Le conspirationnisme et l’art d’avoir toujours raison
Qu'est-ce qu'être conspi si ce n'est d'imiter celui qui a toujours raison ? Nous avons tous dans notre vécu l'image de celui qui produit de fines analyses politiques et sociales, un mélange subtil entre un Alain Soral et un François Asselineau, entre un punk irrévérencieux et un père de famille respectable. Le lourd existe dans la pensée française, nous sommes de vrais petits cartésiens en puissance.
L'exemple Asselinien
Les médias mainstream le désignent quasiment comme le conspirationniste par excellence. Cela distille l'idée que cet ex-candidat à l'élection présidentiel doit rester un marginal. Pourtant, certaines de ses analyses sont avisées : particulièrement, il avait prévu une similarité de traitement médiatique entre le référendum de l'entrée de la Suède dans la zone Euro et celui de la sortie de l'Angleterre de l'Union Européenne.
Ici, nous ne sommes plus dans le conspirationnisme, mais bel et bien dans la prévision de la mise en scène d'un des rouages du système.
Faisons l'hypothèse très surfaite qu'Asselineau ait toujours raison. Nous entrevoyons alors que si le système médiatique le traite de conspirationniste, il confond sciemment imitation et référence. Les médias le font donc passer pour un imitateur, un pâle gourou, un “déjà-vue”, un loufoque sorti des poubelles d'internet et évitent absolument de le présenter comme un indiviu qui aurait une synthèse, une vision intéressante voire pertinente à transmettre.
Limites
Comme limite à cet exemple, les journalistes en tant que professionnels vont vers d'autres professionnels. Asselineau n'étant pas un professionnel de la politique, il passe pour un parvenu. Cela produit pour certains téléspectateurs l'impression d'une conscience de classe qui se conforte mutuellement : les journalistes avec les politiques et réciproquement. Pour d'autres, au contraire, l'empêcher de démontrer le bien-fondé de ses analyses est louable puisqu'il ne fait parti du serail. Il n'a donc aucune légitimité. En d'autres termes, la légitimité, l'étiquette, serait plus importante pour notre société que la pertinence ou la validité des analyses.
Signification
Le système médiatique actuel nie que des individus puissent avoir raison en dehors de sa propre sphère d'influence. Il permet l'expression isolée, partiale ou partielle de la réalité, mais répugne à donner la parole à un référent polyvalent. Un référent polyvalent n'est contrôlable par personne : ni par les universitaires, ni par les journalistes, ni par les politiciens ; Il est donc dangereux. Une remise en question trop profonde de notre mode de pensée serait comme une goute d'eau qui ferait déborder le vase. Finalement, le suprême référent de ce système, un peu comme un culte au disque solaire d'Akhénaton, ce sont les médias eux-mêmes....
Conclusion
Si on traite un jour vos idées de conspirationniste, votre réponse peut être qu'à force de désinformations partielles de nos médias mainstream, vous finissez par perdre votre naïveté. L'étiquette "conspirationniste" n'exprime aucune réalité sérieuse derrière. Elle ne fait que colporter un a priori négatif sur un ensemble de points de vue, qui, certes, doivent faire tout autant l'objet d''un examen critique. Par contre, quand un individu recherche la reconnaissance dans un domaine précis, comme journaliste, politicien ou autres, il a tout intérêt à rejeter des esprits trop indépendants et trop subversifs, d'où l'accréditation d'un "politique correct" et d'un effet de mode contre une tendance, un mouvement pris comme un extérieur. A se demander si le conspirationnisme n'est pas, tout simplement, une lutte contre la spécialisation de notre société ?
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