Le monde est dur mais soyons sereins et apprenons à survivre !
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Récemment, un fait divers à Bordeaux. Un ancien militant des Don Quichotte s’est suicidé en se jetant du troisième étage du parking Victor Hugo. Symbole que cet écrivain qui, en d’autres temps, évoquait les misérables d’un autre temps qui volaient du pain pour ne pas crever. Maintenant, tout le monde mange à sa faim, mais quelques-uns ne peuvent pas se loger. Ce qui est aussi le cas de jeunes étudiantes n’hésitant pas à faire quelques impasses sur la morale et quelques passes dans des bars à hôtesses, enfin, pas dans l’établissement, mais après avoir échangé un numéro de téléphone. Selon une enquête officieuse, 40 000 étudiantes pratiquent la prostitution pour subvenir à leurs moyens. Et, cette semaine, on apprend dans Libération que des colocations d’un genre assez spécial tendent à se multiplier. En échange d’une chambre offerte gracieusement, une étudiante sera logée chez l’habitant moyennant quelques services d’un genre qu’on dit sexuel.
Cette semaine dans la presse, les faits divers ont accompagné une série de faits sociaux évoquant la misère sociale. D’un côté, la jeunesse qui se prostitue, au sens propre, mais aussi figuré, dans des stages mal ou pas du tout payés. D’un autre côté, la vieillesse, devenue un havre de paix et de bonheur quand on est séniorisé avec une retraite confortable, permettant une dolce vita dans des maisons spécialisées, les sénioriales, ou une vie active, avec sa dame ou sa maîtresse ou son amant ; cette vieillesse a aussi un goût d’enfer quand on vit avec le minimum vieillesse, avec 630 euros par mois, ce qui ne laisse pas grand-chose surtout quand on est locataire. Les reportages se sont multipliés dans les médias alors que Sarkozy décide d’une future augmentation de ce minimum tout en offrant en guise d’acompte 200 euros. Régulièrement, la France découvre sa misère, comme d’ailleurs elle peut exister ailleurs et certainement aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.
Ces écarts de richesses, ces inégalités sociales, ces chantages au logement, au travail, etc. sont devenus naturels, intégrés, acceptés comme fatalité et conséquence inéluctable du progrès. Quand on est jeune, on supporte, on croit à juste raison qu’il y a un chemin et qu’on s’écartera de la précarité, sans rêver d’une carrière et d’un destin parfaitement réussi, en argent, amour et plus si affinités avec les fruits accessibles en une existence. Passé un certain âge, quand il n’y a plus d’espoir, on le sait et on a du mal à l’accepter. L’argent ne fait pas le bonheur, mais y contribue, énonce un lieu commun. La misère ne fait pas le malheur, mais y contribue, quoiqu’un miséreux heureux ça ne court pas les rues, alors que les SDF dorment dans les rues. Ainsi se présente le sort des gens dans notre monde moderne où, en fin de compte, rien n’a réellement changé depuis le XIXe siècle, excepté le niveau de vie moyen et les prouesses technologiques. L’homme est de plus en plus informé, mais pas pour autant instruit sur certaines choses.
Les tendances actuelles montrent qu’on ne va pas vers une solution de la misère, mais simplement quelques aménagements servant de justification aux régimes politiques démocratiques. Les chiffres ne peuvent masquer les réalités. L’existence est un voyage imprévisible. Comme du reste une expédition dans une contrée mal connue. En ce cas, on emporte un nécessaire de survie. Dans le même ordre d’idée, il serait certainement utile de suggérer à ceux qui n’ont pas un emploi assuré, une bonne constitution face à l’adaptabilité, une bonne retraite, des biens, etc. de se doter d’un manuel de survie. Mais, contrairement à une expédition dans la nature, l’existence dans ce monde rude et sans pitié nécessite des outils psychiques pour survivre. La résilience est une notion pertinente dans ce cas de figure, mais peut-on enseigner la résilience, comprendre comment elle se met en place chez les uns et pas les autres. C’est en effet ce qui ressort des études menées sur des enfants ayant subit de lourds traumatismes. Aussi, il y a tout lieu de penser qu’on ne peut maîtriser la résilience une fois lancé dans l’existence. Là aussi, tous ne sont pas égaux face à l’épreuve. Il faut accepter. Et faire preuve de résilience face à l’absence de résilience.
En lorgnant sur une longue période de l’Histoire, nous pouvons déceler quelques conjectures médiévales se superposer à ce monde d’hyper-technologie. La question de l’existence, du bien, du mal, d’un monde matériel humain et technique qui serait mauvais en soi ou, du moins, maléfique et rude pour les uns, voilà qui rappelle les questionnements des gnostiques cathares qui entrèrent en dissidence avec la vulgate religieuse de l’époque et pensaient que l’homme n’a rien à faire sur cette terre, simplement passer comme une victime de la création et ne pas chercher à se reproduire. Les doctrines modernes du progrès ont pris un parti diamétralement opposé. Le bien peut s’accroître en cette terre, grâce à la raison et aux bonnes volontés humaines. Au final, le pari moderne a réussi. Et si le monde ne peut être jugé comme bon ou mauvais, chaque situation individuelle se prend dans la gueule sa dose de mal, de souffrance, les uns plus que les autres. Pareil pour le bonheur, inégalement goûté. Apprendre à exister dans le malheur, les épreuves, la frugalité, voilà un conseil de sagesse pour notre époque. Si les uns parviennent à la sérénité, les autres ont comme filet de sauvetage la résilience. Et qui sait si, dans les temps futurs, la résilience ne sera pas un investissement plus sûr qu’un patrimoine financier ?
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