Le nationalisme est antidémocratique (2/3)
Suite d'une réflexion sur le nationalisme : début ici (les parties peuvent être comprises séparément sans problème).
La primauté de la nation implique une chose tout à fait injuste :
Ce sont les régimes au pouvoir le plus fort qui prennent l’avantage. Ainsi plus un régime a la possibilité d’imposer une culture par la force ou par la manipulation (éducation, répression, presse, institutions), plus ce dernier sera stable, ayant créé de force un sentiment d’appartenance à la même communauté plus grand entre les habitants de son territoire. Le nationalisme encourage les pouvoirs à détruire l’individualité et la diversité des traditions humaines. Le nationalisme est un relativisme, puisque c’est le nationalisme imposé lui-même qui crée la nation. Les nationalistes de chaque nation sont ainsi voués à se battre pour des territoires, en vain, personne ne gagnera légitimement puisque selon la nation qui dirige le territoire donné, celui-ci, avec le temps, apparaîtra de telle où telle nation. Le nationalisme encourage donc les nations à « conquérir » des territoires.
Ces facettes du nationalisme ont surtout fait du mal dans le passé ; en effet l’histoire a fait en sorte qu’actuellement les frontières des nations ne peuvent plus tellement changer et donc que les processus d’éradication de peuples et de cultures se terminent. Il reste cependant encore beaucoup de lieux sur terre ou le nationalisme fait des ravages : chez les kurdes , les tchéchènes, les palestiniens, au cachemire et autour de nombreuses zones frontalières, si bien maritimes que terrestres.
Le nationalisme permet la centralisation des pouvoirs et est antidémocratique
En fait le concept de nation se développe parallèlement à la centralisation du pouvoir. Chaque pouvoir centralisé (qui n’est pas démocratique puisqu’une infime majorité de la population détient concrètement le pouvoir) pour durer doit trouver un compromis entre légitimité (processus démocratiques ou décentralisation), répression et psychologie. Un compromis entre amour justice, menace et amour. Entre raison, contrainte et passion.
Quand un espace est sous la tutelle d’une royauté (idem pour toute autocratie ou oligarchie affichée), l’amour du roi, du royaume et la sacralité servent d’outils afin de permettre la survie du régime. Accordé à la répression bien sûr. La disposition spatiale du régime n’a pas à être légitimée puisque le système ne prétend pas être aux ordres de la population. Les royaumes, n’ayant aucune légitimité, ne tiennent pas très longtemps.
Dans le cas de nos systèmes « démocratiques » c’est différent. L’usage de la force est acquis par légitimité du régime, elle-même assurée par un processus, les élections, qui, bien que n’étant pas démocratiques, sont appelées démocratique par la classe dirigeante donc pensées démocratiques par les citoyens. Quand un espace est sous tutelle d’un gouvernement « démocratique », on ne peut pas user à outrance de la personnification et de l’adoration des gens de pouvoir, cela ferait trop apparaître la nature antidémocratique du pouvoir. Pour légitimer un découpage de l’espace entre plusieurs « démocraties », il faut trouver des imaginaires qui puissent souder le peuple et le séparer un minimum des voisins. On lui impose une histoire commune, celle de la nation, on lui impose une langue commune, celle de la nation, et parfois on cherche à caractériser et donc contrôler l’identité des individus : l’identité nationale.
Le nationalisme permet donc aux oligarques de légitimer une telle répartition des hommes et des pouvoirs dans l’espace et dans le temps. Il vise à permettre la survie de pouvoirs centraux. Les conflits et les divergences d’intérêts qui opposent les classes dirigeantes de différentes nations n’ont rien à voir avec les intérêts des peuples, tous identiques : la démocratie directe locale à l’échelle mondiale, sans aucune frontière : l’union de tous les hommes.
Les nations permettent aux dirigeants de persuader que les intérêts du pouvoir centralisé sont ceux du peuple.
Si les nations n’existaient pas, si l’uniformisation et la séparation des peuples n’avait pas eu lieu, les pouvoirs centraux n’existeraient sûrement pas. La simulation mentale est complexe voire absurde puisque les nations sont bien un fait réel aujourd’hui, et que quand-elles ne l’étaient pas les hommes vivaient malgré tout avec des frontières. En fait il faudrait pouvoir imaginer une société sans frontières où le peuplement soit naturellement continu, pour imaginer ensuite comment un pouvoir central puisse prendre le contrôle. Faut-il encore spéculer sur le type d’organisation sociale avant le putsch, le degré d’avancement de la civilisation…
Par contre, l’inverse est étudiable : là où il n’y a pas de pouvoir centralisé, il n’y a de frontière qu’administrative, les frontières linguistiques, culturelles et toutes les autres sautent par une particularité du peuplement humain : la continuité. Sans manipulations de pouvoirs centralisés, les nations n’existeraient donc pas et les peuples seraient libres dans l’espace.
Si des pouvoirs centraux « démocratiques » existaient sans avoir fait assez de propagande nationaliste alors les peuples refuseraient de prendre part à des guerres ou des conflits, car ils comprendraient de part leur sentiment d’universalité et de solidarité, que ce ne sont pas leurs intérêts mais justement le contraire : combattre plutôt que de coopérer. C’est la réalité sur terre, les régimes les plus stables sont ceux ou la « nation » est la plus « unifiée » et « légitimée ». Afin de permettre aux gouvernants de stabiliser leur régime, le nationalisme encourage donc la propagande, que ce soit à l’école ou à la télévision et la répression, en combattant des nationalistes « intra-nationaux » qui risqueraient de faire éclater la nation. Drôle de concept que la « nation », avec lequel certains seraient en droit légitime de revendiquer la France alors que ceux qui revendiquent la Bretagne, le Pays-Basque, l’Occitanie ou la Corse sont des marginaux, justement car l’état français a été le plus fort, il a éradiqué les sentiments régionalistes. Le nationalisme est la loi du plus fort.
31 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON