Le populisme à l’oeuvre contre les traders
Le populisme a mauvaise presse dans la classe politique dominante et dirigeante. Que veut d’ailleurs dire précisément le mot populisme ?...
Un petit coup de dictionnaire électronique nous donne la définition suivante :
populisme
1. HIST. Idéologie qui a inspiré, vers 1870, un mouvement politique russe préconisant une voie spécifique vers le socialisme à partir de la transformation des communautés paysannes.
2. Idéologie de divers mouvements de libération nationale, visant à libérer le peuple sans recourir à la lutte des classes, et qui connut, à partir de 1910, une importante diffusion en Amérique latine (notamment en Argentine avec J. Peron). / Par ext. Courant politique qui se proclame le défenseur du peuple contre les puissances d’argent et les étrangers.
3. LITT. École littéraire créée en 1929, qui prônait la description de la vie du petit peuple.
A priori le sens aujourd’hui utilisé par les médias devrait signifier, quasi-exclusivement, Courant politique qui se proclame le défenseur du peuple contre les puissances d’argent et les étrangers. Pourtant, lorsque les médias parlent de populisme, le qualificatif est en général péjoratif. Y aurait-il donc une quelconque honte à avoir de défendre le peuple contre les puissances d’argent ? Quant aux étrangers, si certains partis ont fait leur fond de commerce la lutte contre l’immigration, n’y a-t-il pas un réel fondement, pour un pays, à se doter de structures visant à garantir sa sécurité et qui, justement, vise les étrangers qui, à dessein, voudraient déstabiliser le pays ? Certains événements récents sur le territoire français, notamment certaines manifestations, n’ont-ils pas été commandités et financés par l’étranger ? Alors qu’entendent réellement les media quand ils parlent péjorativement de populisme ? En l’absence d’un repère indiscutable comme la définition du dictionnaire, nous retiendrons ici une interprétation subjective qui sera donc potentiellement contestable. Le populisme dont il est question, pourrait être une sorte de démagogie politique qui consiste à brosser le public dans le sens du poil par des discours dont le fondement est la critique des puissances d’argent et de l’étranger. Remarquons tout de même que cette notion est loin du populisme du dictionnaire et que le rattachement à la définition officielle est quelque peu tiré par les cheveux.
Jusqu’à ce jour le populisme était un qualificatif dévolu au Front National dont chacun connaît le discours. Néanmoins, il est étonnant que le même qualificatif n’ait pas été repris par les médias après le dernier coup d’éclat de Nicolas Sarkozy quant au bonus des traders. En effet, en annonçant qu’il voulait plafonner leur bonus, n’attaquait-il pas les puissances d’argent et ne fustigeait-il pas l’étranger anglo-saxon qui nous a imposé le système financier actuel ? Ne mettait-il pas à la vindicte populaire une caste à la fois apatride et internationale qui est le héraut du nouvel ordre mondial ? Pourquoi donc les médias n’ont-ils donc pas crié au populisme alors qu’il y avait matière ? Les lecteurs qui voudront bien lire mon ouvrage « Ainsi marchait l’humanité » y trouveront une réponse argumentée qui explique comment les médias se comportent en notre monde et comment ils manipulent l’opinion, en France en particulier.
Mais revenons au problème de fond. Ce populisme serait-il plus acceptable qu’un autre parce qu’il aurait, cette fois-ci, un réel fondement ? Nous allons voir que non. Descartes disait que le bon sens était la chose la mieux partagée du monde. Sans le suivre sur cette voie, remarquons que beaucoup de chose sont assez partagées de par le monde, la pingrerie en étant une comme les autres. En conséquence, sous quel prétexte les patrons des banques, par exemple, seraient-ils plus généreux que ceux de l’automobile, de la sidérurgie ou autre secteur d’activité ? Il n’y a aucune raison et, en fait, ils ne sont pas plus généreux. S’ils attribuent des salaires faramineux aux traders, c’est tout simplement parce que ces derniers rapportent des fortunes. Et quand ils touchent eux-mêmes des sommes astronomiques, elles ne représentent qu’une faible fraction de ce qu’ils ont fait gagner. En conséquence, ce sont les gains eux-mêmes de l’activité bancaire qui sont gigantesques et qui entraînent les rémunérations astronomiques versées aux traders, mais ce n’est sûrement une meilleure répartition des profits au sein des banques qui seraient, par quel hasard, plus vertueuses et généreuses que d’autres secteurs d’activité.
Regardons alors le problème sous cet aspect. Les gouvernements de la planète et Nicolas Sarkozy en tête savent bien que les revenus des traders font scandale dans la population. On les vise donc en les donnant en pâture au public. Ce faisant, ils détournent l’attention du public du réel problème, celui qui rend l’activité bancaire de l’ordre de 10 fois plus rentable en moyenne qu’une activité industrielle. Or qui crée la richesse ? Les banques ou l’industrie ? On voudra bien me laisser penser en paix que c’est l’industrie et que cette dernière n’est pas tout-à-fait seule, l’administration, par exemple, si elle est bien pensée et efficace, étant aussi source de création de richesse. Ainsi, en attaquant les traders, qui ne sont que des salariés riches et qui font fortune, au départ au moins, avec leur seul salaire, on détourne le public du vrai problème qui est celui de la gangrène hégémonique de la manipulation d’argent qui mine notre monde. Par ailleurs, comme on va plafonner les bonus des traders, cela va faire davantage de profit pour les capitalistes, qui eux ne touchent pas de bonus mais sont les premiers servis… En silence !
Le lecteur l’aura compris, je suis contre la limitation des bonus des traders car je pense que la mesure la plus urgente à prendre est celle qui visera à ramener les profits de l’activité financière au même rang moyen que ceux de l’industrie. Là, la générosité étant très bien partagée dans le monde des dirigeants, les bonus des uns seront du même ordre que ceux des autres ainsi que les salaires pour une société plus cohérente. Mais encore une fois, il faut attaquer le vrai problème. On lira dans « Ainsi marchait l’humanité » pourquoi la solution passe par une taxe sur les transactions et pourquoi une telle mesure sera efficace. D’ailleurs, récemment, en Grande Bretagne, Lord Turner a fait cette recommandation au gouvernement britannique et a été conspué par les banques pour cette proposition. Preuve, s’il en était besoin, qu’elle serait salutaire !
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