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Accueil du site > Tribune Libre > Le moment de vérité

Le moment de vérité

Il arrive parfois dans la vie que les simulacres cessent de faire illusion, que les mensonges sont mis à nu, que la réalité perce les mises en scène. C'est ce qu'on appelle le moment de vérité. En politique, l'instant où le ras-le-bol citoyen fait voler en éclats la façade du pouvoir. Il semble que nous nous approchions de cette explosion.

Depuis des années, dans nos livres et dans notre journal B. I., nous multiplions les avertissements. Le faille n'a cessé de se creuser entre dominants et dominés, entre la masse anonyme et les "élites" de la société.

L'ensemble commence à craquer. La fissure est devenue gouffre. Le peuple ne croit plus en ses gouvernements. L'erreur est d'attribuer la rupture à une idéologie ou un parti. C'est un phénomène beaucoup plus profond, qui dépasse les étiquettes. Hollande en subit les effets et y contribue, mais il n'en est pas le seul responsable. Il n'est qu'en bout de ligne. Sarkozy, et tous ceux qui ont contribué au déclin de la France depuis de Gaulle – les ministres, les médias, les intellectuels, les grands patrons – en sont les artisans autant que lui. La perte de confiance est générale. La preuve en est qu'elle ne profite pas aux opposants : la révolte s'exprime de façon désordonnée par la colère ou l'abstention, pas par l'adhésion à un renouveau.

Trois facteurs de cette crise de la démocratie occidentale sautent aux yeux. L'atlantisme, le pouvoir des banques, l'austérité.

L'atlantisme. La soumission aveugle à l'hégémonie anglo-saxonne, qui a vu Washington prendre la place de Londres dans l'effort de domination mondiale, a fondu la souveraineté française dans l'usine à gaz européenne, elle-même entraînée par l'OTAN dans des guerres criminelles et coûteuses. L'électeur ordinaire, même s'il ne s'intéresse pas à la politique étrangère ou n'y comprend pas grand'chose, sent bien que le nouvel ordre mondial coûte cher. Il se rend aussi compte qu'en supprimant la Yougoslavie, l'Irak et la Libye on a éliminé pour des intérêts stratégiques ou pétroliers étrangers de grands pays voulant préserver leur indépendance. Et pour peu qu'il fouille un peu plus, il réalisera que la destruction de la Syrie ruinera un pays arabe laïque de plus parmi ceux qui barraient la route aux fanatiques mu-sulmans. La France a foncé tête baissée dans ces aventures en dilapidant son argent, avec une docilité proaméricaine qui ôte toute crédibilité à ses gouvernements.

Le pouvoir des banques. "Si vous avez une arme, vous pouvez dévaliser une banque. Si vous avez une banque, vous pouvez dévaliser tout le monde", disait l'humoriste et animateur de TV américain Bill Maher. Inutile de rappeler l'histoire de la crise économique, entièrement due aux méfaits des géants de Wall Street et de la City. Ils se sont enrichis en saignant l'Occident. Tous les Français le savent. Mais ce qui les irrite, c'est l'absence totale de résistance de nos gouvernements, capables de trouver obséquieusement en une seconde, pour renflouer les "bangsters", les milliards qui manquent aux modestes budgets des honnêtes gens. Là encore nos politiciens déçoivent : pas plus qu'ils n'ont le courage de s'affranchir de la tutelle des Etats-Unis, préférant faire les guerres de l'oncle Sam par procuration, ils n'ont celui de se libérer des dettes qui étranglent notre pays, préférant l'asphyxie des pauvres à la taxation des riches.

L'austérité. C'est sans doute l'élément capital. Pris dans leur obéissance impériale, acharnés à sauver le système bancaire capitaliste, cyniques ou aveugles, nos dirigeants ont fait, les uns après les autres, le pire choix social : celui de l'inégalité et de l'injustice. Non seulement les conditions de vie se dégradent de tous côtés, le pouvoir d'achat diminue, les impôts se multiplient et le chômage ne faiblit pas, mais pendant que les défavorisés s'appauvrissent, le fortunés profitent de l'envol de leurs revenus. Il n'y a jamais eu autant de distance entre le haut et le bas de la société. Voir le pouvoir essorer la masse pour extraire de l'argent où il n'y en a pas, au lieu d'en récupérer où il y en a, est ce qui enrage le plus. Et le moment vient ou la rage risque de faire du dégât.

Cela dit, une chose est se défouler comme des Bonnets rouges, une autre est chercher des solutions. La critique est aisée, l'art est difficile, dit l'adage. Construire est pourtant le complément nécessaire de la dénonciation. Il est juste de s'imaginer aux leviers de commande et de se demander ce qu'on ferait à la place des responsables.

C'est là qu'on s'aperçoit de leur médiocrité. Car les décisions à prendre exigent un courage qui leur fait tristement défaut. Elles consistent à bousculer de fond en comble une politique enracinée depuis des années. Une habitude devenue une norme. Celle de confier notre destin au grand frère qui a gagné deux guerres mondiales, sans réaliser qu'il n'a pas remporté la victoire pour nos simples beaux yeux. Une victoire que nous n'avons jamais cessé de payer.

De Gaulle avait compris à quel point la contrepartie serait dangereuse, que l'Europe détruirait les souverainetés et que le mondialisme serait le tombeau des grandes nations. Conscient de l'importance des voix indépendantes en passe d'être étouffées, il a voulu échapper à la tutelle américaine, trahi en cela par ses successeurs. C'est pourtant son exemple qu'il faudrait suivre aujourd'hui.

Pourquoi ? Parce que les Etats-Unis ne font pas de cadeaux. Ils se veulent les maîtres d'un monde à leur image, et n'hésitent pas à supprimer les indociles. Ce n'est pas méconnaître leur grandeur, leurs succès dans tous les domaines de l'activité humaine, la qualité de leurs pionniers et les valeurs de leur culture que de dire que leurs intérêts ne sont pas nécessairement ceux de tout le monde et que nous ne sommes pas obligés de systématiquement les défendre.

Le constater est fixer le premier objectif : s'affranchir de l'atlantisme. Sortir de l'OTAN. Modifier nos alliances. Nous rapprocher des pays qui peuvent garantir un monde multipolaire, la Russie, la Chine, les novateurs de l'Amérique latine, les Etats laïques ou attachés à leur souveraineté comme la Syrie ou l'Iran. Refuser de participer aux guerres qui asservissent les peuples à la haute finance et aux pétroliers. Retrouver l'indépendance de la république pluraliste, fondée sur le droit du sol, face à l'Europe, au régionalisme, au globalisme transfrontières et aux satellites ethniquement purifiés.

Voilà, en géopolitique, ce que nous ferions à la place des responsables. Malheureusement, à la lecture d'un tel programme, on comprend qu'il ait peu de chances d'être appliqué.

Même chose pour la bataille à mener dans le domaine financier. Elle est pourtant impérative. Ses objectifs sont clairs. Abattre le pouvoir des banques sur l'Etat pour rétablir le pouvoir de l'Etat sur les banques. Redonner à l'établissement national le droit de battre monnaie et de prêter de l'argent sans intérêt, par l'abrogation de la funeste loi du 3 janvier 1973. Appliquer la loi Glass-Steagall de séparation des banques de dépôt et des banques d'affaires comme premier pas d'une réglementation sévère de leur fonctionnement. Envisager les nationalisations industrielles arrachant la propriété publique à la rapacité privée. Imposer la taxe Tobin sur les transactions internationales à une échelle rentable. Faire de la fiscalité une source de ressources pesant avec efficacité sur les gros revenus. Mettre un terme au boulet de la dette, à la spirale démente du trou qu'on creuse pour en boucher un autre, du nouvel emprunt contracté pour rembourser le précédent. 

Sarkozy, inspiré par les moulinets lyriques de BHL, paradait en chef de guerre triomphant de la Libye ; Hollande, accompagné du roquet Fabius aboyant aux basques de la Syrie, se gargarise de sa présence militaire au Mali et de sa fermeté diplomatique face à l'Iran. Des Tartarin encore plus zélés que leur maître de la Maison Blanche, parfois jusqu'à l'embarras de ce dernier. On se réjouirait de les voir bander leurs petits muscles tricolores dans les bureaux feutrés du grand capital en refusant de payer les scandaleux intérêts de la dette publique, et en effaçant au moins une partie de son principal, plutôt que dépenser encore plus d'argent du contribuable en jouant les matamores au rabais.

Aucune de ces pistes n'est nouvelle, aucune n'est impraticable. En France, à la Libération, le remarquable programme du CNR a conçu une réorganisation radicale du pays dans le sens du progrès économique et social. Aux USA, Roosevelt a déjà imposé les sommets de la fortune à près de 90 %. Divers pays ont refusé le paiement de leur dette. D'autres ont mis leurs banquiers en prison (3.500 ont été incarcérés aux USA il y a 20 ans, lors de la crise des caisses d'épargne). Aujourd'hui même, dans la tradition du réalisme moralisateur protestant (faites de l'argent, mais honnêtement), Washington a sanctionné par des amendes totalisant 100 milliards de dollars les escroqueries (subprimes, Libor, taux de change, etc.) des plus grosses de ses banques. Un chiffre qui paraît énorme : en réalité, une goutte d'eau dans leurs bénéfices. Mais le signe qu'elles ne sont pas au-dessus de toute inculpation.

Pourtant, même cette punition légère est excessive pour nos capitulards. Le président de l'Autorité bancaire européenne, Andrea Enria, trouve que trop de banques européennes ont survécu à la crise financière : 40 ont disparu contre environ 500 aux Etats-Unis. "Les gouvernements ont voulu maintenir en vie leurs banques, a-t-il dit le 18 novembre dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung allemand. Cela a freiné le processus de convalescence du système financier." Il faut que ce soit le régulateur même de la profession qui constate à quel point les cadavres de la politique sont rongés par les vautours du pillage financier…

Troisième volet du défi à relever : le refus de l'austérité. Outre le rejet moral de l'injustice de cette austérité, le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz explique en quelques mots son non-sens rationnel. "Lorsqu'il y a austérité, la demande chute, dit-il. Et quand la demande chute, la croissance recule et le chômage augmente. Lorsque le chômage augmente, les salaires baissent en raison de la compétition pour les emplois et les services sociaux sont réduits. Tous les aspects de l'inégalité sont donc exacerbés." Et la demande ne peut cesser de chuter. L'évidence du cercle vicieux suffirait à elle seule à prohiber toutes les mesures de rigueur imposées à la population.

Alors, pourquoi ce défi à la plus élémentaire lucidité ? Parce qu'on est aux abois pour trouver de l'argent. Nous voilà renvoyés au point de départ. Car tout se tient. L'atlantisme est fondé sur le système du capitalisme néolibéral et de sa géopolitique impériale. Pour maintenir le système en place, et y figurer en bonne position, il faut de l'argent. L'argent est aux mains de la classe supérieure, de plus en plus coupée du restant de la société. La classe supérieure est soumise au pouvoir des banques. Le pouvoir des banques est assuré par les sangsues des dettes. Les dettes tarissent les ressources disponibles de l'Etat et l'obligent à se financer par tous les moyens. Le moyen classique, qui ne menace ni la structure du système ni les privilèges des possédants, est de cajoler les investisseurs en les assurant d'une exploitation profitable et de se servir des impôts pour pressurer le peuple.

Tant qu'on ne bouleversera pas la continuité de cette logique, la situation ne fera qu'empirer, suscitant rage et révolte. Et les indignés ne font plus confiance à leurs représentants. Ceux-ci sont au pied du mur. Ou ils poursuivent leur route à genoux, ne changent rien à leurs habitudes et alimentent l'explosion ; ou ils se redressent pour entamer avec énergie la bataille d'une nouvelle Résistance, dont les objectifs sont nettement tranchants. C'est ce choix qui est le moment de vérité.

Hélas, comme le courage n'est pas le fort de nos gouvernants, que la social-démocratie n'a jamais brillé par son agressivité et que le microcosme à la tête du pays manque singulièrement de personnalités d'envergure, je ne crois pas beaucoup à la seconde option. Même pas du tout.

Mais on peut rêver… 

Louis DALMAS. 

 


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15 réactions à cet article    


  • alberto alberto 20 novembre 2013 12:47

    Y en a qui ont des idées  !


    • COLLIN 21 novembre 2013 01:50

      Non,Alberto,Jacques Généreux préconise de rester dans l’euro et l’euro-zone,or cette monnaie unique est précisément le cheval de Troie du système prédateur financier.

      Malheureusement,et pour des raisons qui m’échappent (en fait,j’ai quelques intuitions...) ,le PG et le FDG se trompent et trompent leur électorat,ce qui explique,à mon avis,leurs échecs électoraux successifs.

      D’autres économistes,comme Jacques SAPIR,sont plus clairvoyants,ou plus honnêtes....


    • Jason Jason 20 novembre 2013 14:33

      Votre tableau est saisissant et fait apparaître bon nombre de vérités. Votre feuille de route est excellente, il ne reste plus qu’à trouver le Magellan qui nous fera toucher à d’autres rives. j’envisage de passer une petite annonce : « France cherche capitaine au long cours pour affronter fortes tempêtes, membres des clubs d’avirons et capitaines de bateaux-lavoirs, s’abstenir ».

      « You can fool someone all of the time, you can fool some of the people some of the time, but you cannot fool all the people all of the time », Churchill.

      Vous pouvez tromper quelqu’un tout le temps, vous pouvez tromper quelques personnes un certain temps, mais vous ne pouvez pas tromper tout le monde tout le temps. Trompera-t-on les français encore longtemps ?

      Les français sont ingouvernables, ou les français sont des veaux, disait De Gaulle. Faudra-t-il que ces mêmes français qui ont voté non, il y a longtemps, à la suppression du Sénat (offrant l’opportunité d’une refonte majeure de la représentativité), se remettent à penser à ce qu’ils veulent vraiment au lieu de beugler et de s’occuper de leurs petites cuisines personnelles et du clientélisme omniprésent ?

      Beaucoup pensent que la crise une fois passée, tout reprendra comme avant. Mais cette vision est trompeuse car un nouveau modèle économique est en place depuis des décennies et son effet pernicieux, insidieux, se fait sentir de façon insupportable maintenant. Les analyses, les discussions, les réunions, les commissions et les rapports ne débouchent que sur des atermoiements. Car le pouvoir est ailleurs. Et personne n’ose le dire.

      La dernière trouvaille de M. Ayrault pour calmer les mécontentements est de remettre la fiscalité à plat. Je vois là une manoeuvre de diversion, à la recherche d’un consensus paré des appats démocratiques, et qui risque fort de décevoir tout le monde parce que y seront conviés « tout le monde et son cheval ». M. Ayrault est un homme très honorable qui a été Maire pendant 25 ans, mais il ne faut pas qu’il gère son gouvernement comme un conseil municipal.

      Personne n’avouera jamais qu’en matière d’économie le pouvoir n’est plus entre les mains des états, mais hors les murs. Et il est temps de considérer que les traités ne sont que des morceaux de papier.


