Le premier couple glamour de l’Histoire
En cette période de fêtes, ignorons la salle bête qui ne cesse de faire les unes, pour parler du couple qui lança la presse people il y a… 3000 ans : Salomon et la Reine de Saba.
Le lecteur ayant eu le courage de lire tout l'article aura droit à deux cadeaux (de Noël) dans le cours du texte.
Avant d'aborder le sujet principal , il est nécessaire de parler d'autres bestioles, certaines bonnes, d'autres malfaisantes : les démons, génies et autres gobelins qui abondaient à l'époque de l'histoire antique, et qui n'ont pas totalement disparu (on connaît les prêtres exorcistes, mais pas les rabbins qui chassent les dybbuks1, et les « spécialistes » musulmans2qui font la même chose avec parfois des résultats dramatiques).
Sumer en avait de nombreux, dont Utukku, Alû, Gallû, Rabisu,Lamastu, Labasu, Ahhazu, Lilû, Lilîth, démons causant la maladie, la pestilence et le mort.3
Les Perses étaien aussi bien lotis avec leurs divs. Les Amesha Spenta sont des génies bénéfiques du zoroastrisme, comme les Fravashis, anges gardiens, et les Izeds. En revanche, les divs [à l’origine de l'indo-européen qui donna "divan"], sont des esprits maléfiques commandés par Ahriman, l'esprit démoniaque opposé au dieu Ahura Mazda.
Voir Maneckji Nusservanji Dhalla, Zoroastrian theology from the earliest times to the present day.
« Dans la religion cananéenne, les anges étaient à l'origine des dieux. L'expression “fils de Dieu” [bnei elohim] de la Bible juive, interprétée comme désignant des anges, est utilisée pour sauvegarder le monothéisme et les déclarations bibliques au sujet de Dieu qui ont ensuite été tenues théologiquement inacceptables4.. »
« Le conseil d'Ougarit avait apparemment quatre niveaux, le niveau le plus bas étant réservé aux messagers (mlkm)...
En Ougarit, comme dans d'autres cultures anciennes, l'exorcisme faisait partie de la religion officielle. Il existait, par exemple, une incantation « pour chasser les démons volants qui possèdent un jeune homme.5 »
Le premier « people » de cet article : Salomon.
D'après Voltaire – qui a parfaitement raison –, il est le « fruit du crime et de l'adultère. »
Son papa, qui désirait la femme d'un de ses officiers dévoués (Urie, le hittite) l'envoya au front pour le faire tuer : « Placez Urie au plus fort du combat, et retirez-vous de lui, afin qu'il soit frappé et qu'il meure. » Ce crime d'un ignoble lâche aurait dû lui mériter une perp walk devant les télés, et un long pourrissement dans un pénitencier très sévère, ou simplement un écartèlement au temps où cette pratique avait cours.
Mais notre seconde « bible » (Wiki.fr) omet pudiquement ses plus horribles crimes que Voltaire rapporte en s'inspirant de la Torah : « […] à la tête de six cents bandits, [...] [David] pillait tout, il égorgeait tout, vieillards, femmes, enfants à la mamelle. Et pourquoi massacrait-il les enfants à la mamelle ? “C’est, dit le texte, de peur que ces enfants n’en portassent la nouvelle au roi Achis”... David s’empare de tout le royaume ; dans la ville de Rabbath, il fait mourir tous les habitants par des supplices assez extraordinaires ; on les scie en deux, on les déchire avec des herses de fer, on les brûle dans des fours à brique. 6 »[2SAM12-31] (Le texte ne mentionne pas les « enfants à la mamelle », mais les assassins étant des pillards ne laissant rien à manger, on imagine le sort des enfants au milieu des cadavres en putréfaction).
Mais ce chef de bandits ne se limita pas à un Oradour car « il traita de même toutes les villes des fils d'Ammon . »
Son fils Salomon fut beaucoup plus paisible puisqu'il n'assassina que son demi-frère, héritier légitime. Mais c'était a priori un fieffé menteur : aucune découverte archéologique n'est venue confirmer l'existence de cet important personnage, dont le « royaume » s'étendait du Nil à l'Euphrate. Aucune trace de lui dans les écrits des pays voisins. Aucune trace de ces richesse en or que le comique historien Flavius Josèphe décrit en détail.
« Le plus sage de tous les hommes » composa trois mille paraboles et, d’après la Septante, cinq mille cantiques, soit un texte tous les 2 jours. C’est une belle performance car, au tarif d’une fois par semaine [p. 199] pour le Sage étudiant la Torah, et à la vitesse présidentielle de « 5 minutes douche comprise, » – plus une minute pour "recharger les batteries" – il devait consacrer au moins 14 heures quotidiennes à honorer ses 1000 femmes-maîtresses.
Influencé par ses shiksas,« Salomon alla après Astarté, » et il bâtit un haut lieu pour les abominations Kemosch et Moloc, « ce qui est mal aux yeux de l'Éternel »[1Rois11] et le conduisit à sa perte.
En revanche, il était un poil prétentieux si l'on en croit les textes : il aurait construit le temple de Jérusalem, dont il n'existe aucune trace.
Mais il se fit aider : « les sages [Midrash Aggada du Cantique] nous apprennent que “tout le monde contribua à la construction de ce temple, même les esprits, les lutins, les anges”. 7 »
« Salomon utilisa des démons masculins et féminins pour construire le temple (Talmud Gittin 68b) » [jewishvirtuallibrary]
Mais les Juifs ne furent pas les seuls à propager ces légendes : après la dispersion des 12 tribus, trois s'installèrent à Médine. Et Allah (Béni Soit Son Saint Nom] fit savoir au Prophète Muhammad [bsssn] :
« Et à Salomon... parmi les djinns il y en a qui travaillaient sous ses ordres... Ils exécutaient pour lui ce qu'il voulait : sanctuaires, statues »[COR 34:12]
« Nous lui assujettîmes alors le vent... De même que les diables, bâtisseurs et plongeurs de toutes sortes. Et d'autres encore, accouplés dans des chaînes. » [COR 38:37-39]
Le prétendu « historien » Tabari – dont je conseille fortement la lecture aux amateurs de livres comiques8‑ affirme que Salomon avait« avait un tapis long de 500 parasanges »(5,6 km => 2 800 km) et qu'il disposait « d'un pouvoir absolu en faisant du vent son informateur » [Tabari, p. 457]
« Il commandait au vent : Et (Nous avons soumis) à Salomon le vent impétueux qui, par son ordre, se dirigea vers la terre que Nous avions bénie. »[COR 21:81]
Chez les Hébreux, les démons sont mentionnés (entre autres) dans Deutéronome 32:17 (« ils sacrifiaient aux démons, pas à Dieu » ou dans Psaumes 136:37-39 : Ils sacrifaient même leurs fils et leurs filles aux démons ».
On pourrait parler longuement de ces nombreux êtres qui« appartenaient au conseil céleste leur parenté parmi les divinités, et leurs rôles tels que messagers, guerriers, médiateurs, tuteurs, chantres, ou fonctionnaires, qui ont de nombreuses similitudes, dans les textes ougaritiques et l'Ancien Testament. Notamment, les deux corpus littéraires envisagent de telles divinités messagères comme accompagnées de lumières et de feu.9 »
Il ne faut pas confondre les djinns (singulier jnoun ), créés « de la flamme d’un feu sans fumée » [Coran 55:15], avec les anges (« l’armée de Dieu » de Genèse 2:1])
D'après Sahih Muslim [42:7134]« Les anges sont nés de la lumière et les djinns sont nés de l'étincelle du feu ».
« Les anges apparaissent à l'homme sous la forme d'êtres humains d'une beauté extraordinaire ; ils sont formés de feu et sont entourés delumière »(Job, XV:15)« Bien qu'ils aient des relations sexuelles avec les filles des hommes »(Gen. :VI) Et « mangent du pain céleste »(Ps. LXXVIII :25), ils sont immatériels, n'étant pas soumis aux limitations du temps et de l'espace · Les anges apparaissent à l'homme sous la forme d'êtres humains d'une beauté extraordinaire, et ne sont pas immédiatement reconnus comme des anges (Gen. Xviii-2, xix-5 ; juges, vi-17, xiii-6 ; II Sam-Xxix :9) ; ils volent dans les airs ; ils deviennent invisibles ; les sacrifices touchés par eux sont consumés par le feu ; ils disparaissent dans le feu sacrificiel, comme Élie, qui est monté au ciel dans un char de feu... »
Les démons hébreux avaient choisi de suivre Satan.
