitée des salles ! Que s’est-il passé ? A la sortie du chef d’œuvre annoncée, les critiques n’ont pas relayée l’enthousiasme qu’un travail de cette trempe devrait inspirer ; elles oscillent entre la stupéfaction et le sarcasme : "A vrai dire, Le Serment de Tobrouk n'est pas tant un film sur la Libye ou sur la grandeur des révolutions qu'un autoportrait de l'auteur en Superman sauvant le peuple libyen, la démocratie et le monde libre" (Inrockuptibles) "OSS 117" a trouvé un sérieux challenger" (Ecran Large) "Elle est plus que jamais d'actualité, cette vieille blague qui avait accompagné la sortie du premier film du philosophe entarté : quelle est la différence entre BHL et le cinéma ? Réponse : c'est le jour et la nuit" (Cahiers du cinéma) "Un homme-héros qui se met en scène" (Le Parisien)…. Et on pourrait continuer ainsi longtemps.
Résumons : BHL cinéaste n’a pas été reconnu. Heureusement il reste l’œuvre écrite. Mais c’est une autre affaire…
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