      • claude-michel claude-michel 20 novembre 2013 14:52

        Oui De Gaulle avait raison bien avant les autres...mais les « MARGOULINS » ont pris le pouvoir...Depuis Pompidou c’est la politique de l’argent qui a pris le dessus...et le virtuel dans lequel nous vivons a ses limites...La « CONFIANCE » n’est plus au rendez vous...et surtout le manque de résultats économique pour remonter la pente...Alors nous sombrons doucement..et le plus triste est que nos gouvernants le savent mais ne font rien pour changer la donne.. !


        • epicure 20 novembre 2013 18:30

          Après guerre , et surtout dans les années60 :
          le premier mouvement de droite, le gaullisme était contre l’OTAN, contre la soumission à l’Amérique
          le premier parti de gauche, le PCF était aussi contre l’OTAN et la soumission à l’Amérique.

          Actuellement les deux premiers partis de gouvernement on renforcé la place de la France dans l’OTAN , ou au mieux ne la font pas sortir, et se comportent comme des caniches vis à vis des américains.
          Et les centristes en semblent pas mieux placés.


          • Jason Jason 20 novembre 2013 20:00

            je ne connais pa du tout les structures de décision ou de commandement de l’OTAN, ni les seuils de déclenchement de ses actions.

            Par contre, ce que j’ai entendu, et sous toutes réserves, porte sur deux théories. 1) Dans le cas d’une intervention armée, ce n’est pas un pays particulier qui est responsable, mais une structure collective. Cela évite des mesures de rétorsion ou des représailles contre un seul pays. 2) La France étant un fabricant d’armes (et pas des moindres) son adhésion permettrait de fournir des armements à l’OTAN.


            • morice morice 21 novembre 2013 01:16

              ça s’appelle de la récupération ce torchon...


              en somme rien ne va, alors devenons facho nous dit Dalmas, grand admirateur de tortionnaires...

              c’est raté.

              Voilà, en géopolitique, ce que nous ferions à la place des responsables.dites vous ? 

              vous ne l’êtes pas, heureusement pour nous..

              • MdeP MdeP 21 novembre 2013 02:31

                Merci à l’auteur de l’article. Idem, je ne crois pas du tout à la seconde option. Nos gouvernants sont rentrés dans un processus où il nous est seriné que « nous » (la France) n’aurions pas les coudées franches pour agir à l’international pour virer à 180 ° sur notre politique économique. La vérité, comme vous le dites très exactement, c’est qu’on les a quand on veut les coudées franches : question de souveraineté nationale où à l’impossible nul n’est tenu, notamment. La vérité, c’est que nos gouvernants, de quelque bord qu’ils soient, sont corrompus. Si Sarko a joué ouvertement la carte de la collaboration, aujourd’hui c’est la carte de la lâcheté qui est glissée innocemment sur la table et ça, c’est vraiment nouveau. Nous sommes gouvernés par d’authentiques mafieux.

                Ceci dit, seriez-vous assez aimable pour me préciser ce que vous avez voulu dire par : "Retrouver l’indépendance de la république pluraliste, fondée sur le droit du sol, face à l’Europe, au régionalisme, au globalisme transfrontières et aux satellites ethniquement purifiés." Je saisis pas du tout. Merci. 


                • Louis Dalmas Louis Dalmas 21 novembre 2013 10:40

                  Cher MdeP.
                  Le contenu d’un article est toujours un peu condensé aux détriment de la complexité des idées. Pour clarifier la phrase qui vous intrigue, je pense qu’une grande nation comme la France, dont le passé a dominé le développement de notre civilisation et dont l’histoire a assimilé de nombreux apports constituant le pluralisme de sa population et la richesse de sa culture, doit conserver son indépendance. Or celle-ci est menacée de trois façons : à la base par une régionalisation qui veut retracer les frontières en créant des entités « provinciales » ; au sommet par la globalisation du nouvel ordre mondial et la privation de souveraineté par l’assujettissement à la bureaucratie européenne ; dans son esprit, par le nouveau critère ethnique qui fabrique des nations fondées sur la parité du sang ou l’identité religieuse et non plus l’enracinement dans le sol. A mon sens, l’objectif est un nationalisme « ouvert » qui n’est pas un isolationnisme chauvin, mais plutôt un prolongement de l’élan de la Résistance et de son expression dans le fameux programme du CNR à la Libération.
                    