1 Tablet, Asher Elbein, Future Jewish Exorcists.
2 Roqya et hijama : « L'exorcisme à la saoudienne explose en France » [Le Point]
3 S.H. Langdon, The Mythology of all races,Vol. 5, Semitic, p. 352, sqq.
4 Tuschling, R. M. M., Angels & Orthodoxy : A Study in Their Development in Syria and Palestine from the Qumran Texts to Ephrem the Syrian,p. 14.
5 Johannes Cornelis de Moor, An Anthology of Religious Texts from Ugarit,p. 183-186
6 Des pseudo-traducteurs abjects ont inversé le sens de la traduction de ces passages que l'on peut vérifier dans la Bible hébraïque, la Septante et la Vulgate.
7 BECK, Mordechai, “The day that King Solomon overslept”,The Jewish Chronicle, 28-9_2010.
9CHO Sang-Yol, Lesser Deities in the Ugaritic Texts and the Hebrew Bible(Deities and Angels of the Ancient World)
Cadeau N° 1
C'est une recette extraite de la Gemara, expliquée par Adam Kirsch, excellent commentateur du Talmud dans le magazine communautaire Tablet.
« Pour voir ses démons, dont le rav Huna a dit que chacun de nous en a mille à sa gauche et dix mille à sa droite, trouver une chatte noire qui soit la première femelle née d'une mère née elle aussi la première ; réduire son placenta en cendres, broyer les cendres, et en mettre un peu dans ses yeux, et vous serez en mesure de voir les démons. Assurez-vous, cependant, de placer le reste des cendres dans un tube de fer scellé, de peur que les démons ne vous lesvolent. »
La Reine de Saba
Elle est décrite dans le Targoum Šēnī (2e Targoum du Livre d'Esther). « Elle est au centre d'un faisceau touffu de traditions tant chez les Juifs que chez les Arabes, » [et les Éthiopiens] explique Caquot, un orientaliste ancien professeur au Collège de France.
« La légende arabe de Bilqis- tel est le nom que la tradition musulmane donne à la Reine de Saba ressemble beaucoup à celle que nous a transmise le Targum Šēnī. ll est certain que cette histoire était bien connue dans l'Arabie du VIIe siècle. On ne peut expliquer autrement le caractère abrupt, décousu et purement allusif du passage coranique où apparaissent Salomon et la Reine de Saba.1 »
Mais avant d'aborder le passage commun, voici l'histoire [tronquée mais poétique] de sa naissance décrite par Tabari, avec une précision importante : les péris sont des esprits subtils, gentils, voire des fées pour les femelles.
« ll y avait un roi d'entre les rois de Chine, de ces quatre rois qui possédaient le monde. Ce roi aimait passionnément la chasse... On raconte qu'un jour, étant allé à la chasse, il vit deux serpents, l'un noir et formidable, l`autre blanc, petit et très-joli. lls luttaient ensemble , el le serpent noir avait le dessus et allait tuer l'autre. Le roi envoya un serviteur afin qu’il séparât les deux serpents et qu’il tuât le serpent noir. Le serpent blanc s'évanouit. Le roi ordonna au serviteur de le porter au bord de l'eau et de le poser sous un arbre....
Lorsque le roi se réveilla, le lendemain, il vit un jeune homme comme il n'en avait jamais vu de plus beau et habillé de vêtements distingués. Le roi lui dit : Qui es-tu et qui t’a introduit ici à une heure ou personne n'ose venir chez moi ? Le jeune homme dit : prince, je ne suis pas un homme, mais un péri, fils d`un chef de péris. Je suis ce serpent blanc que le roi a délivré hier du serpent noir... Maintenant je veux te récompenser du bien que tu m'as fait. Si tu veux, je le montrerai des trésors, de sorte que tu auras autaut d'or et d`argent que lu voudras.
Le roi dit : je n‘ai besoin ni d’or ni d’argent, car j'en ai beaucoup moi-même. Qu’as-tu encore ?... Le péri dit : Si tu ne veux pas ces deux choses, j'ai une sœur si belle que jamais tu n’as vu de femme pareille. Si tu veux, je le la donnerai pour femme. Cependant elle a un défaut, car elle est une péri, et toi tu es un homme ; je ne sais pas si tu pourras t'accommoder à sa nature et ne pas la perdre. [les savants disent qu'un musulman peut épouser une djinniya2]...
