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Le crédit d’impôt pour les emprunts immobiliers et la date du 6 mai 2007

La date d’entrée en vigueur du nouveau dispositif voté l’été dernier dans le cadre de la loi en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat (TEPA) prête à discussion.

En effet, pour tenir les engagements du gouvernement (« Crédit d’impôt pour les emprunts immobiliers : faut-il croire le gouvernement ? », publié le 21 septembre 2007 sur Agoravox), l’administration fiscale s’apprête à violer la Constitution.

Le 6 mai 2007 avait seulement une signification politique : c’était le jour de l’élection de M. Nicolas Sarkozy à la présidence de la République.

Cette date aurait, à présent, une signification juridique : c’est à compter du 6 mai 2007 qu’entrerait en vigueur le crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunts immobiliers contractés pour l’acquisition ou la construction de la résidence principale.

Du moins est-on fondé à le croire à la lecture du projet d’instruction que s’apprête à adopter la Direction générale des impôts (DGI).

Selon le projet d’instruction, « le crédit d’impôt s’applique aux intérêts payés à compter du 6 mai 2007 au titre des constructions ou des acquisitions de logement intervenues à compter de cette date. »

Ce projet confirme les précisions apportées par Mme Christine Lagarde, ministre de l’Economie, des Finances et de l’Emploi, dans un communiqué de presse en date du 24 août 2007.

Conformément aux engagements de Mme le ministre, l’administration devrait admettre la prise en compte des opérations d’acquisition pour lesquelles l’acte authentique a été signé au plus tôt le 6 mai 2007 et des constructions pour lesquelles une déclaration d’ouverture de chantier a été effectuée au plus tôt à cette date.

Mais, sur le plan juridique, le projet d’instruction contrevient à la décision rendue par le Conseil constitutionnel le 16 août 2007.

Dans cette décision, le Conseil constitutionnel avait jugé que le nouveau dispositif devait concerner les seules opérations d’acquisition et de construction intervenant à compter de la publication au Journal officiel de la loi TEPA. Or, la loi TEPA a été publiée le 22 août 2007... et non le 6 mai.

La DGI est donc sur le point de violer l’article 62 de la Constitution, qui dispose que les décisions du Conseil constitutionnel s’imposent aux autorités administratives.

Quelles garanties pour les contribuables ?

Dès lors, les contribuables ayant acquis leur résidence principale entre le 6 mai et le 22 août 2007 pourront-ils demander à bénéficier de l’instruction de la DGI ?

On serait tenté, malgré les réserves tirées de l’article 62 de la Constitution, de répondre par l’affirmative : sur le fondement de l’article L 80 A du Livre des Procédures Fiscales (LPF), les contribuables sont en droit d’opposer à l’administration sa propre doctrine, même lorsque celle-ci est illégale.

Néanmoins, en cas de litige entre l’administration et un contribuable, le juge serait confronté à un dilemme.

En effet, les décisions du Conseil constitutionnel s’imposent également aux autorités juridictionnelles. Ainsi, le juge appelé à connaître un litige entre un contribuable et l’administration serait contraint de suivre la décision du Conseil constitutionnel, qui prévoit l’entrée en vigueur du crédit d’impôt à compter du 22 août 2007.

Cependant, le juge a aussi l’obligation de respecter la loi (en l’occurrence l’article L 80 A du LPF), quand bien même l’application de la loi serait contraire à la Constitution[1]. Il conviendrait alors de retenir la date du 6 mai 2007, pour déterminer l’entrée en vigueur du crédit d’impôt.

Il est encore trop tôt pour savoir laquelle de ces deux solutions le juge adopterait.

A défaut de certitude, il faudra compter sur la bienveillance de l’administration, qui ne manquera pas (on l’espère) de rester fidèle à l’instruction de la DGI. La sécurité juridique des contribuables en dépend.



[1] CE 29 décembre 2000 n° 209523, 8e et 3e s.-s., Rouch : RJF 3/01 n° 341, concl. E. Mignon BDCF 3/01 n° 42


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7 réactions à cet article    


  • Servais-Jean 3 avril 2008 15:08

    Sarkozy est, en tant que président de la république, le garant de La Constitution.

    Mais comme il s’y asseoit dessus il convient d’écrire désormais République avec un petit r en attendant de trouver une nouvelle appellation à notre régime où le mot de banane devrait figurer.


    • Forest Ent Forest Ent 3 avril 2008 21:41

      Il faut confier au président de la Cour de Cassation une mission de réflexion sur le thème "comment rendre la loi rétroactive tout en respectant l’avis du Conseil". smiley


      • foufouille foufouille 3 avril 2008 22:31

        il est ou le decret d’application ?? §§ !!!


        • Asp Explorer Asp Explorer 3 avril 2008 23:30

          Entre l’article "non non non ça baisse pas" et l’article "mais oui mais oui l’état va vous donner des sous", on est servis aujourd’hui. Il faut croire que certaines personnes commencent à mal dormir avec leurs 30 ans de crédit à taux variable sur le dos pour payer le "bien de leurs rêves" Catherine Mamet au fin fond de la banlieue "avec une super qualité de vie à moins de 2h de Paris".


          • JPC45 4 avril 2008 12:16

            si on pouvait éviter de faire sans cesse des commentaires avec Sarkozy pour une fois...il y a assez de sujet pour les personnes ayant besoin de s’exprimer sur ce point.

            J’ai une question : la rétroactivité fiscale n’a rien d’anticonstitutionnel c’est même très fréquent. Quel est l’argument de la cour de cassation pour avoir tenu cette position ?

            Quel est le risque pour le contribuable ? il me semble quand même minime ; je vois mal l’administration fiscale revenir vers les contribuables pour récupérer des sommes d’argent

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