Le porc de l’angoisse
Il y a quelques jours, je déjeunais avec une collègue musulmane dans un petit restaurant libanais qui ne figurera jamais dans aucun guide touristique mais qui présente l’avantage d’avoir des tarifs compatibles avec nos tickets-restaurants. Comme elle devait suivre un traitement, elle avala deux gélules avec une rasade d’eau avant d’attaquer ses fallafels. Je lui demandais :
- Ça t’arrive de manger du porc ?
- Jamais ! Je ne suis pas très regardante sur les viandes hallal ou pas, mais le porc, c’est la1.
- Pourtant tu viens d’en manger…
- Pardon ?
- Ben oui, les gélules, c’est de la gélatine de porc…
J’ai cru qu’elle allait tourner de l’œil.
Que vous soyez végétarien, musulman ou juif, difficile d’échapper au cochon qui se dissimule dans notre pain quotidien. Cette vidéo montre que la seule gélatine de porc se trouve dans une quantité effarante de produits d’alimentation ou d’hygiène.
Depuis l’affaire de la vache folle, la seule gélatine employée par l’industrie est la gélatine de porc, produite à partir de la couenne. Elle se dissimule derrière des noms trompeurs, agent de texture ou E441. On la trouve dans tous les aliments allégés, dans les crèmes glacées, dans la margarine, les crèmes pâtissières, et dans tous les produits gélifiés. Eh oui, on met du porc dans les nounours.
Il y a aussi du porc dans votre salle de bain. Dans tous les gels, qu’on se les mette dans les cheveux ou ailleurs. Dans les cosmétiques, les dentifrices, le shampooing, les savons. Faut il être cochon pour se passer de lui ?
Et aussi dans les médicaments, les gélules bien sûr mais aussi nombre de pastilles. Peut-être même dans les suppositoires. Le cochon s’introduit partout.
Comment faire pour se passer du porc quand vos choix de vie vous l’interdisent ? Un moyen est d’être attentif, faire ses courses avec une loupe dans la poche pour lire la composition des produits et écarter ceux qui mentionnent le E441, la gélatine ou les agents de texture, mais c’est fastidieux et on risque d’éliminer des produits sans additif animal. On peut aussi se baser sur ce document édité par le Consistoire des communautés juives de Paris. Les règles de la cacherout sont infiniment plus restrictives que celles du hallal, mais sont compatibles ; la réciproque n’est pas vraie puisqu’on peut consommer une escalope hallal à la crème, alors que la cacherout interdit de mélanger viande et produits lactés. Celui qui a écrit dans l’Exode « Tu ne feras pas cuire le chevreau dans le lait de sa mère » n’imaginait pas les conséquences culinaires que cela allait entrainer.
Vous l’aurez compris, cet article est un contrepoint espiègle à la polémique délirante sur la viande hallal qu’on a connue ces derniers jours. Car la vraie polémique, c’est le mensonge par omission que l’industrie agro-alimentaire pratique de manière courante pour nous faire avaler n’importe quoi. Mais c’est sans doute moins vendeur en période électorale.
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