Le roi eut de nouveau commerce avec sa femme ; quelque temps après, la péri mit au monde une fille belle comme la Lune et le Soleil. Le roi n’avait jamais vu visage pareil, el il en fut transporté de joie... La petite fille était brillamment ornée ; elle avait pour la valeur de cent mille dinars d'ornements sur elle en fait de bijoux de toute espéce ; le roi n`avait jamais vu une fille aussi belle. La péri la prit et la remit au roi en disant : “Voici ta fille,” Bilqis. »
La reine de Saba est donc fille d'une djinnya et nièce d'un beau serpent blanc.
Pour ne pas allonger l'article, je vais me contenter de citer la lettre que le « séducteur » délicat Salomon, lui envoya :
« Message de moi, le roi Salomon, paix sur toi et sur tes princes. Tu dois certainement savoir que le Saint (béni soit-Il !) m'a fait régner sur les bêtes sauvages, les oiseaux du ciel, les diables, les démons et les esprits, et que tous les rois, d'Orient et d'Occident, du Sud et du Nord, viennent me saluer.
Viens m’admirer, moi qui règne sur les bêtes sauvages, les oiseaux du ciel, les diables, démons et esprits. Si tu viens me saluer, je te montrerais une dignité plus grande que celle que j’ai montrée à tous les rois qui ont séjourné chez moi ; mais si tu ne viens pas, j’enverrai mon armée, qui se compose de diables, démons et esprits ; ils vous étrangleront dans vos lits, des bêtes sauvages vous tueront dans vos maisons, et les oiseaux dévoreront votre chair.
La reine rassembla tous ses navires et les chargea de perles et de pierres précieuses. Elle envoya aussi six mille garçons et filles nés la même année, le même mois, le même jour et la même heure, tous de même taille et de même proportion, et tous habillés en violet. » [Targoum Esther]
« Voici pourquoi Salomon reçut la Reine dans un palais de verre bâti au-dessus d’une rivière : les démons [djinns], subjugués par Salomon craignaient que celui-ci n’épousât la reine et n’en eût un fils encore plus puissant que lui, qui les aurait maintenus en servitude car la reine était fille d’une djinniyya. Pour détourner le roi de son projet, ils lui font savoir que sa visiteuse doit à son origine démoniaque une affreuse difformité : ellle a une jambe velue et un pied pareil au sabot d’un âne. C’est sur leur conseil et pour obliger Bilqis a révéler sa difformité que Salomon la fait passer sur un plancher de verre recouvrant un cours d’eau.
Croyant devoir marcher dans l’eau, la reine relève le bas de sa robe, dévoilant son problème. Une fois sa curiosité satisfaite, Salomon guérit la reine en inventant [en fait, ses djinns] la pâte épilatoire appelée nūra. »
Le saint Coran raconte la même chose.
La difformité du pied de la reine est expliquée pour avoir écrasé le serpent roi-python Arwë qui régnait sur l'Ethiopie et exigeait de ses habitants un lourd tribut comportant l'offrande d'une jeune fille.
1CAQUOT, André, « La reine de Saba et le bois de la Croix, » Persée, 1970.
2« Épouser une Djinniya, » Islamweb, 29/4/2004
Cadeau n° 2
Le gouvernement ayant décidé d'interdire les certificats de virginité, pratiqués d'une façon humiliante pour la jeune fille, Adam Kirsch (dans cet articlede Tablet) rapporte une technique établie par Rabban Gamliel – auteur compulsif de la Mishna –, test apparemment incontestable et scientifique pour établir la virginité féminine.
Seule difficulté : avoir dans ses connaissances un vigneron. Faites-lui amener une barrique remplie de vin, et couchez-la sur le côté, le trou de la bonde en l'air. Après avoir enlevé le bouchon, demandez à la jeune fille – qui aura au préalable ôté discrètement sa culotte – de s'assoir exactement sur la bonde. Attendez 2 ou 3 minutes, et sentez son haleine. Si vous sentez l'odeur du vin, son père ne pourra en tirer que 100 dinars, contre 200 dans le cas contraire…
Des archéologues allemands de l'Université de Hambourg ont découvert en Éthiopie un temple orienté vers Sirius, l'étoile la plus superbe du ciel, visible en hiver à partir de 22H dans le Sud-Est. Ils y ont trouvé des fragments d'un vase contenant cet onguent, et du coffret à bijoux sur lequel il était posé, le tout protégé par une vipère éthiopienne qui n'obéit qu'à sa maitresse. En m'inspirant scrupuleusement des photos, j'en ai fait la reproduction suivant, qui surprendra les matheux.
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