Nous pourrions croire, naïf que nous sommes, que dans le monde réel celui de la transparence rien de tel ne pourrais avoir lieu. La transparence est sans doute réelle dans 99% des cas mais dans 1% des cas, ceux qui régissent notre avenir, cela n’est pas le cas.
Pic de production pétrolière ou pas pic de production pétrolière ?
Pour l’Agence Internationale de l’Energie cela ne fait aucun doute, la croissance infinie dans un monde fini est possible. Preuve, l’approvisionnement croissant en énergie fossile (donc en quantité finie), dont le pétrole, est garantie pour au moins jusqu’en 2030.
Pourtant, alors que le Département Américain de l’Energie (DoE) donne exactement le même son de cloche officiellement,
Matthieu Azaneau dans son blog Oil Man révèle l’existence d’une présentation où ce même DoE prévoit une baisse de la production pétrolière à partir de 2011 soit plus explicitement maintenant… D’ici 2015 il y aurait un déficit entre l’offre et la demande de 10 millions de barils par jour et d’ici 2030, 43 millions de barils par jour.
Evidement entre ces courbes on observe deux visions de l’avenir. La première, l’officielle, nous le donne joyeux avec une jolie croissance infinie. La seconde dit tout simplement que le monde industriel, fondé sur les énergies fossiles, se disloque et la crise de 2008 en marque le point de départ. A partir de là on peut faire une multitude d’extrapolations dont la pire serait un déclin de la population mondiale…
Réchauffement climatique ou pas ?
Pour le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), si nous ne baissons pas nos émission de gaz à effet de serre, comprenez notre consommation d’énergie fossile, nous allons droit au mur. En effet, la température moyenne de la surface du globe pourrait augmenter de 2 à 6°C. Sachant qu’on nous dit que au delà de 2°C d’augmentation des températures le climat devient incontrôlable… Cela fait peur !
Mais au fait, les calculs scientifiques de l’évolution des températures se basent sur une vision de l’avenir. Et cette vision de l’avenir repose sur des scénarios d’émissions de gaz à effet de serre… donc de l’évolution du niveau d’extraction des énergies fossiles. Pour eux c’est toujours le discours de la croissance infinie qui domine.
Or Jean Laherrère, ingénieur pétrolier ancien polytechnicien ayant travaillé 37 ans pour Total, a voulu comparer les scénario du GIEC avec les limites physiques du système. Et là on tombe des nues… En effet, on observe déjà que les scénario du GIEC sont largement plus optimistes que ceux des rapports biannuel Word Energy Outlook (WEO, réalisés par l’Agence Internationale de l’Energie) qui sont réputés pour avoir une vision positive de l’avenir, toujours celle de la croissance infinie.
Jean Laherrère, parmi tant d’autres dont EDF R&D, estime quant à lui que le pic d’extraction d’énergie fossile tout type confondu (Pétrole, Charbon et Gaz) est prévu entre 2030 et 2040 et qu’ensuite il déclinera irrémédiablement. Et bizarrement on observe qu’aucun scénario du GIEC ne prend en compte ce cas de figure et qu’on se retrouve alors en deçà du niveau des scénarios les plus optimistes du GIEC.
Les réductions des émissions de gaz à effet de serre : objectif ou impératif ?
Plusieurs engagements ont pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Parmi eux on retiendra l’objectif de l’Union Européenne des « trois fois vingt » d’ici à 2020 (20 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre, 20 % d’économie d’énergie et 20 % d’énergie renouvelable dans la consommation totale d’énergie) et l’objectif, validé par le Grenelle de l’Environnement en 2007, intitulé « facteur 4 » qui consiste à diviser par un facteur 4 les émissions nationales de gaz à effet de serre du niveau de 1990 d’ici 2050.
En réalité, au regard des discussions précédentes, on a pu conclure que dans tous les cas l’énergie fossile disponible, à cause des impératifs physiques, va tendre à diminuer drastiquement à partir de maintenant pour le pétrole et d’ici 2030-2040 pour l’ensemble. Par conséquent, deux discours aux finalités identiques s’opposent. Le premier officiel est « il faut diminuer les émissions de gaz à effet de serre parce que sinon le climat sera détruit ». Le second officieux est « l’apport en énergie de notre civilisation va décliner et il faut limiter le choc ». Dans les deux cas il faut diminuer notre consommation d’énergie mais la méthode de communication est radicalement différente.
Dans le discours officiel on a le choix entre, je résume, « être égoïste et consommer toujours plus ou être vertueux et diminuer sa consommation d’énergie ». Dans le discours officieux on est beaucoup moins positif : « la situation est désespéré, on est au pied du mur et il faut tout faire pour amortir la chute ». Le premier discours fait croire que l’on peut vivre dans un monde sans énergie fossile, dans le second on sait que lorsque l’on est en situation de dépendance extrême… Moins de doses provoqueraient irrémédiablement l’overdose !
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« La vérité ? Mais je viens de vous la dire la vérité. Et ça fait mal. Elle tache, elle éclabousse la vérité. » Deux jours à tuer, Jean Becker.