Le chômage aussi est soluble dans le sarkozysme...
Donc la présidence Sarkozy sera une présidence absolue... « Il veut tout contrôler, tout diriger (...) Il veut tout dévorer, tout absorber, tout broyer, tout digérer » affirme François Hollande lors du meeting socialiste au Zénith de Paris ce mardi soir. Face à ce pouvoir vorace, pas de doute, le chômage va rapidement disparaître... Pourquoi ? Mais tout simplement parce que Sarko nous l’a promis... Le taux de chômage sera bientôt de 5 % et le temps de la France du plein emploi sera enfin là. D’ailleurs, ça commence déjà... Le chômage commence à être englouti...
Les médias nous le ressassent depuis hier soir : le taux de chômage, en baisse de 0,1 %, s’établit à 8,2 % à la fin du mois d’avril ; le nombre de chômeurs de catégorie 1 est désormais de 2 011 300. Le mois prochain, promis juré, on passe sous la barre symbolique des 2 millions. Et là, grosse opération de com à prévoir, le « travailler plus pour gagner plus » produit déjà ses effets... Le travail est revalorisé et le Sarko tout excité est au 20 heures de TF1 pour célébrer l’événement...
Et pendant ce temps là se tiennent des « Etats généraux des chiffres du chômage et de la précarité ». C’était ce mardi après-midi à Paris. C’était organisé par le collectif ACDC (Les autres chiffres du chômage), par des syndicats du ministère de l’Emploi, de l’Insee et de l’ANPE, et par des associations de chômeurs (AC !, MNCP). On y a entendu des propos qui ne s’inscrivent pas vraiment dans le sarkozysme ambiant. Florilège.
« Le taux de chômage est un indicateur de moins en moins pertinent pour juger de l’efficacité du marché de l’emploi en raison d’une porosité croissante entre le chômage et d’autres catégories comme les RMistes ou les personnes en invalidité » affirme, en substance, Raymond Torrès, économiste à l’OCDE. « Il faut arrêter de publier ces chiffres tous les mois et se concentrer sur les statistiques trimestrielles de l’enquête Emploi de l’Insee » surenchérit Esther Duflo, économiste au MIT (Massachusetts Institute of Technology) qui enfonce le clou : « Les évolutions mensuelles n’ont pas grand-chose à nous dire sur l’efficacité des politiques publiques, mais dépendent surtout de variations saisonnières et d’évolutions macroéconomiques (...) L’attention portée à ce chiffre tous les mois conduit les hommes politiques à décider des actions qui vont avoir un effet immédiat, même s’ils savent que ce ne sont pas les bonnes politiques ».
La plupart des intervenants de ces « états généraux » ont contesté l’intérêt d’une publication des chiffres du chômage tous les mois et ils ont dénoncé les effets pervers d’un "bruit médiatique" mensuel qui ne dit rien, entre autres, de la précarisation de l’emploi ou de sa rémunération.
Ces contestataires ont proposé une alternative : il s’agit de faire de l’enquête Emploi de l’INSEE « le pivot de l’information statistique en matière de chômage ». Rappelons que les chiffres du chômage publiés mensuellement sont issus des demandeurs d’emplois inscrits à l’ANPE, tandis que l’enquête Emploi de l’Insee, réalisée chaque trimestre, repose sur des entretiens avec 75.000 Français sur la base de la définition du taux de chômage du BIT (Bureau international du Travail). Cette enquête emploi est « la seule source permettant de fournir simultanément les informations sur l’emploi et sa qualité qui sont indispensables pour interpréter les évolutions du chômage », affirme le communiqué de presse diffusé par ACDC.
Plusieurs intervenants ont proposé la création de nouveaux indicateurs visant à quantifier et à qualifier des phénomènes aussi divers que le déclassement, la précarité, la sous-rémunération ou même les conditions de travail. L’ensemble de ces données permettrait de mesurer l’emploi inadéquat. « Ces nouveaux indicateurs sont indispensables pour mettre fin aux politiques de l’emploi qui ont privilégié depuis trente ans les contrats aidés avec des bas salaires et des contrats flexibles » estime Thomas Coutrot, du collectif ACDC. Pour lui, « la réticence des cabinets ministériels à faire évoluer le calcul du chômage tient au fait que les ministres n’ont pas envie d’être jugés sur la hausse des indicateurs de précarité, quelques mois après avoir fait baisser ceux du chômage ». La réussite de la communication n’a vraiment pas de prix...
« Quels indicateurs pour quelles politiques publiques ? » interrogeait la dernière table ronde des états généraux... Là, le vrai problème c’est que Nicolas Sarkozy a déjà répondu à cette question. Il l’a son indicateur au service de sa politique. C’est même l’indicateur idéal... Il s’agit tout simplement de l’actuelle catégorie 1 des demandeurs d’emploi qui permet de rendre invisible le nombre de chômeurs. Un indicateur aisément malléable dont l’efficacité n’est plus à prouver. S’il n’existait pas déjà, Nicolas Sarkozy l’aurait sans doute inventé cet indicateur rêvé... Nul doute qu’en continuant à médiatiser des statistiques arrangées ne correspondant pas à la réalité, il sera aisé d’afficher bientôt 5 % de chômeurs et donc... le plein emploi !
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