                  • MdeP MdeP 21 novembre 2013 12:12

                    « Le droit du sol » est un terme tout droit sorti de la bouche des Copé et Le Pen. Le droit du sol est celui que les algériens ont refusé aux colons français installés en force chez eux et qu’ils ont insultés, humiliés, rudoyés, spoliés, volés, exploités, assassinés pendant des décennies. Le droit du sol est celui que de Gaulle a bien voulu leur laisser par défaut sur la base d’une issue de secours appelée légalement « nationalité française ».

                    De Gaulle aurait dû leur fermer les portes de la République et laisser l’Histoire faire son oeuvre de justice. Jusqu’au dernier. Le seul droit que les Copé et Le Pen et Cie sont en droit de revendiquer c’est le droit à une corde pour se pendre comme des lâches qu’ils sont de père en fils.
                    Pour revenir à vos propos « droit du sol » et « satellites ethniquement purifiés », il ne peuvent venir d’un programme du CRN car ils sont antinomiques avec son programme et le mot « résistance ». Il appartient simplement aux Etats membres de l’UE de prendre toutes les responsabilités de leurs propres populations. 

                  • Jason Jason 21 novembre 2013 14:01

                    M. Delmas,
                    Vos propos de 10:40 me laissent sceptique, surtout les deux idées que vous exprimez. En premier, la régionalisation a peu de chances de voir le jour, la République étant une et indivisible, et ce depuis la révolution. C’est une proclamation essentielle. Et je vois mal la constitution étant modifiée pour créer des provinces comme au XVIIIème.

                    Revendiquer le sang (la fameuse souche chère à certains) ou le sol, ne fait que revendiquer un facteur lié au hasard. Il n’y a aucun mérite à être « né » d’untel ou d’une autre, de même qu’il n’y a pas de mérite à être né en Picardie ou au pays basque. C’est revenir à un concept d’Ancien Régime et à ses quartiers de noblesse. Par contre parler une langue et avoir grandi dans une société et sa culture qu’on adopte pleinement, cela me semble moins arbitraire que la soi-disant naissance en un lieu ou même la filiation. je sais que cela va faire grincer des dents, mais me paraît logique. Alors, la nationalité, serait-ce un sentiment seulement ? Et sinon, quoi d’autre ?

                    La notion de nationalité ne reste-t-elle pas à redéfinir ?


                  • MdeP MdeP 21 novembre 2013 22:45

                    MdeP @ jason

                    Avec un solde migratoire négatif, il serait judicieux d’accorder la nationalité française à tout enfant né de parents étrangers sur le territoire ainsi qu’à sa famille.
                    Quand je dis « accorder » j’entends « reconnaître » qu’un individu né sur le territoire n’a d’autre nationalité que celle du pays qui l’a vu naître. 
                    Redéfinir la nationalité française, vous l’aurez compris, passe donc par la reconnaissance d’un fait, à savoir la naissance.
                    La France a besoin de se renouveler et d’avancer. Entre les vieilles familles vichystes et les familles rapatriées d’Afrique du Nord, elle stagne dans la morosité et la rancoeur. La mixité, il en faut pour diluer ce mauvais fond qui remonte à la surface et pourrit la vie politique de notre pays. La mixité, c’est l’assurance d’un renouveau. 

                  • Jason Jason 22 novembre 2013 10:28

                    La naissance, vous croyez ? Mais alors, que faites-vous de la naturalisation ?


                  • MdeP MdeP 22 novembre 2013 13:29

                    MdeP @ jason

                    Né en France, français.

                  • claude-michel claude-michel 24 novembre 2013 10:53
                    Le moment de vérité...

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