Le mariage pour tous... un combat d’arrière-garde ?
On ne peut qu'être sceptique voire éberlué de la détermination d'une minorité à changer les règles du mariage, alors même que la vie moderne actuelle l'a dénaturé de sa substance. Dès lors, si ce n'est pour abolir un tabou, on comprend mal cette envie de ressusciter une institution qui paraît dépassée. Les homosexuels chercheraient-ils à sauver le mariage ? Cela paraît un peu tard !
Mais cherchons à voir plus en profondeur ce qui se passe.
Le choix de la terminologie "Mariage pour tous" souligne que la réalité de l'union traditionnelle de deux êtres de sexes différents peut être offerte à deux êtres de même sexe, qu'il s'agit bien d'une union contractuelle et officialisée. Et il est vrai que de ce point de vue, il n'est pas légitime de s'y opposer.
Evidemment, jusqu'ici, l'amour n'est pas au programme. N'oublions pas que la nation a depuis longtemps trouvé intérêt à pousser les couples à se marier dans le but de la procréation en leur donnant un régime fiscal avantageux par rapport aux célibataires. Là encore, de quel droit interdire à un couple homosexuel de revendiquer un régime fiscal favorable !
On aimerait penser que l'état ne rêve pas d'un destin copulatoire pour tous ses citoyens, et que le statut de célibataire ne deviendra pas une situation d'intouchable. Demain un prêtre, un moine auront-ils encore le droit de tracer leur chemin en solitaire sans être montrés du doigt. Et puis l'Etat ne sera-t-il pas tenté de taxer les divorces ? Il est en effet sécurisant pour des pouvoirs publics que chacun, pour le pire, puisse être pris en charge par son conjoint (à l'image d'un frère et d'une soeur pacsés).
Venons-en à la filiation.
Le couple, aujourd'hui, comme hier, a des faims de reproduction, pour durer (par-delà sa fin), pour être pris en charge dans ses moments de faiblesse, pour se garder le plus longtemps possible dans un état de jeunesse, pour recevoir de l'amour et apprendre à en donner. Evidemment un couple homosexuel aura la même faim de reproduction. Sauf que la réalisation de ce projet en sera plus difficile.
La faim de procréation est un désir et non un droit. Certains couples peuvent s'unir actuellement sans cette envie d'enfant. Et cette décision est respectable.
Je proposerai donc qu'un enfant, adopté par celui ou celle qui ne l'aura pas conçu génétiquement, puisse accepter ou non cette adoption, une fois devenu majeur.
Quant à la procréation médicalement assisté, elle ouvre le chemin à toues sortes de manipulations ou projections sur l'enfant idéal, peu compatibles avec les droit fondamentaux de l'enfant.
Car quelle place laisse-t-on à cet être, fondamentalement fragile, dans ces batailles d'adultes ? Les droits de l'enfant doivent être strictement équivalents aux droits de l'adulte. Et ils commencent nécessairement dès sa conception. Cette intrusion de l'enfant est une période délicate en promesses et en angoisses. Mais elle redonne au corps de la femme d'être autre chose qu'un objet de plaisir. Et la société doit porter ce désir de la femme et cet enfant qui désire.
Alors oui au mariage pour tous, mais non à cet enfant qu'on programme à notre image, pour notre confort.
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